Quel pays en a gagné le plus ?
Où en est la France dans le classement ?
Quels pays devancent la France ?
La France a-t-elle une chance de repasser en tête ?
Quelle promesse de nouvelles médailles serait susceptible de la faire repasser devant les États-Unis ou la Chine ?
Sous couvert d'un évènement populaire, ces JO disputés à domicile ressemblent moins à une fête universelle et désintéressée, proche de celle imaginée à l'époque par Pierre de Coubertin, qu'à l'antichambre d'un ordre mondial du sport, réactualisé tous les quatre ans.
Un peu à l'image du classement économique mondial, fondé sur la croissance et le PIB, ou celui des grandes écoles et universités prestigieuses, basé sur les taux de réussite de leurs étudiants aux examens finaux.
Pour ce cru 2024, cette compétition entre nations dans la compétition elle-même bénéficie à la France, emmenée par des figures sportives d'exception et la liesse d'un public hexagonal survolté, relayées par une couverture médiatique omniprésente et des émissions en direct où se croisent des stars journalistiques à l'humeur euphorique et aux superlatifs incessants.
Du côté du public, dans le contexte politique actuel, incertain et anxiogène comme jamais, ces JO de la réussite renvoient à une forme d'exutoire. De bons moments à passer en famille ou entre amis, oublieux des soucis du quotidien et du tracas des lendemains.
Pour les privilégiés, gagnants de l'élitisme à la française, cet engouement devant la réussite sportive prend une résonance et une signification différentes.
Les journalistes sportifs qui paradent et fanfaronnent dans l'entre soi des plateaux télévisés représentent la partie émergée de cet iceberg de la réussite sociale.
Ils incarnent la courroie de transmission des valeurs méritocratiques sans cesse réaffirmées par le pouvoir en place, donnant à voir la réussite individuelle, et dont le métier est de valoriser pour l'exemplarité celle des élites sportives.
La boucle est ainsi bouclée.
C'est de cette France là dont Emmanuel Macron se revendique, celle qui s'affiche, celle qui ne tremble pas et qui gagne, brandissant ostensiblement et en permanence l'étendard de sa prospérité.
Le succès actuel de la délégation française est en parfaite adéquation avec les valeurs néolibérales de concurrence libre et non faussée, d'excellence et de réussite, auxquelles adhèrent ceux ayant bénéficié d'un capital social et culturel élevé.
Mais en y ajoutant la valeur travail, le labeur, l'abnégation, l'ascétisme, les sacrifices, qui sont souvent les attributs des grands champions.
Des valeurs sublimées par les victoires renouvelées de la nouvelle star de la natation française, qu'Emmanuel Macron est venu en personne célébrer à la piscine olympique, au moment où celles-ci explosaient le plafond de verre des records olympiques.
Rétrospectivement, on comprend mieux le signifiant politique que représentait pour lui l'opportunité d'une organisation de JO à domicile, véritable vitrine des savoirs faire et du luxe à la française, et des compétitions elle-mêmes auxquelles il est allé jusqu'à dédier une trêve, dans un contexte où sa feuille de route néolibérale s'est heurtée dans les urnes aux attentes sociétales inassouvies.
Une trêve politique qui, à la lumière de l'engouement olympique collectif, peut aussi se lire chez Macron comme l'espoir d'une réconciliation du peuple avec sa politique libérale dont ces jeux s'inspirent si puissamment.