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Billet de blog 13 mai 2018

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III-HISTORIQUE: DE LA SORTIE DE YALTA A NOS JOURS ( 1989 à nos jours,avril 2022)

III- HISTORIQUE:DE LA SORTIE DE YALTA A NOS JOURS ( 1989 à nos jours,avril 2022)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

III- HISTORIQUE :  De la sortie de Yalta à l'aggravation des logiques productivistes (1989 à 2022)

Nous envisagerons tour à tour

A-La sortie de Yalta : l’avant, le pendant et l’après sortie de Yalta (1985-1989-2001).

B- Des attentats « du 11 septembre » à l’aggravation  des logiques   du système productiviste (2001 à nos jours)

A-LA   SORTIE DE YALTA : l’avant, le pendant et l’après sortie de Yalta (1985-1989-2001).

La Conférence de Yalta (4 au11 février 1945 en Crimée) est une forme de « partage du monde » entre Roosevelt, Churchill et Staline. Viennent  ensuite la capitulation de l’Allemagne (8 mai 1945 à Berlin), la création des Nations Unies (Charte de San Francisco, 26 juin 1945), la Conférence de Potsdam (en juillet 1945 entre Truman, Churchill et Staline) où ce partage du monde continue.

Ce monde de 1945 partagé entre les Etats-Unis et l’Union soviétique va durer jusqu’en 1989 donc 44 ans.

Sa remise en cause par l’implosion de l’Union  soviétique  est un évènement gigantesque, probablement  le plus marquant   depuis 1945 avec  les lancements  des bombes atomiques les 6 et 9 août 1945 et , bien sûr, la débâcle écologique.

Comment en est-on arrivé là ? Que s’est-il passé ? Quels effets a eu cette sortie de Yalta ?

 Nous proposons ainsi  d'envisager tour à tour

 l’avant  sortie de Yalta, c'est-à-dire  la détente (1985-1989) (1),

puis le grand moment historique de la chute du mur de Berlin(1989) (2),

enfin l’après Yalta (1989-2001)  (3).

Nous soulignerons quelques évènements après 2001 pour mieux comprendre divers enchainements, ainsi pour les pays de l’Est , ainsi pour la seconde guerre du Golfe(2003) parfois confondue avec la première(1991).

1-Avant la sortie de  Yalta, la  détente (1985-1989).

  a)  Le résumé de la détente (1985-1989) .

 L’hypothèse la plus probable de la grande cause de la détente est une nouvelle équipe, celle de Gorbatchev,  arrivant au pouvoir à Moscou en mars 1985, qui veut alléger le poids de la course aux armements ce qui permettrait de dégager des marges de manœuvres militaires, économiques, politiques.

  La détente se met en route à travers de gigantesques changements structurels en Union soviétique et dans les pays de  l’Est, elle prépare la fin des blocs et les grandes retrouvailles Est-Ouest.

Le 9 novembre 1989 c’est la chute du mur de Berlin, M. Gorbatchev écrira : « L’histoire est sortie de ses gonds », F. Mitterrand affirmera « Comme un fleuve entre dans son lit,  l’Europe est rentrée dans son histoire et sa géographie ».

b)  Des évènements essentiels de la détente (1985-1989).

  Voilà donc l’arrivée de Gorbatchev au pouvoir (mars 1985) et le traité bilatéral (Etats-Unis, Union soviétique) de destruction des euromissiles (décembre 1987).

C’est la Convention des droits de l’enfant (20 novembre 1989).

Le 26 avril 1986 c’est la catastrophe  nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine (à l’époque en Union soviétique).Une forme de dernier avertissement que l'humanité se donne à elle même.

2- Le grand  moment historique de la  sortie de Yalta (1989).

a-La synthèse  de ce grand  moment de  1989.

Voilà donc l’arrivée de Gorbatchev au pouvoir (mars 1985) et le traité bilatéral (Etats-Unis, Union soviétique) de destruction des euromissiles (décembre 1987).

En septembre 1989 la Hongrie décide d’ouvrir sa frontière avec l’Autriche,

le 10 septembre 10.000 allemands de l’Est vont en RFA.

C’est en octobre 1989 que 8000 réfugiés Est allemands, venant de Prague et de Varsovie, arrivent en Allemagne de l’Ouest à bord « des trains de la liberté ».

 Le 9 novembre 1989 les autorités d’Allemagne de l’Est décident l’ouverture de la frontière, les allemands se déplacent librement.

Près de trente ans après son édification, dans la nuit du 12 août 1961, le mur de Berlin tombe dans la nuit du 9 novembre 1989.

b-Les actes  préparant   l’arrivée  de ce  grand moment de 1989 .

Par ordre d’arrivée historique :

Les   résistances  déjà lointaines  face au totalitarisme et en Union soviétique et dans les pays de l’Est. Ne soulignons que l’exemple du « printemps de Prague » en 1968.

Les protestations , sous diverses formes, des dissidents en Union soviétique et dans les pays de l’Est.

Les résistances non-violentes massives avant et après la chute du mur en particulier  celles des foules  massées   sur des places de différents pays de l’Est. On peut dire des résistants non-violents des peuples des pays de  l’Est « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait. »

L’attitude personnelle de Gorbatchev, avertissant clairement des dirigeants de pays de  l’Est que l’armée soviétique n’interviendrait pas si leurs régimes étaient mis en difficultés. « Je suis fier de mon rôle dans la chute du mur » déclarait l’ancien dirigeant en novembre 2009.

Enfin répétons le : l’hypothèse la plus probable de la grande cause de la détente est une nouvelle équipe, celle de Gorbatchev,  arrivant au pouvoir à Moscou en mars 1985, qui veut alléger le poids de la course aux armements ce qui permettait de dégager des marges de manœuvres militaires, économiques, politiques.

c-Les questions posées par l’ampleur de l’évènement de la chute du mur de Berlin .

Soulignons simplement le mot célèbre de Gorbatchev qui qualifie l’évènement :

« L’histoire est sortie de ses gonds. »

Un grand espoir est là : la liberté souffle à l’Est.

Une grande inconnue est là elle aussi : comment va s’organiser le monde de l’après Yalta ?

Les questions se pressent  parmi lesquelles :

Comment va se faire la réunification de l’Allemagne ?

Que vont devenir l’OTAN et le Pacte de Varsovie ?

 Le monde va-t-il vers un véritable désarmement ?

 Le marché mondial est-il désormais le dernier mot  de l’histoire comme le pensent certains?

 Ses mécanismes là ne sont-ils pas déjà en route ?

Ou au contraire doit-on construire une communauté mondiale viable par de multiples remises en cause?

3-L’après Yalta (1989-2001).

Nous envisagerons tour à tour le résumé de cette sous- période (a)  puis les évènements essentiels (b).

 a-  Le résumé  de cette période,  après la chute du mur de Berlin de  novembre 1989 jusqu’à septembre 2001, date9  des attentats aux Etats-Unis.

Nous soulignerons tour à tour dix  points.

     - C’est la fin des blocs, les régimes communistes sont balayés par les révolutions de 1989(voir le développement précédent) des peuples de l’Est qui manifestent par une résistance massive et non-violente dans ces pays, l’Union soviétique implose en 15 Etats, elle n’existe plus à partir du 8 décembre 1991(ouvrage d’André Fontaine, « L’un sans l’autre »,1991), les Etats-Unis restent la seule superpuissance. Les accords de désarmement nucléaire stratégique sont conclus entre l’Union soviétique, puis la Russie avec les Etats-Unis en juillet 1991 et janvier 1993.

 -  La plupart des  pays de l’Est  ont adhéré à l’Union européenne : 8 en 2004, 2 en 2007, 1 en 2013 ,  d’autres sont candidats officiels ou potentiels.

 En 2004, 8 pays  de l’Est sont entrés dans l’UE : la Pologne, la République tchèque, la Hongrie, la Slovaquie, la Slovénie, la Lettonie, la Lituanie, l’Estonie. Ils ont été rejoints en 2007 par la Roumanie et la Bulgarie, puis en 2013 par la Croatie.

Actuellement au 1er  juillet 2021 l’UE comprend 27 Etats et 447  millions d’habitants   (depuis le départ du Royaume-Uni le 31 janvier 2020 ). Allemagne, Autriche , Belgique ,Bulgarie, Chypre, Croatie ,Danemark ,Espagne, Estonie, Finlande, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Lituanie, Lettonie, Luxembourg, Malte, Pays-Bas, Pologne ,Portugal,, République tchèque,  Roumanie, Slovaquie, Slovénie ,Suède.

Actuellement en juillet 2021 sont des candidats officiels la Turquie, la Macédoine du Nord, le Monténégro, la Serbie, l’Albanie.

 Sont des candidats potentiels la Bosnie-Herzégovine, le Kosovo.

La Géorgie et l’Ukraine ne sont pas membres de l’Union  européenne .

- Les pays de l’Est  ont adhéré  au Conseil de  l’Europe ,   tous entre 1990 et 2007, la Russie en 1996.

Le Conseil de l’Europe au 1er  juillet 2021 comprend 800 millions d’habitants et  47  Etats membres : Albanie, Allemagne, Andorre, Arménie, Autriche, Azerbaïdjan, Belgique, Bosnie-Herzégovine, Bulgarie, Chypre, Croatie, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, Fédération de Russie, France,  Géorgie, Grèce, Hongrie, Irlande, Islande, Italie, Lettonie, Liechtenstein, Lituanie, Luxembourg ,Macédoine du Nord, Malte, Moldavie, Monaco, Monténégro, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, République tchèque,, Saint Marin,  Serbie, Slovaquie, Slovénie,  Suède, Suisse, Turquie, Ukraine .En mars 2022 la Russie est exclue du Conseil de l'Europe,il y a donc 46 Etats membres et 660 millions d'habitants.

-Certains pays de l’Est adhèrent à l’OTAN ,7 entre 1999 et 2009, l’OTAN comprend 28 Etats membres en 2021 et 910 millions d’habitants, il n’y a pas la Russie (contrairement donc au Conseil de l’Europe où elle est Etat membre) mais les Etats-Unis bien sûr sont toujours là.

Quels sont les  pays de l’Est,  qui ont adhéré ? République tchèque, Hongrie et Pologne (1999), Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Roumanie, Slovaquie, Slovénie (2004), Albanie, Croatie (2009),

Ont adhéré aussi le Monténégro (2017) et Macédoine du nord (2020).

L’adhésion demandée depuis 2008 par l’Ukraine  ne se fera certainement pas avant des années. C’est  une question ultra  sensible pour la Russie qui s’y oppose fermement considérant qu’il s’agirait d’une menace stratégique directe de l’OTAN .   A la suite en 2014 du changement de régime en Ukraine et du  rattachement-annexion  de la Crimée à la Russie une guerre a éclaté et continue (2014 à nos jours 2021) faisant plus de 14.000 victimes, guerre  au Donbass (Est de l’Ukraine) entre le régime de Kiev(Ukraine) et les séparatistes pro-russes.

L’OTAN compte actuellement en avril 2022  30 pays membres. À sa création en 1949, l’Alliance comptait douze membres fondateurs : Belgique, Canada, Danemark, États-Unis, France, Islande, Italie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Portugal et Royaume-Uni. Les autres pays membres sont : Grèce et Turquie (1952), Allemagne (1955), Espagne (1982), République tchèque, Hongrie et Pologne (1999), Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Roumanie, Slovaquie, Slovénie (2004), Albanie, Croatie (2009), Monténégro (2017) et Macédoine du nord (2020).

-      En juin 1992, vingt ans après celle de Stockholm en 1972 qui était une certaine prise de conscience interétatique et la consécration du droit de l'homme à l'environnement,, c’est le succès, à Rio, de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement(le développement durable est consacré, dont un des principes est celui de précaution)qui sera suivie des échecs de celles de Johannesburg en juin 2002 et  de Rio en juin 2012(« Rio moins 20 » diront certains).En 2022 qu'en sera-t-il ?

-       Cette période est marquée aussi par le processus de paix israélo-palestinien qui se remet en route, le 9 septembre 1993 ce sont les Accords d’Oslo, l’OLP reconnaît le droit à l’Etat d’Israël d’exister en paix et en sécurité, et Israël reconnaît l’OLP comme le représentant du peuple palestinien.

-    Ce sont les premières élections multiraciales en Afrique du Sud, Nelson Mandela, après 27 années passées en  prison, est élu en mai 1994 président de la République. Symbole de résistance il agit ensuite pour la réconciliation.

 -  Enfin   ce sont les naissances de l'OMC en 1995, du G 20 en 1999et de la CPI en 1998. (voir infra)

-     C’est l’horreur du génocide du Rwanda d’avril à juillet 1994, il y a un million de victimes, soit un habitant sur sept ! Les Tutsis, et aussi des Hutus modérés, sont assassinés à la machette par les Hutus. La guerre de 1990 à 1993 avait précédé ce génocide programmé précédé de décennies d'affrontements.  Les appels aux meurtres  de "la radio  mille collines "plongeaient dans l'horreur.

Une cohabitation douloureuse entre les tueurs et les rescapés existe aujourd'hui.

-Le rôle de la France au Rwanda  de 1990 à 1994 restait   à éclaircir dans ce génocide cela par l'accès  aux archives et par  les procès contre des génocidaires.

Le rapport du 26 mars 2021 d’une commission d’historiens dirigée par Vincent Duclert  a conclu à de « lourdes et accablantes responsabilités »de la France .Le 26 avril 2021 un rapport, commandé par le Rwanda et établi par des avocats américains , affirme que « L’Etat français porte une lourde responsabilité pour avoir rendu  possible un génocide prévisible », il a apporté « un soutien indéfectible au régime  dont les intentions génocidaires étaient patentes. »La responsabilité morale et politique est donc établie.

La responsabilité juridique supposerait établie l’accusation de complicité de la France. La commission des historiens a écarté cette complicité. Elle n’a cependant pas eu un accès complet aux archives. Sur le plan du droit pénal international il faudrait  des preuves établissant  une « aide directe et substantielle » aux génocidaires. Un certain nombre d’associations et de juristes pensent que cette complicité  peut  être établie. A notre sens  soulignons  que les  livraisons d’armes aux génocidaires, si  des documents les établissent, pourraient constituer  un des éléments allant dans le sens de la complicité. Selon différentes procédures pourraient être alors incriminés  des individus  et, depuis une jurisprudence de la CIJ en 2007 relative à la Convention sur le crime de génocide ,   un  Etat peut être lui aussi considéré comme l’auteur ou le complice d’un génocide.

 b -   Des événements essentiels  de novembre  1989 à septembre 2001

Nous envisagerons tour à tour douze points.

-    Aux événements précédents  s’ajoute un traité de septembre 1990 qui rétablit l’Allemagne unie. 

-Le Pacte de Varsovie, créé en 1955, est dissous en juillet 1991.

-   C’est aussi l’implosion dramatique de l’ex-Yougoslavie,  en particulier de 1992 à 1995. La Croatie, la Slovénie, la Bosnie Herzégovine, la Macédoine font sécession en 1992, puis  deviennent indépendants la Serbie en 2003, le Monténégro en 2006 et le Kosovo en 2008.

   C’est la guerre en Tchétchénie déclenchée par la Russie qui tient à l’intégrité de son empire (17 millions  km2).

 -  En janvier et février 1991 les Nations Unies adoptent des sanctions  économiques (embargo) puis militaires contre l’Irak qui avait envahi le Koweït le 2 août 1990 .Pourquoi  cette invasion ? Parce que le Koweit avait refusé d’annuler la dette de l’Irak et avait augmenté sa production de pétrole sans consulter l’Irak qui avait donc vu ses cours chuter.

Cette guerre ,  sous l’égide des Nations Unies, mobilise une coalition de 33 pays, elle est menée par les Etats-Unis, elle dure du 17 janvier au 28 février 1991 , soit 42 jours, c’est la « première  guerre du Golfe ».

De 30.000 à 100.000 irakiens tués et 100.000 victimes indirectes pour raisons sanitaires.

L’embargo décidé pat l’ONU en 1990 durera 12 ans (1990-2002) avec des conséquences terribles sur la population irakienne.

Le Koweït  est libéré, le dictateur irakien reste au pouvoir en Irak , il réprime les populations chiites et kurdes, au moins 70.000 victimes..

Du 20 mars au 2 mai  2003, « seconde guerre du Golfe », les Etats-Unis, sous le faux prétexte de détention d’armes de destruction massive par l’Irak, à la tête d’une petite coalition et sans  le vote du Conseil de sécurité, avec en particulier le célèbre  refus de la France, envahissent l’Irak et font tomber le régime irakien. Nombre de victimes de 2003 à 2011 : au moins 500.000 morts.

-     De 1986 à 1996 une autre guerre provoque en RDC (République Démocratique du Congo) 4 millions de victimes dans cette guerre civile, l’une des plus terrifiantes depuis 1945, en particulier en nombre de victimes, avec la guerre du Vietnam  et celle du Soudan.

La  population de la RDC  est une de celles qui traverse le plus de drames sur notre planète : guerres (fin 1996-mai 1998 ,août 1998-juin 2003),massacres, famines, misère, chômage élevé, catastrophes écologiques, déplacements forcés…

  -   C’est la fin de l’apartheid en Afrique du Sud (l’abolition des lois d’apartheid en juin 1991, par le pouvoir en place, marque la  victoire de l’ANC et de Mandela, ce sera son élection  à la présidence du pays en mai 1994.

 -     Le 4 juin 1989 le régime chinois  réprime dans le sang une tentative de mouvement pour la démocratie. Celle-ci avait vu le jour  à la mi avril.  Des étudiants de Pékin, soutenus par des habitants de la ville et des syndicats, entament une grève le la faim place Tiananmen , le parti unique et même l'armée sont  divisés mais les partisans de l'ordre à tout prix l'emportent, des militaires tirent sur le peuple, des tanks arrivent, les derniers étudiants non-violents quittent la place, il y a des milliers de victimes, des milliers d'arrestations. Il est interdit depuis, même plus de trente  deux ans  après, en Chine, d'évoquer  ce « printemps de Pékin. » 

-    C’est aussi la création de la Cour pénale internationale (CPI) le 17 juillet  1998 (Statut de Rome entré en vigueur le 1er juillet 2002).Création qui constitue une avancée   importante ,  certes dramatiquement tardive  et dont la mise en œuvre rencontrera obstacles et insuffisances. En 2021 sur 195 Etats dans le monde 126 sont parties au Statut de la CPI.

 -     L’Organisation mondiale du commerce (OMC) est créée à Genève (1-1995), c’est le libre-échange tout-puissant. La Chine y adhère en décembre 2011.

-   Le G20 est créé en 1999, il réunit 19 pays et l’Union européenne, c’est à dire ceux du G8, puis dix pays à économie émergente, et l’Australie ainsi que l’UE. (Autrement dit : Afrique du Sud, Allemagne, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud,Etats-Unis,France,Inde,Indonésie,Italie,Japon,Mexique,Royaume-Uni,Russie,Turquie,et Union européenne.)Cinq pays peuvent être invités chaque année. Les réunions sont celles des chefs d’Etat ou de gouvernement, celles des ministres des finances et des gouverneurs des banques centrales, celles depuis 2010 des ministres de l’emploi. Le G20 représente les 2/3 de la population mondiale, 90% du PIB mondial, 85% du commerce international. C’est un lieu de concertation diplomatique et c’est une enceinte de coopération économique et financière globalement  proche du libéralisme international même si, de façon limitée, on peut en attendre quelques impulsions porteuses.

-   En 1992 voient le jour la Convention sur la diversité biologique, qui  met en œuvre une certaine protection mais qui surtout avalise pour une part la marchandisation du vivant, et la Convention sur les changements climatiques, suivie du Protocole de Kyoto en 1997(entré en vigueur en 2005) dont le contenu modéré et n'engageant surtout que certains Etats,  fait l'objet d'une application laborieuse alors que le défi est vital pour l'humanité.

Dans un amphi de Limoges…

Le lendemain de la chute du mur de Berlin  dans  le grand amphi de la première année de droit à Limoges  j’étais arrivé en disant  aux étudiants  « On ne connait pas la suite de ce qui vient de se passer à Berlin ,  il y aura des joies et des peines, mais lorsqu’un gigantesque totalitarisme s’effondre  nous pouvons  laisser éclater notre joie en criant  « Liberté ! Liberté ! »

Les cinq  minutes  qui suivirent furent ainsi celles aussi de l’hommage de ces étudiants et étudiantes   à tous ceux et celles qui avaient permis ce nouveau souffle du monde.

B- Des attentats « du 11 septembre » à l’aggravation  des logiques   du système productiviste (2001 à nos jours, avril 2022)

    1-   Le résumé  de cette période de plus d'une  vingtaine d’années

Nous envisagerons tour à tour dix huit   points.

1-1     En premier lieu après les attaques qui causent la mort de 3000 victimes  le 11 septembre 2001, attaques d'un réseau terroriste (Al-Qaïda dont le chef sera exécuté en mai 2011) sur leur territoire, les Etats-Unis (avec d’autres pays) interviennent en Afghanistan (2001- 2015) puis en Irak (2003-2010, 500.000 victimes).

 Leur budget de la défense explose, il représente en 2012 près de 43% du total des dépenses militaires mondiales.

 Les Etats-Unis concluent avec la Russie des traités de désarmement nucléaire stratégique (24-5-2002, 8-4-2010).

A partir de la présidence des Etats-Unis de janvier 2017 le processus de nouveaux traités est non seulement  dans l’impasse mais un  traité de désarmement  a volé en éclats. La dénonciation le 2 août 2019  par  Etats-Unis  du Traité bilatéral de 1987 sur les armements nucléaires intermédiaires (1000 à 5000 km de portée) est une lourde erreur et une grave faute politique qui, bien sûr, a aussitôt amené la Russie à faire de même. On craint désormais que soit menacé le Traité bilatéral de 2010 sur les armements nucléaires stratégiques (plus de 5000 km de portée) qui arrive à échéance en 2021 et qui devrait être renouvelé.

 1-2   En second lieu une crise immobilière, bancaire, financière, économique, sociale(le chômage explose dans de nombreux pays) se développe d’abord aux Etats-Unis (juillet 2007) puis dans une grande partie du monde, surtout à partir de la fin 2008.On parle « de grande dépression » comparée, parfois, à celle de 1929 .

Des mécanismes d'une certaine régulation sont mis en place mais les logiques de financiarisation du marché mondial ne sont pas remises en cause. 

Le système financier mondial reste vulnérable, certains pensent que le spectre d’une crise radicale, pire que celle de 2008, est loin d’être  écarté.

1-3   En troisième lieu les pays émergents (en particulier la Chine, l’Inde, le Brésil, l’Afrique du Sud…) apparaissent sur la scène commerciale, monétaire  et environnementale  internationale. Leurs taux de croissance sont importants  en particulier par rapport à ceux de l’Europe. Le 15 juillet 2014 les BRICS (réunis en sommet annuel depuis 2009, Brésil, Russie, Inde, Chine et, depuis 2011, Afrique du Sud-South Africa ) créent leur banque de développement, dotée d'un capital de 50 milliards de dollars et d'un fonds d'urgence de 100 milliards de dollars,  l'événement  financier est considérable, c'est un contrepoids aux structures et aux politiques de la Banque mondiale et du FMI. Les BRICS (40% de la population mondiale) représentent en 2014 le 1/5ème du PIB mondial, si tout continuait à cette allure:  40% en 2025.Le budget militaire de la Chine,  encore loin derrière  celui des Etats-Unis (le tiers de celui-ci), devient de plus en plus puissant et en même temps les problèmes, menaces et drames écologiques s'y multiplient, à l'image d'un productivisme autodestructeur..

 Une question centrale est donc celle, en Chine et dans d’autres pays émergents,  du partage du "gâteau mondial"(matières premières, commerce...) mais, aussi et surtout,  celle du  « quel gâteau parle-t-on ?" Celui d'un productivisme terricide et humanicide ou celui d'une communauté humainement viable?

 L’écologie devient une série de problèmes, drames et  menaces dans de plus en plus de pays émergents et autant de défis pour y faire face.

1-4      En quatrième lieu le « printemps des peuples arabes » voit le jour de 2010 à 2013, il se traduit par de grands espoirs portés surtout par la jeunesse, ceux de "dégager" les dictateurs (trois sont renversés), ceux des partages de richesses, ceux des créations d'emplois. 

Les marches vers la démocratie sont  remplies  d’obstacles, par exemple en Tunisie, en  Egypte,  en Lybie. Quant à la Syrie elle est déchirée par la guerre civile et l'internationalisation du conflit, la présence du groupe de l'Etat islamique a aggravé la guerre. La Lybie, depuis la chute du dictateur en 2011, est déchirée et épuisée par la guerre civile, des milices sont là et un affrontement  armé  éclate entre le gouvernement et des forces armées. La Tunisie  à ce jour semblait sortir plus solidement du printemps arabe, mais  de nouvelles élections veulent représenter une période de « transition démocratique.» En février 2019 en Algérie un printemps semble vouloir voir le jour, à partir de février 2019 de gigantesques manifestations pacifiques, chaque vendredi, poussent à la démission le 2 avril du président qui s'apprêtait à aller vers un cinquième mandat.  L'armée ,  avec son poids décisif,  ne le soutenait plus, le peuple a continué dans la voie du "dégagisme" des dirigeants du régime. Les élections présidentielles sont là. Même le Soudan à travers les manifestations à partir de décembre 2018 voit la destitution du président en avril 2019 ...mais c'est l'armée qui prend le pouvoir. De la dictature au régime militaire on est encore loin de la démocratie. L’accord en août 2019 entre l’armée et les révolutionnaires prévoient une « transition démocratique » de 39 mois.

 1-5-   En cinquième lieu le réchauffement climatique reste un terrible drame et une grande menace pour l’humanité et le vivant.

Nous lui  consacrons sept points.

   1-5-1  Ce réchauffement  n’arrive pas à ce jour (avril 2022)  à déclencher des politiques de réductions universelles et massives des gaz à effet de serre(GES).  C’était d’abord  l’échec de la Conférence de Copenhague (12-2009).

1-5-2     Ensuite la 21ème conférence des Etats parties (COP21)à Paris en décembre 2015 avait pour objectif de conclure un accord de tous les pays sur les réductions de GES et de financer par les pays développés  à partir de 2020 l'adaptation des pays en développement. Une solution sautait aux yeux pourvu qu'on les ouvre : articuler la création d'un système de taxation des transactions de change ainsi qu'une baisse des dépenses militaires mondiales à  la mise en route de cette aide et  d'autres aides...

L'Accord de Paris sur le climat du 12 décembre 2015,entré en vigueur en novembre 2016,  certes est une forme de "premier pas", certes voit l'ensemble des Etats qui s'y engagent, certes a surmonté le traumatisme de l'échec de la Conférence de Copenhague six ans plus tôt, mais sa "souplesse", qui a permis son adoption, est synonyme de marges de manœuvres  laissées aux Etats qui ont , sur beaucoup de points, décidé...qu'on déciderait plus tard, par exemple il n'y a pas de date sur le pic des émissions, et les silences sont nombreux et criants, ainsi celui sur les déplacés environnementaux, ainsi  celui sur le prix du carbone... Le réchauffement climatique est encore le grand " gagnant", les générations futures à ce jour  sont  les grandes perdantes, et l'élection du nouveau président des Etats-Unis en novembre 2016 peut entraîner certaines difficultés si les Etats-Unis sortent de l'accord de Paris.

