De la pression relâchée sans compter donc, et de beaux souvenirs engrangés.
Mais, au delà de l'engouement généralisé et de la thérapie collective qu'auront favorisé ces moments exceptionnels de célébration d'exploits hors normes, ce sont paradoxalement des valeurs libérales qui auront été au centre de cette ferveur.
Car, même si le profond respect entre compétiteurs a pu être souvent constaté, c'est bien de travail acharné, de dépassement de soi, de désir d'élever sa performance toujours plus haut que celles de ses pairs dont il s'agit.
Et le paradoxe de la situation réside précisément dans le fait que c'est en célébrant des valeurs d'excellence, apanage des partis conservateurs, que le public est venu décharger son trop plein de frustration, générée par les dégâts sociétaux issus de leur survalorisation politique.
Emmanuel Macron ne s'y est d'ailleurs pas trompé, lui qui a choisi d'instrumentaliser politiquement ces JO dont il connait la dimension anesthésiante, consistant à détourner momentanément l'attention de la société vers les valeurs du sport d'élite et de l'excellence, elles-mêmes abondamment mobilisées dans la mise en oeuvre de sa politique libérale.
Comme pour démontrer de façon subliminale que le seul avenir sociétal qui vaille ne peut être fondé que sur la méritocratie et son corolaire, la compétition de tous contre tous.
Bien sûr, en passant sous silence que les chances de réussite individuelle sont très largement pré-déterminées par le contexte sociale et culturel de son milieu d'origine, même si des exceptions émergent ponctuellement ci ou là.
Mais ce que ne dit pas non plus la fable du "self made man" (ou woman), c'est qu'en contrepoint des trois médaillés olympiques admis sur le podium, une majorité d'autres n'y auront jamais accès, si tant est qu'ils aient même été admis à concourir.
Le modèle sportif du haut niveau, profondément inégalitaire, ne peut donc pas servir de référent sociétal, sous peine de produire une armée de perdants pour un peloton de gagnants.
Notre horizon est à chercher ailleurs, du côté du commun, du partage, de la solidarité, et de l'assistance aux plus vulnérables, contrairement à ce que les individus ou les organisations qui promeuvent le modèle libéral raillent en permanence.
Les JO auront été une belle fête pour tous, mais il faut garder en tête que le public qui y a assisté en est ressorti sans médailles, et que notre ordre social, profondément inégalitaire, reste lui inchangé.