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Billet de blog 3 juillet 2025

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M. Retailleau, un bourrin ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

M. Retailleau, récemment élu à la tête du parti Les Républicains, et qui ne fait pas mystère de ses ambitions présidentielles, s’est choisi son slogan : « La France des honnêtes gens ».

Il faut comprendre qu’il existe aux yeux de M. Retailleau deux populations en France :  les « honnêtes gens » – ceux que M. Retailleau entend représenter – et ceux qui ne le sont pas : les « gens pas honnêtes », donc.

Tel est l’enseignement que M. Retailleau a tiré de sa, déjà longue, vie politique et personnelle : il existe deux France, celle des honnêtes, dont il convient de prendre le parti, et celle des pas honnêtes.

Ceux qui se voient comme des « honnêtes gens » se trouveront peut-être flattés d’être ainsi distingués par un responsable politique jouissant depuis peu d’une grande popularité.

Et ils seront peut-être confortés dans leur représentation de la société française : d’un côté les honnêtes, les valeureux, les utiles, ceux dont ils sont ; d’un autre les pas honnêtes, les profiteurs, les … barbares (?), ceux dont ils ne sont pas.

D’autres peut-être se diront que leur propre existence leur a donné l’occasion de vérifier qu’il est bien difficile de classer les individus en catégories morales, et bien dangereux de le faire lorsque l’on prétend exercer l’autorité sur l’ensemble de la collectivité. 

On a évidemment une petite idée de celui qui, aux yeux de M. Retailleau, est le « pas honnête » : c’est celui qu’il perçoit et présente comme tel, sans considération pour la réalité de son existence, composite comme le sont toutes les existences.

La catégorie des « pas honnêtes » aux yeux de M. Retailleau, ce n’est sûrement pas celle par exemple dans laquelle se trouve M. Sarkozy, définitivement condamné par la justice française pour des infractions dites d’« atteinte à la probité ». Les « pas honnêtes », aux yeux de M. Retailleau, ce sont ceux qui ne sont pas de son monde, ceux qui ne lui ressemblent pas suffisamment.

Le slogan que s’est choisi M. Retailleau, c’est celui du café du commerce, celui des évidences trompeuses.

C’est celui de l’encouragement fait aux électeurs à renoncer à la pensée, à la complexité de chacun ; de l’encouragement à vivre la vie comme l’opposition entre deux catégories : celle dont je suis et dont l’autre, qui cherche à profiter de moi, n’est pas.

C’est le retour à une vision primaire de la société, le contraire de la politique qui, comme l'écrit Jacques Rancière, est "la conduite d'un tout".

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