Le 1er juin 2017 le nouveau président annonce le retrait des Etats-Unis de l'Accord de  Paris,. en novembre 2019 intervient  la notification du retrait qui sera effectif en novembre 2020.  Outre le fait que ce retrait juridiquement arrive trois ans après donc vers la fin du mandat du président, cette décision  n'aura a priori qu'un effet négatif  grave, celui de difficultés financières pour aider les pays du Sud. Cela étant les autres Etats ont exprimé leurs volontés d'appliquer l'Accord et même, ici et là , de l'accélérer. Des Etats fédérés des Etats-Unis  dans leurs marges de manœuvres veulent faire de même,  de nombreuses villes et des entreprises américaines aussi. Cette décision  de ce président n'est-elle pas une forme d'atteinte aux droits de l'humanité? (Sur les droits de l'humanité voir articles sur ce blog). 

 Les conférences d'application de l'Accord de Paris continuent (COP 22 à Marrakech, COP 23 à Bonn, COP 24 à Katowice en Pologne en décembre 2018, COP 25 finalement en Espagne  en décembre 2019,la COP 26 a lieu à Glasgow, la 27 ème aura lieu en novembre 2022 en Egypte...(Voir articles sur l'Accord de Paris sur ce blog.)

1-5-3     Des marches pour "Sauver le climat "se multiplient, des grèves de classes à partir de janvier 2019 voient le jour une fois par semaine dans certains pays, si on atteignait des chiffres gigantesques  de jeunes sur la planète en révolte non-violente celle-ci pourrait avoir une influence importante.

On peut penser pourtant que l’une des plus grandes  remises en cause allant  serait celle de la réorientation massive de sommes gigantesques vers les luttes contre le réchauffement climatique et la pauvreté, ainsi par exemple à travers "un impôt mondial sur le capital" .( Sur celui-ci voir par exemple Thomas Piketty, Le capital au XXème siècle, Points,2019,p 835 à 883).

On peut penser que cela suppose des rapports de forces dans lesquels  des Etats, des populations, des jeunes, des entreprises, des ONG et tant d'autres acteurs deviendraient  fraternisés par ce péril commun. La finance mondiale au service de la survie..."Ils ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait" écrivait Mark Twain.

1-5-4-    En attendant des phénomènes climatiques extrêmes se multiplient, ainsi les inondations, les canicules, les typhons, les incendies.  Par exemple les gigantesques  de Californie en novembre 2018, en octobre 2019, témoignent du fait que  les Etats-Unis sont   entrés dans une insécurité écologique grandissante.Les incendies au Brésil s'aggravent en 2019. L’Australie est, elle aussi, en novembre 2019  la proie des flammes sur de grandes étendues qui déciment en particulier la faune..

  L’accélération de la fonte des glaces de l’Antarctique a quelque chose d’ une  apocalypse à long terme: si le glacier Thwaites, à l'Ouest ,  grand comme le quart de la France, venait à s’effondrer le niveau des mers augmenterait de 70 centimètres et avec d'autres glaciers...  de plus de deux mètres ! Adieu de nombreuses iles, adieu de nombreuses villes en bord de l'eau...tout cela dans les décennies qui viennent.

.Le rapport du GIEC en septembre 2019, outre l’accélération de la fonte des glaciers, alerte sur l’état du permafrost c'est-à-dire des sols gelés de la Sibérie, de l’Alaska et du Canada qui pourraient fondre d’un tiers, ou beaucoup plus, d’ici 2100 et provoquer ainsi  une libération de CO2 et  surtout de méthane remontant de l’eau , dix fois plus nocif que le CO2,  donc  accélérer encore plus dramatiquement  le réchauffement.

1-5-6    Ainsi le grand "vainqueur" est ,  à ce jour( avril2022), le réchauffement. (voir  notre ouvrage,  écrit pour cette 4ème édition en collaboration avec Hubert Delzangles et Catherine Le Bris, Le droit international de l'environnement, Ellipses,2018).

La situation globale est relativement simple à résumer :

Si l'Accord de Paris (2015) sur le climat était  appliqué en l'état  l'augmentation de la température serait de l'ordre au minimum de 3,5°C vers la fin du siècle. Situation  encore gravissime.

Si  l'Accord n'était pas appliqué le réchauffement serait de 4°C à 6°C, voire plus, vers 2100.Autant dire que la sixième  extinction des espèces (humains compris) serait en voie d'effacer  la plus grande partie du vivant. Le 7 novembre 2019 un appel de 11000 scientifiques (climatologues, biologistes, physiciens, chimistes, agronomes…) de 153 pays (dont 1500 Français) va dans le sens d’une transformation radicale  de nos modes de vie, sinon les humains risquent « des souffrances indescriptibles » liées à l’urgence climatique. « Souffrances indescriptibles» !!

Si l'Accord contribuait à donner le jour à de nouveaux engagements, massifs et appliqués, le vivant aurait alors  probablement  des chances de survie.

1-5-7   Cette débâcle écologique va probablement  multiplier dans le monde les collapsologues qui sont certains d’un effondrement rapide de la civilisation industrielle dans les années proches.

 D’autres, au contraire des collapsologues , pensent qu’ à partir environ des années 2030 ,  si  une sorte d’horloge de l’apocalypse devient   de plus en plus menaçante, il n’en reste  pas moins qu’ une « métamorphose de l’humanité » est encore possible d’ici là et après . 

1-6     Face au drame de la faim (821 millions de personnes  en 2017 soit un habitant sur neuf dans le monde !), ou face au drame de l’absence d’accès à l’eau potable et à l’assainissement… on décide… qu’on décidera plus tard de s’attaquer  aux  causes de ces situations  inhumaines .Le réchauffement climatique est devenu une cause qui s'ajoute aux autres et aggrave ces deux drames mondiaux.

Ces deux formes de crimes contre l'humanité sont d'autant plus écoeurantes qu'une des  solutions existe : permettre un accès à la nourriture  et un accès à l'assainissement de l'eau en réorientant par des taxations  de gigantesques capitaux vers ces besoins criants.

1-7     Le 26 décembre 2004, en Asie du Sud Est, un tsunami provoque la mort de près de 300.000 personnes.

 Le 11 mars 2011 c’est la catastrophe de  Fukushima au Japon, où se déchaînent séisme, tsunami et  accident nucléaire. Des choix  massifs, mondiaux ne sont pas faits.

1-8     En 2007 un cap est passé : un habitant sur deux dans le monde vit en ville, cette urbanisation est vertigineuse, c’est l’un des plus grands événements en profondeur de la planète. D'autre part elle s’accompagne d’une explosion des mégalopoles, vingt villes dépassent en 2013 les dix millions d’habitants, 448 villes dépassent  le million d’habitants. Cette urbanisation s’accompagne aussi de nombreux bidonvilles (un tiers de la population des pays pauvres survit dans ces bidonvilles en 2013 soit près de 900 millions de personnes) et d’un environnement souvent malade, les mégalopoles sont méga polluantes. La ville est  " le lieu de multiples fractures", et le taux d’urbanisation mondiale pourrait atteindre 60% en 2030 !

1-9    En 2015 c'est l'accroissement massif du nombre de réfugiés et de déplacés, 60 millions de personnes selon le HCR, soit l'équivalent de presque toute la population française. Sur ce total 20,2 millions essaient  d'échapper aux guerres et aux persécutions, c'est un niveau sans précédent depuis 1992.En 2017 voilà un nouveau record du nombre de déplacés : 68,5 millions de personnes.

L'Union européenne s'est enfin mise d'accord sur un plan de répartition proportionnelle à chaque PIB des 28 Etats membres, au total 120.000 réfugiés qu'elle accueille, syriens, irakiens, érythréens, arrivés surtout par la Grèce et l'Italie, ces arrivées sont accompagnées de multiples drames de disparus en Méditerranée, de l'ordre de 3500 en 2015,3800 en 2016,3150 en 2017 ! Voilà une honte pour l'Europe et la communauté  internationale.

L'Allemagne s'est lancé le "défi" d'accueillir au moins un million de demandeurs d'asile. Le 18 mars 2016 un accord est conclu entre la Turquie et les 28 de l'UE pour que la mer Egée reste interdite aux réfugiés et aux migrants et... pour que les syriens restent en Turquie (plus de 3 millions actuellement).Chaque syrien arrivé illégalement en Grèce est renvoyé en Turquie, un autre syrien arrivé en Turquie est renvoyé en Europe cela jusqu'à 72000 réfugiés syriens, enfin la Turquie financièrement et la Grèce administrativement sont aidées. L'accord est difficile à appliquer mais surtout ne règle pas cette question : les personnes bombardées en  Syrie trouveront d'autres routes pour fuir la guerre. En février 2020 la Syrie ouvre ses frontières vers la Grèce, les réfugiés affluent  mais sont arrêtés , l'UE est une fois de plus devant ses responsabilités.

L'Union européenne, malgré les réunions qui s'enchainent,  ne contribue pas à s'attaquer  aux causes de ces situations et n'a pas à ce jour (février 2020) de véritable politique européenne d'accueil..Dans certains Etats membres la poussée des partis populistes aux élections trouve là de quoi s'alimenter et de quoi diviser l'Europe.

1-10   Quant aux déplacés environnementaux (voir articles sur ce blog) ( voir aussi le  projet de Convention élaboré par des universitaires de  Limoges) les estimations le plus souvent avancées  pour 2050 sont de l'ordre de 250 millions de personnes, autant dire que les défis multiples soulevés sont gigantesques et à ce jour (novembre 2019) ne sont pas pris en compte. Les estimations pour 2100 sont encore plus incertaines, l’évacuation de grandes villes asiatiques devenues irrespirables et de grandes villes au bord des mers pourraient être( ?)  de l’ordre de un milliard d’habitants ou plus( ?). Citons par exemple le fait que Jakarta (10 millions d’habitants) et d’autres mégapoles s’enfoncent peu à peu, le fait que Pékin, Hong Kong, Canton , Hô chi-Minh-ville et d’autres mégapoles ont de nombreuses  nappes phréatiques asséchées… 

1-11    Les technologies des communications ont continué leur ascension : après 1973 le téléphone portable (75% des terriens en ont un en 2013), à partir de 1970 le jeu vidéo électronique devient un produit de masse, 1981 l’ordinateur portable, 1991  Internet avec en particulier des moteurs de recherche géants comme Google, voilà  en  2001 le  smart phone (téléphone intelligent), voilà à partir de 2003 les réseaux sociaux numériques de contact (généralistes:MySpace, Facebook, Twitter;  professionnels :LinkedIn, Viadeo; virtuels: SecondLife, World of Warcraft), réseaux sociaux de partage de vidéos:YouTube, DailyMotion) et  d'autres encore...Au total en janvier 2019 (voir wearesocial.fr) sur les 7,4 milliards de terriens: 4,3 milliards d'internautes dans le monde,3,4 milliard de personnes actives sur les réseaux sociaux, donc un phénomène massif.(En France sur 69 millions d'habitants: 54 millions d'internautes,38 millions sur les réseaux sociaux).Parmi les questions posées celle de la sécurité des données, celle aussi des impôts que devraient payer les géants du Web.Les rapports de forces se situent entre Etats et firmes multinationales mais aussi entre Etats puisque, par exemple, au niveau d'une législation qui serait européenne il faut l'unanimité des Etats membres en matière fiscale, ce qui n’empêche pas un Etat de montrer l’exemple.

l – 12    Le "désarmement du pouvoir financier" a  toujours de grandes difficultés  à se mettre en route. Les Etats à ce jour (février 2019) n'ont pas encore les volontés massives et radicales de faire face aux nouveaux conducteurs de la planète, les marchés financiers, de plus en plus puissants depuis 1971 ( la fin de la convertibilité du dollar en or  précipite la spéculation internationale sur les monnaies et amplifie  la puissance des bourses, des banques et des marchés financiers).

Les liens entre des Etats, des firmes multinationales et les marchés financiers contribuent à transformer l'ensemble en géants mais ne s'agit-il pas de  géants aux pieds d'argile dans la mesure où, en fin de compte, des logiques terricides et humanicides   sont à l'œuvre?

1-13    Les remises en cause de la financiarisation

Nous leur consacrons sept points.

  1-13-1    Ces marchés financiers comprennent six classes d'actifs : le marché actions, le marché obligataire, le marché monétaire, le marché des dérivés, le marché des changes, le marché des matières premières. Deux chiffres symboliques de cette force : en avril 2016 les transactions quotidiennes(!) sur le marché des changes étaient de 5100 milliards de dollars, pour l'année 2017 le gestionnaire américain d'actifs BlackRock gérait 6000 milliards de dollars et réalisait un bénéfice de 3,7 milliards.

A titre de comparaisons le chiffre d'affaires annuel en 2017 des dix premières entreprises du monde allait de 200 à 500 milliards de dollars, le PIB en 2017 était pour 139 Etats inférieur à 10 milliards de dollars dont 30 inférieur à 3 , alors que le PIB des Etats-Unis était de 19362 et celui de la France( cinquième dans la liste des 193 Etats) de 2574, le budget bi annuel des Nations Unies pour 2018-2019 est de 5,4 milliards de dollars, ce sont là quelques rapports de forces financiers qui en disent longs sur cette partie de la vie internationale.

1-13-2     Voilà  certes quelques avancées de levées partielles des secrets bancaire et judiciaire, qui est un des contre-mécanismes des paradis fiscaux, mais on est encore très  loin d'une  véritable remise en cause que serait  une transparence   généralisée . Les sommes abritées dans les  paradis fiscaux en 2018,c'est à dire dans plus d'une soixantaine de pays et territoires(?), seraient de l'ordre de 15.000(?) à 40.000(?) milliards de dollars!!! C'est l'une des sommes les plus gigantesques que l'on puisse imaginer. Il est vrai que l'on est encore loin des 226.000 milliards de dollars(192.000 milliards d'euros) du total de la dette mondiale, soit trois fois le PIB mondial...On notera l'imprécision, opacité oblige, des sommes cachées dans les paradis fiscaux.

 1-13-3   Voilà certes  quelques timides tentatives de luttes contre  l'évasion fiscale de grandes firmes multinationales, ainsi le G 20 en novembre 2015 a adopté un plan de l'OCDE en vue de pousser ces entreprises à déclarer leurs bénéfices pays par pays, de même la Commission de l'Union européenne va  dans ce sens fin 2015 et début 2016 par exemple  en critiquant  des pays (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg...) qui sont accusés de soutenir de telles pratiques, mais on est encore loin d'une véritable convention mondiale accompagnée de sanctions.

1-13-4 -    En mars 2018 la Commission de l'UE propose de taxer de 3% les revenus des géants numériques, les GAFA (Google,Apple,Facebook,Amazon), cela dans les pays de leurs utilisateurs, et au delà 200 groupes ayant un chiffre d'affaires annuel de plus de 750 millions d'euros et de plus de 50 millions d'euros dans l'Union européenne, cette taxe, rapporterait 5 milliards d'euros par an.

La France en 2019 commence à prélever une taxe sur les géants du numérique, c’est  le début d’un long chemin légitime et légal consacré en avril 2019. Si la taxe précédente est à l'initiative de la France, l'Allemagne par contre semble se déclarer favorable à "un impôt minimum mondial sur les bénéfices des multinationales du numérique". La proposition française beaucoup plus cadrée va donner lieu à un rapport de forces gigantesque aux enjeux importants entre des Etats européens et les GAFA.

1-13- 5-     Ces  rapports  de forces on le voit déjà au niveau d'amendes en juin 2017(2,47 milliards d'euros) et juillet 2018(4,3 milliards d'euros) infligées par la Commission à Google pour abus de position dominante, ainsi pour la seconde amende l'abus concerne le système d'exploitation pour  smartphones ,  Android. Google  verse les amendes pour éviter d'énormes astreintes mais  fait appel devant la Cour de justice de l'Union européenne. En février 2019 le géant bancaire suisse UBS a été condamné par le tribunal de grande instance de Paris à une amende de 3,7 milliards d'euros pour démarchage bancaire illégal et pour blanchiment aggravé de fraude fiscale. Les premiers pas des uns et des autres sur ce chemin  peuvent être prometteurs.

1-13-  6-   Les GAFA en 2019 pèsent en Bourse 3360 milliards de dollars et réalisent 600 milliards de chiffres d’affaires par an. Les amendes records imposées par l’UE  ne vont pas assez loin selon certains auteurs , en particulier aux Etats-Unis,  qui proposent de démanteler, de casser ces géants.

1-13- 7-    Voilà certes les premières taxes sur les transactions financières(TTF) d'un certain nombre d'Etats encore très minoritaires (ainsi par exemple à ce jour deux sur 28 dans l'Union européenne) mais on est encore loin d'une véritable TTF qui serait mondiale dans sa portée  et radicale dans son assiette. C'est très certainement un des grands espoirs de véritables alternatives mondiales, espoir  porté par exemple par une ONG telle que ATTAC, qui contribuerait à construire une communauté mondiale humainement viable dans la mesure où des sommes gigantesques, dégagées par ces TTF, seraient consacrées à des besoins criants,  en particulier sanitaires et environnementaux...

 l -14    L'extension  des zones de libre-échange  et les résistances qu'elles rencontrent.

Nous leur consacrons sept points.

 De 1950 à 2013 les zones et les accords  de libre-échange se sont multipliés, c'est une véritable "déferlante" qui a existé et qui continue (Manière de voir, Le Monde diplomatique, juin-juillet 2015), soutenue en particulier par l'OMC.

Une victoire provisoire, contre ce rouleau compresseur profitant aux plus forts , avait été obtenue par l'abandon de la conclusion d'un accord multilatéral sur l'investissement (AMI),négocié en secret de 1995 à 1997 entre les 29 Etats membres de l'OCDE.

 1-14-1   Mais les offensives du libre-échange ont repris. Négocié depuis 2008, voilà  un accord de libre-échange  le CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement) entre l'UE et le Canada qui  aboutit en octobre 2013.Cet accord économique et commercial vise à éliminer la quasi-totalité des droits de douane entre les deux blocs. Il est entré provisoirement en vigueur fin septembre 2017 pour ce qui relève de la compétence exclusive de l’UE. un seul Etat qui refuserait de le ratifier bloquerait l'entrée en vigueur définitive. Une version remaniée en février 2016 n'empêchera pas des contestations qui ont continué  en  2018 et 2019 à travers des parlements en Europe qui doivent intervenir  pour son entrée en vigueur. Il est jugé dangereux  par certains pour les services publics, l'agriculture, le climat, la démocratie. Il profitera avant tout aux grands groupes dans les logiques du productivisme. En août 2019    13 Etats  de l’UE l’ont ratifié (sur 28).

l -14- 2-   Est aussi négocié l'accord de libre échange trans pacifique (TPP)(40% du PIB mondial,25% du commerce international) entre 12 pays cela pour faire contrepoids à la Chine qui n'en faisait pas parti. Le nouveau président des Etats-Unis en janvier 2017 s'est d'abord retiré de l'accord au nom du protectionnisme américain puis  en avril 2018 a envisagé de le rejoindre, un enjeu est celui des rapports commerciaux entre les Etats-Unis et la Chine.

l-14- 3-   On se retrouve aussi  dans des négociations difficiles entre l'UE et le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), cela depuis vingt ans, avec d'un côté les européens qui craignent l'arrivée de produits agricoles sud-américains , et d'un autre côté les sud-américains qui craignent l'arrivée de produits manufacturés européens. Le  Président français le 26 août  2019 a déclaré « en l’état je  ne le signerai  pas.»

1-14- 4-   La Commission européenne travaille à partir de 2018 à un nouveau partenariat transatlantique. En réaction aux mesures protectionnistes des Etats-Unis, l'UE et le Japon concluent en juillet 2018 un accord de libre-échange qui permet un accès important aux produits agricoles européens au marché japonais et une levée progressive des droits de douane sur les voitures japonaises. Les critères écologiques de cet accord sont passés sous silence.

 1-14- 5-     Enfin et surtout, dans le but de créer un grand marché de 850 millions d'habitants entre l'UE et les Etats-Unis, voici un mastodonte de l'ultra libéralisme. Il porte différents noms, les  sigles francophones le qualifient de PTCI (Partenariat Transatlantique sur le Commerce et l'Investissement), APT (Accord de Partenariat Transatlantique)  ou GMT ( Grand Marché Transatlantique) ,les sigles anglophones le nomment  TTIP(Transatlantic Trade and Investment Partenership) ou  TAFTA (Transatlantic Free Trade Agreement).La Commission de l'UE (non élue) a reçu mandat du Conseil de l' UE pour négocier avec les Etats-Unis, c'est le 13ème cycle de négociations à partir de juillet 2013,dans la confidentialité loin d'une certaine transparence démocratique, avec des pressions pour conclure qui s'aggravent en 2016. Bloqué depuis trois ans grâce à de fortes mobilisations le TAFTA revient sur la table des négociations dans la mesure où la Commission de l’UE prépare les négociations avec les firmes multinationales européennes et nord américaines. Cependant de très nombreuses  ONG , dans une Déclaration conjointe du 18 février 2019, affirment à juste titre  que ces négociations saperaient les engagements sur les changements climatiques.

Concrètement c'est une entreprise de démantèlement des droits de douane qui restent et c'est la suppression des barrières non tarifaires. Le TAFTA donne la  part belle aux grandes entreprises qui, lorsqu'elles se considèreraient  menacées dans leurs profits par des législations sanitaires ou environnementales qui leur barreraient la route, pourraient mettre en cause les lois d'un Etat devant une juridiction spéciale  d'arbitrage  tournée... vers des intérêts privés, cette juridiction  pourrait infliger des pénalités financières  à un Etat. Un exemple est clair : la multinationale Monsanto pourrait ainsi imposer les produits OGM aux européens. Autrement dit seraient encore plus mises  à rude épreuve qu'aujourd'hui les protections de la santé, de l'environnement, les pratiques de relocalisation etc...

1-14- 6-   On est donc loin, dans ces accords ,  d'un  renversement du système  consistant à passer de la primauté du libre-échange à celle d' un juste échange  conforme aux conditions sanitaires et environnementales. Nombreuses sont les résistances qui se manifestent. en Europe et aux Etats-Unis. Un  front commun  d'ONG  en France s'est organisé: "STOP  TAFTA", non au Grand Marché Transatlantique! Les opinions publiques n'y sont plus favorables, en 2014 on était à 55% aux Etats-Unis et en Allemagne, en mai 2016 on se retrouve à 15% d'opinions favorables.

L'arrivée sur la scène d'un nouveau  président aux Etats-Unis en novembre 2016, qui met en avant un certain  protectionnisme, peut réserver des surprises liées à des guerres tarifaires déclenchées par les Etats-Unis (ainsi au sommet du G7 de juin 2017).Par contre la Chine met en avant un libre-échange puissant allant dans le sens d'une vaste zone de libre-échange.

1-14-7   Une guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine  est déclenchée en septembre 2018 par les Etats-Unis qui décident de taxer de 10% les droits de douane  de produits chinois importés sur le sol américain. Tout cela se fait à partir d’une vision simpliste du président des Etats-Unis qui croit que ce remède permettra de rétablir la balance commerciale déficitaire de son pays. En réalité lorsque, à son tour, la Chine taxe des produits américains et, en plus, laisse chuter sa devise (sept yuans pour un dollar) de nombreux emplois se trouvent menacés aux Etats-Unis  d’où un premier accord en octobre 2019 dans lequel le président renonce à l’augmentation de tarifs douaniers.

 1-14-8  Le coronavirus en février 2020 entraine un ralentissement du commerce international et un effondrement des bourses mondiales.Ce virus qui part de la Chine entraine aussi une baisse des émissions de CO2 dans la mesure où de nombreuses activités et de nombreux  transports sont suspendus.

1-15    Le Brexit..

Nous lui consacrons quatre points.

 1-15-1    A une faible majorité (près de 52%) le 23 juin 2016 les britanniques votent par référendum en faveur du Brexit (British Exit).Cette sortie de l'Union européenne est mise en oeuvre par la notification du déclenchement de l'article 50 du Traité sur l'UE par le Royaume-Uni. Un accord de retrait est négocié.

 1-15- 2-   Les négociations dès septembre 2017 ont été  difficiles et ont donné lieu à deux textes.

Premier  texte : après 18 mois un projet de traité   de près de 600 pages voit le jour le 22 novembre 2018.  Signé par les 27 chefs d'Etat du Conseil européen le 25 novembre 2018  ce traité de retrait (Traité du Brexit) pour entrer en vigueur devra être ensuite ratifié par les parlementaires britanniques et par les eurodéputés, si c'est le cas  le Royaume-Uni sortira de l'UE le 29 mars 2019 à minuit. L'Accord porte sur les engagements financiers du Royaume-Uni, la protection des droits de 4 millions d'expatriés britanniques et européens, et l'absence de frontière physique entre l'Irlande du Nord qui sort de l'UE et la République d'Irlande. Ce dernier point est l'un des plus sensibles puisqu'il d'agit de préserver le traité de paix de 1998.Le traité de retrait est accompagné d'annexes et de trois protocoles sur l'Irlande, Chypre et Gibraltar.

Second texte : le 25 novembre 2018  les 27  chefs d'Etat du Conseil européen valident une déclaration (à valeur de recommandation contrairement au traité précédent)qui sur 26 pages fixe les grandes lignes des "relations futures" relatives au commerce(fondé sur le libre-échange) , à la coopération en matière  de défense, de police et de justice(fondée sur un partenariat en matière de sécurité),fondé aussi sur une autonomie normative de l'UE, sans oublier un accord de pêche relatif à un accès aux eaux territoriales britanniques et à une répartition des quotas. Les négociations sur ce second texte devraient commencer après le départ du Royaume Uni, le 29 mars 2019 et  devraient s'achever au cours d'une période de transition fixée au 31 décembre 2020.

1-15- 3-   C’est alors que s’ouvre une période de confusion à travers les blocages répétés de la Chambre des communes. Nous la résumons de façon non exhaustive..

 L’accord est massivement rejeté le 15 janvier 2019. La date du Brexit est repoussée au 12 avril puis au 31 octobre 2019.Le lendemain des élections européennes du 23 mai la Première ministre britannique annonce sa démission. En juillet 2019 un nouveau Premier ministre doit trouver une issue. Après divers épisodes le 17 octobre 2019 Londres et Bruxelles s’entendent sur un nouvel accord de sortie qui prévoit notamment des contrôles douaniers en mer d’Irlande entre l’Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni. Finalement le 22 octobre la Chambre des communes approuve la loi d’application du nouvel accord tout en exigeant un examen approfondi du texte. Le 31 janvier 2020 est retenu par l’UE comme nouvelle date du Brexit. Entre temps des élections générales anticipées auront lieu au Royaume-Uni le 12 décembre 2019.

Le 31-1-2020 l'accord de sortie est adopté par les députés britanniques et européens. Le Royaume-Uni faute de progrès rapides menace de claquer la porte des négociations en juin 2020.Le 31-12-2020 sera la fin de la période de transition. Les problèmes à résoudre sont redoutables : commerce, pêche, libre circulation des personnes, budget... sans oublier les rapports de l'Angleterre avec l' Ecosse et l'Irlande. Le troisième report du Brexit accordé par l’UE est le bon, le 31 janvier 2020 à 23h.Le premier cycle des négociations sur l’avenir des relations commerciales entre le Royaume-Uni et l’UE commencent en mars 2020, le neuvième  et dernier cycle se termine en octobre 2020.Elles reprennent encore fin octobre et se terminent le 24 décembre 2020 par un accord commercial post-Brexit. Adopté par le Parlement britannique et par le Parlement européen il est appliqué  en mai 2021.

