Les causes des guerres mondiales(III)
Nous partirons des causes des deux premières guerres mondiales(A) pour nous interroger sur une troisième qui pourrait advenir(B).
Nous laisserons de côté les analyses simplistes en choisissant d’entrer dans la complexité des causes. Nous essaierons de comprendre des mécanismes et des enchainements de mécanismes en constatant aussi que l’imprévu peut intervenir.
Notre question toujours présente sera double :est-ce que certaines causes sont dominantes ? Comment ( dernier article de cette série) penser et mettre en œuvre des contre-mécanismes ?
A-Synthèses des causes de la Première et de la Seconde Guerres mondiales.
Nous rappellerons les analyses des causes des deux guerres mondiales(1,3), nous soulignerons aussi les analyses relatives à l’arrivée du totalitarisme nazi dans la mesure où il explique le rôle de l’Allemagne dans la Seconde Guerre mondiale(2)
Chacune des deux guerres a eu des causes multiples qui rejoignent diverses analyses historiques précédentes. On peut se demander si la constitution de blocs interétatiques n’est pas l’un des signes annonciateurs d’une guerre mondiale, ce qui est la logique de sa définition fondée sur une grande échelle géographique ?
Dans cette hypothèse à ce jour ( 9 mai 2022) cette cause n’apparait pas puisque par exemple la Chine ne fait pas bloc avec la Russie face à l’OTAN , mais cette cause absente n’est peut-être que provisoire dans le temps et n’empêche pas d’autres éléments d’être inquiétants.
1-Une synthèse des causes de la Première Guerre mondiale.
La cause immédiate. L'événement déclencheur de la Grande Guerre est connu : l'assassinat de l'archiduc, héritier du trône d'Autriche-Hongrie, à Sarajevo le 28 juin 1914 , par des nationalistes serbes.
Existent six séries de causes profondes qui sont apparues peu à peu à travers diverses analyses. Certaines remontent à la fin du XIXème.
Le mélange est explosif entre des compétitions économiques, des sentiments nationalistes, des rivalités coloniales, des conflits territoriaux, des alliances diplomatiques et militaires de bloc à bloc , une course aux armements…
a-Des compétitions économiques entre les pays européens les plus puissants.
Elles découlent directement de la révolution industrielle qui entraine une guerre économique.
On distingue en fait deux révolutions industrielles à partir de la source d'énergie utilisée : la première (1770-1850) autour du charbon et du chemin de fer, la seconde (1850-1914) autour du pétrole, de l'électricité et de l'automobile.
Avec les révolutions industrielles, les grandes puissances de l'Europe s’appellent l'Angleterre, la France et l'Allemagne.
L'essor économique et industriel de l'Allemagne inquiète l'Angleterre et la France. A la veille de la Première Guerre mondiale l'Angleterre perd la pleine domination du commerce européen, l'Allemagne est là aussi.
b-Des sentiments nationalistes de peuples européens.
Depuis la fin du XIXe siècle, des peuples européens ont plongé dans un sentiment nationaliste.
D’abord en France, il est question de revanche contre l’Allemagne pour récupérer l'Alsace et la Lorraine perdues à la guerre de 1871.
Ensuite dans les empires austro-hongrois et ottoman les populations (hongroises, serbes, tchèques...) revendiquent leur indépendance.
Enfin depuis l'unification de l’Allemagne en 1871 le pays a rattrapé son retard économique sur les grands États européens, son industrie est particulièrement importante et va chercher des débouchés.
c-Des rivalités coloniales entre les pays européens les plus puissants.
La compétition économique va être liée aux rivalités coloniales : les pays veulent avoir le plus de colonies possibles pour assurer leur domination dans le monde.
La France et la Grande-Bretagne se sont attribuées la part du lion, cela devant les empires coloniaux belge, portugais, espagnol, italien , allemand. L’Allemagne veut aussi sa part. De façon générale des banques, des entreprises souhaitent des colonies pour exploiter des matières premières, utiliser une main-d’œuvre bon marché et réaliser des investissements .
En ce sens l’arrivée de la Grande Guerre ne correspond-elle pas à une marche vers une redistribution des pouvoirs mondiaux des grands Etats de l’époque ?
d-Des conflits territoriaux entre des pays européens.
