Paru dans VASÁRNAPI HÍREK 12 mars 2016 pp.16-17 ( Nouvelles du dimanche")
rédigé par ÓNODY-MOLNÁR DÓRA et SZABÓ KATA
QUE RECLAME LE PROFESSEUR HONGROIS ?
1 – Différer les modifications concernant le bac !
Avec cette exigence ,les protestataires veulent obtenir que les conditions relatives au bac ne soient pas modifiées pendant la période de préparation de cet examen.Autrement dit que le gouvernement ne place pas les enfants devant des exigences impossibles à mettre en œuvre et nerveusement éprouvantes .Le dernier cas de ce genre a touché les lycées bilingues :deux semaines avant la date limite d’inscription il a modifié les règles de telle façon qu’il a réduit à néant le travail de plusieurs années de nombreux enfants .
2-Suspendre immédiatement toutes les modifications projetées par le gouvernement dans le système de formation professionnelle Assurer pour tous la possibilité d’acquérir un diplôme professionnel (nb :là il est question de la formation professionnelle après la formation générale type collège)
Le gouvernement Orbán a placé tout le système de formation professionnelle sous l’autorité de la chambre d’industrie .Celle ci ,depuis , gère ce réseau institutionnel et les élèves comme « son » royaume .La Chambre de Commerce et d’Industrie dirigée par Parragh Laszlo a rompu avec la pratique antérieure ,qui tenait pour indispensable de jeter les bases les plus larges possibles de connaissances générales à côté du savoir professionnel. Déjà dès 2011 le gouvernement avait diminué de façon drastique le nombre d’heures consacrées aux connaissances dites communes ,ce qui ,selon les experts ,entraînera comme conséquence que les jeunes ne pourront s’adapter aux changements inévitables du marché du travail.En même temps le sort du système institutionnel est devenu incertain puisqu’ils l’ont détaché du « portefeuille » ministériel de l’enseignement et l’ont transféré au ministère de l’économie.Depuis lors les établissements fonctionnent dans l’incertitude ,d’année en année ils doivent se débattre avec les conséquences de décisions complètement dépourvues de sens dont les principaux perdants sont les élèves
3-Il faut diminuer la charge de travail des élèves
Tous les parents d’élèves savent avec quel poids il faut faire prendre la route à leur enfant tous les matins ,qu’il ait 6 ou 18 ans .Le sac de 10-15 kilos pèse non seulement physiquement mais intellectuellement aussi .La grande quantité de matières est la conséquence du Programme de base National (Nemzeti Alaptanterv) qui est lui-même surchargé .Il est plein de contenus encyclopédiques qui ne sont pas nécessaires à la réussite sur le marché du travail Les protestataires exigent qu’ à l’image des systèmes d’enseignement qui réussissent ,en Hongrie aussi on se concentre sur le développement des capacités de base ,sur l’apprendre à apprendre puisque pour s’adapter en permanence au marché du travail , l’utilisation de ces capacités est indispensable .En outre le temps qui peut être consacré à ces matières importantes est constamment réduit par ces matières « symboliques » telles que l’éducation physique quotidienne ou l’enseignement de la morale ou de la foi.
4-Prendre des mesures immédiates pour s’occuper de façon efficace et équitable des enfants exigeant un traitement particulier
Les enfants qui ont des troubles d’apprentissage ou d’adaptation sont tombés dans une situation extrêmement fragile dans le système d’enseignement type « Orbán ».Depuis 2010 en effet ,le gouvernement a supprimé dans son essentiel le réseau de travailleurs sociaux et de psychologues scolaires qui fonctionnait auparavant certes pas sans accrocs ,mais qui existait quand même.A la suite de cela il a liquidé peu à peu les instituts pédagogiques qui conseillaient et apportaient une aide professionnelle aux professeurs.
