Dépolitiser l'alimentation, alors que c'est exactement l'inverse qui s'impose urgemment.
Car si les citoyens ne réclament pas une nourriture de qualité, la plus saine possible, alors même que l'Europe vient d'autoriser la mise sur le marché de la deuxième génération d'OGM, autrement dit si les citoyens ne politisent pas le débat en s'occupant de ce qui les concerne directement, rien de changera véritablement.
Quant à la souveraineté, ce mot gigogne brandi au moindre questionnement sur notre modèle agricole dominant, il mériterait d'être explicité.
Ainsi, lorsque la ministre le convoque pour justifier la nécessité de rééquilibrer notre balance commerciale agricole, proche de basculer dans le route, on peut douter de la pertinence de son propos.
Car en quoi le fait de vendre davantage de denrées, du fait de prix devenus compétitifs à l'international, a-t-il à voir avec une quelconque souveraineté alimentaire ?
C'est même exactement le contraire, sa définition étant, pour un pays donné, d'être suffisamment autonome pour être en capacité de nourrir sa population.
La France est parfaitement en mesure de le faire, mais ce que la ministre cherche plutôt à faire comprendre, c'est qu'elle pense idéologiquement crucial que l'agriculture réponde, comme les autres segments commerciaux, à l'injonction d'une balance excédentaire.
Quitte à convoquer une souveraineté de papier...