Cette distinction municipale, unique en son genre, rend hommage à ceux qui ont participé aux 300 jours de combats (21 février-18 décembre 1916) visant à « saigner à blanc l’armée française », selon la formule du chef d’Etat-major allemand Erich von Falkenhayn (1861-1922). Le bilan fut tragique : 160 000 soldats tués et 200 000 blessés de chaque côté du front.
« ON NE PASSE PAS »
La médaille commémorative de la bataille de Verdun est une décoration créée par la ville de Verdun et attribuée aux soldats de Verdun, aux anciens combattants des Armées françaises et Alliées qui se sont trouvés en service commandé pendant la guerre 1914-1918 (entre le 31 juillet 1914 et le 11 novembre 1918) dans le secteur de Verdun, compris entre l’Argonne et Saint-Mihiel, dans la zone soumise au bombardement par canon (60 millions d’obus tirés).
Le conseil municipal de Verdun, réuni à Paris, proclame, dans sa délibération en français et en anglais[1] : « Aux Grands Chefs, aux Officiers, aux Soldats, à tous, Héros connus et anonymes, vivants et morts, qui ont triomphé de l’avalanche des barbares et immortalisé son nom à travers le monde et pour les siècles futurs, la ville de Verdun, inviolée et debout sur ses ruines, dédie cette médaille en témoignage de sa reconnaissance. »
Depuis cette date, les noms des soldats de Verdun sont inscrits sur le registre qui est déposé dans la crypte du Monument à la Victoire, élevé en plein centre-ville, et sur les livres d'or entreposés dans le musée de guerre de la Ville de Verdun.
La médaille est un insigne en bronze, d’un diamètre de 27 mm et d’une épaisseur de 2 mm. Elle comporte d’un côté la tête de la République casquée, qui se défend, tenant un sabre à la main avec au-dessus la légende « On ne passe pas » et la signature de l’artiste Vernier. Au revers, est représenté la façade de la citadelle de la ville, surmontée du nom de Verdun (en langue celte, le suffixe -Dun signifie littéralement « forteresse »), entourée de palmes et en bas la date 21 février 1916, date du début de la bataille. Le ruban de la médaille est de couleur rouge sang, avec de chaque côté trois petites raies verticales bleu-blanc-rouge.
Six ans plus tard (27 août 1922), le ministre de la Guerre et député de la Meuse, André Maginot (1877-1932) déclare : « Tous ceux qui ont dressé ici le mur de leurs poitrines afin que l’ennemi ne passe pas méritent d’être à l’honneur, vont pouvoir se retrouver dans l’intimité glorieuse de votre « livre d’or ».
Par arrêté ministériel du 15 février 2007 publié au Journal Officiel du 6 mars 2007 et par délibération du Conseil municipal du 12 avril 2007, cette médaille municipale a été décernée aux soutiens à la « Voix Sacrée nationale », route symbolique (RN 35) surnommée ainsi par Maurice Barrès (avril 1916) et assurant la liaison entre Bar-le-Duc et Verdun.
Depuis le traité de Verdun (843), n’oublions jamais que la France et l’Allemagne se sont fait la guerre au moins à trois reprises (1870, 1914, 1939). Aux jeunes générations, ne refaisons jamais plus la même erreur et favorisons durablement la construction européenne, source de compréhension et de paix.
Pierre Le Blavec de Crac’h
Historien
Ancien élève du Prytanée national militaire (PNM) de La Flèche (8515C)
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[1] « To The High Chiefs, Officers, Soldiers, To All, The Heroes, known and unknown, both dead and living, who have triumphed over the barbarians’ onslaught and immortalised her name throughout the world and for ages to come, the Town of Verdun, inviolate and standing on her ruins, dedicates this medal, in token of her gratitude ».