L’obtention par les pêcheurs français des licences   dans les eaux britanniques a fait l’objet d’un conflit  finalement réglé en décembre, la France en décembre 2021 obtient plus d’un millier de licences de pêche.  Enfin en vertu de l’Accord de commerce tous les pêcheurs européens devront renoncer à 25% de leurs prises dans les eaux britanniques à l’été 2026.

Le Brexit  est  difficile et douloureux  pour le Royaume-Uni et aussi  pour les 27.Il ne constituera d’ailleurs  pas une remise en cause des inégalités au Royaume-Uni qui sont  une des raisons de cette voie "tragique " prise par ce référendum de 2016 .L’économie britannique un an après fait l’objet d’un « lent effritement ».(article du  Monde 31 décembre 2021),et se produit « un lent découplage économique » entre l’Irlande et le Royaume-Uni.(Le Monde 12 février 2022)

 Les graves difficultés présentes et à venir du Royaume-Uni ne devraient-elles pas contribuer à dissuader d'autres populations d'Etats membres d'être tentées par une telle sortie?

N'est-ce pas aussi un appel  de plus pour construire d'urgence   une véritable  Europe  fondée sur des moyens   démocratiques, justes, écologiques et pacifiques?

1-16     La  construction européenne continue.

 Les élections du Parlement européen de  mai 2019  marquent  en ce sens un moment relativement important. Les conservateurs(PPE) et les sociaux démocrates(SD) ont perdu la majorité qu’ils détenaient depuis plus de vingt ans. On observe une perte de vitesse des conservateurs, des divisions chez les eurosceptiques, un renforcement des libéraux avec les « marcheurs »français, une chute des socialistes, une régression de l’extrême gauche et une progression des écologistes. Diverses alliances apparaitront selon les questions débattues.

1-17     En 2017 a eu lieu un événement passé inaperçu pour beaucoup, vivement  critiqué par d'autres comme étant "irréaliste dans un monde dangereux"(ainsi la position officielle de la France) et considéré  par d'autres enfin comme un espoir dans le tableau sombre de la course aux armements. Cette dernière vérité saute aux yeux pourvu qu'on les ouvre : plus les armements nucléaires  se développent en qualité et quantité plus l'insécurité grandit .(Voir à ce sujet nos deux ouvrages sur la paix : JM.Lavieille, "Construire la paix", éditions Ellipses,1988).Ont affirmé cette vérité non seulement depuis longtemps des ONG, de nombreux  auteurs, mais aussi par exemple la Commission Canberra(Australie)(rapport d'août 1996) sur le désarmement nucléaire qui comprenait en particulier des personnalités  telles que Robert Mc Namara (ancien secrétaire d'Etat des Etats-Unis, Michel  Rocard , ancien premier ministre de la France, le général George Butler, ancien commandant en chef des forces stratégiques aériennes aux Etats-Unis...

 Grace à un puissant regroupement d'ONG (près de 500 dans 90 pays) en 2007 l'ICAN (International Campaign to Abolish Nuclear Weapons), la Campagne pour l'abolition des armes nucléaires (prix Nobel de la paix en 2017) a été à l'origine du Traité d'interdiction des armes nucléaires(7 juillet 2017). Selon l'article 1 de ce traité il est interdit "en toutes circonstances de développer, tester, produire, fabriquer, acquérir, posséder ou stocker des armes nucléaires ou d'autres dispositifs nucléaires explosifs."La menace de l'emploi de ces armes est aussi interdite.

Tous les Etats qui ont des armes nucléaires (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et aussi l'Inde, le Pakistan, Israel, la Corée du Nord, au total de l'ordre de 15.400 armes nucléaires) ont refusé de participer aux négociations de ce traité jugé contraire aux réalités de" l'environnement sécuritaire international". Sur l'autel du réalisme (celui de la domination des puissants) les peuples sont souvent sacrifiés.

Le traité de l'espoir a donc été signé par 122 Etats dès le 17 juillet 2017.Lorsque 50 Etats l'auront ratifié il entrera en vigueur, cela probablement en 2018. La pression sur les Etats nucléaires continuera pour qu'ils remettent en cause leur course suicidaire, en espérant que les apocalypses de leurs utilisations n'interviendront pas.

Il faudrait pour compléter ce traité agir aussi en amont et accomplir l'un des plus grands pas pour l'humanité, celui qui consisterait à conclure un traité d'interdiction des recherches sur les armes de destruction massive(nucléaires, biologiques, chimiques).Le chemin sera long et très difficile mais il est vital .

(Voir sur ce point un important article écrit avec trois  collègues dans le cadre d'un colloque international sur les responsabilités liées aux nouvelles techniques, colloque qui s'est déroulé au Sénat, article intitulé "Les recherches sur les armes de destruction massive :  des lacunes du droit positif à une criminalisation par le droit prospectif", JM.Lavieille, J.Bétaille, S.Jolivet, D.Roets, in "Droit et techniques nouvelles :quelles responsabilités? Editions LexisNexis 2011")

(Voir aussi de façon plus globale notre ouvrage "Le droit international du désarmement et de la maitrise des armements", préfacé par M.Bedjaoui, ancien président de la Cour Internationale de Justice, Editions L'Harmattan, 1997).

1-18-La crise du coronavirus (Covid 19) apparait  en novembre 2019 en Chine centrale à Wuhan. Elle se développe rapidement et atteint  peu à peu l’ensemble des pays du monde en particulier en mars, avril, mai 2020 des pays européens dont le Royaume-Uni, l’Italie , la France(28500 morts), l’Espagne, l’Allemagne… D’autres pays, comme les Etats-Unis et le Brésil, particulièrement mal préparés, sont gravement atteints. L’inquiétude pour des pays africains et d'Amérique latine  est grande.

1-18-1-- Cette crise sanitaire a pour effet au 25 mai 2020  d’avoir  contaminé plus de 5,5 millions de personnes et tué près de 350 000 malades dans le monde. L'Europe, toujours fin mai 2020, comptabilise plus de deux millions de cas déclarés et plus de 173 000 décès.

1-18-2-Les recensements des victimes (hôpitaux, maisons de retraite, centres sociaux, décès à la maison et dans d’autres lieux) sont souvent très incomplets et sous-estimés.

 1-18-3-Les services de santé, faute de moyens suffisants en personnels, en lits, en matériels (masques, respirateurs, médicaments  et tests…) ont été ou sont gravement débordés. Les « gestes barrières », en particulier la distance entre les personnes, demeurent capitaux.

 1-18-4-La crise sanitaire se double d’une crise économique profonde puisque, à la suite du « confinement », la plupart des entreprises de toutes tailles ferment. Ainsi   des entreprises de transports aériens  tombent  en faillite. Les bourses s’effondrent mais surtout le nombre de chômeurs explose, ainsi aux Etats-Unis 30 millions de personnes supplémentaires. Les inégalités s’aggravent, le nombre de personnes en situations catastrophiques explose, il est « amorti » dans certains pays comme la France par des aides sociales.

1-18-5-Quelques  effets  positifs de cette crise  sont des  émissions de CO2 qui diminuent, l’air plus respirable dans les grandes villes, la nature qui respire un peu moins mal, le télé travail qui se développe avec pourtant ses limites, des solidarités qui se mettent en route, en particulier celle des groupes qui s’auto organisent par exemple pour la consommation alimentaire. Enfin  les déplacements à bicyclette  se multiplient. Les projets « du monde d’après » commencent à voir le jour venant surtout des milieux associatifs, ils sont réformateurs ou radicaux.

1-18-6-On pourra espérer vivement que les dépenses de  santé feront l’objet d’une…explosion. Quelques jours pris dans l’ensemble des pays  sur les dépenses d’armements seraient salvateurs mais ce serait là  déranger des pensées bien ordonnées dans le non-sens  et couchées  devant le  courage.

Une autre leçon vers laquelle on va peut-être s’orienter est celle d’un certain nombre de « relocalisations » en particulier de médicaments, de masques…et d’autres productions.

1-18-7-Mais les remises en cause après la crise  ne seront très probablement pas au rendez-vous, les mêmes logiques productivistes reprendront le dessus. Par exemple les émissions de gaz à effet de serre vont vraisemblablement reprendre « de plus belle »,et  par exemple les leçons  nécessaires par rapport aux causes profondes du développement des épidémies ne seront pas tirées.

Autrement dit la place de plus en plus restreinte accordée à la nature s’aggravera et sa marchandisation aussi si des contre-logiques puissantes ne sont pas mises en place.

 2)   Des événements essentiels (sur cette période 11 septembre 2001-2022)

A propos des Nations Unies en janvier 2017 Antonio Guterres succède à Ban Ki-moon comme Secrétaire général des Nations Unies. En juin 2021  l’Assemblée générale des Nations unies a approuvé  une résolution prolongeant le mandat de cinq ans de l’ex-premier ministre portugais, Antonio Guterres , au poste de Secrétaire général donc jusqu’en juin 2026..

Nous envisagerons tour à tour une trentaine de  points.

  2- 1-   C’est à nouveau l’escalade des dépenses militaires mondiales qui augmentent de 40% de 2000 à 2009 …puis vient une baisse  importante de 2009 à 2013,  en 2014 c'est la hausse qui  reprend, 1547 milliards de dollars.

 En 2017 selon le SIPRI de Stockholm les dépenses militaires mondiales ont été de 1739 milliards de dollars (avec en tête les Etats-Unis 610 milliards de dollars, puis la Chine 228, l'Arabie Saoudite 69,4, la Russie 66,3, l'Inde 63,9, la France 57,8 milliards de dollars..

.En 2018, toujours selon le SIPRI,  le total mondial a continué à augmenter, 1822 milliards de dollars soit pour cinq Etats 60% de ce total. Il s’agit des Etats-Unis 649 milliards de dollars (36% du total mondial), de la Chine 250 (14%), de l’Arabie saoudite 68 (3,7%),de l’Inde  67 (3,6%),de la France 64 (3,5%),de la Russie 62 (3,4%).

 En 2020 selon le SIPRI, les dépenses militaires mondiales ont été de 1981 milliards de dollars soit 5,427 milliards de dollars chaque jour..

 Voilà des logiques humanicides et terricides.

2- 2-   Une décision regrettable, une de plus,  du président des Etats-Unis a été de dénoncer en octobre 2018 le Traité bilatéral de 1987 sur les armes nucléaires intermédiaires (500 à 5500 km de portée), en affirmant que la Russie ne le respecte pas et que les Etats-Unis vont donc les développer. Les Etats-Unis se sont  retirés de ce traité le 1er février 2019,la Russie a aussitôt suspendu sa participation au traité en affirmant se lancer dans la construction de nouveaux missiles.

Les Etats-Unis et la Russie en sont toujours au traité bilatéral d'avril 2010 qui limite à 1550 le nombre de têtes nucléaires stratégiques pour chacun de ces deux Etats, traité qui expire en 2021 mais qui pourra être alors prolongé pour cinq ans. On peut désormais craindre que le renouvellement de ce traité soit menacé.

Selon le SIPRI le pic du  milieu des années 1980 atteignait presque 70.000 armes nucléaires. En juin 2019 les neuf Etats nucléaires détenaient environ 13.865 armes nucléaires (soit 600 de moins qu’en 2018.) Les arsenaux des Etats-Unis et de la Russie représentent toujours plus de 90% des armes nucléaires mondiales. Le quantitatif a donc beaucoup diminué. Il risque de reprendre en 2021 et  la course au  « qualitatif »  sera toujours là .

(Sur le Droit international du désarmement voir notre ouvrage aux éditions L’Harmattan,1998,  préfacé par Mohammed Bedjaoui qui présidait  la Cour internationale de justice au moment de l’avis consultatif de juillet 1996 relatif aux armes nucléaires).

  2- 3-  L'OTAN et  ses 30 Etats membres  est une organisation toujours incapable de remettre en cause ses logiques de dépenses militaires massives dans le sillage des Etats-Unis qui en appellent à "partager le fardeau"( voir le sommet de juillet 2018).

.Merci, merci, merci les complexes scientifico-politico- militaro-industriels ! Les peuples vous remercient de jeter sous la terre leurs besoins criants au nom d'une protection qui ne fait que les sacrifier un peu plus et qui ne fait qu'aggraver l'insécurité globale de l'ensemble de la  planète.

2- 4-   A propos de hausses et de baisses  celles des prix du pétrole sont aussi bien présentes. On constate des fluctuations importantes puisque, par exemple, le prix du baril  début 2013  était autour de 100 dollars, fin 2015 il se retrouvait à 38  dollars  , l'offre étant alors trop importante par rapport à la demande, le 16 novembre 2019 il était à 63,3 dollars. Le 4 avril 2022 le cours du pétrole Brent était de 105 dollars ,  il était encore plus haut aux débuts de la guerre en Ukraine. Il atteignait le record absolu le 7 mars 2022 à 140 dollars le baril(comme en juillet 2008 à 147),cela à cause de la guerre en Ukraine et de l’arrêt des exportations de pétrole russe.  

La suite  du destin du pétrole dans les décennies  à venir sera mouvementée, liée en particulier aux situations stratégiques (guerres etc...),  aux pics de productions et aux remises en cause de l'or noir  qui est  un des responsables des gaz à effet de serre. A ces facteurs peuvent s’jouter les découvertes de réserves ainsi en novembre 2019 en Iran. Ces fluctuations ont et auront  des conséquences bénéfiques ou néfastes  sur l'économie des pays producteurs et sur les consommateurs. Les reconversions des pays producteurs de pétrole seront probablement douloureuses pour des économies qui n'auraient pas commencé leurs reconversions dans les énergies renouvelables, d'où l'intérêt de les planifier à moyen et long termes, mais ces reconversions seront bénéfiques pour les générations futures et  l' environnement .Pendant la crise  du coronavirus le cours du pétrole Brent est au plus bas. Le 25 mai 2020 il se situe à près de 36 dollars(près de 33 euros).

2- 5-    Le processus de paix d’Oslo est interrompu depuis 2000.

Rappelons , à partir d’un texte du Monde diplomatique , ce que sont les Accords d'Oslo :

« Résultat d’un ensemble de discussions secrètes tenues à Oslo, aboutissant en septembre « 1993 à une reconnaissance mutuelle de l’OLP et d’Israël et marquant le début de « négociations bilatérales, les accords d’Oslo se décomposent en trois phases : la Déclaration « de principes le 13 septembre 1993, précise le cadre général des négociations et pose les « bases d’un régime d’autonomie palestinienne en Cisjordanie et à Gaza. Elle sera complétée le 4 mai 1994 par l’accord de Jéricho-Gaza - dit « accord du Caire » ou « accord Oslo I » qui « investit la nouvelle Autorité nationale palestinienne de pouvoirs limités. Puis, le « 28 septembre 1995, par l’accord intérimaire sur la Cisjordanie et la bande de Gaza ou « accord de Taba » (Oslo II), qui implique un découpage négocié des territoires palestiniens « en trois zones où les contrôles israélien et palestinien s’appliquent de façon différente.

« L’esprit d’Oslo aurait supposé, durant les cinq ans d’autonomie, une évacuation militaire de « l’immense majorité des territoires palestiniens occupés ; il n’en fut rien. En 2000, au « moment des négociations sur le statut final, l’Autorité palestinienne administrait des « confettis éparpillés sur 40% de la Cisjordanie seulement et sur les deux tiers de la bande de Gaza. »

 Ainsi  s’est  développée  la colonisation par Israël des territoires occupés (Cisjordanie et Jérusalem Est). D’autre part la politique de reconnaissance de l’Etat palestinien comme observateur aux Nations Unies (novembre 2012)  contrarie fortement  Israël. La Cour internationale de justice, dans un avis du 9 juillet 2004,a déclaré l'édification du mur par Israël dans le territoire palestinien occupé, contraire au droit international.

 En juin 2007 le Hamas arrive au pouvoir à Gaza, le blocus par Israël de la bande de Gaza commence en septembre 2007.

 Dans cette bande de terre de 41km et de deux millions  ď'habitants la situation est catastrophique et explosive. Les opérations militaires contre les Gazaouis se succèdent en 2006, 2008, 2012. Le président des Etats-Unis, Barack  Obama , dans son second mandat à partir de 2013, ne peut-il  contribuer à remettre en route ce processus de paix ? Les obstacles restent nombreux. En juillet 2014, après des assassinats de jeunes de part et d'autre, aux roquettes palestiniennes répondent les bombardements israéliens intenses et terrifiants sur la bande de Gaza , en huit ans(2006-2014) quatre guerres ravagent la population de Gaza...Ce conflit est l'un des lieux de fractures les plus importants de la planète.

 La politique du président républicain des Etats-Unis , Trump, en janvier 2017 contribue à aggraver les tensions, à rendre la situation de plus en plus inextricable, ainsi la décision de transférer l'ambassade américaine  à Jérusalem en mai 2018, vécue comme une provocation par les palestiniens, sera un élément de plus  porteur de  violences. En novembre 2019  les combats se multiplient entre l’Etat israélien et le Jihad islamique dans la bande de Gaza.

La crise israélo-palestinienne de 2021 fait référence à une série d’affrontements entre Israéliens juifs, Israéliens arabes et Palestiniens emmenés par le Hamas en 2021, au cours du mois de Ramadan ,onze jours d’affrontements  se terminent par un  cessez- le- feu le 21 mai 2021. Pendant cette crise, environ 4 360 roquettes ont été tirées en direction d’Israël depuis Gaza, dont 680 ont atterri dans la bande de Gaza, Israël  a intercepté plus 90 % des roquettes à destination des zones peuplées. L’armée israélienne a quant à elle mené 1 500 frappes aériennes, terrestres et maritimes sur la bande de Gaza. Au moins 256 Palestiniens, dont 66 enfants ,  ont été tués, en Israël, 14 personnes ont été tuées dont deux enfants.

 Les tensions et les affrontements  restent vifs malgré une tentative de normalisation en mars 2022, avec la nouvelle présidence démocrate  des Etats-Unis, entre Israël et ses voisins arabes. Se succèdent des opérations   dans les territoires palestiniens, des arrestations en Cisjordanie, des attentats dans des villes israéliennes…Le conflit est là depuis 1948 -74 ans !- date de la proclamation de l’Etat  d’Israël ,  de la première guerre israélo arabe et de l’exil massif des palestiniens.

 2-6-    Deux processus de paix aboutissent: D'abord en Colombie en août 2016 un accord de paix voit le jour entre les guérilleros des forces armées révolutionnaires de Colombie (les FARC) et le gouvernement, il est rejeté par référendum mais un nouvel accord en novembre 2016 est appliqué, les FARC déposent les armes en août 2017,ainsi se termine un conflit de 52 ans(!) dont le bilan est de 300.000 morts,45000 disparus et 7 millions de déplacés. Ensuite au pays Basque franco-espagnol l'organisation séparatiste basque( l'ETA, sigle de "Pays basque et liberté" en basque), renonce à la lutte armée en octobre 2011 après 43 ans (!) de luttes, l'ETA désarme en avril 2017,le conflit a provoqué la mort de 830 personnes, et 112 militants de l'ETA ont trouvé là mort. L'ETA prononce sa dissolution en mai 2018.

 2- 7-   A propos de l'Espagne  voit le jour l'affirmation du mouvement indépendantiste en Catalogne qui se traduit par un référendum en octobre 2017 favorable à ce choix. Le gouvernement central espagnol suspend le gouvernement catalan, dissout le Parlement catalan et place la province sous tutelle. Les élections au Parlement catalan en décembre  sont remportées  par les indépendantistes, le gouvernement de Madrid prévient que l'administration directe cessera lorsque sera élu en mai un président de l'exécutif catalan. Après la condamnation en octobre 2019  pour « sédition » et « détournement de fonds » d’indépendantistes à des peines de prison , des manifestations massives dénoncent ces situations de « prisonniers politiques » et un pouvoir central répressif.

Au regard de l'Union européenne une région nouvellement indépendante deviendrait un pays tiers par rapport à l'UE et donc un éventuel candidat. L'UE pendant la crise n'a pas désavoué le gouvernement de Madrid entre autres  parce que la peur d'une boite de Pandore, ouverte pour d'autres régions chez des Etats membres, l'appelait à cette prudence.

Il n'en reste pas moins qu'à moyen et long termes la question est posée . Parmi les interrogations  soulevées (  gigantesques , connues et ayant fait l'objet de nombreux événements  historiques)  :

 Quid de l'unité d'un pays au regard d'une partie qui s'en détache (sécession ou droit d'un peuple)?

Qu'est-ce qu'un peuple? Quid d'un statut pouvant être plus autonome sans basculer dans l'indépendance? Quid des possibilités pour une région devenant indépendante  d'être viable  par exemple économiquement?

2- 8-   Une crise explose au Venezuela. Le  président, Chavez (1999-2013), avait réduit drastiquement la pauvreté et multiplié par cinq le produit intérieur brut.

Après la maladie et la mort  de Chavez qui venait d’être réélu pour la quatrième fois, c’est la nouvelle présidence ( Maduro  est élu en 2014 et réélu en 2018), elle aussi de gauche, de  2014 à 2019 c’est la crise économique avec le prix du baril qui s’effondre, l’hyperinflation qui s’installe, le PIB qui perd 40%, des pénuries qui se multiplient et trois millions de personnes qui ont fui le pays. Des manifestations ont été réprimées dans le sang, l’autoritarisme du régime est alors une réalité.

 A la suite de la réélection du président Maduro en mai 2018, le président de l’Assemblée nationale, acquise à l’opposition de droite, (l’autre Assemblée nationale constituante est de gauche acquise au président) s’autoproclame président par intérim ,  le premier est soutenu par l’armée, la Russie et la Chine, le second  est soutenu en particulier  par les Etats-Unis qui envoient des convois d’aide humanitaire,  ils seront  bloqués aux frontières de la Colombie et du Brésil. L’Union européenne  se prononce pour l’organisation rapide d’élections libres.

 Les Etats-Unis , avec Trump et les républicains au pouvoir , soutiennent le renversement réactionnaire du président de gauche en durcissant leurs sanctions économiques sur le pétrole en 2019 qui contribuent à mettre en grandes difficultés le pays puisque la production de pétrole a baissé des deux tiers. Cette opposition de droite au président Maduro  est divisée,  elle s’effondre aux élections régionales en novembre 2021.

Le nouveau président des Etats-Unis opère un rapprochement avec le Venezuela autour du pétrole  en mars  2022 au moment du début  de la guerre en Ukraine. Ce pays a les plus grandes réserves mondiales de pétrole brut.

2- 9-    La guerre en  Irak (2003-2011) (pour la première de 1991 voir ci-dessus) aura causé la mort d'au moins 500.000 personnes ! Elle est considérée par certains comme une erreur et une faute majeures des Etats-Unis, non seulement sources de multiples souffrances mais aussi une des sources de l'arrivée de l'Etat islamique trois ans après, en 2006 en Irak.

En janvier 2003 le président des Etats-Unis avait annoncé que l'Irak possédait des armes de destruction massive, ce qui était faux, et était lié à Al-Qaïda responsable des attentats du 11 septembre 2001. En mars 2003, face aux menaces de veto de la France et de la Russie qui se prononçaient  contre la guerre, les Etats-Unis renoncent à passer par les Nations Unies. Les inspecteurs de désarmement des Nations Unies quittent l'Irak.

 Fin  mars 2003 les forces américaines, anglaises et australiennes passent à l'attaque. Le dictateur irakien est renversé, il sera retrouvé et exécuté. Il a fallu attendre août 2010 pour que les Etats-Unis se retirent d'Irak, en laissant une situation chaotique, et il a fallu attendre les législatives de mai 2018 pour un espoir de reconstruction du pays grâce à un certain  soutien financier international. Cependant depuis octobre 2019  la contestation réclame à travers la désobéissance civile (blocages multiples) le départ de la classe politique jugée corrompue et incompétente et une « transition démocratique »

.L'Irak continue d'être ravagé par les guerres de puissances étrangères sur son territoire    (Etats- Unis, Iran, Turquie ...)et par des terroristes islamistes. Le départ des troupes américaines est souhaité par l'Iran, les tensions s'aggravent à la suite de l'assassinat en Irak  par les Etats-Unis du numéro 2 iranien en janvier 2020.Se succèdent alors  les envois de roquettes contre les bases américaines en Irak et les sanctions économiques des Etats-Unis contre l'Iran. En mars 2022 l’Iran frappe le Kurdistan irakien après un bombardement israélien en Syrie.

En Irak  fin 2021 début  2022 les milices chiites pro iraniennes contrôlent le Sud du pays, l’Etat islamique est présent dans les zones sunnites, la Turquie est présente militairement  dans les zones kurdes du Nord. Le pays est fracturé.

2- 10-   Dans les logiques de prolifération nucléaire  l’Iran et la Corée du Nord sont arrivées au seuil des armes nucléaires ce qui provoque des tensions internationales et des sanctions du Conseil de sécurité.

 La diplomatie arrive  à reprendre sa place par rapport à l'Iran puisqu'un accord sur le nucléaire  est conclu, après de longues négociations, le 14 juillet 2015 ( limitation de l'enrichissement d'uranium, limitation de la production de plutonium, inspections renforcées, levée des sanctions (le 17 janvier 2016 le processus de levée a commencé),maintien de l'embargo sur les armes).Les négociations se sont déroulées entre l’Iran, la Chine, la Russie, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne.

 Le nouveau président des Etats-Unis, Trump, en septembre 2017 semble vouloir remettre en cause cet accord iranien sur le nucléaire. Le 8 mai 2018 les Etats-Unis se retirent de l'Accord sur le nucléaire iranien, beaucoup affirment à juste titre que c'est là une grave erreur politique (une de plus ) qui va probablement multiplier des  tensions et des risques de guerres dans la région. Le régime israélien a bombardé d'ailleurs aussitôt des positions iraniennes en Syrie en réponse à des missiles envoyés sur le Golan. L’Iran, entré en récession à cause des sanctions des Etats-Unis, annonce le 9 novembre 2019 la découverte d’un immense gisement de pétrole, bonne nouvelle pour le pays  mais mauvaise pour le réchauffement climatique.

 A ce retrait de l'Accord sur le nucléaire s'ajoute le fait que les entreprises étrangères implantées en Iran sont menacées de sanctions financières par les Etats-Unis si elles ne se retirent pas de ce pays. Ce dernier mécanisme repose sur l'extraterritorialité du droit américain à partir de 1998 qui est un instrument de guerre économique selon lequel une entreprise étrangère qui utilise le dollar pour ses transactions peut être poursuivi par le département de la justice américaine et obligée de payer d'énormes amendes pour embargo américain non respecté, pour corruption ou terrorisme. Cette domination économique et judiciaire est loin du respect des souverainetés étatiques. Elle marque ici la faiblesse du droit international et la puissance d'un système financier injuste. Cette forme d'impérialisme  en appelle à des résistances et des alternatives dont, par exemple, la Chine et l'Europe pourraient prendre l'initiative. De façon plus radicale un certain nombre d'ONG proposent d'autres systèmes financiers. 

Après une année de négociations entre l’administration démocrate de Biden  ,  l’Iran et les Etats parties prenantes de 2015,  l’Accord sur le nucléaire revoit le jour en avril 2022.

