Comme vous en avez été informé par les médias, l’ouvrage intitulé Traité sur la tolérance, publié par François-Marie AROUET, dit Voltaire (1694-1778), en mars 1763, est placé en tête des ventes analogiques (réimpressions soudaines des éditions Folio - collection de poche de Gallimard-, Librio, Le Livre de Poche, GF Flammarion) et numériques (ventes en ligne sur Amazon.com) en France.
Le texte court d’une centaine de pages, formulé par le célèbre philosophe des Lumières est un véritable « appel », qui a traversé les siècles pour porter un discours universel de tolérance entre les religions, de combat sans faille contre le fanatisme religieux – et accessoirement idéologique.
Inscrit dans un contexte criminel et historique très précis (Affaire Jean Calas, 13 octobre 1761), Voltaire trempe sa plume au service de la justice. Avec ironie, il prend pour cible les dogmatismes de tous bords, plaide pour le respect des croyances et l’esprit de tolérance, lançant un message intemporel qui se résume en quelques mots : l’intolérance est « absurde et barbare ». Il appelle ensuite à lutter activement, jour après jour, pour l’indulgence, pour mettre fin aux massacres et aux exécutions au nom de l’intolérance entre les religions.
Et de poursuivre : « La tolérance n'a jamais excité de guerre civile ; l'intolérance a couvert la terre de carnage » (chapitre IV), ajoutant « Lorsque la paix se présente aux hommes, l'intolérance forge ses armes » (chapitre XXIV). Devenu symbole de la liberté de pensée et de la dénonciation du fanatisme – idéologique et religieux -, l’auteur ajoute sobrement : « Le grand principe, le principe universel […] est, dans toute la terre : "ne fais pas ce que tu voudrais qu'on te fît". Or on ne voit pas comment, suivant ce principe, un homme pourrait dire à un autre: "Crois ce que je crois, et ce que tu ne peux croire, ou tu périras." »
A travers les siècles, nombre de philosophes – dès lors qu’ils « s’engagent » sans trop donner de leçons à leurs concitoyens et éviter de passer, ainsi, pour de « vieux cons » - ont voulu éclairer leurs contemporains en luttant contre les préjugés, les inégalités ou l'intolérance. Après les récentes attaques terroristes et la Marche républicaine (janvier 2015), la lecture avisée de ce précieux ouvrage peut – parmi d’autres – entrer judicieusement dans les rayonnages de la bibliothèque ou défiler sur les tablettes numériques des femmes ou des hommes de « bonne volonté » ou formé(e)s aux Humanités.
Et si la tolérance devenait source de fraternité ?
Pierre Le Blavec de Crac’h
Professeur
Historien
LAvisDevantSoi_LAVDS / 14-01-2015 / Tous Droits Réservés
Le 11 janvier 2015, après les attentats de Paris, l’auteur de cet article prend part silencieusement à la Marche républicaine de la place de la République à Paris (plus de 1,5 millions de personnes) avec une banderole[1] inspirée de la pensée de François-Marie Arouet (1694-1778), dit "Voltaire", auteur du Traité sur la Tolérance (1763), intitulée "Je ne suis pas d'accord avec ce que vous dites ... mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire (I disapprove of what you say but I will defend to the death your right to say it)" qu'il fait remettre, l'année suivante - avec ses sincères condoléances - et par l’intermédiaire du directeur de la rédaction du quotidien Libération - Laurent Joffrin - à la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo.
Pierre Le Blavec de Crac’h
Professeur
Historien
LAvisDevantSoi_LAVDS / 07-01-2016 / Tous Droits Réservés
[1] En haut de la banderole, de gauche à droite : le drapeau tricolore en deuil national, le drapeau de l’Organisation des Nations-Unies (ONU) et le drapeau de l’Union européenne. En bas à droite, le slogan « Je suis Charlie » de Joachim Roncin, directeur artistique et journaliste musique au magazine gratuit Stylist. En bas à droite, les sources juridiques. A savoir : l’article 19 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme (1948), l’article 10 de la Convention européenne des Droits de l’Homme (1950) et les articles 10 et 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (1789).