La guerre entre la France et la Prusse, de juillet 1870 à janvier1871, a duré six mois. Elle oppose la France à une coalition de vingt et un Etats allemands dirigés par la Prusse. L’Empire français, pour agrandir son territoire et lutter contre la Prusse considérée comme dangereuse, déclare la guerre au royaume de Prusse. Après la défaite de Sedan (1er septembre 1870) Napoléon III capitule, la Troisième République voit le jour (4 septembre 1870 au 10 juillet 1940) , elle continue la guerre, Paris est assiégé, l’armistice est signé, l’Empire allemand proclamé au Château de Versailles . La Commune de Paris (mars à mai 1871) se soulève contre le gouvernement à majorité monarchiste, elle est écrasée dans le sang avec 30.000 à 40.000 morts,(nombre contesté par un historien britannique qui avance le chiffre de 6500 victimes.)
La défaite et la perte de l’Alsace-Lorraine provoquent en France un nationalisme de la revanche.
Pour retrouver sa puissance la France se lance dans la conquête d’un vaste empire colonial. Etre ou ne pas être puissant ! Pauvre puissance porteuse de combien de malheurs ? « La puissance c’est le pouvoir que l’on veut prendre sur les autres, la liberté c’est le pouvoir que l’on veut prendre sur soi-même » écrivait Denis de Rougemont.
L'Allemagne cherche aussi à étendre son territoire : cela entraine des crises avec les grands empires, ainsi avec la France pour le Maroc en 1905 et en 1911.La Grande-Bretagne se rapproche de la France face à l’Allemagne qui arrive à coloniser quelques pays d'Afrique.
On enregistre aussi des crises territoriales dans les Balkans. L'Autriche-Hongrie, profitant de l'affaiblissement de l'empire Ottoman (Turquie), annexe en 1908 la Bosnie-Herzégovine. Sous prétexte de défendre les minorités slaves dans les Balkans, la Russie se rapproche de la Serbie et s'oppose ouvertement à l'Autriche-Hongrie. C’est là un mécanisme classique : côté jardin on prétend défendre ou on défend des minorités, côté cour on met surtout et avant tout la main sur un territoire.
e-Des alliances diplomatiques et militaires.
Des blocs interétatiques sont face à face. L'assassinat de l’héritier du trône d'Autriche-Hongrie précipite un mécanisme d'alliances diplomatiques .
L'Autriche-Hongrie pose un ultimatum à la Serbie pour enquêter sur cet assassinat, l'Allemagne la soutient. Le 25 juillet 1914 la Serbie refuse l'ultimatum et déclare la mobilisation générale. Le 29 juillet la Russie , alliée de la Serbie, se mobilise contre l'Autriche-Hongrie puis contre l'Allemagne. Le 3 août, l'Allemagne déclare la guerre à la France, alliée de la Russie.
En quelques jours, la Triple Entente ( France, Royaume-Uni et Russie), et la Triple Alliance, (Allemagne ,Autriche-Hongrie, Italie )se sont constituées. Membres du Commonwealth, le Canada, l'Australie et l'Afrique du Sud entrent en guerre aux côtés du Royaume-Uni.
L'objectif de ces alliances est de prévenir toute attaque venant d'un autre bloc. Les différents pays se sont engagés à apporter un soutien militaire en cas d'attaque ennemie, c’est là aussi un mécanisme classique de ce type d’alliance qu’on retrouvera plus tard dans l’OTAN (création à Washington en avril 1949).
Les deux triples alliances à force de se faire peur vont entrer en conflit armé direct.
La véritable paix doit-elle et peut-elle reposer sur la peur ou reposer entre autres sur la coopération ?
f-La course aux armements.
Dans ce climat de tension on assiste aussi à une course aux armements qui, à son tour, aggrave les tensions, double mécanisme terrible, double production réciproque.
Dans différents pays d'Europe d’abord les dépenses militaires deviennent de plus en plus importantes , ensuite le nombre de militaires augmente, enfin les flottes de guerre deviennent puissantes en Allemagne et en Grande-Bretagne.
Le fatalisme d’une guerre jugée inévitable l’emporte. En France les cégétistes résistent , ils sont pour une grève générale qui empêchera la guerre et renversera le capitalisme, les socialistes veulent uniquement empêcher la guerre.
Trois jours avant l’entrée de la France dans la guerre l’assassinat de Jaurès met fin à ses efforts désespérés pour empêcher la guerre et entraine le ralliement de la majorité de la gauche à l’Union sacrée. Les tractations entre socialistes français et allemands échouent. « L’Union sacrée » est là, face à l’Allemagne.
2-L’évocation des analyses des causes du régime totalitaire nazi aux origines du 2ème conflit mondial.
C’est l’élément déterminant de l’arrivée de la Deuxième Guerre mondiale. Il a lui-même des causes.
