Lamia Oualalou (avatar)

Lamia Oualalou

Journaliste

Pigiste Mediapart

250 Billets

0 Édition

Billet de blog 27 mai 2015

Lamia Oualalou (avatar)

Lamia Oualalou

Journaliste

Pigiste Mediapart

Jeux Olympiques de Rio de Janeiro : rire pour ne pas pleurer

A vos marques, prêts, partez !!! A un peu plus d’un an des Jeux Olympiques d’été, dont Rio de Janeiro sera la ville hôte, des mini-compétitions parsèment la ville. Et elles ne manquent pas d’originalité : il y a le lancer de briques, la course avec un bus, le saut de trous dans la voirie, la marche sur des rails de trains…

Lamia Oualalou (avatar)

Lamia Oualalou

Journaliste

Pigiste Mediapart

A vos marques, prêts, partez !!! A un peu plus d’un an des Jeux Olympiques d’été, dont Rio de Janeiro sera la ville hôte, des mini-compétitions parsèment la ville. Et elles ne manquent pas d’originalité : il y a le lancer de briques, la course avec un bus, le saut de trous dans la voirie, la marche sur des rails de trains… Pour voir pratiquer toutes ces disciplines inconnues du grand public, il suffit de se rendre dans le Parc Olympique de Santa Teresa. Vous savez, ce quartier bohème aux splendides maisons coloniales accrochées à la colline, entre deux favelas ?

La compétition est bien sûr une satire, montée par un groupe de journalistes brésiliens pour moquer les manquements de l’action publique et inviter à une grande manifestation. Il s'agit des Ninja, un de ces médias alternatifs qui ont révolutionné le paysage de l'information au Brésil en 2013. J'avais publié un reportage à leur sujet en septembre de cette année-là, vous pouvez le lire ici si vous êtes abonnés. 

Tout part de l’histoire du bondinho, le petit tramway jaune qui reliait les hauteurs de Santa Teresa au centre-ville en passant par les arcs de Lapa. Avec le Corcovado et le Pain de sucre, il a longtemps été l’une des cartes postales de Rio de Janeiro. Au contraire des deux premiers, sa vocation n’était pas seulement touristique : ce véhicule jaune pétard est aussi depuis un siècle le moyen de transport le moins cher et le plus pratique pour le voisinage. En 2011, le train a déraillé, faute de manutention correcte. L’accident a coûté la vie à cinq personnes et blessé de nombreuses autres, a mis l’activité du bondinho entre parenthèses.

Depuis, l’histoire de sa nouvelle mise en fonctionnement est le symbole des pires maux brésiliens : absence de planification, négligence, improvisation. Après des mois d’études, notamment à Lisbonne, où le tramway est la base de la circulation, les travaux ont été lancés en novembre 2013, avec la promesse de fonctionner avec la Coupe du Monde de juin 2014. Il en a rien été. Refusant de discuter avec les comités d’habitants du quartier, pourtant aussi bien informés que mobilisés, les autorités ont découvert par accident que les rails recouvraient également le réseau de tout à l’égout de la région, en grand besoin de rénovation.

Mais aucun plan, donc aucun budget, le prévoyait. Les pavés ont été déplacés, installés une nouvelle fois, on devra les ôter sous peu. Le cauchemar semble sans fin dans un quartier non seulement privé de transport mais transformé en gigantesque chantier. Tout cela dans un contexte de recrudescence de la violence et de coupes budgétaires. La vidéo satire a été vue des centaines de milliers de fois. Au Brésil, face à des autorités de plus en plus cyniques, et une montée en puissance de tous les conservatismes, l’humour devient parfois le seul refuge.