Oui. Il faut célébrer la capitulation du 8 mai 1945, il faut se souvenir vivement de la victoire des coalisés contre le fascisme. Surtout maintenant, surtout en temps de montée accélérée du fascisme, précisément dans les pays qui furent coalisés contre lui.
En ce moment même, sous nos yeux, un génocide. Celui des Palestiniens.
Nous avons vécu ces dernières années un culte de la mémoire. Celle-ci préviendrait le retour du pire. Cela n’a pas suffit. « La mémoire », le « devoir de mémoire » ont été, sont, de fait, instrumentalisés au profit d'assassins et par eux.
Qu’y a-t-il de plus abject que d’exploiter l’entassement de six millions de morts pour créer un paravent, un mur haut – derrière lequel voler, exproprier, détruire systématiquement les hôpitaux, détruire les écoles, assassiner les journalistes témoins, couper les approvisionnements en énergie, en médicament, et finalement affamer, affamer.
Ainsi « la mémoire » est-elle devenue un mur de la honte.
Celles et ceux qui tentent tout ce qu’ils peuvent pour renforcer un mur qui s’écroule par leur faute sont complices des crimes qui se commettent à son abri.
Le mot juste est « génocide ». Celles et ceux qui font tout pour interdire l’emploi de ce mot sont complices.
Nous prenons l’instrumentalisation des crimes du fascisme d’hier au profit des assassins de masse d’aujourd’hui comme une attaque directe contre les antifascistes d’hier et d’aujourd’hui. Nous célébrons donc ardemment la capitulation des nazis le 8 mai 1945.
Et comme nous avons de la mémoire nous rappelons les massacres de Sétif, de Guelma et de Kherrata, en Algérie ; ils commencèrent le même jour, le 8 mai 1945, ne prirent fin que le 26 juin. Un jeune scout, dit-on, brandit un drapeau algérien. Ces massacres, certes étaient dans la cruauté habituelle. Mais peut-être étaient-ils aussi en rapport avec un sentiment de puissance éprouvé dans la victoire actée le jour même. Peut-être aussi en rapport avec la bonne conscience, une sorte d’immunité, procurée par une victoire obtenue contre des ennemis monstrueux.
Et comme nous avons de la mémoire nous n’oublions pas les crimes de guerre et crimes contre l’humanité commis par la milice du Hamas. Une milice encouragée par le pouvoir israélien pour affaiblir l’autorité palestinienne honnie. Le Hamas coupable humainement, politiquement, stratégiquement d’agir contre les intérêts immédiats et profonds du peuple qu’il prétend défendre. Car les soldats, les stratèges ont le devoir d'anticiper les conséquences, c'est de leur métier, de leur responsabilité. Aussi, nous condamnons le Hamas pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité aggravés de crimes contre sa cause et son peuple.
Les manipulations des causes justes conduisent nécessairement à leur effondrement.
Oui, il faut célébrer la capitulation des forces fascistes le 8 mai 1945 avec toute la force de la conscience que nous avons de leur action renouvelée aujourd’hui, avec toute la force de la conscience que nous avons des manipulations de l’histoire par les puissants et par les aspirants à la domination.