Ces analyses peuvent être exclusives les unes des autres mais il est beaucoup plus cohérent de les articuler les unes aux autres. L’arrivée d’un totalitarisme se traduit par des mécanismes qui se mettent en marche, nous les soulignerons à travers le nazisme.
a- Une réaction de l’Etat.
Une des définitions les plus terrifiantes du totalitarisme a été donnée par Mussolini(discours à la Chambre des députés,26mai1927) « Tout dans l’Etat rien hors de l’Etat, rien contre l’Etat ».Dans un autre discours(24mars 1924)il affirmait déjà «Tout est dans l’Etat et rien d’humain, rien de spirituel n’existe et n’a tant soit peu de valeur en dehors de l’Etat ( …)En dehors de l’Etat pas d’individu, pas de groupes(partis politiques, associations, syndicats, classes sociales…) »
Cette réaction de l’Etat se produit, selon certains auteurs, à la suite d’un effondrement des structures traditionnelles.
Le totalitarisme, disait Hannah Arendt, a besoin « d’individus désolés », au sens de dépression collective. En 1924 le parti nazi avait 3% des voix, en 1928 il obtenait 2,6%, donc avant la crise de 1929 il était très minoritaire, or en septembre 1930 il est à 18,6%, en juillet 1932 il est à 37,3% des voix. En huit ans le parti nazi a vu dix fois plus d’électeurs.
Individus « désolés » : la défaite de la Première Guerre mondiale et les lourdes indemnités imposées à l’Allemagne par le Traité de Versailles ( juin 1919), l’hyper inflation qui ravage le pays, le chômage qui explose avec la crise économique de 1929, il y a 6 millions de chômeurs en 1932, en juillet 1932 le parti nazi est donc à 37,3%.
Hitler est nommé chancelier en janvier 1933, les partis de droite traditionnels et démocrates voyaient en lui un agitateur qui serait dépassé par l’exercice du pouvoir, or les nazis renversent la République de Weimar en six mois, c’est la dictature. D’autre part les partis de gauche, pourtant puissants, ont sous-estimé, par une erreur gravissime, la possibilité pour les nazis d’arriver au pouvoir.
b- L’acharnement à l’unité.
Les dirigeants veulent fondre la société dans le Même, ainsi pour les nazis la race aryenne est supérieure aux autres, on doit la préserver de sa pureté.
Le totalitarisme, disait encore Hannah Arendt, a besoin « d’individus isolés », on les coupe de toutes leurs anciennes structures. On élimine les diversités qui ne sont pas conformes à cette unité totalitaire ou ne tendent pas vers elle.
Hitler se sert de l’incendie criminel du Reichstag en février 1933 pour interdire le parti communiste. Le 23 mars 1933 Hitler obtient les pleins pouvoirs de l’Assemblée du Reich (444 voix pour, 94 sociaux démocrates contre, en juin ce parti est interdit). Le 14 juillet le parti nazi devient parti unique, puis à la place des syndicats est créé un Front du travail contrôlé par les nazis. Les opposants au régime sont arrêtés, exécutés ou déportés. Handicapés mentaux et physiques, homosexuels sont éliminés. Enfin les lois raciales de Nuremberg du 15 septembre 1935 « protègent le sang allemand » face aux « sous-hommes ».
Claude Lefort « (L’Invention démocratique », Fayard,1981,Le Temps présent, Belin,2007) a insisté sur cet aspect du totalitarisme qui est la négation radicale de la démocratie. En effet le totalitarisme prétend créer un peuple « Un », il met en avant la fusion de l’Etat et de la société civile, c’est le fantasme de l’unité totalisante. La démocratie va au contraire laisser les horizons ouverts, les diversités s’y expriment.
c- Les idées totalitaires.
Elles reposent sur l’élimination d’un bouc émissaire et sur l’annonce de « lendemains radieux » auxquels on doit parvenir par tous les moyens, y compris l’écrasement des faibles par les forts. Des présents massacreurs pour des lendemains radieux, vieux refrain de l’humanité.
Ainsi les juifs sont rendus responsables de la défaite allemande de la Première Guerre mondiale, suivie du Traité de Versailles imposant de lourdes conditions à l’Allemagne, et responsables aussi de la crise de 1929.Les juifs qui n’ont pas pu immigrer sont déportés et exterminés.
Les lendemains qui chantent sont promis par Hitler : le chômage disparaitra, la paix sera là. Les pleins pouvoirs donnés au dictateur sont présentés comme un moyen d’y parvenir. Le totalitarisme étouffe et détruit le pluralisme de la pensée, la liberté d’expression, la liberté de la presse qui sont des piliers de la démocratie.
d- L’obéissance pourvoyeuse de violences.
