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Billet de blog 21 juillet 2008

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Le transbêbado, une innovation des "lois qui prennent"

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Au Brésil, on distingue deux types de lois : celle qui "prennent" (pega) et celles qui ne prennent pas (nao pega). La différence ne vient pas de la qualité du vote, de l'instance qui l'impose (fédérale, régionale, municipale..), ni de la majorité des votants. A vrai dire, personne ne sait bien ce qui fait qu'une loi prend ou non. Elle est émise, puis les autorités attendent. Elles constatent parfois, désolée, que ça ne prend pas, et dans ces conditions, tout le monde a l'air de trouver qu'il ne faut pas s'acharner. "Nao pegou", "ça n'a pas pris", résume-t-on. Parfois, au contraire, la population s'émerveille elle-même de son degré de citoyenneté : il suffit à la loi d'être publiée, un brin d'information, une poignée de répression pour qu'elle semble s'imposer, comme naturelle. C'est le cas de la "loi sèche", qui interdit l'alcool au volant. Désormais, tout conducteur pris avec 0,2 grammes d'alcool dans le sens (c'est très peu, bien en dessous des normes communes, en Europe par exemple), se verra retiré son permis et devra payer une amende de 400 euros. Bien sûr, la fraude et la corruption sont apparues, mais globalement, l'immense majorité des Brésiliens, au moins dans les grandes villes, ont commencé à respecter la loi. "A lei pegou!", s'exclame-t-on au début de chaque apéritif. Le bilan, à l'issue du premier mois est très positif : chute du nombre d'accidents, de blessés et de tués sur les routes, en particulier les week-end. Mais ce n'est pas tout, la loi a eu pour effet de changer le statut du copain non-buveur. Raillé auparavant, il est aujourd'hui porté aux nues par son groupe d'amis, qui se félicite d'être en compagnie d'une "personne si saine, qui n'a pas besoin de boire pour s'amuser". Bien sûr, les noms buveurs sont désormais chauffeurs attitrés de la bande. Mais que faire quand on n'en connait point, qu'il n'a pas le permis, ou qu'il n'est pas libre ce soir ? Les bars et café rivalisent d'ingénuité pour ne pas perdre leur clientèle, après avoir vu l'effet désastreux de la loi les premières semaines. Dans les quartiers chics, les taxis se multiplient et les services de chauffeurs particuliers aussi. Dans les quartiers populaires, les grands bars louent désormais des mini-bus, capables de ramener 7 à 8 personnes à la fin de la tournée. Les plus pauvres ne sont pas en reste : on a vu apparaître le "transbêbado", une carriole portée à bout de bras par un homme, matelassée de coussins pour que le client ivre puisse commencer à plonger dans le sommeil. Le transport coûte 1 real (40 centimes d'euros). Les propriétaires précisent : quand le client est très grosn, c'est 2 reais !