Pour un monde viable quels moyens?Conclusions.
Nous proposons d'envisager tour à tour cinq points:
1-Quelles sont les conditions de réussite de la mise en œuvre de ces moyens ?
2-Quels sont et quels peuvent être les processus de décisions et de mises en œuvre de ces moyens ?
3-Les trois fois trois générations.
4- Une des questions les plus vitales aujourd’hui ?
5-Le pessimisme de l' intelligence et l'optimisme de la volonté.
1-Quelles sont les conditions de réussite de la mise en œuvre de ces moyens ?
L’avènement de ce monde viable dépend essentiellement de trois séries de conditions.
-Avoir les volontés ? Les générations présentes et futures peuvent les avoir .Avec du temps.
-Avoir les moyens ? Ils existent , il faut s’en emparer. Avec du temps.
-Avoir le temps de décider et de mettre en œuvre les remises en cause vitales ? Les quelques générations futures qui arrivent auront-elles assez de temps pour que ces moyens viables voient le jour ?
Nous pensons qu’il est peu probable que dure longtemps (au-delà de la fin du siècle ?) une situation intermédiaire, faite d’apocalypses et de tentatives pour en sortir.
La question des questions apparait donc clairement :
Avoir des marges de manœuvres ? Celles-ci vont-elles longtemps exister ? Plus le temps passe plus les marges de manœuvres diminuent . Plus il faut en appeler à la radicalité, dans le respect de la démocratie. On comprend l'ampleur des difficultés gigantesques.
2-Quels sont et quels peuvent être les processus de décisions et de mises en œuvre de ces moyens ?
Nous pensons que le schéma général de développements déjà en route et de déclenchements nouveaux des moyens pour un monde viable serait et sera probablement le suivant :
-Des résistances et des pratiques alternatives de plus en plus nombreuses à « la base » par des personnes, des associations, des mouvements, d’autres acteurs , cela sous les pressions des catastrophes et en résistances aux logiques productivistes humanicides et terricides,
-Des discours, des réformes et quelques remises en cause d’importances variables aux « sommets » des différents niveaux géographiques, sous les pressions et des catastrophes et de la base,
-Des fissures « au cœur » des logiques du productivisme , celles des marchés financiers, du marché mondial, de la techno science…sous les pressions et des catastrophes et de la base et du sommet ,
-Peut-être aussi l’arrivée de l’improbable…
-Beaucoup de ces moyens demanderont quelques années, d’autres probablement quelques décennies . Nous les considèrerons comme les dernières chances, cela avant une multiplication des irréversibilités et des drames omniprésents.
D’autres pensent que tout est désormais joué, ce qui, on l’aura compris, n’est pas notre façon de penser l’avenir et n’est pas notre analyse de l’état du monde.
-Les niveaux géographiques et l’application dans le temps de moyens viables.
D’une façon générale ces réformes et ces remises en cause doivent avoir lieu dans l’ensemble des activités à tous les niveaux géographiques.
Nous préciserons souvent le ou les niveaux de décision, d’autres fois existeront des incertitudes, enfin d’autres niveaux de décision apparaitront probablement dans l’avenir par exemple à partir de certaines institutions mondiales.
Ces moyens ont une interdépendance plus ou moins grande, ils sont déterminés et appliqués soit ici et là ensemble, soit avec des rythmes différents selon en particulier les rapports de force.
3-Les trois fois trois générations.
-Nous avons reçu de trois générations passées ( 1850 à 1945 environ), un environnement pour une part atteint et faisant l’objet de destructions en marche sous les logiques du productivisme (en route en fait depuis le XVème siècle) et de l’anthropocène en route voilà près de 170 ans à travers les explosions des énergies fossiles et de la démographie.
-Nos trois générations présentes (1945 -2030 environ), ont produit un environnement pour une large part détruit et plongeant dans des apocalypses écologiques multiformes, massives, en interactions et rapides, en particulier à travers le réchauffement climatique et les atteintes à la diversité biologique.
-Les trois générations qui ont commencé à voir le jour et qui viennent (2030 à 2110 environ) se trouvent donc devant une question vitale : cette veille de fin des temps peut-elle encore, à travers quelles volontés, quels moyens, quelles marges de manœuvres, se transformer en une forme d’aube d’humanité ?
4-« La » question des questions sans réponse à ce jour ?
Nous pensons qu’il est peu probable que dure longtemps (au-delà de la fin du siècle ?) une situation intermédiaire, faite d’apocalypses et de tentatives pour en sortir.
La question des questions apparait donc clairement :
les quelques générations futures qui arrivent auront-elles assez de temps pour que ces moyens viables et d'autres voient le jour ?
Les volontés ? Elles peuvent les avoir . Avec du temps.
Les moyens ? Ils existent et peuvent exister, il faut s’en emparer. Avec du temps.
Les marges de manœuvres ? Celles-ci vont-elles longtemps exister ?
En 2022 nous pensons qu’on ne peut pas répondre à cette question.
Plus le temps passe plus les marges de manœuvres diminuent .
Plus il faut en appeler à la radicalité, dans le respect de la démocratie. On comprend l'ampleur des difficultés gigantesques présentes et surtout à venir.
5-Le pessimisme de l’intelligence et l’optimisme de la volonté .
Plus que jamais la pensée d’Antonio Gramsci devrait être présente dans les pensées, les actes et les projets de résistances et d’ alternatives :
« Il faut avoir à la fois le pessimisme de l’intelligence et l’optimisme de la volonté. »
Le pessimisme de l’intelligence permet d’avoir les yeux, les esprits et les cœurs ouverts sur des logiques profondes autodestructrices terricides et humanicides.
L’optimisme de la volonté permet d’avoir les mains, les esprits et les cœurs à l’ouvrage pour éviter l’irréparable.
Avec nos forces et nos faiblesses, personnelles et collectives, ne faut-il pas faire en sorte que pessimisme de l’intelligence et optimisme de la volonté
marchent côte à côte,
s’interpellent,
se complètent,
s’inclinent l’un vers l’autre ,
deviennent un couple de combat ?
Si ces moyens viables , et d’autres allant dans ce sens, ne sont pas mis en œuvre nous pensons que les fleuves de souffrances et de désespoirs grossiront encore, rejoignant ainsi les imaginations les plus terribles.
Si l’avenir donne le jour à ces moyens viables et d’autres allant dans ce sens , nous croyons que des ruisseaux de joies et d’espoirs chanteront. Et dans la rosée du matin ceux et celles qui nous suivront cueilleront alors des souffles du monde.