 2- 11-   L'escalade continue en Corée du Nord, cela à partir des essais nucléaires (elle est sortie du TNP en 2003 et n'est plus liée par ce traité), six essais nucléaires d'octobre 2006 à septembre 2017,  et à partir du développement de missiles balistiques vecteurs de ces armes nucléaires. Les tensions de cet Etat totalitaire de 25 millions d'habitants sont importantes avec la Corée du Sud, les Etats-Unis , le Japon. La huitième série de sanctions des Nations Unies est intervenue en septembre 2017, en particulier une réduction de ses approvisionnements en pétrole. La Chine, la Russie, le Japon, l'UE sont pour le dialogue accompagnant ces sanctions, le président  des USA  est partisan d'une ligne dure et va jusqu'à menacer "de destruction complète la Corée du Nord en cas de menace des Etats-Unis".(AG des Nations Unies, discours du 19 septembre 2017).

La surprise est grande quant au revirement du dirigeant nord coréen qui annonce début janvier 2018 que son pays participera aux jeux olympiques d'hiver en Corée du Sud, début mars le leader de la Corée du Nord se déclare favorable à la dénucléarisation de la péninsule coréenne et propose une rencontre avec le président des Etats-Unis qui l'accepte. Les deux dirigeants coréens ont une rencontre historique le 24 avril 2018 dans laquelle ils affirment leur volonté de détente,  la Corée du Nord déclare qu'elle ferme son site d'essais nucléaires fin mai. 

Le 12 juin 2018 à Singapour voilà le sommet," historique" depuis 1953, entre les Etats-Unis et la  Corée du Nord, C'est la signature d'un document commun dans lequel les deux Etats s'engagent à une dénucléarisation complète de la péninsule coréenne tout en garantissant la sécurité de la Corée du Nord. Voilà  qui constitue une avancée,   la mise en application rencontrera de grandes difficultés cela d’autant plus qu’elle reste trop imprécise.(par exemple au niveau de la vérification, voir notre ouvrage "Le droit international du désarmement",L'Harmattan,1997,préface du président de la CIJ, M. Bedjaoui.).

Un accord solide n'est pas en vue, d'autant plus que le contexte est celui de l'accélération de la course aux armements nucléaires.  Après un échec d’un second sommet (mars 2019) les discussions reprennent en octobre 2019 alors qu’en même temps la Corée du Nord tire des missiles balistiques mer-sol. Le nouveau président, Joe Biden , se dit prêt au dialogue, Kim Jong-un  continue à lancer ses missiles.

2- 12 -   La prolifération entre le  nucléaire militaire et civil est une des raisons qui appelle à l'éradication universelle du nucléaire, le chemin sera long, les systèmes nucléocrates sont puissants mais les effets sanitaires, environnementaux et financiers, sont sans fin, gigantesques et désastreux, Ils devraient pousser à un arrêt et à une reconversion de l'ensemble des  complexes scientifico-militaro-industriels  mondiaux .

Les générations qui viennent sont prises à la gorge, elles commencent à manifester. Le temps qui reste a pour marqueur véritable l'établissement d'un rapport de forces qui imposerait la réorientation radicale de sommes gigantesques vers la remise en cause de notre système terricide et humanicide."Ils ne savaient pas que c'était impossible alors ils l'ont fait" écrivait Mark Twain.

2- 13-   Au Mali (20 millions d’habitants), dont l’Etat était déliquescent, en janvier 2013 la France et des pays africains interviennent militairement, l’enjeu est aussi, affirment certains, celui du développement économique social et écologique  de  la région du Sahel. Après le feu vert du Conseil de sécurité la France a envoyé des troupes en appui à la force africaine  en décembre 2013 pour faire cesser les affrontements inter communautaires en Centrafrique, pays qui  fin 2015 arrive à organiser des élections. En 2007  la France a donc lancé ces opérations militaires, Serval(janvier 2013-juillet 2014) pour arrêter l’avancée des forces djihadistes  vers la capitale Bamako, puis en août 2014 ,dans le cadre d’un dispositif régional, Barkhane (4500 soldats), cela dans un contexte explosif : politique d’austérité du FMI, paralysie par la Françafrique,  sécheresses liées au réchauffement climatique, rebellions dans le Nord, revendications touarègues, déstabilisation de la Lybie, stratégies des Etats-Unis et d’Etats de l’UE…La guerre depuis 2012 a donc lieu à la suite d’insurrections de groupes djihadistes,   salafistes et d’ indépendantistes touaregs.

Huit ans après l’opération « Barkhane »  en  août 2014, le président de la République française annonce le 17 février  2022 la fin de l’engagement de la France et de ses alliés au Mali. En effet en août 2020 il y avait eu un coup d’Etat militaire au Mali, la France déclare « qu’elle ne resterait pas aux côtés d’un pays où il n’y a plus de légitimité démocratique ni de transition », les nouveaux maitres du pays  avaient renvoyé l’ambassadeur de France et s’étaient  tourné  vers la Russie et les mercenaires du groupe Wagner.

2-14-    Le peuple soudanaiest un des peuples martyrs de la planète, il a  plongé dans une succession terrifiante    d'horreurs ,  celles de quatre  guerres, de trois famines (en 1998, 2003 et 2017), de catastrophes écologiques dues à la  sécheresse, enfin celles de dictatures et de régimes  militaires !

La première guerre civile, soudanaise a lieu au Sud soudan, elle commence un an avant l'indépendance de 1956, elle a duré 17 ans (1955-1972),cette guerre a fait au moins 500.000 morts, elle se termine par l'accord d'Addis Abeba, le Sud Soudan devient autonome.

La seconde guerre civile fut une des plus meurtrières du XXème  siècle,2 millions de morts,4 millions de déplacés,600.000 réfugiés, elle se déroule de 1983 à 2005,soit près de 22 ans, c'est celle entre les rebelles séparatistes du Sud, dont l'autonomie est supprimée, qui s'opposent au gouvernement central. L'Accord de paix de Nairobi de janvier 2005 est conclu, il prévoit   un partage du pouvoir et  des richesses pétrolières. Pendant six ans le Soudan du Sud sera autonome puis il y aura un référendum..

.Le Soudan du Sud proclame donc son indépendance en janvier 2011, une guerre civile éclate en 2013,elle dure 5 ans jusqu'à un accord de paix d'août 2018 qui  doit  entrer en vigueur en mai 2019,cette guerre a causé la mort de plus de 400.000 personnes et 4 millions de déplacés entre 2013 et 2018.L’accord de paix prévoit un partage du pouvoir dans un gouvernement d’union nationale mais tensions et chaos continuent ,cela  jusqu’au 3 avril 2022 où un accord d’application partage les postes de direction dans l’armée et la police.

En 1989 une junte militaire avait pris  le pouvoir à Khartoum. Une autre  guerre civile  éclate en  2003 au Darfour, à l'Ouest du Soudan , elle dure jusqu' en 2019,soit plus de 16 ans(2003-2019), elle a causé la mort de plus de 300.000 personnes, les déplacés sont plus de 3 millions. L'Union africaine  en 2004 puis de façon conjointe avec l'ONU en 2007 envoient  missions armées et casques bleus.

 Les causes de ces guerres sont multiformes, d'où la complexité des négociations et traités de paix. Guerres sur fond de rivalités ethniques et religieuses et de partage de richesses pétrolières découvertes dans le Darfour qui est province  à l'Ouest du Soudan, pétrole  acheté massivement par la Chine. Le Nord du pays a une population arabo-islamique nomade, le Sud du pays est majoritairement peuplé de tribus africaines, chrétiennes et animistes le plus souvent sédentaires. Cette dimension du conflit est essentielle, celle entre des éleveurs qui recherchent des pâturages et de l'eau, celle d'agriculteurs voulant protéger leurs champs, la sécheresse du Sahel a aggravé les situations. Ajoutons à cela l'explosion démographique et les famines.

Au Soudan à partir de  décembre 2018 des manifestations de la population ainsi que  l'armée  finissent, en avril 2019, par provoquer la destitution du dictateur au pouvoir depuis trente ans, (l’ère Bachir), il est poursuivi aussi par la Cour pénale internationale. L'armée le 25 octobre 2021  prend alors le pouvoir "pour deux ans". En janvier 2022 le premier ministre, mis en place par les putschistes,  démissionne.

Des discussions sont lancées le 10 janvier 2022 entre civils et militaires  pour résoudre la crise .   Les contestations  contre le régime militaire continuent à être réprimées alors que des émissaires des Etats-Unis  tentent de dialoguer. Les arrestations arbitraires se multiplient.L’économie  sombre, à travers une inflation galopante, un effondrement des exportations et  des pénuries qui arrivent.

 Parallèlement à cette situation il faut mentionner qu’en septembre 2019 deux ONG et neuf militants soudanais ont déposé plainte auprès du tribunal de Paris contre BNP Paribas. Ce  groupe bancaire est accusé de s’être rendu complice de crime contre l’humanité, « en permettant leur financement et en les facilitant, des crimes (…) commis par le gouvernement soudanais. »

2- 15-   En Syrie le régime sombre dans une répression massive à partir de mars 2011.Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme,  plus de dix ans  après, en juin 2021 ,  la guerre civile (armes conventionnelles et armes chimiques) a causé la mort de plus de 494.438 personnes donc un demi-million de morts   dont 25.000 enfants de moins de 18 ans  et le déplacement de la moitié de la population de 25 millions d'habitants, soit dans le pays soit dans d'autres Etats(20% de la population syrienne, soit 3 millions en Turquie,1,2 million au Liban,1 million en Jordanie...). Voilà un autre échec des Nations Unies et des Etats,  voilà encore surtout  les souffrances d’un peuple.

 La complexité de la situation militaire et diplomatique est égale à son horreur. Nous ne soulignons ici que quelques éléments de ces  dernières années parmi de très nombreux combats acharnés et les multiples tentatives de règlement du conflit.

 A partir d'octobre 2016 c'est  la bataille de Raqqa (en Syrie) par la force arabo-kurde soutenue par les Etats-Unis  contre l'Etat islamique. La bataille d’Alep (2 millions d’habitants, 2ème ville du pays,22000 civils tués) se déroule de 2012 à 2016 .Les rebelles prennent vite les quartiers des quartiers Est mais échouent à emporter toute la ville. La reprise d'Alep  par le régime D’un côté l’armée syrienne et une partie de celle de l’Iran , de l’autre les rebelles composés de l’Armée syrienne libre, de groupes islamistes sunnites…La reprise d’Alep  par le régime syrien, avec l'aide puissante de la Russie fin 2015 se fait par l’utilisation de barils explosifs largués par des hélicoptères, et d’armes à sous-munitions ainsi que  d’armes chimiques. La bataille  débouche sur une initiative russo-turque de cessez-le-feu le 31 décembre 2016 et des négociations qui suivent en 2017 entre le régime, soutenu par Moscou, et les rebelles syriens, soutenus par Ankara(Turquie). La Conférence internationale d'Astana(Kazakhstan) en janvier 2017 et les pourparlers de Genève échouent.

 En mai 2017, toujours à Astana, la Russie, l'Iran et la Turquie s'accordent pour créer des zones de "désescalade" entre le régime syrien et les rebelles. Fin 2017 le régime syrien  contrôle 55% du territoire, les forces démocratiques syriennes(dominées par les milices kurdes) 28%,les rebelles 12%, l'Etat islamique 5%(au départ il disposait de 30% du territoire).En mars 2018 les turcs et les rebelles syriens prennent la ville d'Afrine, le régime syrien à l'Est de Damas reprend la Ghouta en avril 2018.Une utilisation d'armes chimiques, moins massive que celle d'octobre 2012, provoque un bombardement de sites chimiques syriens par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni. 

 D'aucuns diront que le régime syrien , puissamment soutenu par la Russie , a gagné la guerre, ce qu'il y a de sûr c'est que l'ensemble du peuple syrien l'a perdue dans les morts et les souffrances.

 Après le retrait de troupes des Etats-Unis dans le Nord Est Syrien, la Turquie déclenche  une offensive le 9 octobre 2019 pour créer une »zone de sécurité » contre les forces kurdes, celles-ci appellent à l’aide le chef de l’Etat syrien ce qui renforce sa position et celle de la Russie qui est arbitre, à la fois alliée du régime syrien et partenaire de la Turquie dans les négociations.

Fin février début mars 2020 la situation s'aggrave lorsque des militaires turcs sont tués par l'armée syrienne, la Turquie riposte, l'escalade reste possible entre les deux pays, le régime syrien est toujours soutenu par la Russie. L’intensité des combats a diminué à partir de 2020 cela à cause d’un cessez-le-feu dans le Nord-ouest et aussi de la pandémie de Covid-19 qui mobilise différentes forces.

 2- 16-    En Afghanistan la guerre continue, en 2017 plus de 19.000 morts, en 2018 plus de 20.000,au total de 2001 à 2021 il y aura eu  165000 morts dont 50000 civils,1600 américains .

Elle oppose les talibans, soutenus par le Pakistan, aux autorités étatiques affaiblies.

 L'Etat islamique revendique de nombreux attentats. Les Etats-Unis, qui avaient annoncé leur retrait sous la présidence précédente, maintiennent  18000 soldats en 2018, puis si l’accord est conclu avec les talibans (8600 hommes) et ils pourraient se retirer fin  2020.avant les élections américaines.

 Russie, Chine, Etats-Unis veulent discuter avec les talibans qui refusent d'accepter  le gouvernement afghan affaibli.

 L'emplacement stratégique du pays, un des grands carrefours de l'Asie, a toujours  attiré les convoitises. Après les empires médiévaux, après  les empires coloniaux russe et britannique, après les deux blocs Etats-Unis Union soviétique, voilà aujourd’hui de grandes puissances économiques (Russie, Etats-Unis) et émergentes (Chine)..

Le 29 février 2020 un accord est conclu à Doha(Qatar) entre les Etats-Unis et le mouvement des talibans, il prévoit le retrait des forces américaines et ouvre la voie à des négociations entre le gouvernement afghan et les talibans. Le conflit de 18 ans (2001-2021) mais la paix entre les afghans  n'est pas assurée pour autant. Le  président des Etats-Unis, annonce le retrait des troupes américaines , le 31 août 2021 le dernières troupes quittent le pays dans un chaos de type départ du Vietnam lorsque des hélicoptères surchargés de personnes en fuite  s’écrasaient au sol. Les talibans reprennent rapidement le contrôle du pays. Les populations  , avant tout les femmes, font l’objet de multiples répressions, l’économie est au plus mal, le drame de la faim est présent.

2- 17-     Les tensions entre l'Arabie saoudite et l'Iran se multiplient. Comme en 1987(jusqu'en 1991) les relations diplomatiques sont rompues en janvier 2016.Les causes sont nombreuses et profondes, au moins de quatre ordres : la crise économique liée à la baisse du prix du pétrole, le retour de l'Iran vers les Etats- Unis (alliés de l'Arabie saoudite)sous la présidence Obama à la suite de l'accord sur leur programme nucléaire, le rôle de puissances régionales(ainsi l'Iran soutenant le régime Syrien et soutenant aussi les rebelles du Yémen plongé dans la guerre),enfin les rivalités anciennes entre arabes(Arabie Saoudite) et perses(Iran),entre mondes musulmans c'est à dire l'Arabie saoudite voulant rassembler le monde sunnite , majoritaire chez les musulmans, et l'Iran voulant protéger le monde chiite, minoritaire chez les musulmans. La décision en mai 2018 du président des Etats-Unis de se retirer de l'Accord sur le nucléaire iranien  peut , entre autres, contribuer aux  tensions entre l'Arabie Saoudite et l'Iran. La renégociation  par l’administration  Biden   de l’accord sur le nucléaire est positive en 2022.

  2- 18-     La guerre au Yémen se déroule dans le sillage  des tensions précédentes. Ce pays  de 30 millions d'habitants, comprend 60% de sunnites et 40%de chiites, c’est l’un des plus pauvres du monde.  La guerre a tué 337000 personnes dont la moitié par le manque d’eau, la faim, la maladie .  80% des 30 millions d’habitants dépendent de l’aide alimentaire.

En 2004 au Nord du pays, à la frontière avec l'Arabie saoudite, les habitants chiites se rebellent, ils estiment être mis à l'écart , leur chef est tué, ils prennent son nom, les "Houthistes".

En 2009 l'Arabie saoudite, sunnite, lance des frappes aériennes contre ces rebelles soutenus par l'Iran, chiite. En 2011, dans le sillage du printemps arabe, le président est renversé, le vice-président prend sa place en 2012 et dans ce chaos Al Qaida ainsi que l'Etat islamique étendent leur  influence.

Pendant l'été 2014 les rebelles Houthistes refusent le projet de fédération et entrent dans  la capitale, Saada. L'Arabie prend la tête d'une coalition arabe composée en particulier des Emirats arabes unis.

En mars 2015 le président s'exile  en Arabie saoudite laquelle multiplie les bombardements, cette coalition arabe est soutenue par les Etats-Unis. Dans la coalition arabe les Emirats arabes unis utilisent des chars français commandés en 1990 et livrés en 2000. 

De mars 2015 à avril  2019, en quatre  années, le bilan humain est terrible : plus de 100.000 morts au moins ,85000 enfants morts de faim et de maladie, 3,4 millions de personnes  déplacées, plus de 14 millions de personnes menacées par la famine.

 Les pressions se multiplient pour qu'aboutissent sous l'égide des Nations Unies des pourparlers de paix ouverts en Suède. Le 13 décembre 2018 l'Accord de Stockholm n'est que partiel sur le territoire. La rivalité entre l'Arabie saoudite(sunnite) et l'Iran(chiite) continue, le peuple du Yémen en est une victime.

A la tête de la coalition qui appuie les forces gouvernementales en guerre contre les rebelles houthistes proches de l’Iran ,l’Arabie saoudite lance en décembre 2021 une opération militaire pour répondre aux frappes sur son territoire lancées depuis le Yémen.Sanaa .Les abords de la  capitale du Yémen aux mains des rebelles est bombardée.

Les habitants du Yémen sont une des populations    martyrs  frappée  par les guerres,   les épidémies,   la malnutrition   et  une  crise humanitaire.

 2- 19-     En 2006 apparait   l'Etat islamique en Irak, en 2013 l'Etat islamique en Irak et au Levant et en  juin 2014 des djihadistes établissent un "califat" à cheval sur l'Irak et la Syrie. L’Etat islamique en arabe se dit  Daesh ou Daech.

Cette organisation armée terroriste islamiste est donc née des guerres en Irak, Syrie, Lybie. Des  conflits armés continuent.

Le choix d'un blocus financier au départ  n'est pas mis en avant mais celui d'une coalition  de pays occidentaux et d'une coalition aussi de pays arabes qui, en particulier, bombardent les positions du groupe de l'Etat islamique. Parmi les troupes au sol des kurdes, des irakiens, des syriens. Les guerres multiplient les souffrances et la diplomatie essaie de reprendre place dans le règlement du conflit.

 A partir d'octobre 2016 c'est la bataille de Mossoul  (en Irak)par l'armée irakienne, les peshmergas, les forces de sept pays de la coalition contre l'Etat islamique .En septembre 2017 les troupes de l'organisation de l'Etat islamique reculent devant les forces irakiennes et se replient dans un secteur où Syriens et Kurdes les assiègent.

 De juin à septembre 2017 la majeure partie de la ville syrienne  de Raqqa est reprise, elle était considérée comme la capitale de l'Etat islamique.

 En février 2019  on peut dire que l'Etat islamique a  perdu, à quelques exceptions, le  terrain syro-irakien. En mars 2019 l'enclave de Baghouz tombe, ainsi la zone détenue par Daesh sur l'Irak et la Syrie n'existe plus.

Le 13 août 1998, un rapport de l'ONU estime que l'organisation compte encore 20 000 à 30 000 hommes en Irak et en Syrie, 3 000 à 4 000 en Lybie et 500 auYémen.

Ses activités n'ont pas cessé à travers son idéologie, ses groupes armés , en particulier en Afrique et en Asie, et ses combattants terroristes, en réseaux ou isolés, dans différents pays en particulier en Irak et en Syrie. Fin octobre 2019 les Etats-Unis font  exécuter le chef de Daesh, un successeur  prend  sa relève.

Daesh peut mobiliser des combattants en Syrie comme en Irak. En 2019 les combats pour reprendre un ultime bastion des djihadistes en Syrie à Baghouz ont été longs et terribles. En février 2022 l’attaque de la prison d’Al Sinaa dans la ville d’Hassaké n’a pas réussi mais le bilan a été terrible, en dix jours des centaines de morts de part et d’autre. Certains pensent que le mouvement kurde est la seule option face à l’Etat islamique, la Turquie bien sûr s’y oppose.

2- 20-    Des attentats se développent, ils sont massifs dans des pays asiatiques, par exemple au Pakistan(de 2007 à 2014 : 7000 victimes, le 17 décembre 2014 à Peshawar 148 morts, massifs dans des pays africains, par exemple au Nigeria le 3 janvier 2015 ce sont 2000 civils chrétiens et musulmans qui sont massacrés par Boko  Haram.

Dans des pays européens, ils sont  revendiqués en particulier par Al-Qaida au Yémen. En France, le 8 janvier 2015, l'ensemble de la  direction d'un journal, Charlie Hebdo, et des clients d'un magasin juif sont exécutés. Le 11 janvier 2015 ont lieu les plus gigantesques manifestations de l'histoire de France,4 millions de personnes dans les rues, soutenues par des manifestations dans de nombreux  pays étrangers, contre ces attentats et pour la liberté d'expression. Le 13 novembre 2015 Paris fait l'objet d'attentats revendiqués par l'organisation de l' Etat  islamique, ils  causent la  mort de 130 personnes, l'état d'urgence est décrété.

 Le ramadan 2016 est sanglant, ainsi des attentats en Arabie saoudite, en Turquie, au Yemen, en Jordanie, en Irak...Dans ce dernier Etat à Bagdad le 3 juillet 2016 l'Etat islamique provoque la mort de près de 300 personnes, ainsi Daesh(acronyme arabe de l’organisation Etat islamique) est capable de frapper sur une partie de la planète.

2-21-    Les luttes contre le terrorisme mises en place après le 11 septembre 2001 se sont intensifiées peu à peu : plans de surveillance et de sécurité, développement des services de renseignements, coopérations judiciaire et policière entre Etats, entreprises de déconditionnement et de "déradicalisation", remise en cause de circuits  financiers .

.Trois difficultés sont grandes. La première consiste à  ne pas porter atteinte aux libertés fondamentales  au nom de la sécurité, on bascule alors dans les dérives du sécuritaire. L'exemple caricatural est celui de l'emprunt à la panoplie des régimes autoritaires de "la déchéance de nationalité". La seconde difficulté consiste à s'attaquer aux véritables causes du terrorisme, essentiellement au terreau des injustices, dans des quartiers "défavorisés",  dans les "zones urbaines sensibles" ces inégalités  sont criantes , et aussi  aux guerres porteuses de souffrances et de haines, « si on répond à la haine par la haine on ne fait que l'étendre  en surface et en profondeur » disait Gandhi. La troisième difficulté est celle des labyrinthes des circuits financiers dans lesquels sont directement et indirectement impliqués différents acteurs, nombreux et  quelquefois puissants. 

2- 22-  L’histoire récente de l’Ukraine repose essentiellement sur 4 périodes, la quatrième étant celle de la guerre totale à partir de février 2022.  

Nous nous inspirons ici entre autres  du site « touteleurope.eu » (Chronologie établie par Lucas Da Silva) avec d’autres sources et notre apport personnel.

2-22-1- De l’indépendance de l’Ukraine(1991) à l’intervention russe en Géorgie(2008)

-L’Ukraine devient indépendante en août 1991 à la suite de l’implosion de l’Union soviétique .Les Etats-Unis (Clinton) , la Russie(Eltsine) et l’Ukraine  signent en janvier 1994 un accord pour garantir la dénucléarisation de l’Ukraine qui avait une partie de l’arsenal soviétique .Sont déjà là une montée du nationalisme russe et l’annonce américaine d’une coopération militaire entre ce pays et l’OTAN .En juillet 1997 la Pologne, la Hongrie, la République Tchèque  intègrent l’Alliance Atlantique. Le 27 mai 1997 est signé un accord de coopération entre l’Otan et la Russie pour construire une paix durable en Europe et  pour rassurer Moscou ,   l’OTAN  affirme d’ailleurs  n’avoir aucune intention de déployer des armes nucléaires sur le territoire des nouveaux Etats membres.

En décembre 1999, date de l’arrivée au pouvoir du président Poutine, celui-ci évoque une adhésion de son pays à l’OTAN .  D’autres pays de l’Est (Estonie, Lituanie, Lettonie, Roumanie, Slovaquie, Bulgarie) adhèrent à l’OTAN en mars 2004. Poutine deviendra alors défavorable  aux adhésions de la Géorgie et de l’Ukraine à   l’OTAN .

La « révolution orange » en novembre 2004 voit le peuple ukrainien qui se révolte pour contester la « réélection truquée » du président pro-russe et demande un rapprochement avec l’UE .Une nouvelle élection en décembre 2004 voit la victoire d’un nouveau président mais l’Est du pays en majorité russophone a voté contre. L’Ukraine  négocie un accord d’association avec l’UE à partir de 2005, il sera signé seulement en 2014.

En février 2007 Poutine dénonce l’installation de bases militaires en Bulgarie et en Roumanie et la « trahison des occidentaux. », Europe et Etats-Unis. En avril 2008 l’OTAN se déclare favorable au projet d’adhésion de la Géorgie et de l’Ukraine.

En août 2008 c’est l’intervention russe en Géorgie. La Géorgie  avait  donné l’assaut aux  séparatistes d’Ossétie du Sud soutenus par la Russie, d’où l’intervention russe pour soutenir les séparatistes. Cette province avait fait sécession de la Géorgie en 1992 et donc en 2008 , au cours d’une deuxième guerre, son indépendance est reconnue par la Russie, la Syrie, elle est contestée par la Géorgie et par l’ensemble des Etats de l’ONU. L’armée russe l’emporte, un plan de paix est conclu le 16 août 2008 sous médiation  de la France qui présidait l’UE. Mais le 25 août 2008 la Russie reconnait l’indépendance de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie (guerre d’indépendance aussi face à la  Géorgie en 1992-93), des pays occidentaux condamnent cette reconnaissance.

2-22-2-Du déchirement de l’Ukraine  sur l’UE et la Russie (2013)   à l’annexion de la Crimée(mars 2014) par la Russie puis  à la guerre entre armée ukrainienne et séparatistes (  elle commence en avril mai 2014).

 Le nouveau président ukrainien élu en 2010 est pro-russe. En novembre 2013 le gouvernement ukrainien cède aux pressions de Moscou: il refuse de signer un accord d'association avec l'Union européenne. La contestation prend de plus en plus d'ampleur en Ukraine,se développe le mouvement « Euromaidan »,c’est la révolution de février 2014, le régime répond  par une  répression sanglante mais il  finit par être emporté.

Dans des villes de l’Est de l’Ukraine et en Crimée des soulèvements antimaidan et pro-russes se multiplient en avril 2014, à travers des référendums locaux les républiques de Donetsk et de Louhansk s’auto-proclament.  L’Ukraine est opposé aux séparatismes des régions orientales (provinces de Donetsk et Louhansk qui forment le  Donbass ) soutenues par la Russie.

Soutenus par Poutine des séparatistes pro-russes prennent la capitale de la  Crimée, Sébastopol. Le 11 mars 2014 le parlement de Crimée proclame l’indépendance de la Crimée qui est rattachée à la Russie après un référendum le 16 mars. L’Ukraine se retire de Crimée. L’UE adopte des sanctions économiques contre la Russie pour l’annexion de la Crimée. En mai 2014 l’armée ukrainienne combat pour reprendre les villes contrôlées par les sécessionnistes.

