Chap. 3 Nouveaux souffles du monde ?
Plan détaillé :
1-Moyens et fins écologiques
Merveilles de la nature
Tenir compte du long terme
Que faire dans le sens d’une société écologique?
Société viable
Trois des plus grandes remises en cause nécessaires
Rupture
Précaution
Quel progrès ?
Le scientisme n’admet pas la critique
Un progrès : une science qui serait maîtrisée
Quel progrès ? Pour qui ? Le progrès humain…
Le commun et la fraternité
Déclaration sur l’humanité et la planète
Marges de manœuvres pour les générations futures ?
Quels moyens écologiques pour un monde viable ?
2-Moyens et fins justes
Soutenir les opprimés
Partager
Etablir la justice
Travail partagé
Luttes des femmes
Quels moyens justes pour un monde viable ?
3-Moyens et fins démocratiques
Liberté
Exaltation de la liberté
Variété des conceptions de la liberté
Démocratie
Démocratie et organisation du pouvoir
Démocratie et résistance
Démocratie et égalité
Démocratie et vitesse
Droits de l’homme
Droit
Combattre les critiques anti-démocratiques
Mettre en avant les vertus de la démocratie
Promouvoir une conception et une pratique étendues de la démocratie
Relever cinq grands défis rencontrés par la démocratie en ces premières décennies du XXIème siècle
Les circuits schématiques des volontés et la démocratie
Nouvelles formes du politique et non-violence
Quels moyens démocratiques pour un monde viable ?
4-Moyens et fins pacifiques
Non à la guerre
Pacifisme
Paix
Bienfaits de la paix
Choisir la vie ou la mort
Quelques moyens du développement pacifique
Repenser des institutions internationales porteuses de paix
Reconversions
Quels moyens pacifiques pour un monde viable ?
5-Règlement non-violent des conflits
Conflit
Non-violence
Désobéissance civile
Pardon
6 Pour des avancées démocratiques. Vue globale sous forme de textes.
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1-Moyens et fins écologiques
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Les notions d’environnement, de biosphère, d’écosystème, d’écologie
Le mot « environnement » du point de vue terminologique est issu du substantif anglais « environment » et de son dérivé « environmental ». Du point de vue des définitions du dictionnaire on le trouve dans le Grand Larousse de la langue française de 1972 : il s’agit de « l’ensemble des éléments naturels ou artificiels qui conditionnent la vie de l’homme ». Le Petit Larousse de 2010 nous dit qu’il s’agit de « l’ensemble des éléments physiques, chimiques ou biologiques, naturels ou artificiels, qui entourent un être humain, un animal ou un végétal ou une espèce ». Du point de vue du sens commun sont concernés les éléments de l’environnement, c’est-à-dire l’air, l’eau, le sol, les ressources naturelles, la faune et la flore, sans oublier les paysages. Cette conception rejoint d’ailleurs celle du droit international de l’environnement .
Le terme de « biosphère » désigne la totalité de l’environnement, l’ensemble des écosystèmes de la planète comprenant tous les êtres vivants et leurs milieux. La biosphère correspond à la couche (20 km maximum) qui comprend les portions de l’atmosphère, de l’hydrosphère et de la lithosphère où la vie est présente (atmosphère : couche gazeuse constituant l’enveloppe la plus externe de la Terre ; hydrosphère : la totalité des eaux de la planète — océans, mers, lacs, cours d’eau, eaux souterraines ; lithosphère : couche externe du globe terrestre constituée par la croûte et le manteau supérieur). En fait la biosphère entoure la Terre sur une mince couche et pénètre à quelques centaines de mètres sous la surface de la Terre et bien entendu sous les océans.
Nous ajouterons enfin qu’on entend par « écosystème » une unité fondamentale d’étude de l’écologie formée par l’association d’une communauté d’espèces vivantes (biocénose) et d’un environnement physique (biotope) en constante interaction. Ainsi une forêt, un lac sont des écosystèmes.
Quant à « l’écologie » il s’agit d’une science transdisciplinaire qui étudie les relations des êtres vivants avec leur milieu. L’écologie désigne aussi les mouvements d’idées et les pratiques liées à la protection de la nature. Des associations, des partis politiques, d’autres acteurs, qui affirment vouloir défendre l’environnement, s’inscrivent aussi, de façon partielle ou plus globale, modérée ou plus radicale, dans la mouvance écologique.
JML
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Merveilles de la nature
Chaque parcelle de cette terre est sacrée pour mon peuple.
