Ah! Ces morts! Tous les morts!
Si un jour… Si un jour, j'embrassais un crapaud et que celui-ci, comme il est d'usage, se transforme en génie…
Le génie, après transformation, me demanderait d'exprimer trois souhaits.
Moi, modeste, je n'en demanderais qu'un; estimant qu'un de mes baisers, si doux qu'ils soient, ne mérite pas un aussi grand nombre de souhaits exaucés.
Mon souhait, (écoutez bien avant que le génie le réalise, après, je ne pourrais plus vous le confier), mon souhait serait que l'on respecte une minute de certains genres de silences en l'honneur de chaque être humain victime des religions de tolérance et d'amour.
Je ne demande pas une comptabilité exacte, non, j'accepte qu'on fasse les comptes à la louche, arrondis à la dizaine de millions de morts la plus proche.
Si on additionne les victimes de toutes les religions des dieux d'amour et de pardon, on ne doit pas être loin de la centaine de millions, non? La moitié alors? Va pour la moitié, 50 millions, d'accord?
Posons qu'une année compte environ 500.000 minutes, 50 millions de morts divisés par environ 500.000 minutes, ça fait à peu près 100 ans. Un siècle!
Les silences que je demanderais seraient le silence des armes, le silence des bruyants et le silence des bavards.
Vous vous rendez compte du résultat de mon souhait? Un siècle de paix!
Avec la réalisation de mon souhait, les esprits forts, les bouffeurs de curé, les croqueurs de mollah, les grignoteurs de rabbin seront bien obligés de ravaler leurs sarcasmes: à qui devra t-on ces cent années de paix, hein? A qui? Hein? Hein?
Au crapaud suivant, je demanderai la minute de silence pour chaque victime des conquérants. Là, on en aura pour un bout de temps.