En mai 2014 un pro-européen est élu président en Ukraine, il  propose  en juin un cessez-le-feu  qui n’est pas respecté.

Le 6 juin 2014, en Normandie, la France, l’Allemagne, la Russie et l’Ukraine se rencontrent  dans ce « format Normandie », ils  essaient d’établir un cessez-le-feu . Le 27 juin 2014 l’Ukraine signe un accord de libre-échange avec l’UE, Moscou manifeste son mécontentement.

2-22-3-Des accords de Minsk (2014-2015) à la poursuite de la guerre (2014-2021) .

La guerre s’intensifie, un accord de cessez-le-feu est conclu dans la capitale de la Biélorussie à Minsk(accord Minsk I) le 5 septembre 2014, entre l’Ukraine, la Russie, la République de Donetsk et celle de Louhansk, il est violé peu de temps après. La guerre en 2014 et 2015 a fait 10.000 morts, de nombreux blessés et deux millions de déplacés. Le 11 février 2015 un accord de paix, Minsk II ,  est signé, il réunit l’Ukraine, la Russie, l’Allemagne et la France, il comprend un cessez-le-feu, un retrait des armes lourdes, un échange de prisonniers, une restauration des frontières de l’Ukraine, un départ des troupes étrangères. Mais une fois encore les combats succèdent aux trêves. En novembre 2018 des affrontements ont lieu en mer Noire entre navires russes et ukrainiens. Fin 2020 les Accords de Minsk sont à l’arrêt.

Zelensky est élu président de l’Ukraine en avril 2019.En octobre l’Ukraine et la Russie sont d’accord pour des élections dans les régions séparatistes d’Ukraine, ce que beaucoup d’ukrainiens considèrent comme un recul un abandon  face à la Russie. En décembre 2019 une nouvelle rencontre a lieu sur le « format Normandie » qui se traduit par un échange de prisonniers. Fin décembre 2019 un accord est conclu entre l’Ukraine et la Russie sur le gaz.L’Ukraine et la Russie signent un nouvel accord de cessez-le-feu dans le Donbass mais il est rompu par les séparatistes qui tirent sur l’armée ukrainienne.

En février 2022 , avant l’invasion par la Russie, le total des victimes est d’au moins 15.000 morts depuis la guerre commencée en avril 2014.

2-22-4 L’arrivée de la guerre totale (2022-…) : le déclenchement et les causes de cette guerre. L’hypothèse terrifiante de la 3ème guerre mondiale.

Le déclenchement ? En avril 2021 des troupes russes (100.000 hommes puis plus tard 150.000) se massent aux frontières de l’Ukraine, Poutine parle de « manœuvres » répondant à l’OTAN et aux « provocations » de l’Ukraine d’adhérer à l’OTAN.  

Poutine veut des garanties contre l’élargissement de l’OTAN et exige le retrait des forces de l’OTAN des pays de l’ex-Union soviétique. Biden avertit la Russie de lourdes sanctions s’il y a une offensive militaire. Le 17 décembre 2021 les  27 Etats membres réaffirment la souveraineté de l’Ukraine et leur soutien .Le 26 janvier 2022 les Etats-Unis refusent les demandes de la Russie. La France le 7 février puis l’Allemagne le 15 février  essaient d’apaiser les tensions.

Le 21 février 2022 la Russie reconnait l’indépendance de Donetz et de Louhansk(les deux provinces du Donbass) et elle entre sur ces territoires séparatistes. Les Etats-Unis et l’UE annoncent des sanctions économiques. Le 24 février 2022 la Russie attaque l’Ukraine pour « défendre les séparatistes » du Donbass.

Les deux  séries de  causes de la guerre sautent aux yeux pourvu qu’on les ouvre.

Le Kremlin , en la personne essentiellement de Poutine (mais c’est un  sentiment partagé par une partie(combien ?) des russes), ne se relève pas de l’implosion de l’Union soviétique et rêve de reconstituer au moins une partie de l’empire  soviétique.Est accompli alors l’inacceptable, l’invasion d’un Etat  accompagnée de massacres.

L’OTAN, sous l’impulsion des Etats-Unis, a pris pied dans de nombreux  pays de l’ex Union soviétique et continue cette logique d’adhésions et de demandes d’adhésions qui exaspère Moscou.Même la Suède et la Finlande vont vraisemblablement  demander leur adhésion à l'Otan.

 Ainsi, par sa situation géographique, historique et stratégique l’Ukraine est devenu un enjeu majeur de l’affrontement des deux Etats.

 C’est bien une des hypothèses de l’arrivée « d’une troisième guerre mondiale » que celle  de l’affrontement nucléaire entre la Russie et les Etats-Unis à partir d’un conflit lié à un Etat tiers. Une telle guerre  ouvrirait les portes de l’enfer,   les survivants envieraient le morts.

Un des points  de bascule est compliqué : les aides militaires ne doivent pas devenir celles de  la co-belligérance, elles doivent être basées sur des armements défensifs. C’est pourquoi l’OTAN refuse d’intervenir dans le ciel ukrainien avec des armements offensifs. La complexité des armements livrés aux ukrainiens rend pourtant les situations compliquées. Où finit le défensif et où commence l’offensif ?

2-22-5-Les bombardements, les crimes de guerre, les armements, les réfugiés, les stratégies militaires, les résistances, les opinions publiques.

Fin février 2022, en  mars et jusqu’au 7  avril 2022(date de ce texte) les armées russes bombardent massivement routes, villes  et villages, sans distinction entre les civils et les militaires ce qui est déjà un crime de guerre.

Avec les incertitudes que l’on devine, liées en particulier aux propagandes, selon les autorités ukrainiennes , les morts au 23 mars  2022 côté ukrainien  seraient  au nombre  de 3300 civils et  1300 militaires, côté russe  seraient de  15.000  militaires .

Les  populations ukrainiennes   sont, pour une partie d’entre elles, déchiquetées par les bombardements, ou bien  exécutées, torturées, violées. Les habitants  s’abritent  et survivent  le métro de Kiev,  les caves des immeubles et des maisons dans les  villes et villages. Soif, faim, peurs, pleurs, sirènes d’alarme   sont  massivement présents.

De nombreux couloirs humanitaires  sont attaqués, beaucoup d’évacuations sont impossibles. Des villes deviennent des villes  martyrs ,  ainsi Marioupol, Boutcha.  Parmi les bâtiments bombardés des  hôpitaux et des écoles.

Les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité sont nombreux. Le 1er et 2 mars 2022, le Bureau du Procureur a reçu, par le biais d'un groupe d'États parties au Statut de Rome , un renvoi de la situation en Ukraine. Le 2 mars 2022, le Procureur a annoncé qu'il avait procédé à l'ouverture d'une enquête sur la situation en Ukraine sur la base des renvois reçus. Conformément aux critères d'ensemble relatifs à la compétence conférés par ces renvois, et sans préjuger de l'objet de l'enquête, la portée de la situation englobe toute allégation passée et actuelle de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité  commis sur une partie quelconque du territoire de l'Ukraine par quiconque depuis le 21 novembre 2013.

Au niveau des armes  nucléaires : le 27 février 2022 Poutine annonce à la télévision russe « mettre les forces de dissuasion nucléaire en régime spécial d’alerte au combat. »  

Des frappes russes le 4 mars 2022 provoque un incendie dans une des plus grandes centrales nucléaires d’Europe en Ukraine.

La « recherche-développement militaire » trouve, dans les conflits armés en cours, de nouveaux terrains d’expérimentation  dont des peuples sont  victimes.

Sont utilisées de nouvelles armes telles que les armes hypersoniques russes capables de changer de cap et d’altitude  à très grande vitesse  de 6000 km à l’heure et donc difficilement détectables.

Sont  aussi utilisées par l’armée russe aussi des armes interdites (bombes  à sous-munitions).C’est une   Convention  de 2008 sur les armes à sous-munitions qui interdit l’emploi, la production, le stockage et le transfert de ces armes. Une convention que n’ont pas signée la Russie, l’Ukraine ou encore les Etats-Unis.

Début avril 2022 il ya 4 millions de réfugiés qui ont quitté leur pays dont 204000 ressortissants de pays tiers. La Pologne en accueille 2,3 millions, la Roumanie 608000, la Moldavie 387000,la Hongrie 364000,la Slovaquie281000 .. .la Russie 350000 . Dans le reste de l’Europe beaucoup d’Etats accueillent, ainsi la France 32000.Six millions  et demi de personnes sont déplacées en Ukraine , donc au total 10 millions de réfugiés et déplacés sur 43,4  millions d’habitants soit près d’une personne sur quatre.

L’armée ukrainienne au début du conflit disposait de 190.000 hommes. La Russie disposait de 200.000 autour de l’Ukraine et de 700.000 dans sa capacité active.A ces troupes s’ajoutent mercenaires rémunérés et volontaires étrangers.

Les stratégies militaires de la Russie semblent complexes. Au départ le Kremlin pensait probablement à une guerre  éclair ,  sa propagande consistait à dire surtout qu’il s’agissait de « libérer les ukrainiens de dirigeants nazis »et à empêcher l’encerclement de la Russie par l’OTAN .

Les difficultés de l’armée russe dues principalement aux résistances de l’armée ukrainienne et à celles de la population ainsi que, secondairement, aux  difficultés d’approvisionnement des convois de tanks russes, ont amené le Kremlin à une réduction  de son activité militaire autour de Kiev , l’armée ukrainienne s’est préparée alors  à de nouveaux combats dans l’Est du pays. La Russie, après avoir dominé la mer d’Azov, veut vraisemblablement dominer la mer Noire ,   la ville d’Odessa étant stratégique. Le 31 mars 2022 le secrétaire général de l’Otan  considère que les forces russes “ne se retirent pas mais se repositionnent” en Ukraine et  il affirme que l’organisation s’attend à des “offensives supplémentaires”, les Etats-Unis envisagent « une guerre longue. »En avril 2022 une offensive de grande ampleur  se prépare dans le Donbass avec un nouveau général russe  surnommé "le boucher de Syrie"(!). Cette offensive est lancée le 19  avril 2022 dans le Donbass et dans le Sud de l'Ukraine.

En Europe à la télévision et sur des réseaux sociaux les opinions publiques suivent en direct les horreurs de la guerre, c’est une des premières fois qu’une  guerre est en  direct et de façon aussi  massive. Egalement, afin de lutter contre la désinformation organisée par le Kremlin, les 27 donnent leur accord  pour  l’interdiction de diffusion au sein de l’UE des médias russes.

En Russie une partie, difficile à évaluer, de la population , et bien sûr les médias indépendants et des journalistes protestent courageusement. Des arrestations sont suivies d’emprisonnements par exemple dès que le terme de « guerre »  ou d’ « invasion » est évoqué et non celui « d’opération  militaire spéciale. »

« La société russe se déchire sur l’Ukraine .Les conséquences sociétales de l’intervention s’annoncent dramatiques dans une Russie plus fracturée que jamais, entre scissions familiales, dénonciations et ralliement au Kremlin. » (Mediapart, Julian Colling  , 7 avril 2022).

2-22-5  Les sanctions contre la Russie et les aides fournies à l’Ukraine .

De manière coordonnée avec les Etats-Unis le Canada et le Royaume-Uni  les 27 déconnectent des banques russes du système bancaire Swift.

Les sanctions des 27 de l’UE sont unanimes et massives.

Elles sont financières et économiques. : mise en service d’un gazoduc suspendue, sanctions financières réduisant l’accès aux marchés des capitaux, interdiction d’exportation touchant le pétrole, dirigeants et oligarques russes sur liste noire(près de 1000 personnes), avec avoirs confisqués, liste de technologies et de biens ne pouvant être exportés vers la Russie, sanctions de transactions impliquant les réserves d’or de la Russie… Beaucoup d' oligarques russes ont leurs biens à  l'étranger confisqués. Des entreprises européennes et américaines quittent la Russie.

Plus d’un million  d’ukrainiens ont une aide alimentaire vitale.

Les aides sont  militaires et en armes et en finances. Les États-Unis ont désormais engagé plus de 2,3 milliards de dollars d’aide militaire à l’Ukraine depuis la prise de fonction de l’administration Biden  dont 1,6 milliard depuis l’invasion. Les Etats-Unis fournissent  des capacités militaires « supplémentaires » nécessaires pour aider l’armée ukrainienne à « défendre son pays ».

Et, pour la première fois de leur histoire, l’UE approuve le financement d’envoi d’armes à l’Ukraine.Ainsi, 450 millions d'euros d’armements seront financés, de même que 50 millions d’euros d’équipements de protection et de carburant. 

Sont fournis des systèmes de missiles guidés par laser, des drones « kamikazes »  et des drones légers de type Puma…

L’espace aérien de l’UE est par ailleurs fermé à l’aviation russe.

2-22-6- Les réactions des organisations internationales et les pourparlers russo-ukrainiens.

Le 28 février 2022 : l’Ukraine fait une demande d’adhésion à l’UE .Cet objectif d’une intégration à l’UE est inscrit dans la constitution ukrainienne depuis février 2019. Le chef d’Etat ukrainien souhaitait  une intégration “sans délai” via “une nouvelle procédure spéciale” pour bénéficier de ce statut qui assurerait une protection à son pays. A ce sujet, le président du Conseil européen  explique qu’un avis officiel de la Commission ainsi qu’un accord unanime des 27  sont nécessaires. Alors qu’ils sont réunis en sommet à Versailles les 10 et 11 mars 2022, les 27 chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne excluent une adhésion rapide de l’Ukraine. Ainsi les adhésions de l’Ukraine, de la Géorgie, de la Moldavie seront longues, vraisemblablement  plusieurs années.

Et les Nations Unies ?

Le 26 février 2022 le Conseil de sécurité a adopté une résolution par 11 membres sur 15  qui ont voté pour, trois se sont abstenus (Chine, Inde, Emirats arabes unis), un a voté contre, la Russie. La résolution a déploré « une agression contre l’Ukraine » et a réclamé à la Russie de « retirer immédiatement ses troupes de ce pays ».

Le 2 mars 2022 l’Assemblée générale  adopte une résolution contre la guerre en Ukraine et exige le retrait des forces russes. Une semaine après l’invasion l’Assemblée générale des Nations unies adopte à la grande majorité de ses membres (141 pays sur 193 ont voté pour) une résolution qui “exige que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine” et qui “condamne la décision de la Russie d’accentuer la mise en alerte de ses forces nucléaires”.  Seulement quatre Etats ont soutenu Moscou en votant contre cette résolution : la Biélorussie, la Corée du Nord, l’Erythrée et la Syrie. 35 pays, dont  la Chine et l’Inde, se sont par ailleurs abstenus. 

Alors qu’elle avait déjà été suspendue du Conseil de l’Europe au lendemain de l’offensive menée contre l’Ukraine, la Fédération de Russie est exclue le mercredi 16 mars 2022 du Conseil de l’Europe   en raison de son “agression injustifiée et non provoquée”. Avant cette exclusion, la Cour de Strasbourg comportait 47 pays comptant 830 millions de personnes. A partir de cette date, les citoyens russes n’ont donc plus accès à la Cour européenne des droits de l’homme pour protéger leurs droits fondamentaux.

Les 24-25 mars 2022  ce sont les  sommets de l’Otan, du G7 et de l’UE  à Bruxelles , avec la présence du président américain, pour répondre à la guerre en Ukraine

Les dirigeants des 30 pays membres de l’Otan entérinent la création de quatre nouveaux groupements tactiques à l’Est de l’Europe. Des forces opérationnelles seront ainsi déployées en Roumanie, en Bulgarie, en Hongrie et en Slovaquie. Les alliés conviennent en outre d’envoyer des équipements à l’Ukraine pour la protéger des risques “NRBC” : nucléaires, radiologiques, biologiques et chimiques.

Le 24 mars les pays membres du G7 se disent prêts à mettre en œuvre des sanctions supplémentaires contre la Russie, et indiquent qu’ils sanctionneront les transactions qui impliquent les réserves d’or de cette dernière, afin de l’empêcher de contourner les mesures restrictives déjà en vigueur. 

Enfin, le Conseil européen, qui se tient après les sommets de l’Otan et du G7, voit les chefs d’Etat et de gouvernement des 27 adopter un  “livre blanc” visant à définir les grandes orientations de la sécurité et de la défense européennes jusqu’en 2030. Un document qui témoigne de la volonté des Etats membres de renforcer la protection de l’UE face aux menaces externes, dont celles de la Russie. Pour réduire leur dépendance énergétique vis-à-vis de Moscou et l’isoler davantage, les Européens s’accordent pour signer un nouveau partenariat avec les Etats-Unis afin d’importer davantage de gaz naturel liquéfié américain. La Commission européenne reçoit aussi mandat des Vingt-Sept pour réaliser des achats groupés de gaz, cela pour limiter son coût en Europe.

Le 7 avril 2022 le Parlement européen adopte ,  par 513 voix pour, 22 contre et 19 abstentions, une résolution qui réclame un arrêt immédiat des achats de pétrole, de charbon et de gaz russes. Cet embargo contribuerait à assécher les finances de la Russie.

Pour l'embargo sur le charbon russe la décision est prise .Les difficultés de la mise en œuvre pour les pays européens de l'embargo sur le gaz et le pétrole   pourraient être surmontées, elles appellent aux solidarités et aux diversifications, il faudrait arriver à les lier aux remises en cause des énergies fossiles contre les émissions de gaz à effet de serre ...

Le G7 le 7 avril demande la suspension de la Russie du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, l’Assemblée générale le décide ensuite. 

Les pourparlers  se déroulent par l’intermédiaire de médiations telles que celles de la France, de l’Allemagne, de la Turquie, d’Israël et par des rencontres entre représentants russes et ukrainiens.

Au cœur des négociations, se pose la  question de la neutralité de l’Ukraine, voulue par Moscou. Si l’Ukraine se dit prête à l’accepter, et donc de renoncer à adhérer à l’Otan, elle souhaite voir sa sécurité garantie par un accord international dont seraient signataires plusieurs pays garants, tels que les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Turquie, la France et l’Allemagne. Mais cette solution implique-t-elle  que les pays garants interviennent en cas d’attaque de l’Ukraine ? On serait alors dans une  situation semblable à celle de   l’article 5 du Traité de l’Atlantique Nord de  l’Otan.

 2-  23-    L'arrivée au pouvoir de la gauche radicale en Grèce débouche sur des renégociations  en février 2015  sur sa dette au sein de l'Union européenne laquelle se montre particulièrement intransigeante. La plus grande partie du peuple grec a plongé dans de grandes  difficultés .

D'une façon plus globale des pays de l'Union européenne, en particulier les sociétés du Sud, sont  sous les effets sociaux et économiques désastreux de la crise, ainsi en Espagne et en Italie.

2- 24-      En France  le nouveau président affirme que pour réformer il faut réunir à la fois une certaine droite et une certaine gauche. Sa politique néo libérale en fait   marginalise les plus pauvres et paupérise les classes moyennes, la révolte des uns et des autres gronde.

 Cette révolte  explose pour une partie d’entre eux en novembre 2018 sous la forme  des « gilets jaunes », rassemblés le samedi  sur des ronds points et manifestant dans la rue. Ils sont  soutenus par une majorité de français, ils  protestent  encore un an après  en novembre 2019 et   manifestent toujours pour le pouvoir d’achat, la justice fiscale et la mise en place d’un référendum d’initiative populaire.

 Des protestations et des grèves se multiplient dans des services publics (ainsi les hôpitaux) et par rapport à la réforme des retraites (manifestations et grèves  se succèdent à partir du  5 décembre  2019 ) .Celle-ci est adoptée par le passage en force du gouvernement qui utilise l'article 49-3 de la constitution. Comme dans de nombreux pays la France se retrouve touchée par l'épidémie de coronavirus venue de Chine en janvier 2020, elle met en œuvre divers moyens pour y faire face.

 Quant à la  politique énergétique nucléaire de la France elle  avance vers des risques sanitaires et environnementaux très inquiétants  et elle  court vers des finances dramatiquement explosives.

Les nouvelles élections présidentielles françaises en avril 2022 arrivent  pendant la guerre russe contre l’Ukraine et pendant la crise du Covid. La situation sociale est celle de l’urgence à travers pauvreté,  précarité , le pouvoir d’achat est  en baisse  à cause en particulier des prix de l’énergie.

 2- 25-    En mars 2013 est élu  le pape François , un argentin,  ses engagements sont nombreux, pour n'en citer qu'un seul : une encyclique consacrée à la protection de la création et à l'écologie humaine."Pour la sauvegarde de la maison commune". (2015,"Laudato Sii", Loué sois-tu! ).L'importance qu'il accorde "aux pauvres" et à "l'accueil des migrants" témoigne d' un certain souffle. La fin du silence par  la hiérarchie catholique de   pratiques pédophiles dans l'Eglise commence enfin à voir le jour, de même face aux drames de religieuses violées par des prêtres.

2- 26-    Quant au nouveau  président des Etats-Unis le voilà , en plus de deux années   de pouvoir (janvier 2017 à novembre 2019),  critiquable et critiqué. .Sur le fond  une allergie  au multilatéralisme, une tendance au  nationalisme et  au protectionnisme, une fascination pour la domination, une incapacité criante à tenir compte de la complexité  de la vie internationale. Une telle situation  contribue à  des tensions, des crises et des drames.

 Ainsi  le désengagement de l'Accord de Paris sur le climat est inacceptable et irresponsable. Il touchera même les Etats-Unis et en catastrophes écologiques qui iront en s'aggravant (voir les incendies de Californie en novembre 2018 et octobre 2019) et en catastrophes économiques  qui vont se multiplier  pour eux aussi, les unes et les autres préparent très probablement des révoltes dans les régions sinistrées et la multiplication de déplacés environnementaux sur place, et dans une moindre mesure à l'étranger,  d' habitants  des Etats-Unis. Nous pensons que son aveuglement, en particulier face au réchauffement climatique, se retournera contre lui au moment des élections de novembre 2020.

 Ajoutons à cela l'influence d'une partie de son entourage constituée "d'ultras faucons" qui ont une panoplie guerrière : la sacro sainte puissance militaire des Etats-Unis, les guerres" préventives", la lutte contre "l'axe du Mal et les Etats voyous", le rejet viscéral du multilatéralisme considéré comme inefficace et dangereux pour les intérêts des Etats-Unis. Des acteurs, aux Etats-Unis  et ailleurs,  essaient de s'organiser pour proposer et mettre en œuvre des alternatives à différents niveaux géographiques. En novembre 2018 les élections de mi-mandat marque une certaine sanction des électeurs puisque la majorité bascule en faveur des démocrates à la Chambre des représentants. La frontière avec le Mexique fait l'objet d'une obsession du président sur "les hordes qui envahissent les Etats-Unis". Pour les en préserver le "mur" à construire qu'il réclame  est symbolique d'une politique dénoncée à juste titre  entre autres par les démocrates.

Les présidentielles sont mouvementées , le président Trump ne reconnait pas sa défaite et  affirme de façon obsessionnelle que « les élections ont été volées ».En janvier 2021  arrive la nouvelle administration Biden qui  tout de suite se ré engage dans l’Accord de Paris sur le climat. Une certaine tension commerciale existe encore, une certaine coopération pour le climat peut se développer. Au niveau stratégique une tension existe par rapport à Taiwan où les forces nationalistes sont là depuis 1949 mais que la Chine compte récupérer dans le cadre d’une « réunification » ,le nouveau président américain affirme que les Etats-Unis ont « un engagement » à défendre en cas d’attaque de Taiwan par la  chine.

2- 27-     De façon plus globale on constate dans un certain nombre de pays (Etats-Unis, en Europe, en Amérique du Sud) une certaine montée de nationalismes et de populismes.

La nouvelle  présidence des Etats-Unis depuis janvier 2017 s'inscrit ainsi dans un certain nationalisme  comme d'ailleurs celles du président russe (4ème mandat 2018-2024) et du président turc. Ce dernier  a mis en œuvre une répression organisée massivement en Turquie, la poudrière kurde est toujours là et le régime turc en Syrie bombarde les kurdes syriens d'Afrine  ( janvier à mars 2018) ainsi que d'autres villes de Syrie où ils se trouvent, le régime turc est en lien avec ses ultra nationalistes qui veulent écraser le mouvement kurde.

On constate aussi une montée, plus ou moins importante selon les pays,  de populismes par exemple  au pouvoir en Pologne, en Hongrie, en Autriche, en Italie, et sous la forme d'un parti politique par exemple  en France... Ainsi des extrêmes droites  vont même jusqu'à conquérir le pouvoir, comme au Brésil fin 2018,en novembre 2019 par un coup d’Etat qui chasse le président de gauche..

On peut  distinguer

 d'une part , des populismes protestataires, tournés vers la dénonciation de la confiscation du pouvoir par des élites et vers la dénonciation de la  corruption ,

d'autre  part, des populismes identitaires tournées vers la dénonciation d'une mondialisation destructrice d'identités et d'une immigration jugée inquiétante ou inacceptable. Dans des proportions variables des populismes rassemblent souvent ces deux dimensions, la protestataire et l'identitaire.

2- 28-   Les crises sociales éclatent dans de nombreux pays ces dernières années.  particulièrement   à partir de 2018.

Elles se déroulent souvent à travers la désobéissance civile non violente. Il arrive cependant qu’elles répondent aux répressions dont elles sont l’objet ou qu’elles utilisent directement diverses formes de violences.

Les revendications sont celles de la démocratie ( par exemple à Hong Kong… sous le regard de la Chine)

Celles  des dénonciations des répressions du régime  et celles du refus d’une guerre (en Ukraine)(par exemple en Russie)

 celles de la dénonciation de gouvernements jugés corrompus ( par exemple au Liban) ,

 de la sortie de tout un système politique ( par  exemple en Algérie),

d’une droite contre une gauche  chassée du  pouvoir  ( par exemple en Bolivie )

d’un partage des richesses (   par exemple au Chili qui en arrive à un référendum sur une nouvelle constitution).

De façon plus profonde ces crises sociales , auxquelles s’ajoutent  les crises écologiques, ont pour cause le système productiviste porteur d’injustices, d’autoritarismes, de débâcle écologique, de violences.

 2- 29-     Les grandes rencontres  de coopération et  concertation inter étatiques ( G 8 créé en 1975 , G 20 créé en 1999, sans oublier  l'organisation de Shanghai  créée en 2001qui comprend huit Etats, en particulier la Chine ,la Russie, l'Iran et maintenant l'Inde) adoptent des communiqués communs et peuvent faire des recommandations .

Ces rencontres ont leur utilité au niveau des rapports interpersonnels de ceux et celles qui y participent, au niveau aussi des rencontres bilatérales, elles peuvent également essayer de faire face à des crises, apaiser des conflits, préparer des régulations  et des stratégies économiques, financières, commerciales, politiques...

.Ces rencontres ont cependant deux limites. D'abord elles ne débouchent pas sur des décisions, elles ont simplement un pouvoir incitatif, non obligatoire. Ensuite et surtout elles s'inscrivent dans des régulations...du productivisme  et non pas celles de la construction  d'une communauté mondiale humainement viable. Même s'il ne faut pas négliger telle ou telle remise en cause contribuant à préparer une législation internationale porteuse, leurs logiques dominantes ne sont pas celles de la mise en oeuvre massive de moyens démocratiques, justes, écologiques et pacifiques.

