C’est du jamais vu à Brasilia. En fin de semaine dernière, le discours du ministre de l’environnement, Carlos Minc, a été applaudi par les députés dits de la « bancada ruralista », c’est-à-dire ceux qui se revendiquent comme les représentants de l’agrobusiness brésilien, souvent eux-mêmes de gros propriétaires. Il faut dire que le ministre, qui a succédé à Marina Silva, lasse d’avaler des couleuvres, venait de faire savoir que le gouvernement revenait sur sa décision, prise il y a un mois, de durcir les peines contre les crimes environnementaux. Les députés étaient d’autant plus reconnaissant que le ministre est également l’auteur d’une autre marche arrière. Le gouvernement s’apprête à autoriser la plantation de canne à sucre (élémént de base de l’éthanol) dans les immenses terres marécageuses du Pantanal. Peu connu à l’étranger, le Pantanal est pourtant, avec ses 165 000 kilomètres carrés (une surface équivalente à la Floride), la plus grande zone humide d’eau douce du monde. Elle est considérée par les scientifiques comme l’un des écosystèmes mondiaux les plus « bio-diversifiés » du monde. Il est une clef dans le système en purifiant l’eau, en atténuant les inondations, et en stabilisant le climat local, en particulier la pluviosité et la température. Et je ne parle pas de sa beauté, à couper le souffle. Cela fait longtemps que le Pantanal est menacé par l’activité agricole, l’installation d’industrie et la croissance des périphéries urbaines. La fin de l’interdiction de la canne à sucre, un des éléments sur lesquels Marina Silva refusait de transiger, à été décidé entre Carlos Minc et Reinhold Stephanes, le ministre de l’agriculture. Le directeur de Greepeace a aussitôt réagi en soulignant que le Brésil avait maintenant deux ministres de l’agriculture. Après avoir occupé les médias à travers des actions spectaculaires (aller en Amazonie voir des incendies, et pratiquement se brûler) et ses légendaires gilets (il en porte tous les jours, de toutes les couleurs), Carlos Minc montre ainsi que le départ de Marina Silva rime avec une capitulation du gouvernement Lula sur le chapitre de l’environnement, pour maintenir la croissance élevée. Les deux prochaines années, qui précèdent l’élection présidentielle, historique, puisque Lula ne pourra pas se représenter, ne devraient rien arranger.
Billet de blog 25 août 2008
Il n’y a pas que l’Amazonie, le Pantanal aussi est en danger
C’est du jamais vu à Brasilia. En fin de semaine dernière, le discours du ministre de l’environnement, Carlos Minc, a été applaudi par les députés dits de la « bancada ruralista », c’est-à-dire ceux qui se revendiquent comme les représentants de l’agrobusiness brésilien, souvent eux-mêmes de gros propriétaires.