Des individus fanatisés et criminels…Dans cette « mise au pas » l’individu veut avant tout se montrer digne de ce que l’autorité attend de lui, on s’identifie au fort, on nie la souffrance du faible.
L’embrigadement des jeunes par le régime devient omniprésent, le totalitarisme fait tout pour que le cerveau de l’enfant et celui de l’adolescent soient à son service. D’autre part des étudiants sont amenés à brûler les livres interdits, ces autodafés ces brasiers sont organisés par le parti nazi.
D’autres individus sont soumis et anesthésiés… Des historiens affirment que début 1943 une majorité d’allemands était au courant des massacres. L’absence de véritables réactions collectives, en particulier en Allemagne et en Europe, a contribué à rendre l’extermination des juifs possible. Certes il y a eu des dévouements individuels, certes il y a eu des actes de résistance, mais « l’opinion publique » n’a pas massivement bougé pour protéger les juifs. On arrive difficilement à comprendre comment, écrivait le philosophe Gunter Anders, « L’énorme n’atteignait plus leurs yeux », comment la conscience n’a pas de sursaut devant la démesure des crimes.
D’autres individus victimes, écrasés et anéantis… Du côté des victimes la connaissance de « la solution finale » est connue par certains fin 1941, mais c’est l’impuissance de la plus grande partie des juifs et pour cause : juifs persécutés, affamés, affaiblis, même si des actes de résistance ont existé, résistance massive à Varsovie bien sûr, et résistance même dans l’enfer d’ Auschwitz…
e- Des techniques, des sciences, des finances, des arts vont être mis au service du régime.
Goebbels met en œuvre une propagande intensive à travers de grands rassemblements, le jour et la nuit, à travers aussi la radio qui est un instrument favori d’Hitler dont la voix impressionnante est imprécatrice, vocifératrice, hystérique.
De grands industriels et des scientifiques mettent leurs productions et leurs recherches au service du Reich, en particulier en armements, en transports, en armements. Des médecins participent à des expérimentations humaines terrifiantes. Des arts sont utilisés (musique, cinéma, photographie…) pour vanter les splendeurs du Reich, le sport lui aussi est mis à contribution. Des banquiers se mettent au service du Reich. Des juges prêtent serment de fidélité à Hitler.
Ainsi le régime totalitaire nazi a été l’ élément déterminant de l’arrivée de la Deuxième Guerre mondiale.
3-Une synthèse des causes de la Seconde Guerre mondiale.
Six séries de causes vont entrainer pays et peuples dans ,à ce jour, la plus grande tuerie de l’histoire .
a-Dans les traités de l’après 1ère guerre mondiale l’écrasement organisé de l’Allemagne, pays responsable et vaincu.
Les pays vainqueurs , sous l’impulsion de la France, vont écraser encore plus l’Allemagne qui est considérée comme devant payer le prix de la guerre. C’est ce qu’organise surtout le Traité de Versailles du 28 juin 1919, signé entre l’Allemagne et les alliés, au Château de Versailles pour effacer symboliquement l’humiliation de la proclamation de l’Empire allemand le 18 janvier 1871 dans cette même galerie des glaces.
Dans le Traité de Versailles les remaniements territoriaux sont massifs. L’armée allemande voit son pouvoir très limité par de nombreuses mesures. Les régions frontalières sont démilitarisées. L’Allemagne renonce à son empire colonial. L’Allemagne et ses alliés sont déclarés seuls responsables des dommages de guerre, les réparations financières sont donc écrasantes, elles vont être une des causes de l’hyper inflation en Allemagne, c'est-à-dire une des causes de la préparation du terreau de l’arrivée du nazisme au pouvoir.
b-La grande dépression économique de 1929.
Cet effondrement est celui d’une crise boursière qui se déroule à la Bourse de New York en octobre 1929. Cet événement marque le début de la Grande Dépression qui s’étend au monde entier et qui provoque les explosions du chômage et de la misère.
En 1932 le paroxysme de la crise est atteint, l’Allemagne est au plus bas, il y a 6 millions de chômeurs. Beaucoup de personnes sont sans revenus, sans logement et de nombreuses entreprises font faillite. Le parti nazi jusqu’en 1939 va faire disparaitre le chômage (400.000 en 1938) grâce au réarmement et à la production industrielle. En fait c’est à partir d’octobre 1936 que les nazis intensifient la production d’armements sous la responsabilité de Goering qui a la direction de la planification économique.
c-La constitution de blocs interétatiques.
