"Il faut démaquiller le réel, lui retirer cette parure de carnaval; il n'y a plus de banlieues ni de faubourgs avec leurs guinguettes et leurs bistrots louches; il s'agit de gigantesques dépôts de rebuts humains dont le système ne veut plus; de gigantesques réservoirs d'espèce humaine qui ne recèlent plus la moindre espérance de profit pour quiconque, sauf pour les marchands de drogue, quelques imams sanguinaires à la recherche de combattants de Dieu et les hypermarchés de chaussures. Il y a de cela seulement trente ans, beaucoup se seraient jetés sur cette masse potentiellement corvéable, laborieuse et exploitable, source possible de richesse grâce à l'activité de ses bras et son absence de fraternité active, d'habitude d'autodéfense"… "Ce sont des résidus humains qui n'ont jamais servi et ne serviront jamais"… "Des résidus de forces productives dont on ne sait parler qu'en euphémisant sans scrupule leur scandaleuse situation de vivants excédentaires. La question qui hante le libéralisme triomphant c'est "comment s'en débarrasser ?", mais comme nul n'a pour l'heure l'audace criminelle de la poser, la course aux diversions de toute sorte reste ouverte. Au compte de celles-ci, est cette idée aux allures charitables de lycées de la deuxième chance ! Deuxième chance qu'il faut entendre comme une occasion exceptionnelle d'être utile au moins un temps avant de finir, quoi qu'il advienne, de la même manière que l'on a commencé, et passer du statut de résidu improductif à celui de déchet de la production. Voilà ce qui s'appelle une chance et surtout un "parcours de vie". Ça consomme, certes, mais au final l'inutilité est malgré tout trop forte."..."Ce qui est sans doute la marque la plus décisive de cet écrasement idéologique, c'est que désormais le peuple ne veut plus être peuple. C'est que ceux qui seraient à même de composer le peuple ont le peuple en horreur."
Extraits de "Prospérités du désastre - Aggravation, 2" de Jean-Paul CURNIER, Editions Lignes.
Voilà le constatd'une catastrophe (qui peut paraître excessif, mais bien anodin en regard des excés des cupides qui nous dirigent) qui explique mon mutisme de billets. Depuis plusieurs mois le découragement face à l'issue de la course au profit me paralyse. J'ai peur que mon indignation ne débouche sur la violence, verbale ou physique, d'une révolte qui, quoique justifiée, est contraire à ma morale. Certains commentaires sur Médiapart (comme celui de ASN qui m'écrit : Pour moi, vos "certitudes" renvoient à un esprit sectaire.) me font penser "que de "disputatio" en dispute et en querelle, une préoccupation importante du genre humain est de se trouver des adversaires".
Je n'interviendrai plus que sur les billets et commentaires de ceux que j'apprécie pour leur gentillesse, leur modestie et leur humanité.
Je dis "à bientôt" à mes amis inconnus et proches de cœur, et pour les autres, qu'ils continuent à moisir ou qu'ils crèvent, je m'en tamponne.