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Billet de blog 21 février 2016

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Qu'ils sont loin mes dimanches religieux ! La Grand'messe, que je servais, puis le repas à la Cure, auquel Monsieur le Curé m'invitait (il pensait sérieusement m'envoyer au petit séminaire). Puis, l'après-midi, visite des vieillards et des nécessiteux, alités et qui n'avaient pas pu assister à l'office.

De temps en temps, une extrême-onction et je galopais à la sacristie pour ramener les accessoires nécessaires. "On devrait s'efforcer de ne pas mourir le dimanche, ce devrait être un jour de joie pour tout le monde !" disait le Curé.

Oh oui, qu'ils sont loin ces dimanches ! Un voisin d'alors, espagnol antifranquiste, membre du MOI et mangeur de curés, m'avait pris en amitié car une des nombreuses femmes que j'appelais "Grand'mère" se nommait Louise Michel. Il me lisait et me faisait lire des pamphlets anti-calotins, et aussi "L'état et la révolution", Bakounine, Michelet, St Augustin le Berbère, etc. "Tu dois tout lire, les pours, les contres et te faire ta pensée".

Ouiche ! En fait, il voulait que je pense comme lui, en libertaire.  Mais je ne regrette pas de m'être laissé convaincre.

Un de mes voisins d'aujourd'hui, citoyen éminent du canton, livre de messe dans la poche du loden, apprenant que j'avais été enfant de chœur m'interrogeait sur mon absence à l'office dominical.

 "Que s'est-il passé pour que vous abandonniez une foi reconnue ?".

" Les tartines !" répondis-je.

" ???" Interloqua-t-il.

(Il faut que je vous dise que mon repas préféré est le petit-déjeuner et que je le prépare avec grands soins. Café, lait, sucre, tout cela est routine, je le fais sans même y penser. Mais la coupe du pain et  l'application du beurre breton au sel de Guérande, là, j'y mets toute mon attention : d'abord, boucher les trous du pain avec une première couche de beurre. Puis, en étaler soigneusement une seconde couche, épaisse et régulière : les dents de mon couteau doivent laisser des traces ressemblant à un jardin Zen. Le recueillement, je vous dis pas.)

"Eh oui !" répliquais-je "sept fois par semaine, je me fais ma propre messe au petit déjeuner. Ma livre de beurre de missel vaut bien le livre de messe que vous avez dans la poche !".

Il ne m'adresse plus la parole.

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