Deux camps belligérants s'opposent : l'Axe et les Alliés.
L’Axe avait trois principaux partenaires : l’Allemagne , l’Italie et le Japon qui aspiraient à s’étendre territorialement par la conquête militaire et qui voulaient la disparition du communisme soviétique. Le 1er novembre 1936, une semaine après avoir signé un traité d’amitié, l’Allemagne et l’Italie annoncèrent un « Axe Rome-Berlin. » Le 25 novembre 1936, l’Allemagne nazie et le Japon impérial signèrent le « Pacte anti komintern » dirigé contre l’Union soviétique. L’Italie les rejoint en mai 1939, l’Allemagne, l’Italie et le Japon en septembre 1940 signent le Pacte tripartite, connu sous le nom d’alliance de l’Axe. La Hongrie, la Roumanie, la Slovaquie, rejoignent l’Axe en 1940, la Bulgarie, la Yougoslavie, en 1941,
Les Alliés de la Seconde Guerre mondiale correspondent à l’ensemble des pays qui s’opposent formellement aux forces de l’Axe durant la Seconde Guerre mondiale. Parmi les rangs des forces alliées on comptait : le Royaume-Uni, les Etats-Unis à partir de décembre 1941(après l’attaque de Pearl Harbor), l’Union soviétique à partir de juin 1941(attaque allemande) , (avant l’URSS était liée par le Pacte germano-soviétique),la France libre, et enfin une quinzaine de pays alliés et une trentaine soutenant les Alliés.
d-L’expansionnisme de l’Allemagne, de l’Italie, du Japon.
Hitler, dans son ouvrage Mein Kampf, avait justifié l'expansionnisme allemand par « l'espace vital » jugé « indispensable aux Aryens », rappeler toujours que le nazisme est un racisme.
La Seconde Guerre mondiale est avant tout la conséquence directe des actions des trois puissances de l'Axe : l'Allemagne nazie, l'Italie fasciste et le Japon impérial.
Ainsi, l'Allemagne envahit les Sudètes, en Tchécoslovaquie, dans les années 1930, et annexe l'Autriche. C'est l'invasion de la Pologne, le 1er septembre 1939, qui conduit au conflit. L'Italie fasciste colonise notamment l'Éthiopie. Le Japon intervient en Mandchourie en 1931, puis dans le reste de la Chine en 1937.
e-L’échec de la Société des Nations(SDN).
Créée en 1919 les causes de son échec ont été nombreuses. Elle n’était compétente que pour régler les conflits et n’intervenait pas pour la coopération. Les Etats-Unis, qui en étaient à l’origine avec le Président Wilson, ont refusé d’y adhérer à cause de leur isolationnisme. L’Allemagne est restée de 1926 à 1933, l’Union soviétique de 1934 à 1939.La SDN a donc été une forme de symphonie des adieux.
Le Führer annexe l’Autriche en mars 1938 et revendique la partie occidentale de la Tchécoslovaquie où la population est surtout germanophone .La France est liée à ce pays par une alliance conclue en 1924.
Le 30 septembre 1938, la France et le Royaume-Uni signent « es accords de Munich » avec l’Allemagne et l’Italie qui entérinent l'annexion d'une partie de la Tchécoslovaquie par l'Allemagne. Paix illusoire, fausse paix, guerre en vue. En mars 1939 Hitler viole les accords de Munich en terminant le démembrement de la Tchécoslovaquie. Puis il revendique la ville polonaise de Dantzig. C’est ensuite l'invasion de la Pologne par l'Allemagne, le 1er septembre 1939, qui déclenche la Seconde Guerre mondiale.
f-La course aux armements.
Dès 1933 l'Allemagne accroit sa puissance militaire . Hitler se retire de la Conférence de désarmement de Genève en octobre 1933 ainsi que de la S.D.N. Il décide que les effectifs de l'armée passeront de 100.000 à 300.000 hommes et viole donc le traité de Versailles.
Pourtant le 7 janvier 1935, la France et l'Italie signent à Rome un protocole: ils se mettent d'accord sur un certain nombre de points de politique européenne. Le 3 février 1935, l'Angleterre et la France mettent en avant la question d'un statut stable de l'armement et le renforcement de la sécurité.
Suite à plusieurs réunions, les trois pays (France, Grande-Bretagne, Italie) sont d'accord pour proposer à l'Allemagne une négociation pour traiter les questions de l'armement et conclure un pacte de sécurité de l'Est ainsi que le retour de l'Allemagne à la S.D.N.
