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Billet de blog 29 juillet 2009

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Le Brésil veut jouer le rôle de médiateur entre Israel et les Palestiniens

En recevant à Brasilia, il y a deux ans, un émissaire du président de l’autorité palestinienne Mahmoud Abbas, Luiz Inacio Lula da Silva a fait appel à ses souvenirs d’ouvrier syndicaliste durant les apres négociations avec les patrons d’entreprise et le régime militaire.

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En recevant à Brasilia, il y a deux ans, un émissaire du président de l’autorité palestinienne Mahmoud Abbas, Luiz Inacio Lula da Silva a fait appel à ses souvenirs d’ouvrier syndicaliste durant les apres négociations avec les patrons d’entreprise et le régime militaire. « Mon expérience, c’est que quand une négociation n’avance pas et arrive à une impasse, il faut changer les interlocuteurs, ou du moins en introduire des nouveaux ».

La métaphore est limpide. Désireux de s’affirmer sur la scène diplomatique internationale, et d’emporter un jour un siège permanent au conseil de sécurité de l’ONU, le Brésil veut devenir un des médiateurs dans le conflit qui empoisonne le Proche-orient depuis soixante ans. Il le prouve aujourd’hui en invitant à Rio de Janeiro le séminaire international des médias sur la paix au moyen-orient. Organisée tous les ans par l’ONU, le plus souvent dans des pays européens, la manifestation a lieu pour la première fois dans un pays latino-américain.

Cet intérêt n’est pas récent. En 2005, Lula a organisé pour la première fois un sommet réunissant pays du monde arabe et les pays latino-américains – la deuxième édition a eu lieu il y a quelques mois au Qatar. Le Brésil veut mettre en avant sa société, profondément laïque, mais aussi spirituelle, dans laquelle toutes les religions cohabitent sans tension. C’est aussi un pays qui a servi de refuge arabes et juifs, depuis le début su siècle. Les communautés vivent en bonne intelligence. «Nous devons à ses communautés d’exporter dans leurs pays d’origine notre façon de vivre », résume Marco Aurelio Garcia, conseiller de Lula sur les questions internationales. D’un point de vue géopolitique, Lula joue la carte du dialogue complet : il vient de recevoir le ministre des affaires étrangères israélien, et recevra dans quelques semaines le président iranien.

Ce dialogue, selon le Brésil, devrait être étendu au sein de la communauté palestinienne : boycotter le Hamas, qui a été élu démocratiquement dans la bande de Gaza, est une erreur, puisqu’elle pousse à plus de radicalisation encore. Une prise de position qui fait progressivement son chemin, notamment entre les Russes. Des parlementaires américains s’apprêtent également à faire le voyage de Gaza. Simplifier l’accès aux territoires occupés, et mettre fin à la colonisation, quelle qu’en soit la forme – nouvelles colonies ou croissance dite « naturelle » sont deux autres arguments clefs.

C’est peut-être un bon moment, en particulier depuis qu’Obama semble montrer une volonté d’adopter une attitude plus équilibrée dans le conflit. La posture brésilienne pourrait également ouvrir le champ à d’autres pays tiers susceptibles d’influencer, comme la Turquie. Mais les diplomates brésiliens n’ont pas encore compris l’ampleur des enjeux. Entre dans le jeu israélo-palestinien est louable, mais il faut le faire sans une once d’ingénuité