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Billet de blog 29 mars 2023

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JUSQU’À LA FOLIE…

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La capacité des soldats à endurer les flots d’horreur qui s’abattent sur eux au cours d’une bataille constitue l’un des paramètres majeurs permettant de définir la valeur opérationnelle d’une armée. A l’échelon du combattant individuel, toute guerre est un ensemble complexe composé d’une série d’affrontements où s’engagent des centaines d’unités élémentaires ; cruciale, la maîtrise du stress du combat par chacun des soldats détermine le succès ou l’échec de l’unité. A l’heure où les planificateurs militaires mettent en relief l’aspect technologique de la guerre et le pouvoir de destruction des systèmes d’armes actuels, on oublie souvent que l’efficacité de n’importe quelle arme – quelle que soit sa puissance – dépend in fine de la capacité du combattant isolé ou du petit groupe à la servir. On oublie également que, lorsque des hommes parviennent, même pendant un court laps de temps, à dominer le stress du combat et à utiliser correctement leurs armes, la puissance de destruction d’une armée classique dépasse aujourd’hui tout ce que l’humanité a, jusqu’à présent, connu au cours de la longue histoire des conflits. Cependant, destructrice ou sophistiquée, la technologie doit permettre à l’élément humain de reprendre sa place dans l’obtention de la victoire sur le champ de bataille.

La tâche est difficile car l’homme est fragile. L’histoire montre qu’en dépit du meilleur entraînement, d’une bonne cohésion des unités, de la valeur et de la compétence technique de leurs chefs, les soldats engagés dans la bataille succombent aux divers traumatismes et tensions découlant d’un environnement effroyablement destructeur. L’histoire militaire prouve, en effet, à l’envi, qu’aucun individu n’est immunisé contre le stress du combat. Engagé au feu pendant une durée significative, tout soldat finit par subir un traumatisme psychique.

Le seul objectif que les planificateurs militaires d’aujourd’hui peuvent espérer atteindre avec quelque réalisme est d’empêcher que les taux effroyablement élevés de pertes de ce type ne portent irrémédiablement atteinte aux capacités opérationnelles d’une armée. […] La décompensation psychiatrique au combat devient donc un problème majeur pour toute armée logiquement susceptible d’être amenée un jour à combattre.

Richard A. Gabriel, La fin des héros. Folie et psychiatrie dans la guerre moderne, Albin Michel, 1991.

Illustration 1
Bataille de Huê, Sud-Vietnam, février 1968. Un marine américain, commotionné et en état de choc, attend d'être emmené à l'arrière, pendant l'offensive du Têt. © © Don McCullin / Tate Britain.

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