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Billet de blog 18 mars 2015

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MONDIALISATION : façons de se situer ( III )

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III- Les façons de se situer par rapport à la mondialisation

Nous partirons de l’ensemble des  visions que l’on peut avoir(A), pour souligner ensuite les arguments des défenseurs et des détracteurs de cette mondialisation(B), et nous interroger enfin sur ce concept de démondialisation parfois évoqué  (C).

A- Les opinions sous forme  de slogans relatifs à la mondialisation libérale 

Nous prendrons à chaque fois l’exemple de l’environnement pour mieux comprendre les façons de se situer.

1) Vive la mondialisation libérale !

Il s’agit ici, de façons  plus ou moins modérées ou radicales, de la sacralisation de la compétition. Celle-ci est bonne, saine, nécessaire.

Ainsi on pense que la protection de l’environnement est inutile ou dangereuse pour l’économie parce qu’elle porte atteinte à la compétition.

2) Vivre avec la mondialisation libérale maitrisée !

Il s’agit ici, de façons plus ou moins modérées ou radicales, de la gestion de la compétition. Il faut humaniser, moraliser, maitriser la mondialisation. Elle est là, certes il faut « faire avec » mais en effaçant ses aspects les plus choquants.

Ainsi on pense que la protection de l’environnement peut être utile mais qu’elle doit avoir pour condition et objectif de favoriser l’investissement, de réaliser des profits, de créer des emplois.

3) Non à la mondialisation "cosmopolite" !

Il s’agit ici, de façons plus ou moins modérées ou radicales, d’une sorte de nationalisation de la compétition. Il faut donner priorité aux ressortissants nationaux cela en se refermant plus ou moins , c’est un repli identitaire.

Ainsi la protection de l’environnement peut porter atteinte à la compétition nationale, son existence doit être subordonnée à l’intérêt de la nation.

4) Non à la mondialisation productiviste !

Il s’agit ici, de façons plus ou moins modérées ou radicales, d’une remise en cause de la compétition. La compétition est suicidaire, d’abord pour les plus faibles, mais aussi peu à peu pour l’ensemble du système international, çà n’est pas « la compétition ou la mort ! », c’est, pourrait-on dire,  la compétition mortifère ou l’utopie créatrice du changement. » (« L’utopie ou la mort » écrivait René Dumont dans ce grand ouvrage de 1973).

Ainsi la protection de l’environnement est vitale, le productivisme est destructeur de l’ensemble du vivant. Contre le productivisme et bien au-delà du développement durable il faut construire une société écologiquement viable.

B- Les arguments des défenseurs et des détracteurs de la mondialisation  libérale

Nous  soulignerons les arguments des uns et des autres en terminant à chaque fois par la perception que l’on a de la crise.

1) Les arguments des défenseurs  de la mondialisation libérale

On peut distinguer les radicaux et les modérés.

a) Les radicaux affirment que la mondialisation est « heureuse », cela pour deux raisons. D’abord elle est synonyme d’ouverture. Grâce à elle s’échangent des biens, des services, des capitaux, des idées, des connaissances.

Ensuite elle est porteuse  de prospérité économique  en profitant peu à peu à tous les Etats, elle est aussi porteuse de paix  et de démocratie grâce aux  échanges.

La crise est considérée comme un épisode naturel du marché qui, grâce à son autorégulation, la fera disparaitre.

b)  Les modérés affirment que la mondialisation doit être maitrisée. D’abord ils ne veulent pas moins de marché, on lui doit l’ouverture et la prospérité. Ensuite ils constatent  pourtant qu’il  faut des contrepoids à ce marché pour corriger des inégalités, pour éviter une exploitation trop vorace de l’environnement.

La crise  montre bien qu’il faut réguler le système international pour éviter ses dérives, en particulier financières. On raisonne ici en termes de dérives d’un système sans remettre en cause l’ensemble du système.

2) Les arguments des détracteurs de la mondialisation libérale.