Ce qui pourrait être porteur d'un certain espoir c'est que dans de telles rencontres voient le jour par exemple une taxe sur les transactions financières, par exemple un programme mondial financé sur le droit à l'eau et  d'autres alternatives.

S'ils ne faut sans doute pas désespérer de telles rencontres les peuples savent qu'il ne faut pas en attendre à ce jour de remède miracle. Ce sont  surtout leurs luttes qui peuvent contribuer à de tels  changements.(voir notre article sur "Les moyens contribuant à passer d'un système mondial productiviste autodestructeur à une communauté mondiale humainement viable").

2- 30-    Un autre type de rencontre est la Coupe du monde de football, évènement sportif  et médiatique , qui a  permis à 32 pays qualifiés de concourir  en Russie, l'équipe de France des" bleus" renouvelle l'exploit de 1998 en  juillet 2018 ,   elle est à nouveau championne du monde. La prochaine coupe devrait se  dérouler  au Qatar en 2022.

2-31-La crise du coronavirus (Covid 19) apparait  en novembre 2019 en Chine centrale à Wuhan. Elle se développe rapidement et atteint  peu à peu l’ensemble des pays du monde en particulier en mars, avril, mai 2020 des pays européens dont  le Royaume-Uni, l’Italie , la France, l’Espagne, l’Allemagne… D’autres pays, comme les Etats-Unis et le Brésil, particulièrement mal préparés, sont gravement atteints. L’inquiétude pour des pays africains  et d'Amérique latine est grande.

2-31-1-- Cette crise sanitaire a pour effet au 5 avril 2022  d’avoir  contaminé 494 millions de personnes et tué 6,17 millions de malades dans le monde.

Quel nombre de décès par pays au 5 avril 2022 ? (k égal  1000) Exemple France 140k égal 140.000 décès.

Etats-Unis 997k, Brésil 660k, Inde 521, Russie 362, Mexique 323k, Pérou 212k, Royaume-Uni166k, Italie 159k, Indonésie 155k, Iran 140k, France 140k,  Colombie 139k, Allemagne 130k, Argentine 128k, Ukraine 112k,  Pologne 115k, Espagne 102k, Afrique du Sud 100k.

La Chine de l’ordre de 13.000 morts avec sa politique zéro covid.

1-31-2-Les recensements des victimes (hôpitaux, maisons de retraite, centres sociaux, décès à la maison et dans d’autres lieux) sont souvent très incomplets et sous-estimés.

 2-31-3-Les services de santé, faute de moyens suffisants en personnels, en lits, en matériels (masques, respirateurs, médicaments  et tests…) ont été ou sont gravement débordés. Les « gestes barrières », en particulier la distance entre les personnes, demeurent capitaux.

 2-31-4-La crise sanitaire se double d’une crise économique profonde puisque, à la suite du « confinement », la plupart des entreprises de toutes tailles ferment. Ainsi   des entreprises de transports aériens  tombent  en faillite. Les bourses s’effondrent mais surtout le nombre de chômeurs explose, ainsi aux Etats-Unis 30 millions de personnes supplémentaires. Les inégalités s’aggravent, le nombre de personnes en situations catastrophiques explose, il est « amorti » dans certains pays comme la France par des aides sociales.

2-31-5-Quelques  effets  positifs de cette crise  sont des  émissions de CO2 qui diminuent, l’air plus respirable dans les grandes villes, la nature qui respire un peu moins mal, le télé travail qui se développe avec pourtant ses limites, des solidarités qui se mettent en route, en particulier celle des groupes qui s’auto organisent par exemple pour la consommation alimentaire. Enfin  les déplacements à bicyclette  se multiplient. Les projets « du monde d’après » commencent à voir le jour venant surtout des milieux associatifs, ils sont réformateurs ou radicaux.

2-31-6-On pourra espérer vivement que les dépenses de  santé feront l’objet d’une…explosion. Quelques jours pris dans l’ensemble des pays  sur les dépenses d’armements seraient salvateurs mais ce serait là  déranger des pensées bien ordonnées dans le non-sens  et couchées  devant le  courage.

Une autre leçon vers laquelle on va peut-être s’orienter est celle d’un certain nombre de « relocalisations » en particulier de médicaments, de masques…et d’autres productions.

2-31-7-Mais les remises en cause après la crise  ne seront très probablement pas au rendez-vous, les mêmes logiques productivistes reprendront le dessus. Par exemple les émissions de gaz à effet de serre vont vraisemblablement reprendre « de plus belle »,et  par exemple les leçons  nécessaires par rapport aux causes profondes du développement des épidémies ne seront pas tirées.

Autrement dit la place de plus en plus restreinte accordée à la nature s’aggravera et sa marchandisation aussi si des contre-logiques puissantes ne sont pas mises en place.

IV-    SYNTHESE DES  GRANDES VIOLENCES  DE 1945 A NOS JOURS ( 2022)

 Cet article est le dernier de la série de l'histoire des relations internationales de 1945 à nos jours.

 "De la Conférence de Yalta à la guerre du Vietnam(1945-1964)  ( I )

"De la guerre du Vietnam à la sortie de Yalta(1964-1989) ( II )

 "De la sortie de Yalta à nos jours (1989 à 2022)  ( III )

et donc "Synthèse des grandes violences de 1945 à nos jours(2022) ( IV )

Nous avions distingué sur notre blog et notre site  « les contenus des violences » en trois grandes catégories. Le contenu des grandes violences, massives, terrifiantes, porteuses de nombreuses morts et de grandes souffrances, le contenu des atteintes aux personnes, aux biens, à la paix publique, à l’environnement, le contenu des autres violences à ne pas banaliser. Nous renvoyons les lecteurs intéressés à notre série d’articles de ce blog et de ce site  sur les violences plus précisément aux contenus de ces deux dernières catégories que nous n’abordons pas dans ces développements.

Nous avons voulu proposer ici une synthèse des  grandes violences pour deux raisons.

 D’une part il faut avoir une vue globale de l’ensemble de ces souffrances or on oublie telle ou telle catégorie de drames ou tel ou tel drame particulier.

D’autre part il faut avoir  une idée du nombre des victimes, donc ne pas sous-estimer l’ampleur de ces  horreurs depuis 1945 et par rapport à  l’ensemble des drames et  par rapport à tel ou tel drame.

Le contenu des grandes violences est tragiquement clair à définir.

 Ce sont les violences massives, terrifiantes, porteuses de nombreux  morts et de grandes souffrances multiformes.

Deux remarques préalables :

Nous n’hésiterons pas à rappeler des drames gigantesques précédents 1945, ainsi la grande boucherie de 1914-1918 ,   la Seconde guerre mondiale (1939-1945) ,  les génocides des arméniens(1915-1917) et des juifs(1939-1945).

Nous donnerons parfois les écarts des chiffres des victimes, les historiens et d’autres avec eux évoquent parfois des différences considérables, ainsi par rapport aux morts des plus de 530 conflits armés depuis 1945 les deux extrêmes vont de quinze  millions de victimes à cinquante cinq millions soit l’équivalent de la Seconde guerre mondiale, cela sans prendre en compte de multiples autres tragédies que nous soulignerons et qui arrivent à un total  général gigantesque avec les conflits armés cela même dans les recensements  les moins élevés.

Pour établir cette énumération des grandes violences nous combinerons  des formes de grandes violences proches (guerres, massacres, épurations de masse), des aspects où le droit les qualifie (crimes internationaux), des aspects plus politiques (régimes politiques, terrorismes) des domaines de grandes violences (scientifique et industriel, économique, social, culturel, écologique).

 Nous  regrouperons   les grandes violences en deux points :


A- Les guerres, les massacres, les épurations de masse de 1945 à nos jours (fin 2019),

B- Les autres grandes violences de 1945 à nos jours(fin 2019) 1-les crimes internationaux (crimes de guerre, crimes contre l’humanité, crime de génocide, crime d’agression), 2- les crimes contre l’environnement 3-les régimes totalitaires et les camps de l’horreur, 4-les régimes autoritaires,  5-les terrorismes, 6-la course aux armements, 7-les grandes violences économiques et sociales, 8- les grandes violences culturelles : les ethnocides  9- les grandes violences écologiques.

A- LES GUERRES ,  LES MASSACRES , LES EPURATIONS  DE MASSE DE 1945 A NOS JOURS (2022)

 1- Les guerres


1-1  Quelques  généralités

   Il est probable que la guerre n’a pas toujours existé, elle  apparait à la suite de trois séries de causes (climatiques, économiques, démographiques) (voir sur ce blog « Analyses des causes des violences »). 

Cependant les guerres sont omniprésentes dans l’histoire : guerres préhistoriques, guerres des empires, guerres des sociétés féodales, guerres coloniales, guerres révolutionnaires, guerres de décolonisation, guerres de libération, et bien sûr les guerres mondiales de 1914-1918,72 pays en guerre,65 millions de soldats mobilisés et de 1939-1945,68 pays en guerre,70 millions de soldats mobilisés. De nos jours les guerres civiles sont de loin les plus nombreuses, souvent plus ou moins internationalisées, des guerres inter étatiques sont encore présentes.


De 1945 à nos jours, en plus de sept décennies (début 1945-fin 2019) quel a été le nombre de conflits armés ? Il y a eu de l’ordre de cinq cents vingt (530) conflits armés.

 Ainsi par exemple, de façon plus précise, de 1945 à 1968 cent conflits armés (Annuaire SIPRI, 1968-69), sur la période 2001-2011 soixante treize conflits étatiques, deux cents vingt deux non étatiques (SIPRI, Yearbook 2013)… Les conflits inter étatiques depuis 1945 sont moins nombreux, neuf conflits armés sur dix sont intra étatiques et de plus en plus ont une portée internationale dans la mesure où plusieurs Etats soutiennent les parties internes au conflit.


1-2       Les malheurs apportés par les guerres ce sont d’abord les morts. 

1-2-1       La Première guerre mondiale  de 1914-1918 est à l’origine de 18,6 millions de morts,. Ce nombre global comprend 9,7 millions de morts pour les militaires (on cite d’ailleurs souvent cette donnée de 10 millions de pertes humaines pour la Grande Guerre) et 8,9 millions pour les civils.

 Il y a eu  2 millions de soldats allemands et 1,5 million de soldats français tués pendant cette guerre. En France  les 40.000 monuments aux morts de la Première Guerre mondiale  témoignent de cette immense boucherie.

Rappelons nous un des témoignages bouleversants, celui de Roland Dorgelès (Les Croix de bois, Paris, Albin Michel, 1925) relatif aux cadavres d’un champ de bataille des tranchées de 1914-1918: « Sans regarder, on  sauta dans la tranchée. En touchant du pied ce fond mou, un dégoût surhumain me rejeta en arrière, épouvanté. C’était un entassement infâme, une exhumation monstrueuse de Bavarois cireux sur d’autres déjà noirs, dont les bouches tordues exhalaient une haleine pourrie, tout un amas de chairs déchiquetées, avec des cadavres qu’on eût dit dévissés, les pieds et les genoux complètement retournés, et, pour les veiller tous, un seul mort resté debout, adossé à la paroi, étayé par un monstre sans tête. (…) On hésitait encore à fouler ce dallage qui s’enfonçait, puis, poussés par les autres, on avança sans regarder, pataugeant dans la Mort… »

1-2-2    La Seconde  guerre mondiale, 1939-1945, est à l’origine de cinquante cinq millions de morts, militaires et civils. C’était « une guerre totale » où les   victimes civiles ont été de plus en plus nombreuses.

Au sein de cette guerre le génocide mis en œuvre par les nazis témoigne de l’horreur de l’horreur.

 Les historiens, en particulier Raul Hilberg, estiment aujourd’hui  que les nazis ont exterminé 5,1 millions de juifs ( 3 millions dans les camps,800.000 dans les ghettos,1,3millions massacrés en dehors des camps) et d’autre part 250.000 tziganes,200.000 handicapés physiques et mentaux , 15000 homosexuels,  3,5 millions de prisonniers de guerre soviétiques et 1,1 million de déportés ne relevant pas des « crimes » précédents. Le Tribunal international de Nuremberg a estimé le nombre de victimes juives à 5,7millions et a employé le nombre  de 6 millions repris par la suite. L’extermination a été celle des deux tiers de la population juive d’Europe et du tiers du peuple juif dans son entier.

Rappelons nous  un des témoignages bouleversants en 1947celui  de Primo Levi dans « Si c’est un homme », ouvrage que Paul Klein synthétise de la façon suivante : «  Ce livre est sans conteste l'un des témoignages les plus bouleversants sur l'expérience indicible des camps d'extermination. Primo Levi y décrit la folie meurtrière du nazisme qui culmine dans la négation de l'appartenance des juifs à l'humanité. Le passage où l'auteur décrit le regard de ce dignitaire nazi qui lui parle sans le voir, comme s'il était transparent et n'existait pas en tant qu'homme, figure parmi les pages qui font le mieux comprendre que l'holocauste a d'abord été une négation de l'humain en l'autre. 
Si rien ne prédisposait l'ingénieur chimiste qu'était Primo Levi à écrire, son témoignage est pourtant devenu un livre qu'il importe à chaque membre de l'espèce humaine d'avoir lu pour que la nuit et le brouillard de l'oubli ne recouvrent pas à tout jamais le souvenir de l'innommable, pour que jamais plus la question de savoir "si c'est un homme" ne se pose. 
De ce devoir de mémoire, l'auteur s'est acquitté avant de mettre fin à ses jours, tant il semble difficile de vivre hanté par les fantômes de ces corps martyrisés et de ces voix étouffées. » 

Au sein de cette guerre les holocaustes nucléaires d’août 1945 sur Hiroshima et Nagasaki ont causé la mort, selon des  estimations de 2005,  d’au moins 240.000 personnes. (Voir sur Hiroshima par exemple  mon ouvrage «  Construire la paix . Les armements détruisent l’humanité. »,tome 1, Editions La Chronique sociale,1988.)

Rappelons-nous    un des témoignages  bouleversants, celui  de l’écrivain Mizukawa : « Une mère aveugle serrant contre elle son enfant mort, des larmes ruisselants de ses yeux détruits. C’était dans mon enfance, ma mère me tenait par la main. Vision de cauchemar inoubliable. »

1-2-3   Depuis 1945 jusqu’à  fin  2019 les conflits armés pendant plus  de sept décennies, 74 ans, ont été à l’origine d’au moins dix à quinze millions de victimes. Il faut souligner l’incertitude de ce total puisque on avance parfois  l’équivalent de la Seconde guerre mondiale soit 55 millions de morts.

Un témoignage bouleversant, symbolique de tant et tant d'autres souffrances, témoignage  de Maida, douze ans,en 2001 en Macédoine à Skopje : "Guerre est le mot le plus triste qui sort de mes lèvres tremblantes. C’est le plus mauvais des oiseaux qui remplit les murs de sang et qui fait du monde un enfer."

1-2-4  Depuis 1945 les guerres les plus terrifiantes en nombre de victimes ont été

 En Chine : certains historiens estiment que la seconde partie de la guerre civile en Chine de 1945 à 1949 aurait fait au moins 5 millions de victimes.(1949 c’est l’indépendance de la Chine.)


Depuis 1945 la guerre du Vietnam (seconde guerre d’Indochine) a été l’une des plus meurtrières. Elle opposait, d’une part, le Nord Vietnam procommuniste, soutenu militairement par la Chine et l’Union soviétique et, d’autre part, le Sud Vietnam, soutenu militairement par les Etats-Unis. Cette guerre va de 1964 à 1973, elle continue entre les deux Vietnam de 1973 à 1975, elle est synonyme de souffrances gigantesques. Les victimes du côté vietnamien sont de plus de 1 million de combattants et de 4 millions de civils, la population vietnamienne a été écrasée, du côté des Etats-Unis de 58.000 militaires.
En nombre de victimes une autre guerre a été particulièrement gigantesque quant aux pertes humaines puisque, de 1986 à 1996, en RDC (République Démocratique du Congo) il y a eu au moins 4 millions de victimes.

Les autres guerres gigantesques et terrifiantes en nombre de morts, celle de Corée (1950-1953) 2 millions de victimes, celle du Biafra au Nigeria  ( 1967-1970) 2 millions, au Soudan(1983-2005),2 millions… Et d’autres guerres encore…En août 1947 la partition de l’Inde et du Pakistan, pays qui deviennent indépendants, entraine une guerre faisant un million de victimes et un des plus grands déplacements de population, l’une hindoue, l’autre musulmane, plus de 12 millions de personnes allant d’un  côté ou de l’autre.


1-3   Les malheurs des guerres ce sont aussi des souffrances physiques, morales, souvent à vie, des combattants et des populations.

La Grande Guerre fit 20 millions de blessés dont de nombreux invalides à vie, et des millions de veuves et d’orphelins.

En France cette hécatombe dans la population française, en plus des 1,5 million soldats morts, est de 5,5 millions de blessés, plus de1,2 million d’invalides, 600.000 veuves de guerre, et près de 1 million d’orphelins, autant de personnes plongées dans des détresses physiques, morales et matérielles.

 
Evoquer cette grande boucherie de 1914-1918 c’est penser à la survie dans les tranchées, une forme d’enfer extrême sur terre : attaques, mitrailleuses, obus, explosions de surface et souterraines, gaz de combat, combats à la baïonnette et au couteau, cadavres, cris plaintes et souffrances des blessés, peurs de mourir, lassitudes, crises de folie, suicides, exécutions pour en appeler à la « combativité » , prises de conscience des abattoirs programmés par les folies et les erreurs du commandement, manques de sommeil, de nourriture et d’eau, puanteurs multiples, conditions sanitaires catastrophiques, noyades, froid, pluie, boue, poux, rats, vermine …(Voir en particulier la terrifiante et remarquable série documentaire « Apocalypse, la 1ère Guerre mondiale »).

1-4      Les malheurs des guerres ce sont aussi

 les destructions matérielles (villes, villages, routes, voies ferrées, aéroports, ponts …),

les  destructions culturelles (monuments, musées, bibliothèques, œuvres d’art…) qui sont autant de violations des patrimoines locaux , nationaux, continentaux,  mondiaux  des générations passées, présentes et futures...

 les destructions environnementales (faune, flore, forêts, paysages, air, sol, eau, étendues agricoles, monuments…), la guerre est destructrice non seulement des êtres humains mais aussi de l’environnement (voir article sur ce blog « Les atteintes à l’environnement et les conflits armés »), et article de JML, Droit de la guerre, droit de l’environnement, colloque OMIJ Limoges, 15 et 16 décembre 2008. Actes du colloque, Les droits de l’homme face à la guerre, Dalloz, 2009), dans ces articles est proposée au départ une synthèse des effets nombreux et catastrophiques de la préparation de la guerre, puis du conflit et enfin de l’après-conflit sur l’environnement, c’est une vision globale terrible.

 2- Les massacres

Selon Jacques Sémelin (-Pour sortir de la violence, Jacques Sémelin, les éditions ouvrières, 1983). « le massacre peut être commandé ou spontané, méthodique ou non mais, par définition, il est toujours limité. Sa finalité n’est pas de détruire le groupe-victime en tant que tel mais de créer en son sein un effet de terreur de nature à faciliter sa soumission ou à l’inciter à fuir un territoire donné. Le massacre est au service d’une stratégie de conquête ou de mise en esclavage de populations. On le retrouve dans toutes les formes de guerres : de la guerre antique à la guerre moderne, en passant par la guerre coloniale. »

Un exemple terrible est celui du  massacre à   Madagascar alors colonie française .C’est un crime colonial français face au  soulèvement. Après l'insurrection du 29 mars 1947 l'armée française exécute  un massacre de 20 000 à 30 000 malgaches en avril mai 1947 .La guerre va de 1947 à 1958, il y a eu  au moins 100.000 victimes. , l'indépendance de Madagascar date de 1960.


Le massacre peut exister aussi en dehors de la guerre, par exemple sous la forme d’une opération militaire spécifique à telle ou telle situation, par exemple aussi sous la forme d’actes terroristes importants.

3-   Les épurations de masse

 Jacques Semelin –(Pour sortir de la violence, Jacques Sémelin, les éditions ouvrières, 1983).écrit « Si la finalité du massacre peut être aussi bien interne qu’externe, la technique de l’épuration est fortement liée à la gestion intérieure des peuples. Elle vise à consolider, renforcer, accroître le pouvoir de ceux qui la décident et qui, par là-même, révèlent le caractère tyrannique de leur régime. L’épuration de masse répond souvent à des critères idéologiques en s’abattant sur des groupes politiques, des catégories économiques ou des classes sociales particulières. La logique de l’épuration (sélection, regroupement, déportation) est proche de la logique du génocide même si elle n’a pas pour objet l’éradication des populations visées. Les chiffres des morts des grandes épurations de masse sont de l’ordre de ceux des grands génocides et parfois les dépassent.»


Trois des exemples terrifiants sont ceux

de la famine organisée par Staline contre les paysans ukrainiens pour mettre en œuvre l’industrialisation forcée et écraser les révoltes en 1932-33, 6 à 8 millions de morts,

des camps du totalitarisme stalinien entre 1928 et 1953, au moins 25 millions de victimes,(voir ci-dessus « les camps de l’horreur »)

 des répressions massives sous la révolution culturelle en Chine de 1966 à 1976, de 1 à 3 millions de morts.

 B-       LES AUTRES GRANDES VIOLENCES DE 1945 A NOS JOURS  (2022 )

1- Les crimes internationaux : crime de guerre, crime contre l’humanité, crime de génocide, crime d’agression

1-1     Notre objectif est de donner ici une idée juridique précise de ces crimes tout en rappelant aussi certains d’entre eux.
Des tribunaux spécifiques ont été créés pour juger de tel ou tel crime puis, après leur mission, ils avaient ou ont vocation à disparaitre. Est enfin venu le jour où une cour permanente a été créée, la CPI en 1998.

Selon l’article 5 du Statut de la Cour pénale internationale(CPI) du 12 juillet 1998, entré en vigueur le 1er juillet 2002, la compétence de la Cour est limitée aux « crimes les plus graves qui touchent l’ensemble de la communauté internationale. En vertu du présent Statut, la Cour a compétence à l’égard des crimes suivants : a) Le crime de génocide ; b) Les crimes contre l’humanité ; c) Les crimes de guerre ; d) Le crime d’agression. »

Ce sont donc les formes de crimes internationaux. À ce jour, la Cour a ouvert une enquête dans une vingtaine de situations : Ouganda (2004), République démocratique du Congo (2004), Soudan (2005), Centrafrique (2007), Kenya (2010), Libye (2011), Côte d'Ivoire (2011), Mali (2013), Centrafrique II (2014), Géorgie (2016) et Burundi (2017), Bangladesh/Birmanie (2019), Afghanistan (2020) et Ukraine (2022). Six examens préliminaires sont en cours : Colombie (2004), Guinée (2009), Palestine (2015), Philippines (2018), Venezuela I (2018), Venezuela II (2020) et Bolivie (2020)…

En mars 2020 la CPI a décidé d’ouvrir une enquête en Afghanistan sur les crimes présumés commis par les talibans, les forces de sécurité afghanes, l’armée américaine et le personnel de l’agence américaine de renseignements (CIA).
Le 1er et 2 mars 2022, le Bureau du Procureur a reçu, par le biais d'un groupe d'États parties au Statut de Rome un renvoi de la situation en Ukraine. Le 2 mars 2022, le
Procureur a annoncé qu'il avait procédé à l'ouverture d'une enquête sur la situation en Ukraine sur la base des renvois reçus. Conformément aux critères d'ensemble relatifs à
la compétence conférés par ces renvois, et sans préjuger de l'objet de l'enquête, la portée de la situation englobe toute allégation passée et actuelle de crimes de guerre, de
crimes contre l'humanité ou de génocide commis sur une partie quelconque du territoire de l'Ukraine par quiconque depuis le 21 novembre 2013.


1-2      Les crimes de guerre

 Quand éclate une guerre,  des crimes de guerre l’accompagnent souvent. Ils sont très loin d’être toujours dénoncés et condamnés.

Les « crimes de guerre » sont des violations graves du droit international humanitaire, elles sont commises à l’encontre de civils ou de combattants ennemis, pendant un conflit armé international ou interne, ces violations entraînent la responsabilité pénale individuelle de leurs auteurs.

Les crimes de guerre sont des infractions graves au droit international humanitaire applicable en cas de conflits armés(les quatre conventions de Genève du 12-12-1949 et le Protocole I de 1977), autrement dit dans les conflits internationaux (entre Etats).
Cependant, et heureusement, ils sont pris également en compte dans les conflits non internationaux (internes, autrement dit les guerres civiles), ces conflits armés non-internationaux dépendent quant à eux de l’article 3 commun aux Conventions de Genève ainsi que du second Protocole additionnel de 1977relatif à « la protection des victimes des conflits non internationaux. » « L’article 8 §2 alinéa e) du Statut de la Cour s’applique aux conflits armés ne présentant pas un caractère international et ne s’applique donc pas aux situations de troubles et tensions internes telles que les émeutes, les actes isolés et sporadiques de violence ou les actes de nature similaire. Il s’applique aux conflits armés qui opposent de manière prolongée sur le territoire d’un État les autorités du gouvernement de cet État et des groupes armés organisés ou des groupes armés organisés entre eux. »

Le Statut de la CPI dans son article 8 précise :
« 1.La Cour a compétence à l’égard des crimes de guerre, en particulier lorsque ces crimes s’inscrivent dans le cadre d’un plan ou d’une politique ou lorsqu’ils font partie d’une série de crimes analogues commis sur une grande échelle.
2. Aux fins du Statut, on entend par « crimes de guerre » :
a) Les infractions graves aux Conventions de Genève du 12 août 1949, à savoir
l’un quelconque des actes ci-après lorsqu’ils visent des personnes ou des
biens protégés par les dispositions des Conventions de Genève :
i) L’homicide intentionnel ii) La torture ou les traitements inhumains, y compris les expériences biologiques iii) Le fait de causer intentionnellement de grandes souffrances ou de porter gravement atteinte à l’intégrité physique ou à la santé
iv) La destruction et l’appropriation de biens, non justifiées par des nécessités militaires et exécutées sur une grande échelle de façon illicite et arbitraire v) Le fait de contraindre un prisonnier de guerre ou une personne protégée à servir dans les forces d’une puissance ennemie vi) Le fait de priver intentionnellement un prisonnier de guerre ou toute autre personne protégée de son droit d’être jugé régulièrement et impartialement vii) La déportation ou le transfert illégal ou la détention illégale viii) La prise d’otages.
b) Les autres violations graves des lois et coutumes applicables aux conflits armés internationaux dans le cadre établi du droit international, à savoir, l’un
quelconque des actes ci-après :
i) Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre la population civile en tant que telle ou contre des civils qui ne participent pas directement part aux hostilités; ii) Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre des biens de caractère civil, c’est-à-dire des biens qui ne sont pas des objectifs militaires; iii) Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre le personnel, les installations, le matériel, les unités ou les véhicules employés
dans le cadre d’une mission d’aide humanitaire ou de maintien de la paix conformément à la Charte des Nations Unies, pour autant qu’ils aient droit à la protection que le droit international des conflits armés garantit aux civils et aux biens de caractère civil; (…) » (Voir la suite énumération sur site  icc-cpi-int).

