Diderot a tiré 3 années de suite la fève à la galette des rois, la première année il écrit en rigolant « Abdication d’un roi de la fève », la seconde année, il s’énerve et écrit un nouveau poème, la dernière année, il reprend l’idée du curé Meslier : il faut étrangler le dernier roi avec les boyaux du dernier prêtre). Formule qui fera un grand effet quand elle sera publiée pour la première fois en 1796…
J’ai connu, par l’expérience,
Que celui qui peut tout, rarement veut le bien.
[…]
Je cède ma part au gâteau
À celui qui, doué de la faveur insigne
D’un meilleur estomac et d’une âme plus digne,
Laisse arriver ce jour, sans être épouvanté
De l’indigestion et de la royauté.
[…]
L’enfant de la nature abhorre l’esclavage ;
Implacable ennemi de toute autorité,
Il s’indigne du joug ; la contrainte l’outrage ;
Liberté, c’est son vœu ; son cri, c’est Liberté.
[…]
S’il osait de son cœur n’écouter que la voix,
Changeant tout à coup de langage,
Il nous dirait, comme l'hôte des bois :
« La nature n'a fait ni serviteur ni maître ;
« Je ne veux ni donner ni recevoir de lois. »
Et ses mains ourdiraient les entrailles du prêtre,
Au défaut d'un cordon pour étrangler les rois.
Les éleuthéromanes, ou Les furieux de la liberté (ou Abdication d’un roi de la fève) (1796)
Voir Esprit de Diderot, choix de citation par Laurent Loty et Éric Vanzieleghem, Paris, Hermann, 2014