Quand on vous dit les criminels du Brésil, vous pensez quoi ? Les petites frappes des favelas, les chefs du narcotrafic, des personnages qui peuplent d’autant plus facilement l’imaginaire qu’on ne les rencontrera jamais. Et pourtant, au premier rang des criminels se trouvent aujourd’hui ces personnes avec qui n’importe qui pourrait trinquer dans un bar de Sao Paulo ou de Rio de Janeiro. L’affaire Dantas en donnait une idée : le Brésil est en train de devenir un des champions mondiaux du crime à col blanc. Selon une récente étude du cabinet de conseil KPMG, diffusé aujourd’hui par le quotidien Globo, le pays perd tous les ans l’équivalent de 160 milliards de reais (65 milliards d’euros, 6% du produit intérieur brut brésilien, je préfère ne pas calculer ce que cela représenterait en salaires de professeurs de l'école public ou de budget de la santé...) dans la fraude et la corruption, perpétrées pour l’essentiel par les cols blancs. Les crimes préférés sont le blanchiment d’argent (qui renvoie aux petites frappes plus haut citées, les seules réellement poursuivies par la police, alors que leurs donneurs d’ordre, qui vivent bien loin des favelas, échappent généralement à toute poursuite, en tous cas aux fusils), et fraude fiscale. KPMG de fonde sur les chiffres du Conseil de contrôle des activités financières brésilien, qui estime cette année à au moins 300 000 les mouvements « atypiques » dans le système financier (doux euphémisme pour évoquer les détournements). Ces mouvements on augmenté de 113% par rapport à l’année dernière. La hausse vient peut-être de l’augmentation des sommes en jeu, le Brésil étant en pleine croissance, et comme nous sommes résolument optimistes, peut-être également de l’efficacité croissante de la Police fédérale. De façon générale, les cols blancs, ont, selon les spécialistes, toujours un sentiment d’impunité, et jouent de la confusion totale entre argent public et privé ; Selon KPMG, environ 69% des entreprises brésiliennes ont eu un problème de corruption avec certains de leurs fonctionnaires. Il y a du progrès à faire pour faire partie du « premier monde » comme on dit ici, le monde développé : le champion du monde toute catégorie, là encore, est encore emporté par les Etats-Unis où 75% des entreprises sont affectées.
Billet de blog 28 juillet 2008