Pour montrer qu’il s’agit  d’un système condamné et condamnable les critiques avancées sont  générales et particulières.

a)  Du point de vue général on affirme que la mondialisation libérale contribue à la confusion entre les fins et les moyens. Les fins, c’est-à-dire les acteurs humains en personnes, en peuples, et en humanité (générations passées présentes et à venir), sont plus ou moins ramenés aux rangs de moyens. Les moyens, c’est-à-dire la techno science et le marché, deviennent des fins suprêmes, ils tendent à occuper toute la place, les acteurs humains sont plus ou moins mis à leur service.

b)  Du point de vue des diverses situations cette mondialisation libérale est anti démocratique dans la mesure où  elle dessaisit élu(e)s et citoyen(ne)s, elle est anti sociale dans la mesure où la machine à gagner devient de plus en plus  une machine à exclure, elle est anti écologique dans la mesure où elle participe à la débâcle écologique, elle est anti pacifique dans la mesure où elle produit de multiples violences.

La crise montre qu’il faut en arriver à des remises en cause massives du système de la mondialisation libérale.

Devant ces situations certains auteurs, citoyens, partis politiques  se disent favorables à une démondialisation.

C- Quelques éléments relatifs au débat sur la démondialisation

1)  Le contenu et la critique du concept de démondialisation

a) Le contenu du conceptrepose sur deux éléments. En premier lieu on pense que le retour à un protectionnisme  permettra de sauver des industries et des agricultures, en deuxième lieu  il faut  aussi remettre en cause la puissance des banques pour retrouver une démocratie où le politique domine l’économique et surtout le financier. Certains ajoutent un troisième élément, le retour à une monnaie nationale, (la sortie, dit-on , de la  monnaie unique de l’Union européenne)  nous protégera de la spéculation.

b) La critique du concept comprend plusieurs aspects. Certains mettent en avant son aspect simpliste, ainsi le protectionnisme peut aggraver une crise en amenant, lui aussi, à des confrontations économiques et en réduisant le commerce international. D’autres insistent sur le fait que la ré industrialisation  et le sauvetage de l’agriculture ne sont pas les seules questions, une autre question est celle de  l’industrie et de l’agriculture dans une reconversion d’ensemble écologiquement et socialement viable ? Autre argument : une monnaie nationale n’est pas à l’abri des spéculations, elle sera d’ailleurs moins puissante qu’une monnaie unique avec un nombre important de pays pour y résister D’autres, enfin, insistent sur le fait que  la démocratie ne se construit pas seulement au niveau national mais du local au mondial, et que c’est dans cette vision d’ensemble que doit être remise en cause la financiarisation de la vie internationale.

2)  Les alternatives à la démondialisation

Parmi  les  alternatives  mises en avant, l’une  est financière, l’autre est relative au commerce.

Par rapport à la financiarisation de la vie internationale il s’agit de « désarmer le pouvoir financier », en particulier par les remises en cause des paradis fiscaux, les taxations des transactions de change et, de façon plus générale, par la taxation du capital, l’idée d’un impôt mondial sur le capital a même été avancée par certains économistes.

Par  rapport au commerce international il s’agit de remettre en cause le libre- échange tout-puissant et de ne pas tomber dans le protectionnisme en organisant le juste-échange qui reposerait sur  au moins deux  règles : respecter les normes non marchandes (environnementales, sanitaires, sociales, culturelles) c’est-à-dire les inscrire  dans les traités de commerce, et aussi organiser des périodes  de transition dans les pays du Nord et, bien sûr, dans les pays  du Sud, pour permettre des  reconversions en termes d’emplois et de productions.

On peut ajouter que ces reconversions construiraient  un  échange non seulement juste mais, aussi,  pacifique, cela  par des reconversions   des industries et du commerce des armements.

Remarques terminales

 1) Si l’on pense que la mondialisation libérale est porteuse de bienfaits ne faut-il pas, personnellement et collectivement, contribuer à   la soutenir ?

2)  Si l’on pense que la mondialisation libérale est porteuse d’aspects positifs et négatifs ne faut-il pas, personnellement et collectivement, contribuer à  la maitriser  pour favoriser les premiers et réduire les seconds ?

3) Si l’on pense que la mondialisation libérale est destructrice ne faut-il pas, personnellement et collectivement, résister et contribuer à construire une  mondialisation de libertés, d’égalités, de solidarités, autrement dit une mondialisation fondée sur des moyens démocratiques, justes, écologiques et pacifiques ?

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