Au cours de sa gestion calamiteuse de la crise grecque et de la crise de l'euro, le gouvernement allemand n'a cessé de durcir les conditions d'un plan de sauvetage de la Grèce. Il est certain qu'au milieu de cette cacophonie, l'Allemagne voulait faire passer un message aux autres gouvernements de la zone euro sur l'approche à adopter dans les années à venir concernant la politique budgétaire. Ce que le pacte de stabilité a été incapable de garantir, à savoir une gestion responsable des finances publiques, le marché des dettes souveraines l'imposerait. Il y a d'ailleurs une certaine cohérence de la part de l'Allemagne. Quand celle-ci refuse la création d'un marché unique européen de la dette publique au moment de l'adoption de l'euro, elle envoie un message très clair aux autres membres de la zone : c'est le marché qui fixera les limites du laxisme budgétaire. C'est bien ce qui s'est passé. Au risque de créer une crise systémique des dettes souveraines et une menace envers l'euro.
En frappant très fort sur le plus petit de la classe, l'Allemagne envoie un message indirect aux plus grands, parmi lesquels la France. En effet, Nicolas Sarkozy ne cesse d'invoquer la crise financière pour justifier les très lourds déficits budgétaires que la France à connu en 2009 et qu'elle va connaître dans les années qui viennent. Or la crise financière a bon dos. Sur le graphique ci-dessous, on peut observer que la dette publique française en pourcentage du PIB est sur une pente bien plus forte que celle de l'Allemagne. Sur ce graphique, j'ai représenté les dettes publiques sur PIB en logarithme. Par conséquent, la pente des courbes indique le taux de croissance. Entre 1991 et 2007, les taux de croissance du ratio "dette publique sur PIB" sont remarquablement identiques entre les deux pays. Depuis 2007, on observe une très forte divergence entre les deux pays. Or, la France n'est pas davantage touchée que l'Allemagne par la crise financière. C'est donc bien la politique budgétaire de Sarkozy qui est responsable de la divergence naissante entre les deux pays.