
Sous couvert de santé publique et de protection de l’environnement, les zones à faibles émissions (ZFE) sont défendues par les « bobos », ceux que chantait Renaud¹, et imposées à « la France périphérique » (pour reprendre le titre du livre du géographe Christophe Guilluy), première victime de la verbalisation automatique annoncée par le ministre délégué aux Transports, Christophe Béchu². Ces ZFE entérinent, en réalité, l’exclusion socio-spatiale des classes laborieuses (ouvriers qualifiés, employés administratifs, chauffeurs routiers, techniciens…) reléguées loin des métropoles par la gentrification (embourgeoisement des centres-villes) et désormais stigmatisées (nombreux déplacements en automobile, obligation de posséder deux voitures, rarement récentes). Finalement, les ZFE sont les nouvelles zones de fracture et d’éviction, moteurs de toutes les radicalités sociales et politiques.³

¹ Renaud, Les Bobos (clip officiel)
https://www.youtube.com/watch?v=LZzR7-apnKA
² Laurent Opsomer, Zones de forte exclusion, 6 novembre 2022.
https://blogs.mediapart.fr/laurent-opsomer/blog/061122/zones-de-forte-exclusion-3
³ Nicolas Mondon, Zone à faibles émissions : la France périphérique victime collatérale, Le Figaro, 2 novembre 2022.
Louis Valleau, «Un calvaire», «injuste», «stressant» : les ZFE, nouveau cauchemar des automobilistes, Le Figaro, 25 novembre 2022.
Camille Bordenet, ZFE. Mobilité à faible émission : des aides insuffisantes, disparates et inaccessibles, alertent les associations, Le Monde, 29 novembre 2022.