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Billet de blog 29 mai 2008

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Au Brésil, des sandales pour l'école

Ce n’est pas pétrole contre nourriture, c’est sandales contre école. Une récente expérience lancée dans l’Etat du Pernambouc, dans le Nordeste, montre que malgré le rattrapage considérable des dernières années, la misère prive encore les écoliers de l’accès à l’école.

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Ce n’est pas pétrole contre nourriture, c’est sandales contre école. Une récente expérience lancée dans l’Etat du Pernambouc, dans le Nordeste, montre que malgré le rattrapage considérable des dernières années, la misère prive encore les écoliers de l’accès à l’école. Constatant que de nombreux élèves n’allaient pas à l’école, malgré les obligations de l’allocation « Bolsa familia », remise aux parents en échange de la scolarisation et la vaccination des enfants, des municipalités ont dépêché des agents dans les maisons pour découvrir la raison de cet absentéisme.

Principales explications découvertes : alcoolisme des parents, déstructuration du foyer, obligations domestiques et… absence de chaussures. Dans certaines familles, le problème était contourné en inscrivant deux frères ou sœurs dans deux « tours » différents.

Dans les zones populaires au brésil, la pénurie d’écoles et de professeurs fait qu’une partie des élèves a cours le matin, l’autre l’après-midi. Un membre de la fratrie pouvait aller à l’école le matin avec ses sandales (vous savez, ces Havaianas que tout le monde s’arrache à Paris, le comble de la mode !), et les passer à son frère l’après-midi.

Quand l’inscription aux deux tours n’est pas possible, la fratrie alterne : un jour c’est Joao qui va à l’école, le lendemain Maria. Face à cette situation, la municipalité a acheté des centaines de sandales pour les remettre aux plus nécessiteux : l’absentéisme a chuté de 83% !

Les critiques des politiques « d’assistance » du gouvernement ont beau répété qu’il vaut mieux apprendre à pêcher que donner du poisson, il suffit de se rappeler qu’encore aujourd’hui, la part des habitants du Nordeste souffrant d’illettrisme (ils sont incapables de comprendre le sens d’un texte déchiffré) est de 34%. La dette de l’Etat à l’égard de la région reste énorme.