Malgré ces tentatives de conciliation, l'Allemagne répond le 16 mars 1935 par un réarmement terrestre massif. Les Européens découvrent alors que l'Allemagne dispose de 2.500 avions et d'une armée de 300.000 hommes. Le réarmement est donc officiel.
Avec le rétablissement du service obligatoire le 16 mars 1935 en Allemagne on peut prévoir un effectif d'environ 550.000 à 600.000 hommes. Devant ce coup de force allemand les réactions internationales sont immédiates: la décision du chancelier Hitler fait à Londres «l'effet d'une bombe». En Allemagne elle est saluée par l’ensemble de la population à l’exception de résistants qui seront les premiers envoyés en camps de concentration.
Parmi les armements voilà les chars, les transports motorisés, les avions de guerre, les radars, les télécommunications, les navires de guerre, les sous-marins, les mines et, qui apparaissent aux Etats-Unis, les bombes atomiques…
B-Quelles pourraient être les causes d’une éventuelle troisième guerre mondiale ? (III)
Nous pensons, en ce mois de mai 2022 au milieu des conflits armés et plus particulièrement bien sûr de la guerre en Ukraine, que certaines causes s’effacent, que d’autres -les plus nombreuses- sont toujours là, qu’une autre est devenue plus massive, qu’une dernière peut avoir des effets sur cette arrivée funeste.
Une question permanente qui se pose est celle de savoir s’il existe une ou plusieurs causes dominantes dans le processus de déclenchement.
Nous donnerons ici des impressions à partir de diverses réalités, nous ferons des analyses plus approfondies dans les développements suivants.
On peut se demander si la constitution de blocs interétatiques n’est pas l’un des signes annonciateurs d’une guerre mondiale, ce qui est la logique de sa définition fondée sur une grande échelle géographique ?
Dans cette hypothèse à ce jour ( 9 mai 2022) cette cause n’apparait pas puisque par exemple la Chine ne fait pas bloc avec la Russie face à l’OTAN, mais cette cause absente peut n’être que provisoire et n’empêche pas d’autres éléments d’être inquiétants.
1-Une cause s’est effacée dans l’arrivée d’une troisième guerre mondiale.
Une cause a pratiquement disparu par rapport à son importance primordiale dans la guerre de 1914-18 et à son importance réelle dans la guerre de 1939-45.Il s’agit des rivalités coloniales. Au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes les indépendances politiques ont vu le jour, des peuples et des colonies se sont soulevés, les empires sont tombés comme des châteaux de cartes.
Etats-Unis, France, Russie, Chine et d’autres sont certes plus ou moins présents dans tel et tel pays, économiquement et /ou militairement, mais cela ne correspond plus aux conquêtes et aux dominations tous azimuts des colonies d’autrefois .
Cela ne correspond pas non plus aux chasses-gardées des Etats -Unis et de l’Union soviétique dans des pays du Tiers-monde qui débouchaient sur des affrontements indirects terribles des « deux supergrands » par pays et peuples interposés.
2-Par contre l’ensemble des causes est toujours là. Les unes et les autres peuvent avoir différentes parts dans le déclenchement de l’évènement éventuel que nous analysons.
a-La compétition commerciale : ainsi celle par exemple entre les Etats-Unis et la Chine passée, présente, et à venir. Cette compétition devient ici ou là une guerre économique à laquelle s'ajoute la compétition militaire.
b-Les dépressions économiques : outre le fait qu’elles frappent d’abord les plus vulnérables, elles peuvent constituer un élément qui favorise l’avènement des régimes populistes voire autoritaires, elles peuvent contribuer à la recherche de boucs émissaires en termes d’Etat , de peuple, ou d’autres acteurs.
c-Les lendemains immédiats de l’implosion de l’Union soviétique. Autant on peut être heureux de la disparition d’un totalitarisme, le totalitarisme soviétique, autant on peut regretter que l’implosion de cet empire n’ait pas été mieux pensée et organisée , par exemple en termes politiques de coopérations entre les Etats devenus indépendants et avec les autres pays.
d-L’expansionnisme du régime militaro-politique russe est un élément déterminant . Les réflexes les tentations et les projets nationalistes, les sentiments revanchards, les expansions territoriales sont des cocktails redoutables : le régime actuel en Russie a basculé dans ces réflexes, ces sentiments et a entrepris ces expansions militaires condamnées par le droit international. Oui le nationalisme a pour effet entre autres la guerre, les conquêtes de territoires se sont multipliées sous le commandement du président russe actuel.
