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Bienvenue dans le plus grand hôpital psychiatrique d’Europe : la République française.
Ici, les patients dirigent l’établissement, les infirmiers obéissent aux ordres du conseil d’administration invisible, et les chambres VIP ont vue sur BFM TV.
C’est dans cette douce folie collective qu’un nouveau patient, ancien président, vient faire son entrée théâtrale. En apparence, il entre en détention. En réalité, il reprend son rôle principal dans un film qu’on a déjà vu cent fois : « La Justice, ce grand théâtre d’ombres ».
Les caméras s’allument, les micros s’approchent, et les communiqués officiels annoncent avec gravité : « La République démontre son indépendance. »
Ah, quelle farce exquise !
La France, ce vieux coucou blanchi sous le mensonge, nous ressert la même soupe tiède : celle où les puissants se prétendent justiciables pendant que les vrais justiciables crèvent dans la file d’attente du tribunal.
Mais ici, dans le nid des cocus, personne ne s’indigne plus vraiment.
Les citoyens cocufiés par le pouvoir depuis des décennies continuent d’y croire, fascinés par la mise en scène. Ils s’accrochent au scénario comme les patients du pavillon s’accrochent à leur pilule du matin : « La justice est indépendante », répètent-ils, en regardant les mêmes visages s’échanger les mêmes faveurs.
Les murs de l’hôpital sont tapissés de dossiers : affaire après affaire, scandale après scandale, jusqu’à ce que plus personne ne distingue la réalité du délire collectif.
Les fous se félicitent entre eux, les gardiens se signent, les journalistes commentent la pièce avec sérieux, comme si cette comédie institutionnelle n’était pas déjà écrite d’avance.
Le nouveau pensionnaire, lui, n’a pas l’air trop inquiet. Il connaît les couloirs, les sorties de secours, les cellules capitonnées où l’on attend « que le temps fasse son œuvre ». Il sait que la camisole judiciaire n’est qu’un costume, qu’on retire sitôt les projecteurs éteints.
Tout cela n’est qu’un épisode, un moment de théâtre. La justice se donne en spectacle pour que la République ait l’air d’avoir une conscience.
Pendant ce temps, dehors, la résistance s’organise. Les vrais lucides, ceux qu’on traite de fous, observent ce cirque avec un mélange d’ironie et de dégoût. Ils savent que le vrai asile, ce n’est pas la prison, mais ce pays entier, où les cocus du pouvoir applaudissent encore les fous qui les ont trahis.
Le rideau tombe.
Le peuple s’en retourne à ses chaînes d’infos, convaincu d’avoir assisté à un acte de justice historique.
Mais dans les coulisses, on sabre le champagne, on compte les alliés restants, on prépare déjà le prochain acte.
Dans ce Vol au-dessus d’un nid de cocu, chacun joue sa partition :
les juges font semblant d’être libres,
les politiques font semblant d’être coupables,
et les citoyens, eux, font semblant d’y croire.
Et dans ce grand hôpital national, la folie la plus dangereuse n’est pas celle des fous… mais bien celle de ceux qui croient encore que tout cela est réel.
Le grand théâtre de la République, c’est ça : une farce institutionnelle où la vertu se grime en toge et la corruption se parfume au bon goût médiatique.
Les vrais détenus, ce sont les citoyens, condamnés à perpétuité au rôle de spectateurs.
Et comme dans Vol au-dessus d’un nid de coucou, le plus lucide passe pour fou. Celui qui ose dire : « Tout ceci est truqué », on le parque, on le moque, on le censure. Parce qu’ici, la vérité dérange plus que le crime.
Les puissants ont fait de la justice une sorte de décor IKEA : propre, symétrique, et totalement creux.
On la démonte et on la remonte au gré des affaires.
On y glisse des noms, on y retire des preuves, on y ajoute des effets spéciaux. Tout ça pour donner l’illusion d’un pays moralement vivant.
Mais il suffit d’ouvrir la fenêtre pour sentir la charogne.
La France est devenue un immense nid de cocus.
Des cocus du bulletin de vote, des cocus de la morale publique, des cocus de la République.
On nous trompe depuis des décennies, et on continue de dire merci.
Le cocu français est poli : il serre la main du type qui l’a volé, il paye ses impôts pour nourrir ceux qui le dépouillent, et il s’excuse quand il s’indigne trop fort.
Un peuple modèle pour un système malade.
Alors oui, ce soir, on nous dira que la justice est passée.
On fera mine d’y croire.
Mais au fond, tout le monde sait que c’est du cinéma d’État, un opéra-bouffe dirigé par les mêmes chefs d’orchestre depuis quarante ans.
Ce ne sont pas les puissants qui vont en prison.
Ce sont leurs complices qui tiennent la clé.
Ici, la République n’est plus un régime : c’est un asile de fous où l’on a inversé les rôles.
Et tant que les cocus continueront d’applaudir, les fous continueront de régner.