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Le CPE : la grande erreur française
Il y a des erreurs politiques qui coûtent cher à un pays.
L’abandon du Contrat Première Embauche (CPE), en 2006, en fait partie.
À l’époque, Dominique de Villepin voulait redonner un souffle à une jeunesse enfermée dans le chômage et la précarité. Il proposait une voie médiane : un contrat à durée indéterminée mais assoupli, permettant à l’employeur d’embaucher plus facilement un jeune sans craindre d’être piégé par la rigidité du droit du travail.
Son idée était simple : mieux vaut donner une chance d’entrée dans la vie active, quitte à encadrer une période d’essai plus longue, que de condamner toute une génération à l’attente et à la dépendance.
Mais la rue, chauffée à blanc par une gauche populiste et dogmatique, a crié au scandale.
Les slogans ont remplacé la réflexion, les postures ont pris le pas sur la raison.
Au lieu d’analyser le fond du texte, on a préféré crier à la “précarisation” et à la “casse sociale”.
Les syndicats, voyant l’occasion de reprendre la main, ont bloqué le pays.
Et Jacques Chirac, dans un geste de faiblesse politique, a enterré la réforme pour calmer la contestation.
Résultat : une victoire de la rue, une défaite de la raison.
Et vingt ans plus tard, le constat est amer.
Aujourd’hui, la France s’enlise dans le même marasme : un chômage des jeunes structurellement élevé, des CDI rarissimes, des entreprises paralysées par la peur d’embaucher, et une jeunesse condamnée aux CDD à répétition.
Le fameux CPE, honni hier, aurait sans doute permis d’éviter cette impasse.
Il aurait donné de la souplesse aux employeurs, de l’élan aux jeunes, et un peu d’air à une économie étouffée par la paperasse et la peur du risque.
Ce que Villepin proposait, c’était une ouverture, pas une soumission : un pari sur la confiance, pas sur la méfiance.
Mais la France, fidèle à elle-même, a préféré la crispation au courage, l’idéologie au pragmatisme.
On a détruit un outil qui aurait pu moderniser le marché du travail et on continue aujourd’hui à en payer le prix, génération après génération.
Le CPE n’était pas parfait, bien sûr. Mais il allait dans la bonne direction : celle du réalisme économique et de la responsabilité partagée.
Le rejeter par réflexe idéologique fut une erreur historique, un refus de grandir collectivement.
Et c’est peut-être là, plus que dans la réforme elle-même, que réside le vrai drame :
la France n’a pas su reconnaître la main tendue d’un homme d’État qui voulait l’aider à sortir de ses blocages.
Le CPE n’était pas un danger pour la jeunesse, il était au contraire une porte entrouverte vers l’avenir.
En la claquant, nous avons refermé, pour longtemps, celle de l’espérance.