Cigare et calva, le temps des confidences.
"J'ai dégouliné mon enfance entre une mère, autoritaire et violente et un père, évasif et tolérant.
Mon père, photographe amateur et soûlographe, avait exigé que je sois baptisé "Nicéphore", en hommage au pionnier Nicéphore Niepce. Ma mère, gynécologue, m'a toujours appelé "Niss" et mon père adopta ce surnom.
Un événement de mon adolescence a marqué ma vie et, je m'en rendis compte plus tard, l'a dirigée et orientée. Je n'en ai jamais parlé auparavant, à personne, mais aujourd'hui, devant votre oreille compatissante et complice, je vais me libérer de ce poids".
Il soupira et reprit : "J'avais seize ans et j'étais soucieux de mon orientation professionnelle. Je m'ouvris de mes préoccupations à ma mère. Elle entra alors dans une forte colère".
- Toujours à tergiverser, à geindre et à pigner. Fous-moi la paix ! Va voir ton père ! J'ai envie de paix Niss!
"Mon père était un homme bon, malgré son penchant pour les boissons fortes. Je l'allais trouver dans son laboratoire où il triait des agrandissements."
- J'ai entendu des cris.
"Je lui expliquais que ma mère ne voulait plus m'entendre geindre, qu'elle voulait la paix".
- Ah! Elle a envie de paix Niss, bien, reste ici et geins. Va, geins tout ton soûl. Je vais tenter de calmer ta mère.
La voix brisée par l'émotion, il reprit :
"C'est cet après-midi là que je décidais de devenir gynécologue comme ma mère et ivrogne comme mon père".
Drôles de gens les humains.