Il ne se passe plus une semaine sans que les grands principes européens s'effondrent les uns après les autres, donnant l'effrayant sentiment que l'institution échappe totalement au pouvoir des États membres qui l'ont enfantée.
À l'image d'une créature biomécanique démoniaque, qui finit par s'affranchir de son savant de géniteur, semant la désolation sur son passage.
La belle idée collective qui a succédé à la seconde guerre mondiale, comme pour mieux conjurer de nouvelles velléités impérialistes sur son sol, a vécu, progressivement mais inexorablement phagocytée par le vampirisme du marché et la chasse à l'étranger, qui tiennent dorénavant lieu de boussole à son organe décisionnel.
Jusqu'à en perdre la mémoire de l'idée même qui l'a vu naitre.
Une Europe longtemps éloignée des préoccupations des populations de ses États membres, la jugeant technocratique et oublieuse des enjeux sociétaux, et qu'elles perçoivent désormais comme un paquebot à la dérive, se rapprochant dangereusement de récifs menaçant de l'engloutir.