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Ah… Gérald Darmanin. L’homme qui voulait tellement ressembler à un ministre de la Justice qu’il en oublie que la justice, ce n’est pas une réunion d’anciens copains de promo à la Santé.
Oui, le voilà prêt à aller faire une visite amicale à Nicolas Sarkozy, pensionnaire cinq étoiles du pénitencier républicain. On s’attend presque à ce qu’il lui apporte un bouquet de roses et une boîte de macarons Ladurée, « de la part d’Emmanuel ».
Et pendant ce temps, Rémy Heitz, le grand manitou de la magistrature, fait les gros yeux :
« Attention, ça pourrait porter atteinte à l’indépendance des magistrats ! »
Sans blague, Rémy. Tu veux dire que le ministre qui rend visite à un ex-président condamné, c’est pas une super idée pour l’image d’une justice impartiale ?
On n’aurait jamais deviné.
Le pays où la justice se fait à la bise
On nous vend une République exemplaire. Une France où la justice est aveugle.
Sauf qu’à chaque fois qu’un copain tombe, elle retrouve soudain la vue et même un flair de truffier.
Darmanin ne visite pas les détenus lambda. Non non. Il ne va pas voir Kevin du 9-3, ni Fatima mère célibataire coincée pour trois chèques impayés.
Il va voir le chef, le parrain, le président déchu.
Sarkozy. Celui qu’on traite encore de « Monsieur le Président » au parloir, parce que dans ce pays, même les barreaux ont le sens de la hiérarchie.
Visite de cour au royaume des condamnés de luxe
Imagine la scène : le ministre débarque à la Santé, costard bleu nuit, sourire compassé.
Le surveillant ajuste sa casquette, les caméras crépitent.
Et derrière la vitre du parloir, Nico lève un sourcil :
Alors, Gérald, t’as pensé à moi pour la grâce présidentielle ?
Pas encore, chef, mais je t’ai ramené du café colombien et un stylo Montblanc pour écrire ton prochain bouquin : “De l’Élysée à la cellule, carnet de résilience d’un homme incompris”.
Les gardiens sont priés de détourner le regard, la République fait dans le sentimental.
Le ministre, lui, jure qu’il vient « s’assurer du respect des droits du détenu ».
Oui, bien sûr. Comme Macron vient chez McDo pour vérifier la cuisson des frites.
Rémy Heitz, dernier des Mohicans institutionnels
Pendant que Darmanin sort le carnet d’autographes, Rémy Heitz joue encore au gardien des principes :
« L’indépendance des magistrats ! »
On a envie de lui dire : quelle indépendance, mon Rémy ?
Ça fait vingt ans que la justice française a les menottes politiques au poignet, et tu découvres ça maintenant ?
Entre les nominations sur consigne de l’Élysée, les juges sous pression, les affaires enterrées et les procureurs promus pour bons et loyaux services, l’indépendance, c’est devenu une espèce en voie d’extinction, comme le pangolin.
Mais bon, au moins il a eu le courage de le dire.
Dans ce pays, c’est déjà héroïque de rappeler qu’un ministre n’est pas censé tenir la main d’un condamné politique pendant l’exécution de sa peine.
Théâtre judiciaire : les copains d’abord
La politique française, c’est un vieux café-théâtre : les rôles changent, les acteurs restent.
Un jour, tu es ministre. Le lendemain, mis en examen.
Et la semaine suivante, c’est ton ancien collègue qui vient te rendre visite au parloir.
La boucle est bouclée, la République tourne en rond et elle a le tournis.
Sarkozy, condamné.
Darmanin, en visite.
Heitz, outré.
Et nous, spectateurs, écœurés mais plus surpris.
Parce qu’à force de confondre “fraternité” et “copinage judiciaire”, la justice française n’a plus d’épée : juste une brosse à reluire.
Morale de la farce
Quand un ministre de la Justice rend visite à un condamné politique,
c’est un peu comme si un curé allait bénir le diable pour « vérifier ses conditions d’hébergement ».
Ça ne sent pas la compassion, ça sent le retour d’ascenseur.
Alors oui, Rémy Heitz a raison :
ça porte atteinte à l’indépendance des magistrats.
Mais ce n’est pas une atteinte, c’est un cambriolage.
Et le voleur, cette fois, est entré par la grande porte, sourire aux lèvres, cravate ajustée, et carte de ministre dans la poche.