Le Kremlin , en la personne essentiellement de Poutine (mais c’est un sentiment partagé par une partie-dans quelles proportions - des russes ), ne se relève pas de l’implosion de l’Union soviétique et rêve de reconstituer au moins une partie de l’empire. Est accompli l’inacceptable, l’invasion d’un Etat accompagnée de massacres.(Voir ma chronologie dans l’article sur « les évènements internationaux de 2001 à 2022 »,en particulier sur l’histoire récente depuis 1991 des rapports entre l’Ukraine et la Russie.)
e-Les blocs militaires et diplomatiques. A ce jour il y a un bloc militaire puissant de 30 Etats membres qui s’appelle l’OTAN, cela sous la domination des Etats-Unis. Le régime russe parle « des Etats-Unis et de leurs alliés occidentaux ».
L’OTAN, sous l’impulsion des Etats-Unis , a pris pied dans de nombreux pays de l’ex Union soviétique et continue cette logique d’adhésions et de demandes d’adhésions, ce qui exaspère Moscou. Même la Finlande et la Suède pensent demander leurs adhésions à l’OTAN.L’histoire récente et très précise des rapports entre les Etats-Unis et la Russie est essentielle.(Voir mon article sur la Chronologie. )
En face la Russie n’a pas constitué de bloc, le voudrait-elle qu’à ce jour(mai 2022) la Chine et l’Inde se sont abstenues dans le vote du 2 mars 2022 "exigeant que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine".
C’est là un cran d’arrêt essentiel face à l’arrivée d’une guerre mondiale. Pourtant on ne sait pas ce que pourraient faire les deux géants de la population mondiale dans les temps à venir, et d’autre part les deux facteurs qui suivent (3 et 4) sont importants.
N'oublions pas d'autre part que la rivalité entre les Etats-Unis et la Chine existe avant tout dans l'Océan Pacifique et en mer de Chine. Le contrôle des océans est un enjeu majeur entre le pays le plus puissant du monde et la Chine,çà n'est pas à ce jour un bloc à bloc mais un face à face entre ces deux puissances.
f-L’échec global des Nations Unies. Face au drame ukrainien l’échec des Nations-Unies a été un échec de plus dans une longue liste de pays en guerre, en particulier en Afrique. Echec à titre préventif, même si l’Assemblée Générale, avec un pouvoir non contraignant, a condamné la violation de la souveraineté de l’Ukraine et demandé « un arrêt immédiat des hostilités par la Russie contre l’Ukraine » Le 2 mars 2022 l’Assemblée générale adopte une résolution contre la guerre en Ukraine et exige le retrait des forces russes. Une semaine après l’invasion l’Assemblée générale des Nations unies adopte à la grande majorité de ses membres (141 pays sur 193 ont voté pour) une résolution qui “exige que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine” et qui “condamne la décision de la Russie d’accentuer la mise en alerte de ses forces nucléaires”. Seulement quatre Etats ont soutenu Moscou en votant contre cette résolution : la Biélorussie, la Corée du Nord, l’Erythrée et la Syrie. 35 pays, dont la Chine et l’Inde, se sont par ailleurs abstenus. Mais le Conseil de sécurité , qui lui a un pouvoir contraignant, avait été bloqué par le veto russe.
Quant aux casques bleus si leur envoi avait été demandé le veto russe au Conseil de sécurité aurait à nouveau tout bloqué. Les Nations Unies peuvent certes toujours contribuer aux procédures de règlement pacifique prévues par la Charte.
3-Une cause dramatique s’est aggravée : la course aux armements nucléaires qui devient de plus en plus incontrôlée.
L’ensemble des armements prolifèrent et les conflits armés sont d’ailleurs souvent l’occasion d’essayer de nouveaux armements, pratiques toujours écœurantes pour les peuples. Les dépenses d’armements n’ont jamais été aussi élevées, en 2021 près de 6 milliards de dollars chaque jour.
Un des points de bascule est compliqué : les aides militaires, fournies à l’Ukraine pour se défendre contre l’invasion russe, ne doivent pas devenir celles de la « co-belligérance », elles doivent être basées sur des armements défensifs.
C’est pourquoi l’OTAN, sous peine de plonger dans un inconnu mondial, refuse d’intervenir dans le ciel ukrainien avec des armements offensifs.
La complexité des armements livrés aux ukrainiens rend pourtant les situations compliquées. Où finit le défensif et où commence l’offensif ? Caractères complexes de certains armements qui peuvent dépasser, entre autres, les militaires.
Les armements nucléaires sont les plus inquiétants pour au moins six séries de raisons ce qui fait beaucoup...beaucoup trop.
