Les autorités françaises ont annoncé la fin progressive du confinement à partir du lundi 11 mai.
La fin du confinement passe par la réouverture des établissements scolaires dont les modalités seront probablement très souples : les parents qui craignent pour la santé de leurs enfants auront la possibilité de refuser de leur faire reprendre leur scolarité avant septembre 2020. Les enseignants qui craignent pour leur santé pourront faire valoir leurs difficultés personnelles pour renoncer à rejoindre leurs postes.
Quelles sont les raisons de la réouverture des établissements scolaires ?
- Une raison noble et avouée : proposer de reprendre une vie normale - cours, cantines, activités sportives - aux enfants et adolescents les plus défavorisés
- Une raison occultée : permettre aux parents de reprendre une activité professionnelle afin que le pays tout en entier ne sombre pas dans le surendettement.
- Une raison pratique de bon sens : éviter de faire garder des enfants par des grands parents cibles favorites du covid-19.
On entend des médecins, des syndicats et des enseignants s’élever contre l’argument de la production économique de la réouverture des établissements scolaires.
Quels genres de citoyens sont ces protestataires qui ignorent que leurs salaires proviennent de la ponction effectuée par l’Etat sur la production économique ?
Plus de production économique plus de salaire ! Ou alors une montagne de dettes qui rendra la France encore plus dépendante des marchés financiers que détestent les mêmes qui s’insurgent contre un redémarrage économique progressif.
On est contre les marchés financiers sauf quand c’est pour recevoir son salaire ! Et après moi le déluge de contraintes qui résulteront de ces dettes abyssales.
Les mêmes vont applaudir les soignants tous les soirs à 20 h mais ne veulent pas accepter de prendre un risque pour leur santé quand il s’agit de participer à l’effort de la nation.
Certes poster des leçons sur Internet est utile mais accepter de prendre en charge les élèves l’est encore plus pour la nation au-delà de sa petite personne.
Si ce confinement aveugle, arbitraire, généralisé et imposé est raisonnable, ce dont je doute, pourquoi le déconfinement progressif serait moins pertinent ?
Quelle est le risque ? Les statistiques Italiennes nous apprennent que 84 % des personnes décédés ont plus de 70 ans et qu’en plus de cela, 97% avaient au moins une maladie chronique.
Ce qui veut dire, si on applique des probabilités élémentaires, qu’une fois qu’on est atteint du covid-19 on a 0,18% de mourir.
Les gestes barrières, éventuellement le port d’une visière en plexiglas ou d’un masque réduisent considérablement, d’environ 90%, la probabilité d’être touché. Il ne reste plus qu’une probabilité de 0, 018 % de mourir.
Si on ne veut pas que les soignants, les éboueurs et les caissières de supermarché soient les seuls à prendre des risques, si on veut s’engager courageusement pour le bien des élèves, si on ne veut pas que l’endettement du pays crée encore plus de pauvreté, il faut accepter, si on est un enseignant solide et en bonne santé de prendre ce risque. Cela permettra à l'Etat de consacrer plus de moyen pour protéger enfin les plus fragiles.
Il sera toujours temps après l’endiguement de cette épidémie qui frappent les plus fragiles médicalement et financièrement, de se poser la question de redéfinir le contrat social qui modulera la répartition de la charge financière de cette crise sanitaire et économique.
Mais sans un vrai et rationnel courage face au covid-19, je ne vois pas ce qui rendrait, demain, les braillards, d’aujourd’hui, plus courageux face au libéralisme qui dirige le monde depuis 30 ans.
Laurens Boumedine
Professeur de mathématiques