En République tchèque, une vignette est obligatoire pour tous les véhicules qui circulent sur les autoroutes et certaines routes du pays. (1) Trois durées de validité sont proposées via un système de vignette électronique : 10 jours, 1 mois et toute l’année civile. Les tarifs 2020 pour tous les véhicules allant jusqu’à 3,5 t comprises sont de 310 couronnes tchèques CZK (12,50 € environ) pour 10 jours, 440 CZK (17,50 € environ) pour 1 mois et 1500 CZK (58,50 € environ) pour l’année. Pourquoi ne pas s’en inspirer en France au nom de la transition écologique ?
Point de passage obligé pour les flux terrestres entre la péninsule ibérique, l’Italie et l’Europe du Nord, notre pays est un carrefour majeur au cœur de la circulation européenne. D’ailleurs, l’autoroute A1 n’est-elle pas aujourd’hui l’axe routier le plus fréquenté d’Europe ? (2) Des millions de poids lourds étrangers transitent donc par notre pays chaque année et leur impact tant économique qu’environnemental est loin d’être négligeable. (3) Cette réalité justifie l’adoption d’une taxe de circulation sur le modèle tchèque, d’autant que cette dernière s’inscrit à la fois dans une perspective de transition écologique mais aussi dans le cadre du dumping social puisqu’elle ne concernera que les véhicules étrangers. (4)
Dès lors, il n’est pas utopique, ni démagogique d’imaginer une taxe annuelle de cent euros au minimum pour les professionnels (sans distinction de tonnage) désireux de circuler à travers toute la France, somme réduite de moitié pour une circulation limitée à une seule région frontalière (les Hauts-de-France, par exemple). Cette taxe de circulation concernera également les particuliers mais à un moindre coût (20 euros par an pour une circulation nationale, 10 pour un déplacement régional).
En l’absence de vignette ou en cas de fraude (vignette régionale mais circulation nationale, par exemple), ce sera une contravention de 4ème classe, à savoir : une amende forfaitaire de 135 euros, une infraction que pourront verbaliser police et gendarmerie nationales, ainsi que les douanes, l’office français de la biodiversité (police de l’environnement), les agents de police municipale et les gardes champêtres.
Cette taxe doit bénéficier aux régions afin de financer des projets liés à la transition écologique et énergétique mais aussi une nouvelle compétence attribuée aux conseils régionaux : la construction et l’entretien des locaux de police et gendarmerie nationales. (5) Dans une perspective de péréquation, l’Etat versera la moitié de la taxe de circulation nationale aux régions de l’intérieur, le reliquat revenant aux régions frontalières. Il est également possible d’imaginer la répartition suivante : 20 % de la taxe de circulation revenant à l’Etat avec les mêmes objectifs énergétique et écologique, 40 % aux régions intérieures et le reliquat à la région frontalière d’entrée.
Le nom de cette taxe de circulation ? Une e-vignette ?

(1) France diplomatie, République tchèque
(2) Dans les coulisses de l’A1, l’autoroute la plus fréquentée d’Europe
(3) Transport routier de marchandises
https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/transport-routier-de-marchandises
Bilan social annuel du transport routier de marchandises – édition 2020
Bilan annuel des transports en 2019
https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/bilan-annuel-des-transports-en-2019-0
(4) Leila Minano, Le quotidien intenable des routiers, nouveaux forçats de l’industrie automobile européenne, Basta, 8 octobre 2018.
https://basta.media/Le-quotidien-intenable-des-routiers-nouveaux-forcats-de-l-industrie-automobile
(5) Laurent Opsomer, La course à l’échalote, 5 avril 2021.
https://blogs.mediapart.fr/laurent-opsomer/blog/050421/la-course-l-echalote