  En décembre 2017 une résolution sur les amendements à l'article 8 du Statut de Rome ajoute trois crimes de guerre à la compétence de la Cour : l'usage d'armes qui utilisent des agents microbiens ou autres agents biologiques ou des toxines, d'armes blessant par des éclats qui ne sont pas localisables par rayons X, ou d'armes à laser.

1-3         Les crimes contre l’humanité


Contrairement au crime de guerre qui a lieu pendant un conflit armé, le crime contre l’humanité, comme d’ailleurs le crime de génocide, peut avoir lieu en période de paix ou en période de guerre. Nombreux sont les crimes contre l’humanité.


Un exemple de tribunal spécifique était, bien sûr, celui de Nuremberg face aux crimes nazis. Selon l’article 6 du Tribunal militaire international de Nuremberg du 8 août 1945 les crimes contre l’humanité sont constitués par « l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation ou tout autre acte inhumain contre toutes populations civiles, ou bien les persécutions pour des motifs politiques, raciaux ou religieux lorsque ces actes ou ces persécutions sont commis à la suite d’un crime contre la paix ou d’un crime de guerre, ou en liaison avec ces crimes ».
Selon l’article 7 paragraphe 1 du Statut de la Cour pénale internationale
« 1. Aux fins du présent Statut, on entend par crime contre l’humanité l’un quelconque des actes ci-après lorsqu’il est commis dans le cadre d’une attaque généralisée ou systématique lancée contre toute population civile et en connaissance de cette attaque :
a) Meurtre ; b) Extermination ; c) Réduction en esclavage ; d) Déportation ou transfert forcé de population ; e) Emprisonnement ou autre forme de privation grave de liberté physique en violation des dispositions fondamentales du droit international ; f) Torture ; g) Viol, esclavage sexuel, prostitution forcée, grossesse forcée, stérilisation forcée ou toute autre forme de violence sexuelle de gravité comparable ; h) Persécution de tout groupe ou de toute collectivité identifiable pour des motifs d’ordre politique, racial, national, ethnique, culturel, religieux ou sexiste au sens du paragraphe 3, ou en fonction d’autres critères universellement reconnus comme inadmissibles en droit international, en corrélation avec tout acte visé dans le présent paragraphe ou tout crime relevant de la compétence de la Cour ; i) Disparitions forcées de personnes ;
j) Crime d’apartheid ; k) Autres actes inhumains de caractère analogue causant intentionnellement de grandes souffrances ou des atteintes graves à l’intégrité physique ou à la santé physique ou mentale. »

 1-4-       Le crime de génocide

Le terme  de génocide est souvent employé, il vise des massacres  nombreux en un lieu donné, mais en fait et en droit le génocide n’est pas cela.

Rappelons les génocides du XXème siècle : génocides des arméniens (1915-1917), des juifs et des tsiganes (1933-1945), des cambodgiens (1975-79), des rwandais(1994).(voir développements précédents)
Jacques Sémelin (ouvrage déjà cité ci-dessus) écrit « Le génocide est toujours un ethnocide, un massacre, une épuration et en même temps il est plus que tous ces éléments réunis. Il a pour finalité la destruction totale du groupe-victime. La spécificité du génocide réside dans la volonté de détruire totalement une collectivité humaine définie en tant que telle. »

Selon l’article 2 de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide du 9-12-1948 il s’agit des « actes criminels, commis en temps de guerre ou de paix, dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ».
Selon l’article 6 du Statut de la Cour pénale internationale

« Aux fins du présent Statut, on entend par crime de génocide l’un quelconque des actes ci-après commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :
a) Meurtre de membres du groupe ; b) Atteinte grave à l’intégrité physique ou mentale de membres du groupe ; c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ; d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ; e) Transfert forcé d’enfants du groupe à un autre groupe. »

En ce qui concerne le génocide au Cambodge (1975-1978, au moins deux millions de victimes) un tribunal composé de juges cambodgiens et internationaux a été créé en 2006, il a jugé les derniers dirigeants du régime génocidaire, il a fallu attendre le jugement du 16 novembre 2018 pour que deux d’entre eux soient condamnés comme responsables de crimes qualifiés de « génocide ».

 1- 5    Le crime d’agression

Depuis 1945 les crimes d’agression d’un Etat contre un autre ont été nombreux, les Nations Unies les ont parfois sanctionnés par l’embargo et/ou des sanctions militaires mais, le plus souvent, elles sont restées paralysées par l’utilisation du droit de veto d’un membre permanent du Conseil de sécurité (voir article sur « Qu’est-ce que la paix? Construire la paix ! »).
Selon l’article 8 bis du Statut de la Cour pénale internationale, rajouté conformément à la résolution du 11 juin 2010 :
« 1. Aux fins du présent Statut, on entend par «crime d’agression» la planification, la préparation, le lancement ou l’exécution par une personne effectivement en mesure de contrôler ou de diriger l’action politique ou militaire d’un État, d’un acte d’agression qui, par sa nature, sa gravité et son ampleur, constitue une violation manifeste de la Charte des Nations Unies.
2.Aux fins du paragraphe 1, on entend par «acte d’agression» l’emploi par un État de la force armée contre la souveraineté, l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique d’un autre État, ou de toute autre manière incompatible avec la Charte des Nations Unies. Qu’il y ait ou non déclaration de guerre, les actes suivants sont des actes d’agression au regard de la résolution 3314 (XXIX) de l’Assemblée générale des Nations Unies en date du 14 décembre1974 :
a)L’invasion ou l’attaque par les forces armées d’un État du territoire d’un autre État ou l’occupation militaire, même temporaire, résultant d’une telle invasion ou d’une telle attaque, ou l’annexion par la force de la totalité ou d’une partie du territoire d’un autre État ;b)Le bombardement par les forces armées d’un État du territoire d’un autre État, ou l’utilisation d’une arme quelconque par un État contre le territoire d’un autre État ;c)Le blocus des ports ou des côtes d’un État par les forces armées d’un autre État d)L’attaque par les forces armées d’un État des forces terrestres, maritimes ou aériennes, ou des flottes aériennes et maritimes d’un autre État ;e)L’emploi des forces armées d’un État qui se trouvent dans le territoire d’un autre État avec l’agrément de celui-ci en contravention avec les conditions fixées dans l’accord pertinent, ou la prolongation de la présence de ces forces sur ce territoire après l’échéance de l’accord pertinent ;f)Le fait pour un État de permettre que son territoire, qu’il a mis à la disposition d’un autre État, serve à la commission par cet autre État d’un acte d’agression contre un État tiers ;g)L’envoi par un État ou au nom d’un État de bandes, groupes, troupes irrégulières ou mercenaires armés qui exécutent contre un autre État des actes assimilables à ceux de forces armées d’une gravité égale à celle des actes énumérés ci-dessus, ou qui apportent un concours substantiel à de tels actes. »

La compétence de la CPI en ce domaine ne pouvait pas s’exercer avant le 1er janvier 2017, année où au moins deux tiers des Etats devront confirmer leur volonté d’activer cette compétence. Chaque Etat pourra refuser la compétence de la CPI s’agissant du crime d’agression. Par ailleurs, la compétence de la CPI sera liée à la constatation par la Conseil de Sécurité d’un acte d’agression, ou à défaut devra être autorisée par une Section (chambre) préliminaire de la CPI. En décembre 2017 l’Assemblée des Etats Parties au Statut de la CPI a déclaré la compétence prévue pour le crime d’agression à compter du 17 juillet 2018.


2 -     Qu’en est-il des crimes contre l’environnement ?


Certes les crimes contre l’environnement sont consacrés de façon spécifique. Il s’agit de l’article 8, paragraphe 2,b, IV du Statut de la CPI : « Constitue un crime de guerre le fait de lancer une attaque délibérée en sachant qu’elle causera incidemment des dommages étendus, durables et graves à l’environnement naturel qui seraient manifestement excessifs par rapport à l’ensemble de l’avantage militaire concret et direct attendu».


Mais, d’une part, ils sont consacrés comme crimes de guerre et non comme crimes écologiques, autrement dit ces crimes ne sont qu’une forme de crime de guerre. D’autre part cette disposition ne peut être invoquée que dans le cadre des conflits armés internationaux et non pas des conflits internesEnfin la preuve du caractère intentionnel est certainement difficile à établir, comme d’ailleurs celle de la violation du principe de proportionnalité. De façon plus précise il s’agirait, par exemple, de dégager la notion d’un nouveau crime international, le crime d’écocide, cela en période de conflit armé et, aussi, en période de paix.


Dans l’avenir ne faudrait-il pas soit ajouter un amendement au Statut de la CPI qui consacrerait de façon autonome ces crimes contre l’environnement, soit les inclure dans une future Vème convention de Genève sur la protection de l’environnement en période de conflit armé ? (Voir l’article à venir sur ce blog : Les conflits armés et la protection de l’environnement.)


3-       Les régimes totalitaires et les camps de l’horreur

3-1      Les violations massives des droits de l’homme

Ces violations sont omniprésentes dans les régimes totalitaires. Les totalitarismes du XXème siècle ont été le nazisme c’est-à-dire le régime politique (« national-socialisme ») en Allemagne de 1933 à 1945, le stalinisme c’est-à-dire le régime politique ( « Républiques socialistes soviétiques ») en Union soviétique de 1928 à 1953,et le régime politique au Cambodge de 1975 à 1979 (les khmers rouges et le « Kampuchéa démocratique »).
A cela il faut ajouter la période totalitaire sous la Chine de Mao, pendant « la Révolution culturelle » de 1966 à 1976, et la Corée du Nord de 1948 à nos jours dont le régime est souvent qualifié de totalitaire dans la mesure, entre autres, où existent des camps de détention de travail forcé.
Un des points communs de ces régimes est le ciment totalitaire du parti unique dirigé par le dictateur. (Voir sur ce blog  l’article : « Le contraire absolu de la démocratie : le totalitarisme. »)

Pour Hannah Arendt, philosophe américaine d’origine allemande qui avait fui le nazisme, (« Les origines du totalitarisme », 1951,publié en français: Le Système totalitaire, Le Seuil,1972), le totalitarisme est le résultat d’un ensemble d’éléments :une idéologie officielle couvrant tous les aspects de la vie individuelle et collective, une main mise sur tous les moyens d’information et de propagande, un isolement de l’individu, « isolé et désolé », par la destruction des anciennes structures(familles ,syndicats, associations, églises), un parti unique dirigé par le dictateur, une terreur dont la police politique est un instrument, une mobilisation de la population dès la petite enfance, enfin, horreur de l’horreur ,des camps de concentration. Donc réduire le totalitarisme au dictateur c’est faire une analyse incomplète, le totalitarisme c’est un système composé d’un ensemble d’éléments parmi lesquels le dictateur et le parti unique ont des rôles essentiels. Arendt met en avant la convergence entre le nazisme et le stalinisme.

Pour Raymond Aron, sociologue français, (« Démocratie et totalitarisme »,Gallimard, 1965) le totalitarisme repose un ensemble d’ éléments suivants : le monopole de l’activité politique par un parti, l’existence d’une idéologie monopolistique, le monopole des moyens de force et de persuasion détenus par ce parti, la subordination des activités à l’idéologie du parti, la terreur politique et idéologique, les camps de concentration. Aron en comparant les deux totalitarismes fait une différence : le nazisme est un « totalitarisme volontaire », l’homme « ne doit pas se donner pour but de ressembler à une bête de proie, il y réussit trop bien. » Par contre le stalinisme est un « totalitarisme involontaire », « qui veut faire l’ange fait la bête », les lendemains radieux annoncés étaient porteurs de présents massacreurs.

3-2      Les manifestations les plus terrifiantes : les camps de l’horreur


   Les nazis éliminaient les juifs, les tziganes, les homosexuels et les handicapés, les staliniens éliminaient les opposants au régime communiste, les khmers rouges éliminaient tous ceux qui avaient un capital matériel et/ou intellectuel.


3-2-1     Sous le nazisme la décision de « la solution finale » est prise le 20 janvier 1942 (pour certains historiens en décembre 1941).Dachau(l’ouverture de ce premier camp est annoncée par Himmler) fonctionnait depuis mars 1933, Auschwitz dès juin 1940.Le système concentrationnaire comprenait en particulier 4 camps d’extermination immédiate (Treblinka, Belzec, Chelmno, Sobidor),2 camps d’extermination et de concentration(Auschwitz-Birkenau avec au moins 1, 1million de victimes, Madjanek), 14 camps de concentration ( Ravensbruck, Buchenwald, Mauthausen, Dachau… et aussi le seul en territoire français, Struthof).En marge des centrales concentrationnaires et de leurs commandos il y avait les camps de transit ou d’internement qui dépendaient du système et deux camps de représailles pour prisonniers de guerre.
Les historiens, en particulier Raul Hilberg, estiment aujourd’hui que les nazis ont exterminé 5,1 millions de juifs ( 3 millions dans les camps,800.000 dans les ghettos,1,3millions massacrés en dehors des camps) et d’autre part 250.000 tziganes,200.000 handicapés physiques et mentaux , 15.000 homosexuels, 3,5 millions de prisonniers de guerre soviétiques et 1,1 million de déportés ne relevant pas des « crimes » précédents. Le Tribunal international de Nuremberg a estimé le nombre de victimes juives à 5,7millions et a employé le nombre de 6 millions repris par la suite. L’extermination a été celle des deux tiers de la population juive d’Europe et du tiers du peuple juif dans son entier.

3- 2-2    Sous le stalinisme la décision de création du Goulag est du 7 avril 1930, 10 à 19 millions de personnes sont  envoyés dans ces camps de rééducation par le travail. Les bagnards (les zeks) du Goulag étaient affectés à des chantiers terrifiants, par exemple creuser la roche à mains nues dans la construction du canal de la mer Blanche. Le système concentrationnaire était gigantesque, il comprenait des centaines de camps et 17 camps principaux, parmi les pires les camps de Magadan, de Kolyma, le plus grand était le Bamlag. Ces camps étaient synonymes d’arbitraire, de misère, de mort.
Le stalinisme dans son ensemble est responsable d’au moins 25 millions de victimes, à travers les camps, les purges, les famines organisées, ainsi celle terrifiante contre les paysans d’ Ukraine en 1932-1933 qui fit 6 millions de victimes.
3-2-3        Sous les Khmers rouges, du 17 avril 1975 (leur entrée dans Phnom Penh) au 7 janvier 1979 (l’arrivée des Vietnamiens au Cambodge), au nom d’une révolution radicale c’est, en fait, un génocide qui prend la forme d’un monde concentrationnaire, il s’installe dans le pays à travers évacuations des villes, déportations, famines, oppressions, persécutions, disparitions, centres de torture… Parmi ces derniers « S-21 », un lycée de la capitale Phnom Penh, où sont torturées et exécutées plusieurs dizaines de milliers de victimes.
On considère que plus du quart de la population a été décimé, en trois ans, huit mois et vingt jours, soit plus de 2 millions de cambodgiens sur 7 millions. Là aussi l’horreur de l’horreur.
Telles sont les manifestations de ces formes d’enfer que sont les totalitarismes.


4– Les régimes autoritaires


Fondés sur le parti unique et/ou l’armée ces régimes violent les droits de l’homme, en particulier les libertés. La population est tenue d’une main de fer, les souffrances sont grandes, les opposants politiques font l’objet de multiples répressions (prisons, tortures…) et sont souvent dans la clandestinité ou à l’étranger. Les différences avec les totalitarismes sont celles de l’absence de camps de l’horreur et d’une emprise moins totalisante  mais tout de même terrible  sur la population. Dans le totalitarisme le système s’est totalement refermé sur lui même, l’air est devenu totalement irrespirable, « tout dans l’Etat, rien contre l’Etat, rien en dehors de l’Etat », dans le régime autoritaire le système laisse encore, ici ou là, quelques poches d’air, quelques marges de manœuvres rarissimes.

5-   Le terrorisme

 5-1    C’est la menace et la mise en œuvre de moyens de terreur au service d’une cause. Cette cause peut être légitime, par exemple libérer un territoire d’une occupation armée étrangère, ou cette cause peut être illégitime, par exemple la destruction d’une race. Mais la légitimité d’une cause ne signifie pas la légitimité de tous les moyens pour la faire triompher. Ainsi, il était combien légitime de lutter contre le nazisme mais tous les moyens pour le faire n’étaient pas légitimes, les bombes d’Hiroshima et de Nagasaki, moyens massifs de terreur, n’étaient pas légitimes. Quelque soit la cause, légitime ou non, les moyens de terreur sont inacceptables, ils constituent une forme de grande violence.


5-2     Il y a trois types d’acteurs terroristes : des personnes, des réseaux, des Etats. Des personnes motivées par des injustices, des vengeances privées, des causes liées à des conflits armés, des idéologies totalitaires. Des réseaux plus ou moins importants et plus ou moins organisés, éliminent, selon leurs choix et/ou selon les situations, des autorités, des militaires, des policiers, des membres de la population ciblés ou pris au hasard. Des Etats, que l’on doit alors qualifier de terroristes, terrorisent une partie plus ou moins massive de la population et éliminent des opposants en particulier en les faisant disparaitre. Il existe une Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées (20-12-2006, entrée en vigueur le 23-12-2010) qui qualifient ces actes de « crimes contre l’humanité ». Selon l’article 2, « on entend par « disparition forcée » l’arrestation, la détention, l’enlèvement ou toute autre forme de privation de liberté par des agents de l’État ou par des personnes ou des groupes de personnes qui agissent avec l’autorisation, l’appui ou l’acquiescement de l’État. »


5-3     Les moyens de terreur les plus utilisés par les terroristes sont les attentats qui peuvent être individuels, plus importants (facilités par la circulation d’armes) ou  massifs (marchés, gares, grands magasins, immeubles, tours…) et les enlèvements (revendiqués ou non, aux motivations politiques et/ou financières suivis ou non de libérations). Dans la logique de prolifération gouvernementale et non gouvernementale d’armes de destruction massive, les attentats basés sur ces types d’armements (en 1995 l’utilisation du gaz sarin dans le métro de Tokyo) pourraient se développer dans les temps à venir.

5-4      Le terreau du terrorisme apparait plus souvent soit sur fond de désespoir à partir d’injustices vécues comme insupportables, soit sur fond d’idéologies de dominations à tendances totalitaires ou totalitaires. Certains pensent que c’est  essentiellement le système d’exploitation inhumaine , producteur d’injustices et d’humiliations, qui crée le terreau de la plupart des  terrorismes. (Voir les développements sur ce blog «  les analyses des causes des violences et les luttes contre ces causes. »)

5-5      L’ampleur du nombre d’attentats est de l’ordre de 96.600 de septembre 2001 à décembre 2016, ils ont coûté la vie à plus de 190.000 personnes et blessé plus de 340.000.

Ces attentats  sont massifs dans des pays asiatiques, par exemple au Pakistan de 2007 à 2014 : 7000 victimes, le 17 décembre 2014 à Peshawar 148 morts, massifs dans des pays africains, par exemple au Nigeria le 3 janvier 2015 ce sont 2000 civils chrétiens et musulmans qui sont massacrés par Boko Haram. Dans des pays européens, ils sont  revendiqués en particulier par Al-Qaida au Yémen. En France, le 8 janvier 2015, l'ensemble de la  direction d'un journal, Charlie Hebdo, et des clients d'un magasin juif sont exécutés. Le 11 janvier 2015 ont lieu les plus gigantesques manifestations de l'histoire de France, 4 millions de personnes dans les rues, soutenues par des manifestations dans de nombreux  pays étrangers, contre ces attentats et pour la liberté d'expression. Le 13 novembre 2015 Paris fait l'objet d'attentats revendiqués par l'organisation de l' Etat    islamique, ils  causent la  mort de 130 personnes, l'état d'urgence est décrété. Le ramadan 2016 est sanglant, ainsi des attentats en Arabie saoudite, en Turquie, au Yemen, en Jordanie, en Irak...Dans ce dernier Etat à Bagdad le 3 juillet 2016 l'Etat islamique provoque la mort de près de 300 personnes, ainsi Daesh est capable de frapper sur une partie de la planète.

5-6      Les luttes contre le terrorisme mises en place après le 11 septembre 2001 se sont intensifiées peu à peu : plans de surveillance et de sécurité, développement des services de renseignements, coopérations judiciaire et policière entre Etats, entreprises de déconditionnement ,  remise en cause de circuits financiers ...

Trois difficultés sont grandes. La première consiste à  ne pas porter atteinte aux libertés fondamentales  au nom de la sécurité, on bascule alors dans les dérives du sécuritaire. L'exemple caricatural est celui de l'emprunt à la panoplie des régimes autoritaires de "la déchéance de nationalité".

La seconde difficulté consiste à s'attaquer aux véritables causes du terrorisme, essentiellement au terreau des injustices, dans des quartiers "défavorisés",  dans les "zones urbaines sensibles" où ces inégalités  sont criantes, et aussi  aux guerres porteuses de souffrances et de haines, "si on répond à la haine par la haine on ne fait que l'étendre  en surface et en profondeur" disait Gandhi.

 La troisième difficulté est celle des labyrinthes des circuits financiers dans lesquels sont directement et indirectement impliqués différents acteurs, nombreux et  quelquefois puissants.

6- La course aux armements

6-1     C’est à nouveau l’escalade des dépenses militaires mondiales qui augmentent de 40% de 2000 à 2009 …puis vient une baisse  importante de 2009 à 2013,  en 2014 c'est la hausse qui  reprend, 1547 milliards de dollars (à titre de comparaison le budget de l'UNESCO pour 2014-2015 était de 653 millions de dollars),

En 2018, toujours selon le SIPRI,  le total mondial a continué à augmenter, 1822 milliards de dollars soit pour cinq Etats 60% de ce total. Il s’agit des Etats-Unis 649 milliards de dollars (36% du total mondial), de la Chine 250 (14%), de l’Arabie saoudite 68 (3,7%),de l’Inde  67 (3,6%),de la France 64 (3,5%),de la Russie 62 (3,4%).

 Chaque jour le monde dépense  5,4 milliards de dollars  en armements( 1971 milliards de dollars en 2020.) Voilà des logiques humanicides et terricides.

6-2     C’est une des formes de violence les plus gigantesques à travers quatre mécanismes que l’on énumère  très  rarement de façon complète :

 D'abord  cette course alimente les conflits armés c’est-à-dire que des armes peuvent en être une cause secondaire ou principale, elles vont être autant d’étincelles dans des lieux qui sont souvent des poudrières.

 Ensuite fabriquer des armes c’est préparer la mort de victimes dans des conflits armés qui, selon certains, de 1945 à 2013 ont entrainé l’équivalent du nombre de victimes de la Seconde guerre mondiale, 55 millions de morts, et c’est préparer beaucoup d’autres morts, blessés et souffrances pour les années à venir.

 C’est aussi penser que la paix repose sur des menaces, quelquefois même sur le chantage à la mort absolue avec les armes de destruction massive. Or l’augmentation en quantité et en qualité des armements accroit l’insécurité généralela véritable paix ne peut pas reposer sur des peurs réciproques, elle se construit côte à côte face aux défis communs rencontrés par les générations présentes et déjà futures.

 Enfin, réalité presque toujours passée sous silence, les sommes gigantesques englouties dans les armements auraient pu aller vers des besoins criants, de santé, d’infrastructures de l’eau, d’éducation, d’environnement…

Dans un ensemble d’estimations possibles on pourrait  comparer les dépenses militaires mondiales de 1945 à fin 2019 et ces besoins criants, de santé, d’infrastructures de l’eau, d’éducation, d’environnement…La vérité sauterait aux yeux pourvu qu’on les ouvre

Cette forme de violence, quand on veut essayer de la penser, est une des plus terribles que l’humanité s’est faite et se fait à elle-même, elle « déchire ses entrailles », elle répand son propre sang, elle laisse criantes, hurlantes, d’innombrables souffrances auxquelles elle se devait de répondre.

 (Voir nos deux ouvrages JML, Construire la paix, 1er tome : les armements détruisent l’humanité, 2ème tome : l’humanité détruira les armements, éditions La Chronique sociale,1988.)

7-      Les grandes violences économiques et sociales 

7-1   La violence totalisante du système productiviste mondial terricide et humanicide peut se résumer ainsi   :

Ce système n’est-il pas condamnable du seul fait, par exemple, qu’il y ait  en 2016 un enfant sur deux dans le monde en situation de détresse et/ou de danger(guerres, maladies, misère…) et du seul fait, par exemple, que les marchés financiers ont pris, depuis 1971 (fin de la convertibilité du dollar en or), une large partie de la place des conducteurs(Etats, entreprises…) ?

Ce système n’est-il pas condamné du seul fait , par exemple, que  5 milliards de dollars partent chaque jour en 2018 vers les dépenses militaires mondiales, et du seul fait, par exemple, que des activités humaines entraînent un réchauffement climatique qui menace l’ensemble du vivant (+3°C à 6°C vers 2100 et plus d'un  mètre (deux?) d’élévation du niveau des mers ?)

7-2      La puissance du pouvoir financier constitue une grande violence

Les Etats à ce jour (fin  2018) n'ont pas encore les volontés massives et radicales de faire face aux nouveaux conducteurs de la planète, les marchés financiers, de plus en plus puissants depuis 1971 (c’était  la fin de la convertibilité du dollar en or  qui a précipité la spéculation internationale sur les monnaies et amplifié  la puissance des bourses, des banques et des marchés financiers).

Les liens entre des Etats, des firmes multinationales et les marchés financiers contribuent à transformer l'ensemble en géants mais ne s'agit-il pas de  géants aux pieds d'argile dans la mesure où, en fin de compte, des logiques terricides et humanicides   sont à l'œuvre ?

Ces marchés financiers comprennent six classes d'actifs : le marché actions, le marché obligataire, le marché monétaire, le marché des dérivés, le marché des changes, le marché des matières premières. Deux chiffres symboliques de cette force : en avril 2016 les transactions quotidiennes(!) sur le marché des changes étaient de 5100 milliards de dollars, pour l'année 2017 le gestionnaire américain d'actifs Black Rock gérait 6000 milliards de dollars et réalisait un bénéfice de 3,7 milliards.

A titre de comparaisons le chiffre d'affaires annuel en 2017 des dix premières entreprises du monde allait de 200 à 500 milliards de dollars, le PIB en 2017 était pour 139 Etats inférieur à 10 milliards de dollars dont 30 inférieur à 3 , alors que le PIB des Etats-Unis était de 19362 et celui de la France( cinquième dans la liste des 193 Etats) de 2574, le budget bi annuel des Nations Unies pour 2018-2019 est de 5,4 milliards de dollars.

Ce sont là quelques rapports de forces financiers qui en disent très longs sur des rapports de force internationaux.

7-3      Des injustices globales dans le monde aujourd’hui


« Les victimes des injustices économiques sont ainsi, sans le moindre remords, sacrifiées sur l’autel de l’ordre public. Jusqu’à quand ? » écrit Eduardo Galeano (Le Monde diplomatique, Guerre aux pauvres, août 1996).
Les quatre réalités qui suivent  sont souvent soulignées  par des institutions spécialisées des Nations Unies, des organes subsidiaires et des programmes de cette organisation internationale.
Ainsi en 2016, selon l’UNICEF, un enfant sur deux dans le monde est en situation de détresse et/ou de danger (misères, sous-nutrition, maladies, guerres…). Si une civilisation se juge en particulier au sort qu’elle réserve à ses enfants… le jugement de condamnation est sans appel.
En 2014, selon l’OMS, dans les pays à faibles revenus 4 décès sur 10 touchaient des enfants de moins de 15 ans, dans les pays à revenus élevés 1 enfant sur 100.L’inégalité devant la mort existe pour l’enfant selon le pays où il vit.
En 2014, selon le PNUD, moins de 10% de la population mondiale dispose de 82% du patrimoine mondial, alors que 70% de cette population mondiale disposent de 3% du patrimoine mondial. C’est ce que l’on appelle une violence structurelle gigantesque.
Fin 2015, selon les Nations Unies, 4,5milliards de personnes se trouvent dans le besoin avec le minimum vital, 1,5milliard de personnes est en situation de survie (avec moins de 1,25 dollar par jour) et 1 milliard vit dans l’aisance. On voit particulièrement bien ici que le système ne répond pas aux besoins importants ou criants de la grande majorité de la population mondiale.

