Ingrid Gerolomich, candidate du Parti des travailleurs au poste de conseiller municipal de Rio de Janeiro vient de demander officiellement une protection à la police. La jeune femme n’a aucune raison d’être menacée, si ce n’est qu’elle prétend faire campagne dans toute la circonscription, qui comprend bien sûr des favelas. Elle a tenté en vain de pénétrer la favela de la Rocinha, la plus grande du Brésil et d’Amérique Latine, avec près de 200 000 habitants. Elle n’a pas pu faire dix mètres, à l’entrée, on lui a fermement fait comprendre qu’elle n’était pas bienvenue, ni elle ni la majorité des candidats. Les caciques locaux du narcotrafic « ont déjà leur candidat », inutile de perdre son temps à grimper dans la favela.
Dans les favelas, quand ce ne sont pas les chefs du narcotrafic, ce sont les leaders des milices (voir billets précédents) constitués de policiers retirés (ou non), qui ont déjà choisi leur candidat, et bloque l’accès aux autres. En clair, le Brésil est une démocratie, tout le monde peut voter comme il veut, mais pour les habitants des favelas, les seuls candidats qui ont le droit de « monter » sont ceux liés aux gangs locaux. .Libre à eux de voter pour d’autres, mais quand ont sait la pauvreté du niveau d’éducation dans ces aires défavorisées, et surtout le retour de l’importance du contact physique (internet explose au brésil, mais les meetings ont retrouvé leur rôle déterminant d’antan comme l’ont bien montré les élections de 2006) en particulier dans une élection locale, on imagine le degré de liberté du scrutin.
En fermant les yeux sut cette situation, l’Etat de rio de Janeiro viole bien sûr le droit constitutionnel des candidats à circuler à leur guise. Surtout, il facilite la montée en puissance des candidats liés intrinsèquement au crime organisé. Or justement, ces candidatures ont pour objectif d’augmenter leur capacité d’articulation des réseaux criminels. Le Brésil n’a rien inventé, c’est le principe même de la mafia italienne.
Petite lueur d’espoir, des Ingrid Gerolomich protestent désormais contre cette situation, et exigent de pouvoir entrer dans les favelas, accompagnés de policiers s’il le faut, plaçant l’Etat devant ses responsabilités.