La visite de Macron à Saint-Pétersbourg terminée, quel bilan peut-il en être fait ? On allait voir ce qu’on allait voir et, au final, on n’a rien vu.
L’Ukraine : Poutine a maintenu sa position : la crise interne à l’Ukraine doit se résoudre selon la procédure Minsk. Quant à la Crimée, la question (il y en a une pour les Occidentaux, il n’y en a pas pour les Russes) n’a semble-t-il même pas été abordée. Il est donc acquis, au-delà des postures de vierges effarouchées, chères aux Occidentaux, que la Crimée est russe à jamais.
La Syrie : en dehors d’une vague coordination qui reste à mettre en place selon des modalités non définies entre les processus de paix menés par les Occidentaux à Genève et à Astana pour les Russes et alliés, Macron n’a rien obtenu. Les Russes, avec leurs alliés, restent maîtres de la situation en Syrie – et Bachar al-Assad est confirmé comme partenaire incontournable du processus de paix.
Le nucléaire iranien. La position russe ne s’est pas modifiée : respect des dispositions du pacte de 2015, qui n’a pas à être « élargi », et toute demande de modification ou de complément devra faire l’objet d’un accord préalable de l’Iran. Sur cette question, comme sur les autres, Macron a fait chou blanc.
Enfin, Sentsov continuera à purger sa peine, Macron ne paraît pas avoir beaucoup insisté pour sa libération – à quel titre d’ailleurs l’aurait-il fait, et il est vrai qu’en matière de respect des droits humains il n’a guère de leçons à donner.
Au vu de ces brillants résultats de la diplomatie française, on ne retiendra du voyage de Macron en Russie que son aspect touristique pour le plus grand ravissement de Brigitte.
De retour en France, tout de suite Macron s’est prêté à une interview sur la chaîne plus-macroniste-que-moi-tu-meurs, autrement dit BFMTV, se donnant une importance qu’il n’a évidemment pas aux yeux de Poutine, allant jusqu’à déclarer qu’il avait fait comprendre au président russe [Vladimir, tu sais] que l’avenir de la Russie, c’est l’Europe, et que la Russie est en Europe. Eh bien non, monsieur Macron, ne vous en déplaise, l’avenir de la Russie ce n’est pas l’Europe – surtout celle déliquescente et mercantile que vous représentez si parfaitement –, c’est l’Eurasie, car la Russie n’est pas seulement européenne, ainsi que l'écrivait déjà Dostoïevski, mais aussi et autant asiatique, elle est donc eurasiatique, de la Baltique à la mer Noire, de Kiev à Vladivostok.