Chaque aiguille de pin luisante, chaque rive sableuse, chaque lambeau de brume
dans les bois sombres, chaque clairière et chaque bourdonnement d’insecte est
sacré dans le souvenir et l’expérience de mon peuple (…)
Les fleurs parfumées sont nos sœurs ; le cerf, le cheval, le grand aigle sont nos
frères. Les crêtes rocheuses, les sucs dans les près, la chaleur du poney, et
l’homme : tous appartiennent à la même famille (…)
L’eau scintillante qui coule dans les ruisseaux et les rivières n’est pas seulement de
l’eau mais le sang de nos ancêtres.
Si nous vous vendons notre terre, vous devez vous rappeler qu’elle est sacrée et
vous devez apprendre à vos enfants qu’elle est sacrée et que chaque reflet spectral
dans l’eau claire des lacs parle d’évènements et de souvenirs dans la vie de mon
peuple. Le murmure de l’eau est la voix de mon père.
Les rivières sont nos sœurs : elles étanchent notre soif, portent nos canoës et
nourrissent nos enfants.
Si nous vous vendons notre terre vous devez vous rappeler, et l’enseigner à vos
enfants, que les rivières sont nos sœurs, et les vôtres, et vous devez alors montrer
pour les rivières la tendresse que vous montreriez pour une sœur (…)
L’Indien préfère le son doux du vent s’élançant comme une flèche à la surface d’un
étang, et l’odeur du vent lui-même, lavé par la pluie de midi ou parfumé par le pin
pignon.
L’air est précieux à l’Homme Rouge car toutes choses partagent le même souffle : la
bête, l’arbre, l’homme tous partagent le même souffle.
Si nous vous vendons notre terre, vous devez vous rappeler que l’air est précieux,
qu’il partage son esprit avec tout ce qu’il fait vivre.
Le vent qui a donné à notre grand-père son premier souffle, a aussi reçu son dernier
soupir (…)
Enseignez à vos enfants ce que nous avons toujours enseigné aux nôtres : que la
Terre est notre mère. Et que tout ce qui arrive à la Terre, arrive aux fils de la Terre.
Chef Indien Seattle
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Et pourtant il y a une chose
Qui est grande, une seule,
C’est dans la cabane, au bord du chemin,
De voir venir le grand jour,
Le jour naissant,
Et la lumière qui emplit le monde.
Chanson esquimau
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Par les soirs bleus d’été, j’irai par les sentiers
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue.
Je laisserai le vent baigner ma tête toute nue.
Arthur Rimbaud
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Que ton vers soit la bonne aventure
Eparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym
Et tout le reste est littérature.
Paul Verlaine
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L’olivier, le cyprès crépitent dans l’azur
Le matin est un bonheur.
Eugène Guillevic
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Il est né le Dieu du Maïs
Dans le jardin de pluie et de brume
Là où l’on crée les enfants des hommes
Là où l’on pêche des poissons de jade.
Chant aztèque
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Le bout de la branche accompagne un peu l’oiseau qui s’envole.
Jules Renard
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La nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles.
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.
Charles Baudelaire
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Mais la nature est là qui t’invite et qui t’aime ;
Plonge-toi dans son sein qu’elle t’ouvre toujours :
Quand tout change pour toi, la nature est la même,
Et le même soleil se lève tous les jours
Alfonse de Lamartine
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Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige
Charles Baudelaire
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Le ciel est, par dessus le toit,
Si bleu, si calme !
Un arbre, par dessus le toit
Berce sa palme.
La cloche, dans le ciel qu’on voit
Doucement tinte.
Un oiseau sur l’arbre qu’on voit
Chante sa plainte.
Paul Verlaine
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Nous respirons l’aurore avec l’air glacé du matin, et tout notre corps s’épanouit dans
la richesse de midi un beau jour d’été ; c’est jusqu’au fond de notre âme que les
flocons de neige mettent leur silencieuse pureté… Nos instincts sont en résonance
avec le « chant du monde », et c’est même par là que nous prenons d’abord
probablement conscience de l’univers avant d’en prendre connaissance.
Juliette Boutonier
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Glèbe dont nous sommes faits, argile modelée à la forme de nos corps, geste de la
terre jetée sur les disparus, geste aussi de la vie que ces mains vides refermées sur
ce morceau de sol.
H. Anglard
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Le jour naît couronné d’une aube fraîche et tendre ;
Le soir est plein d’amour ; la nuit on croit entendre,
A travers l’ombre immense et sous le ciel béni,
Quelque chose d’heureux chanter dans l’infini.
Victor Hugo
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La vie:
Quelle image en donner ?
Celle du reflet de la lune
Dans la goutte de rosée
Suspendue au bec d’un oiseau aquatique.
Dogen
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Quand parut Aurore aux doigts de rose qui naît de grand matin…
Homère
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Que j’aime à contempler dans cette anse écartée
La mer qui vient dormir sur la grève argentée.