7-4       Des injustices particulières dans le monde aujourd’hui


Nous rappelons dix séries d’inégalités terribles, cette liste des drames est très loin d’être exhaustive. Les drames de la faim, de l’absence d’eau potable, de l’absence de toilettes, des maladies qui tuent sans vaccinations ou soins, drames de l’inégalité de l’accès aux médicaments, des inégalités dans l’espérance de vie, des inégalités dans l’éducation, des inégalités relatives au niveau de vie, des inégalités devant la protection sociale, des inégalités relatives à l’empreinte écologique. (Voir statistiques précises dans l’article à venir sur ce blog : « L’injustice et les luttes contre les inégalités.»)

 Face au drame de la faim (821 millions de personnes  en 2017 soit un habitant sur neuf dans le monde ), ou face au drame de l’absence d’accès à l’eau potable et à l’assainissement… on décide… qu’on décidera plus tard de s’attaquer  aux  causes de ces situations  inhumaines .Le réchauffement climatique est devenu une cause qui s'ajoute aux autres et aggrave ces deux drames mondiaux.

Historiquement rappelons deux drames terrifiants entrainant deus  famines  épouvantables ,  celui volontaire  du stalinisme en 1933 contre les paysans d’Ukraine avec 6 millions de victimes, celui involontaire en  Chine de mai 1958à 1961  du « Grand Bond en avant » qui voit l’effondrement de l’agriculture et une famine de 36 millions de morts à la suite de transferts massifs de l’agriculture vers l’industrialisation forcée.(dernière estimation d’historiens).

Les violences des migrations forcées est massive. Ainsi par exemple pour l’année  2015 c'est l'accroissement  du nombre de réfugiés et de déplacés, 60 millions de personnes selon le HCR, soit l'équivalent de presque toute la population française. Sur ce total 20,2 millions essaient d'échapper aux guerres et aux persécutions, c'est un niveau sans précédent depuis 1992.En 2017 voilà un nouveau record du nombre de déplacés : 68,5 millions de personnes.

Les déplacés environnementaux seraient peut-être  de l’ordre de 150 à 300 millions vers 2100… Si de grandes villes asiatiques devenaient irrespirables ce type de migrations forcées pourrait être, selon certains, de un à deux milliards de personnes…


8    - Les grandes violences culturelles.

8-1        L’ethnocide ,  destruction radicale, globale et délibérée d’une culture.

L’ethnocide se fait le plus souvent dans le but d’exploiter économiquement et politiquement les membres de la culture assassinée. Il conduit à la destruction physique partielle des membres de cette culture, il va souvent de pair avec des massacres. Les traces de la culture assassinée sont partiellement ou massivement détruites   : ouvrages, musées, œuvres, monuments, écoles…

8-2    Existent aussi d’autres formes de violences culturelles qui s’appellent l’assimilation, plus ou moins imposée par un rapport de forces, c’est-à-dire l’effacement d’une culture sous la domination d’une autre, et l’uniformisation, qui fait peu à peu disparaitre les différences, « l’uniformisation uniformisante » était pour Kostas Axelos une violence terrible et omniprésente.

9 -       Les grandes violences écologiques

9-1       Peut-on parler de grandes violences ?


Ne doit-on pas considérer les problèmes  drames et les menaces relatifs à l’environnement comme de grandes violences ? Nous pouvons le penser dans la mesure où ils portent massivement atteinte aux peuples, aux personnes et aux générations futures, et dans la mesure où la plupart d’entre eux sont d’origine humaine et que l’homme n’a pas pris, à ce jour, les moyens assez massifs et radicaux de les combattre.
Si l’on regroupe ces problèmes, ces menaces et ces drames environnementaux on peut dire que : la dégradation des sols s’étend, la déforestation continue, les déchets ne cessent d’augmenter, le nucléaire a engagé les générations présentes et futures, l’eau se raréfie et se dégrade, le milieu marin est souvent traité en poubelle, la couche d’ozone reste menacée, les gaz à effet de serre entrainent un réchauffement climatique, les espèces animales et végétales sont décimées.

 9-2       Les inégalités sont présentes aussi dans l’environnement, ne sont-elles pas des formes de violence ?

Elles se traduisent par une empreinte écologique très variable en particulier selon les Etats (voir ci-dessus) et par des effets très inégaux sur les populations. Des ONG insistent sur cette dimension, ainsi l’alliance internationale « Justice Climatique Maintenant ! » met en avant les liens entre le social et l’environnemental, le réchauffement atteint toute la Terre mais d’abord les pays et les peuples les plus pauvres. Le mouvement contre le » racisme environnemental » dénonce depuis les années 1980 le fait que les populations noires et pauvres sont les plus touchées aux Etats-Unis par exemple par la proximité des déchets toxiques, un auteur sociologue comme l’américain Robert Bullard relie droits de l’homme et environnement, des juristes environnementalistes , ainsi en France Alexandre Kiss et Michel Prieur dès les années 1970, iront aussi en ce sens contribuant à faire du droit de l’homme à l’environnement un droit à vocation universelle.

9-3        L’énumération des principales situations écologiques violentes est impressionnante.

Une des plus grandes  violences est celle du réchauffement climatique,  cette  gigantesque machine infernale produite par ce système productiviste.

Le grand "vainqueur" est , à ce jour( juin 2022), ce réchauffement climatique. (voir  notre ouvrage,  écrit pour cette 4ème édition en collaboration avec Hubert Delzangles et Catherine Le Bris,  Droit international de l'environnement, Ellipses, 2018).

 La situation est simple à schématiser :

Si l'Accord de Paris(2015) sur le climat était  appliqué en l'état : l'augmentation de la température serait de l'ordre de 3,5°C vers la fin du siècle. Situation  encore gravissime.

Si  l'Accord n'était pas appliqué le réchauffement serait de 4°C à 6°C, voire plus, vers 2100.Autant dire que la 6 ème extinction des espèces (humains compris) serait en voie d'effacer  la plus grande partie du vivant. 

Si l'Accord contribuait à donner le jour à de nouveaux engagements, massifs et appliqués, le vivant aurait alors  probablement  des chances de survie.

La liste des atteintes relatives à l’environnement et au vivant est impressionnante :

 9-3-1    En ce qui concerne l’air : réchauffement climatique, phénomènes climatiques extrêmes, appauvrissement de la couche d’ozone, retombées des pluies acides, pollutions chimiques diffuses et accidentelles, pollutions radioactives diffuses et accidentelles d’origine civile et militaire, pollutions urbaines, nuisances sonores, pollutions lumineuses, pollutions de l’espace orbital…Le seul exemple en Chine de la pollution atmosphérique provoquée, entre autres, par les industries lourdes dans les zones urbaines, est dramatique : morts prématurées, explosions des cancers du poumon, suffocations, masques en rupture de stocks…A Pékin en février 2014 le taux de concentration des microparticules dans l’air est de 16 fois le maximum mis en avant par l’OMS, dans certaines villes 36 fois ce maximum. Toujours selon l’OMS la pollution atmosphérique touche neuf urbains sur dix dans le monde (  étude  sur 1 600 villes de 91 pays, 7 mai 2014). Sont particulièrement touchées des villes du Pakistan, de l’Inde, de la Chine…


9-3-2    En ce qui concerne les eaux douces : absence d’accès à l’eau potable, absence d’assainissement, inondations, problèmes de quantité de réserves d’eau produisant des situations de stress hydrique et de pénuries d’eau, sécheresses de plus en plus terribles, jamais vues auparavant, dans des lieux de plus en plus nombreux de la planète, atteintes à la qualité de cours d’eau et de nappes phréatiques à partir de pollutions agricoles, industrielles, domestiques, assèchements et empoisonnements de nappes phréatiques, effets écologiques de certains barrages et de modifications de tracés de cours d’eau…


9-3-3   En ce qui concerne le milieu marin : pollutions venant des fleuves et des côtes (pollutions telluriques), pollution par immersion de déchets, de déchets dangereux, de déchets radioactifs, pollutions volontaires et accidentelles de navires et de plates-formes, pollutions à partir d’aéronefs jetant des déchets, dégradations des ressources marines et côtières, surexploitation et disparitions d’espèces marines, filets destructeurs de fonds marins, plaques et mers de déchets dans le milieu marin, enfin bien sûr côtes rongées, déchiquetées par les avancées et la montée des océans…


9-3-4   En ce qui concerne les sols : l’épiderme de la Terre est ici menacé, là malade à travers la désertification, les atteintes sont très nombreuses par surexploitation, surpâturage, déboisement, par pesticides, nitrates, métaux lords, pluies acides, déchets mis en décharge, transports et stockages de déchets toxiques, atteintes par extensions des surfaces urbaines …


9-3-5   En ce qui concerne les forêts : déforestation par surexploitation, par empiètements, feux de forêt, diminution de la variété d’espèces forestières, pollutions multiples, pluies acides, réchauffement climatique, certains insectes ravageurs, certains champignons aussi…


9-3-6    En ce qui concerne la flore, la faune, les paysages : Appauvrissement de la diversité biologique, espèces de la faune et de la flore décimées et menacées d’extinction, marchandisation du vivant(voir article sur ce site), risques liés aux organismes génétiquement modifiés, artificialisation de la nature, prolifération de certaines espèces posant des problèmes écologiques, prolifération de certaines espèces posant des problèmes économiques et écologiques, régressions d’habitats naturels, urbanisation incontrôlée, destructions de paysages, destructions de cultures vivrières au profit de grandes monocultures…

9-3-7        Les effets environnementaux sur la santé des êtres humains :

      En 2012 l'OMS avançait le fait que 23% des décès dans le monde était liés à l'environnement (tabac non compris) soit un décès  sur quatresoit 12,6 millions de victimes dues pour la plus grande part aux pollutions de l'air, celles-ci en 2014 selon l'OMS ont causé la mort  de 7 millions de personnes.

 Certains auteurs avancent des chiffres beaucoup plus élevés, cela est lié en particulier à la définition plus ou moins large donnée à l’environnement, chiffres allant jusqu'à  40% des décès , voire plus, dans le monde résultent de facteurs environnementaux : tabac, pollutions chimiques , radioactives, pollutions dans des transports, des alimentations, des habitations, des lieux de travail, dans des airs, des sols et des eaux…

Le tabac en 2014 a tué 5 millions de personnes(en France 78000), l'alcool a tué 3 millions de personnes(en France 49000).


Ne soulignons ici que quelques effets dramatiques et massifs  de la dégradation environnementale. Les catastrophes écologiques mais aussi : les pollutions de l’air, des sols, des eaux de surface et souterraines et leurs effets sanitaires, la sécurité alimentaire qui est de moins en moins assurée dans certaines régions, les contaminations des aliments par des pollutions chimiques, radioactives, par des additifs alimentaires, par la dioxine, par des farines animales…l’exposition de travailleurs et de populations à des substances dangereuses(drame de l’amiante)et d’une façon générale l’augmentation impressionnante du nombre de cancers d’origine environnementale…(voir par exemple Dominique Belpomme, Avant qu’il ne soit trop tard, Fayard,2007). La seule pollution de l’air, selon l’OMS ( étude  du 24 mars 2014), a causé la mort de 7 millions de personnes en 2012, soit un décès sur 8, les 2/3 de ces victimes étaient en Asie.
De façon plus globale au moins 40% des décès (des auteurs donnent des chiffres beaucoup plus élevés, tout dépend en particulier de la conception restreinte ou plus large que l’on a de l’environnement) dans le monde résulteraient de facteurs environnementaux : tabac, pollutions chimiques, radioactives, pollutions dans des transports, des alimentations, des habitations, des lieux de travail, pollutions de l’air, des sols et des eaux…


9-3-8     Des études prévisionnelles mettent en particulier en avant une explosion des cancers dans le monde de 75% de 2012 à 2030 et de 95% dans les pays les plus pauvres, on passerait de 12,7millions de personnes atteintes en 2008 à 20,3millions en 2030, et on passerait de 7,6millions de morts par cancers en 2008 à 13,2millions en 2030.(The Lancet Oncology,juin2012,étude menée dans le cadre du Centre international de recherche sur le cancer(CIRC, Lyon),organisme lié à l’OMS.) L’étude souligne que certains cancers (côlon, rectum, sein, prostate) semblent associés au développement économique et au mode de vie.
Va aussi dans ce sens par exemple l’ouvrage d’un toxicologue (André Cicolella, Toxique planète, Seuil,2013) qui dénonce le « scandale invisible des maladies chroniques », il montre la transmission d’un héritage toxique à destination des générations futures, il en appelle à de nouvelles politiques de santé mondiale qui prennent en compte une remise en cause des origines environnementales des « perturbateurs endocriniens », il affirme que les maladies chroniques(cardiovasculaires, respiratoires, cancers, diabète…) peuvent reculer si nous repensons nos façons de vivre, de travailler, de se déplacer. 

9-3-9-C’est  dans ce contexte que  des virus ont une apparition aux effets sanitaires sociaux et économiques catastrophiques, une des causes profondes étant la place de plus en plus écrasante de l’homme dans la nature qu’il déstabilise. C’est bien là une forme de violence sur la nature qui réagit.

 Des scientifiques australiens et américains ont mené une vaste étude publiée en avril 2020 sur les animaux susceptibles de transmettre des maladies aux humains. Les conclusions du rapport suggèrent que le contact humain accru avec les animaux sauvages est sans doute à l’origine de la pandémie  de coronavirus.

Les auteurs de l’étude fondent leur théorie sur 142 virus connus pour avoir été propagés aux humains par des animaux. Ces données ont ensuite été comparées avec la liste rouge des espèces menacées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

 « L’intrusion de l’homme dans des zones de biodiversité augmente le risque de contagion de nouvelles maladies infectieuses [par le contact] entre les humains et les animaux sauvages. […] « La propagation de virus par les animaux est l’un des résultats directs de nos actions sur les animaux et leur habitat », affirme l’étude.

A cette étude  il faudrait ajouter en particulier  la fonte du pergélisol (ou  permafrost), en particulier en Sibérie qui, pensent certains scientifiques, libèrerait non seulement du méthane contribuant  puissamment au réchauffement climatique, mais libérerait  aussi des virus inconnus…

Cette crise sanitaire a pour effet au 5 avril 2022  d’avoir  contaminé 494 millions de personnes et tué 6,17 millions de malades dans le monde.

Quel nombre de décès par pays au 5 avril 2022 ? (k égal  1000) Exemple France 140k égal 140.000 décès.

Etats-Unis 997k, Brésil 660k, Inde 521, Russie 362, Mexique 323k, Pérou 212k, Royaume-Uni166k, Italie 159k, Indonésie 155k, Iran 140k, France 140k,  Colombie 139k, Allemagne 130k, Argentine 128k, Ukraine 112k,  Pologne 115k, Espagne 102k, Afrique du Sud 100k.

La Chine de l’ordre de 13.000 morts avec sa politique zéro covid.

-Les recensements des victimes (hôpitaux, maisons de retraite, centres sociaux, décès à la maison et dans d’autres lieux) sont souvent très incomplets et sous-estimés.

 -Les services de santé, faute de moyens suffisants en personnels, en lits, en matériels (masques, respirateurs, médicaments  et tests…) ont été ou sont gravement débordés. Les « gestes barrières », en particulier la distance entre les personnes, demeurent capitaux.

 -La crise sanitaire se double d’une crise économique profonde puisque, à la suite du « confinement », la plupart des entreprises de toutes tailles ferment. Ainsi   des entreprises de transports aériens  tombent  en faillite. Les bourses s’effondrent mais surtout le nombre de chômeurs explose, ainsi aux Etats-Unis 30 millions de personnes supplémentaires. Les inégalités s’aggravent, le nombre de personnes en situations catastrophiques explose, il est « amorti » dans certains pays comme la France par des aides sociales.

-Quelques  effets  positifs de cette crise  sont des  émissions de CO2 qui diminuent, l’air plus respirable dans les grandes villes, la nature qui respire un peu moins mal, le télé travail qui se développe avec pourtant ses limites, des solidarités qui se mettent en route, en particulier celle des groupes qui s’auto organisent par exemple pour la consommation alimentaire. Enfin  les déplacements à bicyclette  se multiplient. Les projets « du monde d’après » commencent à voir le jour venant surtout des milieux associatifs, ils sont réformateurs ou radicaux.

-On pourra espérer vivement que les dépenses de  santé feront l’objet d’une…explosion. Quelques jours pris dans l’ensemble des pays  sur les dépenses d’armements seraient salvateurs mais ce serait là  déranger des pensées bien ordonnées dans le non-sens  et couchées  devant le  courage.

Une autre leçon vers laquelle on va peut-être s’orienter est celle d’un certain nombre de « relocalisations » en particulier de médicaments, de masques…et d’autres productions.

-Mais les remises en cause après la crise  ne seront très probablement pas au rendez-vous, les mêmes logiques productivistes reprendront le dessus. Par exemple les émissions de gaz à effet de serre vont vraisemblablement reprendre « de plus belle »,et  par exemple les leçons  nécessaires par rapport aux causes profondes du développement des épidémies ne seront pas tirées.

Autrement dit la place de plus en plus restreinte accordée à la nature s’aggravera et sa marchandisation aussi si des contre-logiques puissantes ne sont pas mises en place.

 TROIS  REMARQUES GLOBALES ET TERMINALES  RELATIVES A CETTE SYNTHESE DES RELATIONS INTERNATIONALES  DE  1945 à  2022.

Tout part de ce  système productiviste(1),  les  populations de la terre se retrouvent entre l’explosion démographique , des inégalités criantes et la débâcle écologique  (2) et demain  que faire ? (3)

1- Ne s’agit-il pas de logiques terricides et humanicides ?

 Ce système n’est-il pas condamnable du seul fait, par exemple, qu’il y ait  en 2018 un enfant sur deux dans le monde en situation de détresse et/ou de danger( guerres, maladies, misère…) et du seul fait, par exemple, que les marchés financiers ont pris, depuis 1971 (fin de la convertibilité du dollar en or), une large partie de la place des conducteurs(Etats, entreprises…) ?

Ce système n’est-il pas condamné du seul fait , par exemple, que  5,4 milliards de dollars partent chaque jour en 2020 vers les dépenses militaires mondiales, et du seul fait, par exemple, que des activités humaines entraînent un réchauffement climatique qui menace l’ensemble du vivant (+3°C à 6°C vers 2100 et plus d'un  mètre (deux?) d’élévation du niveau des mers ?)

 Il y avait pourtant mieux à faire devant les périls communs (débâcle écologique dépassant des seuils d’irréversibilité, armes de destruction massive terrifiantes, épidémies catastrophiques, inégalités criantes, techno science et marchés financiers dépassant les êtres humains…) 

Au-delà de la paix, de façon plus globale, le système international productiviste repose sur les logiques profondes qui s’appellent la recherche du profit, la fructification des patrimoines financiers, la marchandisation du monde, le développement d’armes terrifiantes, la course aux quantités, le culte de la croissance, les discours et les pratiques de la compétition, la priorité donnée au court terme, l’accélération du système.

2) Les populations  de notre Terre entre explosion démographique, inégalités criantes et débâcle écologique.

2-1      L'explosion démographique continue.

 Il a fallu 2 millions d’années pour arriver au premier milliard d’habitants en 1800, il a fallu seulement 210 ans pour avoir une population sept fois plus élevée, sept milliards d’habitants en 2011.L’explosion continue, en janvier 2019  il y avait 7,63 milliards d'habitants, en 2050 il y aurait en principe de l’ordre de 9,8 milliards d’habitants, elle ralentirait ensuite puisque en 2100 il devrait y avoir (?)  11,2 milliards de terriens (soit 300 millions de plus que la prévision faite en 2012 par les Nations Unies.)
De façon peut-être plus parlante, chaque seconde en 2018 : 4,4 naissances, 1,8 décès, donc un accroissement de 2,6 ; chaque jour approximativement 380000 naissances, 156000 décès, donc un accroissement de 224000 personnes, (soit l’équivalent de Limoges et de son agglomération, ou d’un peu moins que la ville de Montpellier), chaque année à peu près 139 millions de naissances, 57 millions de décès, soit un accroissement de 82 millions de personnes de la population mondiale.

La Chine (1,38 milliard d'habitants), qui depuis 36 ans avait organisé la politique de l'enfant unique, a décidé d'y mettre fin à partir de 2016, les couples pourront avoir deux enfants. La population indienne (1,31 milliard) dépassera celle de la Chine. Quelles sont les prévisions? En 2022 ce serait l'égalité à 1,4 milliard, puis  en 2030  l'Inde serait à 1,5 et la Chine à 1,4. Début 2016, la Chine représente 19% de la population mondiale et l'Inde 18%, soit à elles deux plus du tiers de la population mondiale (37%).

2-2     Des inégalités criantes.

Pour comprendre ce que produit ce système il existe un exemple relatif à un élément central et vital . Rappelons d’abord qu’au total les décès dans le monde pour l’année 2017 étaient de 59 millions de personnes.

Quelles sont donc les causes principales de la mortalité mondiale ? Les maladies cardiovasculaires (3 décès sur 10), les cancers, les maladies infectieuses (pneumopathies, diarrhées, sida, paludisme, tuberculose …), le diabète …Or ces causes  sont révélatrices  de deux  mécanismes  gigantesques.

 Ces causes montrent des inégalités entre populations de la planète.  Ainsi , par exemple, en 2011 dans les pays à faible revenu 4 décès sur 10 touchaient des enfants de moins de 15 ans, dans les pays à revenu élevé 1 enfant sur 100.

Dernier exemple criant : en 2016 les 8 personnes les plus riches de la planète, qui avaient au total une fortune de 426 milliards de dollars, possédaient ainsi l'équivalent des richesses détenues par la moitié des habitants de la planète, autrement dit huit richissimes égalaient 3,6 milliards de personnes. C'est une violence structurelle.

2-3   Ces causes de mortalité sont révélatrices d’un environnement qui se dégrade rapidement, dramatiquement  et arrive, ici et là, à des seuils d’irréversibilité.

 En 2012 l'OMS avançait le fait que 23% des décès dans le monde était liés à l'environnement (tabac non compris) soit un décès sur quatre, soit 12,6 millions de victimes dues pour la plus grande part aux pollutions de l'air, celles-ci en 2014 selon l'OMS ont causé la mort  de 7 millions de personnes. Certains auteurs avancent des chiffres beaucoup plus élevés, cela est lié en particulier à la définition plus ou moins large donnée à l’environnement, chiffres allant jusqu'à  40% des décès , voire plus, dans le monde résultent de facteurs environnementaux : tabac, pollutions chimiques , radioactives, pollutions dans des transports, des alimentations, des habitations, des lieux de travail, dans des airs, des sols et des eaux…

Des études prévisionnelles mettent en particulier en avant une explosion des cancers dans le monde  de 75% de  2012 à 2030 (!) et de 95% dans les pays les plus pauvres(!).Le tabac en 2014 a tué 5 millions de personnes(en France 78000), l'alcool a tué 3 millions de personnes(en France 49000).

La dégradation de l’environnement est massive, multiforme, rapide. Ses logiques terricides et humanicides, dans le sillage de l’autodestruction du système productiviste, assassinent le Vivant et la Terre.

  3- Et demain ?

Ralentir l’explosion démographique, lutter contre les inégalités criantes, agir radicalement et massivement contre la dégradation de l'environnement, certes , mais de façon plus globale  que faire ?

3-1    Passer de ce système suicidaire à une communauté mondiale humainement viable est encore possible, aux différents niveaux géographiques, dans l’ensemble des activités humaines, en pensant (cela est fait en  partie) et en mettant en œuvre (cela n'est fait  que pour une  part  dérisoire) des moyens démocratiques, justes, écologiques et pacifiques.(Nous en proposons une liste indicative sur ce blog et ce site « Quels moyens pour passer du terricide et de l’humanicide au  viable ?

 3-2   Tous les acteurs ont des remises en cause à mettre en œuvre, dans des proportions  très variables et avec des responsabilités très  variables : Etats, organisations internationales et régionales, organisations non gouvernementales, entreprises, firmes multinationales, collectivités territoriales, réseaux scientifiques et technologiques, enfin les acteurs humains c'est-à-dire les personnes ,les peuples, l’humanité(générations passées qui ont le droit à la préservation du patrimoine culturel mondial, générations futures qui ont le droit que nous leur laissions des marges de manœuvres pour choisir ce qu’elles voudront être, générations présentes qui ont droit à une société humainement viable sans compromettre les droits des autres générations).

  « L’humanité doit avoir des droits faute de quoi les hommes perdront les leurs » écrivait René-Jean Dupuy, (« La clôture du système international », puf, 1989).Comment passer des intérêts nationaux (ceux de chaque Etat) aux intérêts communs (ceux  des Etats et de la société civile internationale) puis  à l’intérêt commun de l’humanité ?

Les droits de l'homme, des peuples, de l'humanité, du vivant, ne doivent-ils pas s'interpeller les uns  les autres, s'appuyer les uns sur les autres, s'incliner les uns vers les autres?

3-3     Une « métamorphose de l’humanité » (expression mise au monde en particulier par Edgar Morin)  en appelle à des moyens démocratiques pour des fins démocratiques, à des moyens justes pour des fins justes, à des moyens pacifiques pour des fins pacifiques, à des moyens écologiques pour des fins écologiques. Pourquoi ne pas penser souvent à cette idée  lumineuse, radicale et...  terrible (par ses remises en cause) de Gandhi :"La fin est dans les moyens comme l'arbre est dans la semence"?

Avec des responsabilités inexistantes, faibles, moyennes, importantes ou gigantesques selon les personnes et les collectivités, ne pouvons-nous pas très probablement  penser que :

3-4   Nous avons reçu de trois générations passées (   1850 à 1945 environ), un environnement pour une part atteint et faisant l’objet de destructions en marche sous les logiques  du productivisme et de l’anthropocène.

 Nos trois générations présentes (1945 -2030 environ) ont produit un environnement pour une large part détruit et plongeant dans  des apocalypses écologiques multiformes, massives, en interactions et rapides.

 Les  trois générations qui ont commencé à voir le jour et  qui viennent  (2030 à 2110 environ)  se trouvent donc devant  une question vitale :

 cette veille de fin des temps

peut-elle encore,

à travers quelles  volontés  ,   quels moyens   et  surtout   quelles marges de manœuvres ,

se transformer

 en une forme d’ aube d’humanité ?

 L’enjeu vital n’est-il pas de faire naître, massivement et rapidement, les déterminations personnelles  et collectives de tous les acteurs ?

Comment ,  avant  qu’il ne soit trop tard, donner le jour à une « métamorphose de l’humanité" ?

(Voir la quatrième  et dernière partie de cette synthèse des relations internationales :

 IV HISTORIQUE :  LES GRANDES VIOLENCES DE 1945 A NOS JOURS (2021).

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.