LaNuitDuDimanche (avatar)

LaNuitDuDimanche

Interview, podcast, revue culturelle

Abonné·e de Mediapart

26 Billets

0 Édition

Billet de blog 13 février 2024

LaNuitDuDimanche (avatar)

LaNuitDuDimanche

Interview, podcast, revue culturelle

Abonné·e de Mediapart

Damien Galisson : La dragonne et le drôle

Interview avec Damien Galisson, auteur de l'excellent roman "La dragonne et le drôle" aux éditions Sarbacane

LaNuitDuDimanche (avatar)

LaNuitDuDimanche

Interview, podcast, revue culturelle

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Damien Galisson - Précédemment © La Nuit Du Dimanche

Deux lignes et rien de plus, c’est ce qu’il suffit pour être happé dans l’univers de Damien Galisson. Deux lignes, une bourrasque et nous voilà errant avec la troupe, avec le drôle, avec son frère mutique et toute la clique. On erre , d’île en île, au grè des vents, on sent la pluie, on sent les champignons sous nos pas, on sent le souffre. Happé, c’est le mot, parce que refermé, le livre nous respire encore. Ses personnages sont là, toujours avec moi. Quelques mois après la lecture, je pense encore à eux, à ce qu’ils sont devenus, à leurs désirs, à leurs échecs, à leurs perspectives. Ils sont devenu mes compagnons - mes amis - je pense à eux comme je pense à Sherlock Holmes, à Frodon, à d’Artagnan, au Capitaine Némo. Damien Galisson a réussi cette magie, celle des grands livres, des grandes aventures, celle de nous faire oublier l’objet que l’on tient entre nos mains. 

Cela tient à plusieurs choses, mais d’abord à la qualité de son écriture et à ce qu’elle cache, ce qu’elle ne nous dit pas. On peut prendre cette histoire au premier degré. Elle nous raconte l’histoire d’un gamin, le drôle, malmené par une troupe de brigands à laquelle il appartient. Ils errent dans un monde constitué d’îles mouvantes selon les vents, reliées entre elles par des ponts changeants, des ponts flottant. Un jour, le drôle est sommé de trouver du bois et le voilà en quelques minutes aux prises avec une dragonne. 

Point. C’est l’histoire qui nous est raconté. Mais derrière, il y a plus pour qui veut. Il y a bien plus. Il y a cette sale impression que personne n’est à sa place, que personne n’est tout à fait heureux. Tout le monde occupe un poste, tout le monde a un rôle auquel il s’attache par peur, par obligation ou parce qu’il croit que c’est ce qu’on attend de lui. Il y a aussi la promesse de plus, il  y a plus dans le monde qui nous est décrit, parcellaire, mystérieux. Il y a plus dans les personnages, parcellaires, cassés, animés par une passion dévorante qu’ils masquent mais qui affleure. Mon personnage préféré est Gerfaut, chef de la troupe qui veut en découdre avec la dragonne. Si elle semble de premier abord dans son élément, la seule à être droite dans ses bottes, elle laisse éclater ses frustrations, ses failles dans une scène qui m’a fait rechuter violemment sur terre. Que dire de la fin douce-amère, une fin adulte, loin des contes de fées que trop de romans fantasy embrassent sans vergogne ? 

Ni Damien Galisson ni son éditeur ne prennent leurs lecteurs pour des imbéciles. Roman jeunesse, roman adulte, qu’importe l’étiquette. C’est un livre qui nous fait confiance, qui donne la possibilité au lecteur de lire cette aventure comme le refrain d’une chanson pop ou de prendre sa mélancolie en pleine face. 

Et il y a plus, tellement plus. Le chant, les relations entre les personnages, leurs motivations, le monde dans lequel ils évoluent. J’effleure à peine les raisons qui font de ce livre, La dragonne et le drôle, l’un des meilleurs livres de fantasy que j’ai lu cette année. 

Il n’y a rien à ajouter. Juste une évidence. Il faut lire La dragonne et le drôle.


Vous pouvez vous abonnez à l'émission "Précédemment !" sur toutes les plateformes de streaming audio, notamment Spotify : https://bit.ly/3TljFgj

Le texte est extrait du numéro 3 de la revue "La Nuit du Dimanche", disponible ici : https://revue.lanuitdudimanche.fr

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L’auteur n’a pas autorisé les commentaires sur ce billet