Alphonse de Lamartine
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Loué sois-tu, mon Seigneur,
Avec toutes tes créatures,
Et surtout Messire frère soleil,
Lui le jour dont tu nous éclaires,
Beau, rayonnant d’une grande splendeur,
Et de toi, ô très haut, portant l’image.
Loué sois-tu, mon Seigneur,
Pour sœur lune et les étoiles
Que tu as formées dans le ciel
Claires et précieuses et belles.
Loué sois-tu, mon Seigneur,
Pour frère vent,
Pour l’air, et le nuage et le ciel clair
Et tous les temps
Par qui tu tiens en vie
Toutes tes créatures.
Loué sois-tu, mon Seigneur,
Pour sœur l’eau fort utile,
Humble, précieuse et chaste.
Loué sois-tu, mon Seigneur,
Pour frère feu,
Par qui s’illumine la nuit,
Et qui est beau, joyeux,
Et invincible et fort.
Loué sois-tu, mon Seigneur,
Pour sœur notre mère la terre,
Qui nous nourrit et nous soutient
Et qui produit les fruits divers
Et les fleurs colorées et l’herbe.
Loué sois-tu, mon Seigneur,
Pour notre sœur la mort corporelle
À laquelle nul homme vivant
Ne peut échapper
Bienheureux ceux qu’elle trouvera
Dans ta sainte volonté.
Louez, bénissez mon Seigneur,
Rendez-lui grâces, servez-le
Tous en toute humilité.
François d’Assise
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Tenir compte du long terme
Les catastrophistes sont ceux et celles qui ferment les yeux sur les causes des
catastrophes qui s’annoncent et non ceux et celles qui essaient d’avertir, de critiquer,
de proposer.
François Partant
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Voir loin et clair.
Théodore Monod
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Soigner les victimes, soulager d’urgence des souffrances existantes c’est essentiel.
Mais, parallèlement, agir à tous les niveaux géographiques sur la destruction des
causes de ces souffrances c’est aussi essentiel. Sinon l’absence de politique à long
terme nous jettera de plus en plus en aval des problèmes, des menaces et des
drames.
Débordés par l’urgence, nous serons alors de moins en moins capables d’y
répondre parce que de moins en moins capables de penser et de mettre en œuvre le
long terme.
JML
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Agis de telle sorte que les effets de ton action soient compatibles avec la
permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre.
Hans Jonas
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Que fais-tu de ta vie et que peux-tu, que veux-tu en faire, pour celle de tes enfants
et pour qu’il y ait toujours sur cette terre une vie digne d’être vécue ?
Armand Petitjean
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L’homme croit quelquefois qu’il a été créé pour dominer, mais il se trompe. Il fait
seulement partie du tout. Sa fonction ne consiste pas à exploiter mais à surveiller.
L’homme n’a ni pouvoir, ni privilèges mais seulement des responsabilités.
Oren Lyons
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Le patrimoine commun est pour l’humanité un défi à sa mortalité.
René-Jean Dupuy
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Nos actes ne sont éphémères qu’en apparence. Leurs répercussions se prolongent
parfois pendant des siècles. La vie du présent tisse celle de l’avenir.
Gustave Le Bon
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Dans l’ignorance des conditions de vie et des besoins réels des générations futures,
il s’impose de préserver les milieux naturels à leur meilleur niveau qualitatif et
quantitatif.
François Ost
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Ils nous harcèlent ces fils
trop cruels !
Couper les vivres de l’héritage
n’est pas remède.
René Char
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La vie est une victoire qui dure.
Roger Martin du Gard
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Penser globalement, agir localement.
Jacques Ellul
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Qui veut la fin veut les moyens, dit Machiavel. Non, nous dit Gandhi: « La fin est
dans les moyens comme l’arbre est dans la semence »
JML
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Que faire dans le sens d’une société écologique?
Un changement d’attitude envers la nature est indispensable. Nous devons nous
défaire des fantasmes de la maîtrise et de l’expansion illimitées, arrêter l’exploitation
sans bornes de notre planète, cohabiter avec elle amoureusement comme un
jardinier avec un jardin anglais.
Cornélius Castoriadis
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Vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n’est à personne.
Jean-Jacques Rousseau
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Maîtriser la science (…).Nous croyons que la lucidité doit primer sur l’efficacité et la
direction sur la vitesse. Nous croyons que la réflexion doit précéder le projet
scientifique plutôt que succéder à l’innovation. Nous croyons que cette réflexion est
de caractère philosophique avant d’être technique et doit se mener dans la
transdisciplinarité et l’ouverture à tous les citoyens.
