Mon billet N° 1 était fait pour faire appel à la bienveillance pour l'audace dont je fais preuve, essayant de comprendre, sans guide institutionnel, ce qui nous fait prendre le chemin du mauvais alors que nous voulons le bon. La tapisserie que je tisse est faite de fils récupérés ça et là, de matériaux hétéroclites. Elle est rapetassée de temps en temps, au gré de mes lectures ou de mes rencontres. Comme nous le faisons tous, je me raconte une histoire faite de faits avérés, bien ou mal interprétés, reliés entr'eux par des suppositions qui tiennent à mes croyances et à mes espoirs. Ce texte n'est pas une thèse mais un chapelet d'hypothèses. Pas de bibliographie, pas de références. Il n'est étayé que sur ce qui, aujourd'hui, me semble juste "à l'oreille". Voilà.
Rapidement : singes, puis humanoïdes. Acquisition de la bipédie par la main qui veut prendre, toucher, reconnaître, éprouver, tenter. La bipédie favorise l'accroissement de la boîte crânienne qui n'est plus en porte à faux, le cerveau peut grossir, les circonvolutions du cortex se multiplier. Les articulations du bassin et des épaules se modifient, la voûte plantaire se forme. La langue repose maintenant sur le plancher de la mandibule, permettant le langage articulé.
En scène pour le tableau du genre humain.
Ce qui précède se déroule dans la Nature. Ce qui suit est l'intrusion de la Culture dans la Nature.
Savoir et douter. La protection de la vie faisait partie des acquis de Nature, la Culture va améliorer cette protection par le fonctionnement conjoint de la main et du cerveau : le lancer de caillou de chasse oblige à la correction de trajectoire parabolique : empiriquement, ½ Gt2 était là. Le lit de Galilée, de Newton, d'Einstein était fait. La sédentarisation advenait et favorisait la domestication des animaux et des végétaux.
La technologie s'affinait, aidée par la coopération due à la tribalisation. Tâtonner et mélanger les savoirs anciens avec les nouveaux permettait la poterie cuite, l'urbanisme, la métallurgie, la pédagogie, et l'ébauche du partage des tâches. Le lit de Taylor.
Quelques bizarreries là-dedans : "Chariot du sud" des Chinois, machine d'Anticythère, etc.
Dominer. Le langage articulé permettait les mots descriptifs, les associations qui modifient et précisent ou dévoient le sens de ceux-ci, et aussi les paradoxes. Les mots que l'on dit deviennent les mots avec lesquels on pense. Des malins se sont mis à livrer du prêt-à-penser, des prêtres. D'autres malins se sont fabriqué un gros bâton, des guerriers. Affrontements entre prêtres et guerriers. Le gros bâton gagne aux points mais les prêtres sont soutenus par la population convertie au prêt-à-penser. Trêve, puis alliance du bâton, devenu sabre, et du goupillon. Dirigeants, dirigés.
La coalition sabre/goupillon fonctionne bien. De temps en temps les dirigés se secouent : un peu de goupillon et si ça ne suffit pas, un peu de sabre. Secousses isolées, Spartacus, Jacques, etc.
Evolution en castes : prêtres, guerriers, bourgeois et plèbe. Les moyens de communication mis en place par la coalition prêtres/guerriers pour favoriser l'accroissement de leur richesse sont utilisés par les bourgeois qui s'enrichissent également, jusqu'à devenir des rivaux. L'imprimerie favorise la circulation d'idées parfois contraires à celle des coalisés. Les secousses deviennent générales et les coalisés se résolvent à faire entrer la bourgeoisie dans la coalition. Fantoche de la coalition au début de son ascension, la bourgeoisie ne tarde pas à prendre les rênes en utilisant le mode opératoire de ses prédécesseurs et en s'appuyant sur la plèbe.
Suffit pour aujourd'hui, j'ai dépassé les 600 mots. La suite au prochain numéro.
Soyez indulgents, je travaille du chapeau et sans filet.