D’abord les négociations sur les traités de désarmement nucléaire ont subi un coup d’arrêt sous la présidence Trump. Elles ont d’autant plus de mal bien sûr à être relancées depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Elles demeurent portant essentielles. Le nombre de têtes nucléaires a considérablement diminué grâce aux traités. En 1986 le nombre de têtes nucléaires était de l’ordre de 70 000 . En 2022 le nombre d’ogives nucléaires estimé est d’un peu plus de 12000. La Russie (5972) et les Etats-Unis (5428) ont à eux deux 90% de ce stock mondial. Viennent ensuite la France (350), la Chine(290),le Royaume-Uni(225),le Pakistan(165),l’Inde(160),Israël(90),la Corée du Nord(20).
Ensuite nous avions affirmé, en cours de relations internationales plusieurs fois depuis 1974, qu’aux alentours de 2020 les Etats dotés d’armes nucléaires seraient au nombre d’une dizaine (9 en 2022) et en 2040 au nombre d’une vingtaine si le monde n’avait pas disparu entre temps dans l’apocalypse nucléaire. La prolifération a pour cause principale l’existence du nucléaire civil dans une trentaine de pays (33 en janvier 2022) et les graves insuffisances du contrôle de la non-prolifération.
Autre raison d'inquiétude : la miniaturisation de certaines armes nucléaires accroit les risques de déclenchement avec la « bombe sac au dos » ou miniaturisée.Sans oublier la vitesse des trajectoires toujours plus impressionnante ainsi que la puissance de certaines armes nucléaires.
A tout cela il faut ajouter que les doctrines de la dissuasion sont mises à rudes épreuves par des déclarations provocantes qui brouillent les frontières entre l’offensif et le défensif.
Inquiétants aussi sont les incidents nucléaires.(Voir France culture,2 février 2018 .) « L’humanité a failli disparaitre au moins cinq fois à la suite « d’erreurs ». Autant que l'on ait pu l'apprendre et peut-être plus encore.
Le 13/1/2018 un message annonce une attaque par missiles sur Hawaï, le 25 /10/1962 un sous-marin soviétique est contraint de faire surface sur ordre de forces navales américaines, en novembre 1979 un message informatique annonce que l’Union soviétique a envoyé 250 missiles vers les Etats-Unis ,en septembre 1983 une base militaire soviétique reçoit une alerte annonçant que cinq missiles américains viennent d’être envoyés, en novembre 1983 l’OTAN mène des exercices militaires qui déclenchent les actions militaires de renseignements soviétiques, en janvier 1995 quatre ans après la fin de la guerre froide des scientifiques norvégiens et américains lancent une fusée pour étudier des aurores boréales, devant sa mallette nucléaire Eltsine constate qu’elle va vers la mer et non vers son pays.
Bref n’est-ce pas un système qui a tendance à devenir fou ? Et divers « responsables » ne deviendraient-ils pas les fous d’un fou ?
Enfin les attaques de centrales nucléaires par des armées et/ou par des groupes terroristes ajoutent des risques et des drames à venir à cette série déjà longue.
4-Une cause nouvelle qui complique l’horrible problématique de la guerre mondiale : la rencontre avec une autre forme d’apocalypse.
En effet avec l’hypothèse de l’hiver nucléaire, bien avant et depuis longtemps s’est mise en marche une autre forme d’apocalypse, celle du réchauffement climatique mortel lui aussi, certes plus lentement , l’hiver nucléaire serait beaucoup plus rapide.
Leur rencontre dans le temps semble pouvoir faire l’objet de deux courants.
Un premier courant est celui d’une aggravation de tensions et de conflits à partir des sanctions prises contre la Russie en matière d’énergie. Des marchés se réorganisent, des stratégies s’affrontent, des difficultés surgissent et en Russie et dans des pays de l’Union européenne et dans d’autres pays.
Un second courant met en avant une chance , celle de profiter de ces changements pour activer radicalement une reconversion vers les énergies renouvelables. Une chance encore plus grande consisterait à ce que l’ensemble des pays du monde adoptent des politiques massives et radicales pour un monde viable, ce que nous appelons des « fraternisations » devant des cataclysmes environnementaux. Un idéal serait sans doute que les Etats-Unis, la Chine, l’Union européenne, la Russie et finalement l’ensemble des 193 Etats mettent en commun des remises en causes radicales et massives face aux cataclysmes écologiques en appliquant le Traité de Paris sur le climat et en allant bien au-delà.
La paix et l’environnement demandent de penser et d'agir par des moyens radicaux et massifs conformes à un monde viable.
Ils répondraient ainsi très probablement aux dernières chances de l’humanité.