L’année se dérobe
A Monsieur Alain Juppé
Très belles toutes quatre
En cage pourriront.
Pas plus que tu ne sèmes,
Tu n’engranges récoltes ;
Alors, résigne-toi :
Oublie mois et saisons.
Quand tu disais : « hiver »,
Simplement, tu diras :
Première injection.
Ces mois qui sonnent et tremblent
Se décomposeront.
Tu oublieras Noël
Et même l’an nouveau.
Car compter jusqu’à trois
Te mènera sans peine
Jusqu’aux rives prochaines.
Le printemps et l’été
En fumée partiront :
L’heure aura tôt sonné
De prendre la deuxième.
Un patient perpétuel :
Quelle embellie, vraiment !
L’heure mélancolique
Des feuilles que l’on foule
Te lairra pantelant :
Avec un grognement
Contempleras ton doigt
Du milieu de la main,
Sans plus savoir le tendre :
Trois signifiera trois.
Après ce doux décompte,
Pantelant tu tendras
Ton visage aux frimas.
Un grand garçon, vraiment !