D'avancées en reculs alternatifs, la situation était dès lors restée globalement inchangée.
Et cela aurait pu durer ainsi longtemps si un changement de paradigme ne s'était pas produit dans la tête des responsables militaires ukrainiens, qui ont décidé de renverser la table.
Car, puisque les russes sont les agresseurs d'un pays limitrophe dont ils ont sciemment violé la frontière, ils s'exposent en théorie à une réplique équivalente de la part des agressés.
Mais les schémas mentaux sont souvent figés, à la guerre comme ailleurs, éloignant la part de créativité nécessaire à l'émergence de solutions opérationnelles.
S'est ajoutée à ce verrouillage mental, et à juste titre, la crainte, chez les urkainiens et ses alliés, d'une escalade incontrôlée du conflit, prenant potentiellement la forme d'une utilisation russe d'armes nucléaires tactiques.
Toujours est-il que la créativité a émergée et que les risques ont été suffisamment pesés pour qu'une partie de l'armée ukrainienne envahisse à son tour le territoire russe, créant la panique chez les généraux du pays agresseur.
C'est que les schémas mentaux figés s'appliquent aussi aux agresseurs.
Bien joué l'Ukraine !
A partir de là, les équilibres trouvés de part et d'autres depuis le début de cette guerre s'en trouvent bouleversés.
Et tout redevient possible pour l'armée ukrainienne, qui s'ouvre de nouvelles perspectives, y compris celle de prendre à revers son ennemi, obligé de laisser stationnée une partie de ses troupes dans les territoires rognés, sous peine de devoir y renoncer.
Un bel enseignement que ce retournement de situation, dont nul ne peut néanmoins prédire l'issue, mais qui démontre de façon magistrale que la mobilité intellectuelle et son corollaire, la créativité, favorisent notre adaptation aux situations les plus désespérées.