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Billet de blog 28 avril 2025

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« Où subsiste encore ton écho », un roman d’Aline Angoustures vibrant de vie

Aline Angoustures nous livre un récit poignant aux éditions de l’Incertain dans lequel se dévoile l'histoire de trois femmes dont les vies résonnent en écho.

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Illustration 1
Aline Angoustures © LAURENT MONSERRAT

Le roman explore à la première personne les liens qui les unissent, transportant le lecteur entre l'Iran et la France, entre la Bretagne et la chambre du fils. La trajectoire de ces trois femmes, Adèle, Jeanne et sa mère, bien que singulière, semble soumise à une même fatalité, à un destin commun où la clémence et la rudesse du sort se succèdent.

Jeanne accompagne son amie Adèle, alors en rémission d’un cancer du sein, en thalasso et sonde ses souvenirs dans une narration tournoyante. On plonge dans sa condition de jeune fille expatriée en Iran, où l’éveil à la féminité coïncide avec la prise de conscience de la dépression de sa mère. Le malaise grandit chez Jeanne, confrontée à une mère qui n’a de cesse d’annoncer son suicide, tandis que des hommes de la société iranienne tentent de s’emparer du corps de l’adolescente, quand ils ne la considèrent pas juste comme un « sexe ».

Le pouvoir du récit d’Aline Angoustures atteint son apogée avec l’apparition énigmatique de ce fils : une présence évanescente qui hante le roman. L’écriture devient le moyen de parvenir à atteindre, à comprendre cet enfant qui se tient à distance de ses parents pour s’engager dans une vie faite de déviances, entraînant toute la famille dans son sillage. Le fils de Jeanne pourrait être la chair et le sang des lecteurs de ce roman, l’enfant que nous pourrions tous avoir, un garçon qui s’éloigne de vous, un garçon sur lequel vous n’avez plus de prise tant il se refuse à vous écouter. Difficile de rester insensible au désarroi et à la culpabilité de Jeanne face à ce jeune homme qu’elle ne reconnaît plus, mais dont elle conserve l’entier souvenir d’un garçon aimant. Quel refuge reste-t-il à Jeanne, quand elle sent de surcroît le poids des années l’entraîner ? Il demeure cette vie de femme sensuelle, la chaleur des corps autrefois enlacés, de ces hommes ivres de désir pour elle.

Le final du roman résonne comme un appel à la résistance. La chanson de Bashung, « La nuit je mens », dont elle tire un extrait pour en constituer son titre, prend toute son ampleur grâce à l’érotisme vécu par la narratrice, qui nous fait sentir combien le désir et la fougue sont indestructibles. Leur persistance nous rappelle que nous sommes des individus bien distincts, capables par amour de ne pas sombrer.

Le récit d’Aline Angoustures est une véritable ode à la persévérance. Il montre notre capacité à surmonter les épreuves, à rester debout malgré les tempêtes, à devenir des « voleurs d’amphores », c’est-à-dire à s’approprier le passé pour qu’il continue d’exister et prenne corps dans la réalité présente. C’est aussi un rappel que, bien que la vie soit parfois difficile, elle ne peut pas nous vaincre tant que nous n’avons pas accepté de laisser triompher le destin sur nos désirs de vivre, d’aimer et d’être aimés.

Illustration 2
Portrait en creux d'Aline Angoustures © LAURENT MONSERRAT

-Aline Angoustures, dont le parcours d'historienne l'a menée à la responsabilité de la mission Histoire et archives de l’Ofpra, déploie également son talent de poétesse en offrant chaque semaine une nouvelle strophe sur son site personnel.

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