Certains pédagogues recevaient une aide grâce à ces services par exemple pour l’enseignement intégré des enfants ayant des difficultés d’adaptation .Le gouvernement a intégré ce service au bureau de l’enseignement (Oktatási Hivatal) et a ravalé les conseillers au rang d’employés .Ce bureau de l’enseignement est devenu un bureau « mammouth » et ce service d’expertise est une parmi un nombre incalculable de tâches.Un non sens total s’est développé :les pédagogues des écoles d’Etat ne peuvent recourir qu’aux seuls conseils professionnels donnés par l’Etat et ceci d’un bureau qui les contrôlent et les évalue .Qui est perdant dans tout cela ? l’enfant et le parent
5-Le gouvernement doit prendre des mesures immédiates pour réduire la ségrégation croissante des enfants rom dans l’intérêt de l’interdiction de toute forme de discrimination
Bien que le gouvernement de Orbán ,en tant que président de l’Union Européenne avait élaboré un stratégie « rom » de bon niveau ,il s’est avéré rapidement que sur ce terrain également nous sommes face au double discours habituel :ils ne disent pas la même chose à l’étranger et ici , ce qu’il y a sur le papier n’est pas ce qu’il y a dans la réalité.Le gouvernement n’a rien fait pour en finir avec la ségrégation ,bien au contraire ,avec ses mesures il a continué à dégrader la situation déjà dramatique .Le KLIK (organisme centralisé de gestion des écoles ) est censé avoir pour but de réduire les inégalités entre écoles (et avec cela celles entre élèves) mais dans la pratique il n’a pas été capable de mettre au pas ces écoles qui ont été condamnées pour pratique illégale de mise à l’écart .Il y a eu également des exemples d’écoles fermées pour ségégation qui ont réouvert et les élèves rom voulant s’inscrire ailleurs n’ont pas été admis dans une autre école.Dans les années passées a commencé à se généraliser la prise en main d’écoles ségrégatives par les Eglises ,ce qui peut se faire légalement maintenant puisque la Curie (le plus haut organe de justice/Kuria ) a stipulé que le droit concernant la liberté de pratique religieuse passe avant l’interdiction de la mise à l’écart selon l’origine.C’est un des plus positifs développement de la résistance des professeurs ,que l’intégration des enfants rom soit incluse dans les revendications ,ainsi il est possible de dire que cette question n’intéresse pas seulement l’UE qui ,on peut s’y attendre , va entamer une procédure contre la Hongrie pour atteinte à une obligation .
6-Exiger la liberté effective de choix des manuels
Avec l’étatisation du marché des livres scolaires le gouvernement essaye d’influencer l’éducation des enfants pour qu’ils soient conformes à « l’idée » du Système de Coopération Nationale ( Nemzeti Együttműködés Rendszer) .Pour commencer il a placé le KELLO (Könyvtár Ellátó –organisme central ,comme le CNDP en France) en situation de monopole ,organisme qui jusqu’à maintenant disposait des plus mauvais indicateurs ,y ont été recasés les cadres restés au chômage après l’échec aux municipales de Estergom en 2010.Depuis il y a des soucis continuels avec la diffusion des livres scolaires.Un problème plus important est que Orbán Viktor uniformise ces livres :maintenant , il faut diffuser le même savoir et de la même façon à tous les professeurs et tous les élèves.L’étatisation a dégradé la qualité des livres , ceux-ci reflètent fidèlement les « bourgeonnements » de sa vision de l’histoire . Ces livres ont été préparés en 3 mois ,aussi ils grouillent d’erreurs et si le délai a été si court ,c’est qu’ils ont utilisé les fonds européens .Si les professeurs retrouvent la liberté de choix des livres scolaires ,ils pourront à nouveau enseigner sur la base de ces publications qu’ils considéraient comme bonnes.
7-Suspendre immédiatement le système de contrôle et de classification lié à la «carrière du pédagogue »(nb :système mis en place par ce gouvernement ) à l’exception des procédures en cours
L’une des plus grandes sources de tension dans les écoles est le modèle dénommé « életpályamodell » ( l’idée d’une carrière avec des échelons et des contrôles permettant de progresser,mais le mot d’inspection –à la française- ne convient peut être pas , le mot « ellenőrzés » désigne le contrôle du travail accompli).Tous les pédagogues ont été classés dans l’échelon 1 , il est possible de progresser en participant à la procédure dite de classification (« minősítés ») Cette procédure a d’abord engendré à court terme des tensions par rapport au salaire ,pour des professeurs ayant de l’ancienneté ,ayant accepté des tâches supplémentaires cela a signifié une baisse de salaire mais a apporté des améliorations à la situation des plus jeunes .La rédaction du portfolio nécessaire à la promotion place beaucoup de professeurs devant un défi énorme tout d’abord à cause de leur grande charge de travail ( hors rédaction du porfolio) et du manque de transparence des exigences . Selon les informations qui ont filtré de la table ronde sur l’enseignement (Köznevelési Kerékasztal) le gouvernement sent que ce peut être l’un des points où des concessions lui permettrait de rallier une partie des professeurs
8-Créér les cadres juridiques de l’emploi des pédagogues retraités et que cela rentre immédiatement en vigueur
« Pour moi la façon dont ils ont agi avec les retraités est complètement inacceptable Ils ont placé dans une situation humiliante des collègues qui avaient consacré leur vie à l’enseignement et aux enfants , il fallait quand même qu’ils supplient pour pouvoir continuer à travailler . Il n’est pas permis d’agir ainsi avec les gens , particulièrement avec ceux qui depuis des décennies accomplissent remarquablement leur travail et que les enfants admirent. » C’est ainsi que Somogyi László, ancien directeur du Lycée Berzsenyi Daniel a justifié son départ pour l’étranger l’été dernier (/je crois que cet ancien directeur souhaitait venir travailler vers Strasbourg pour intervenir dans des formations continues de personnels de l’éducation sur le thème de l’autonomie des établissements ,d’après un autre article)
Dans les écoles une décision du gouvernement de 2012 a causé beaucoup de désagréments :il n’est possible d’employer les professeurs ayant atteint la limite d’âge que moyennant une autorisation spéciale et ce n’est pas possible sur un poste local ?Beaucoup des professeurs faisant autorité ont décidé qu’ils ne supplieraient pas pour continuer à travailler et se sont retirés de l’enseignement .Lors de la dernière table ronde ,il appparaît que dans cette affaire aussi le ministère semble plus accomodant .
9-Fixer l’horaire obligatoire des profeseurs à 22 heures
Avant l’introduction du « modèle de carrière » l’horaire hebdomadaire obligatoire était de 22 heures et au maximum de 26 heures Lors d’une conversation non officielle , le secrétaire d’état Palkovics Laszlo nous a dit que dans les écoles qui dépendent du KLIK ,les professeurs font en moyenne 24 heures et dans beaucoup d’endroits on entend que les professeurs sont obligés de faire l’horaire maximum .Un directeur a attiré notre attention sur le fait que 4 heures de plus par semaine dans le cas d’une matière enseignée deux fois par semaine ,cela signifie 2 classes soit plus de 60 élèves en plus.Ainsi par suite d’une augmentation de charge de travail paraissant minimale , c’est d’ un tel supplément d’élèves dont il faut s’occuper corps et âme .
Les professeurs sont obligés de rester 32 heures par semaine dans l’école ,même s’il n’y a pas assez d’ordinateurs en état de marche et assez de place pour pouvoir préparer leurs cours ,pour corriger les devoirs et pour passer leur temps de façon utile du point de vue de leur travail .
10-Exiger la sécurité des sources de financement primordiales
Il n’est pas besoin d’être expert pour comprendre que le manque d’argent cause une partie significative des problèmes des écoles.Il suffit de regarder l’image des commodités de l’école de Tarszadany qui se répand comme un virus cette semaine, ou de penser à la dette du KLIK qui gonfle sans arrêt ,aux factures de frais généraux impayées ,aux fournisseurs ….
A côté de cela toutes les organisations de professeurs s’accordent pour penser indispensable une augmentation de salaire des collègues qui apportent une aide directe au travail des enseignants et éducateurs .En effet il y a longtemps que les gouvernements n’ont pas touché à leur rénumération
Selon ces organisations ,pour que le gouvernement assure le pourvoi des postes nécessaires ,l’entretien des établissements ,les dépenses de frais généraux ,il serait nécessaire de rassembler 90 milliards de forint (/environ 300 millions d’euros ) .A plus long terme ,l’objectif serait que les dépenses consacrées à l’enseignement atteignent 6% du PNB .A titre de comparaison ,l’état a dépensé 3,9 % du PNB dans ce but , somme comprenant tout de l’école maternelle à l’enseignement supérieur
11-Nous attendons une communication publique et sincère concernant l’enseignement
L’adoption en 2011 de la loi sur l’éducation s’est déroulée pratiquement sans concertation professionnelle .C’est principalement à travers les médias que les experts se sont efforcés de formuler leur craintes ,mais les parents et professeurs ne pouvaient absolument pas prévoir quel genre de changements concrets entraînerait cette loi. Sous l’influence de l’indignation le gouvernement accorde plus d’importance tout au moins à l’apparence :lors de la table ronde de l’éducation nationale (Köznevelési Kerekasztal ) il se met d’accord avec « les siens » du fait que les organisations venant de « l’autre bord » et qu’il avait invitées , se sont retirées .Mais même ainsi la coopération ne va pas sans accroc ,cette semaine plusieurs participants ont contredit Palkovics Laszlo (secrétaire d’état) qui a dit que la table ronde ronde s’est positionnée pour la nécessité d’un organisme d’état financeur .L’Association nationale des Familles nombreuses (Nagycsaládosok Országos Egyesülete) a ainsi informé le journal Népszabadság que tant que leur représentant était présent il est sûr qu’une telle décision n’a pas été prise.Le président du Corps National des Pédagogues (Nemzeti Pedagógus Kar) qu’on ne peut probablement pas accuser d’indépendance par rapport au ministère ,a également confirmé : à propos de ce genre de choses il n’y a eu ni décision ni vote formel .
12-Il faut immédiatement commencer à élaborer un système qui s’appuie sur d’autres bases et sur les acquis
« Hier il aurait été déjà trop tard » -a déclaré à notre journal un professeur quand nous lui avons demandé ,quand aurait il fallu se mettre à réformer l’enseignement pour que les enfants actuellement scolarisés reçoivent les connaissances du 21e siècle sur le marché du travail imprévisible du futur ?
De plus en plus d’experts expriment qu’il faudrait intégrer dans l’enseignement les moyens d’apprentissage numériques car les élèves hongrois sont sous la moyenne internationale dans la compréhension de textes numériques.
Pour qu’il soit possible de mettre le système sur d’autres bases ,il ne suffira pas d’un allègement de charge de travail des élèves de petite ampleur et d’un remodelage prudent des programmes .Les élèves se plaignent actuellement d’être obligés d’apprendre par cœur des choses accessibles sur internet en quelques secondes ,alors qu’il ne leur reste pas de temps pour un approfondissement vivant de la connaissance .