Albert Jacquard, Jean-Marc Lévy Leblond, Jean-Paul Salomon Jacques Testart,
Jean-Paul Deléage
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Société viable
Quels peuvent être les fondements d’une société viable ?
Il s’agit de résister face à la confusion entre les moyens et les fins c’est à dire de bâtir une
économie et une techno science au service des êtres humains et non l’inverse.
Il s’agit de mettre en œuvre des moyens conformes aux fins que l’on propose, c’est à
dire des moyens démocratiques, justes , pacifiques, écologiques, prenant en
compte le court, le moyen, mais aussi le long terme, et mettant en avant
responsabilité, solidarité, autonomie.
JML
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Trois des plus grandes remises en cause vitales
Si la société tourne le dos au droit international de l’environnement celui-ci n’a plus grande consistance, le droit ne devient-il pas alors pour une large part une illusion balayée par le productivisme ?
Il faut d’abord que des choix financiers massifs soient effectués à tous les niveaux géographiques : la communauté internationale doit créer de nouveaux fonds (la taxation sur les transactions de change est un des moyens de la protection de l’environnement).
Il faut ensuite ralentir l’explosion démographique (4 naissances chaque seconde, 225.000 personnes sur terre chaque jour c’est le supplément de population entre les naissances et les décès) et lutter contre la misère qui l’accompagne (2 milliards de personnes sur 8 qui survivent avec moins d’un dollar par jour).
Il faut enfin que tous les acteurs publics et privés aux niveaux local, national, continental, international, se remettent en cause pour freiner et changer le développement productiviste, en particulier les gaspillages, les énergies polluantes, les déchets qui ne cessent d’augmenter, et que ces acteurs mettent en œuvre massivement des alternatives.
JML
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Rupture
C’est le moment non pas de la simple extrapolation du passé et du présent mais le moment de la rupture, de la distanciation à l’égard du modèle actuel de développement, le moment de la conscience, le moment de la transcendance de l’homme par rapport à sa propre histoire.
René-Jean Dupuy
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Un nouveau système international devrait être fondé sur une communauté mondiale démocratique, juste, pacifique et écologique.
De nouvelles logiques devraient être synonymes de ruptures vitales par rapport au marché mondial, pourquoi ? Parce qu’il s’agit de maîtriser le marché mondial par rapport à sa complexité, sa technicité, sa rapidité, des doses de fatalité seront alors réduites. Ces nouvelles logiques iraient dans le sens du changement du marché mondial remettant en cause l’insécurité, les inégalités, la fragilité de ce système international et s’attaquant à la sacro-sainte compétitivité.
JML
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Précaution
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Un personnage de « Par delà les nuages », le film d’Antonioni, raconte : sur un
chemin du pays des Incas des guides s’arrêtent. Les touristes leur demandent
pourquoi. « Nous avons avancé trop vite, nous attendons nos âmes ».
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Pour protéger l’environnement des mesures de précaution doivent être largement
appliquées par les Etats selon leurs capacités. En cas de risque de dommages
graves ou irréversibles, l’absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir
de prétexte pour remettre à plus tard l’adoption de mesures effectives visant à
prévenir la dégradation de l’environnement.
Principe 15 (principe de précaution) Déclaration de Rio, Juin 1992
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Le temps de la certitude a été synonyme de conquête, de toute-puissance, de
maîtrise de l’être humain sur la nature.
Puis est venu le temps du doute, Tchernobyl est une sorte de dernier avertissement, des dommages dépassent des seuils de réversibilité.
Arrive donc le temps de la précaution : il faut apprendre à penser et agir
à long terme, à éviter l’irréparable au nom des générations présentes et futures.
JML
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Une technologie appropriée nous rappelle qu’avant de choisir nos outils et nos
techniques, nous devons choisir nos rêves et nos valeurs, car certaines technologies
servent leur réalisation, tandis que d’autres les rendent inaccessibles.
Tom Bender
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Un jour un Américain arrive sur une plage d’un pays du Sud et voit un pêcheur qui
dort au soleil. « Tu ne travailles pas ? », lui demande-t-il. « Si, seulement quand j’ai
faim je vais alors prendre quelques poissons ». « Ecoute », dit l’Américain, « tu
pourrais travailler toute la journée, tu aurais beaucoup de poissons. » « Pour quoi
faire, je ne pourrais pas manger tout ça ! » « Pour les vendre », dit l’Américain.
« Qu’est-ce que je ferai de tout cet argent ? » « Tu pourrais acheter plusieurs
bateaux et pêcher plus de poissons, tu auras des employés et tu deviendras riche. »
« Qu’est-ce que je ferais alors de cet argent ? », demande le pêcheur. « Tu pourras
prendre des vacances, te reposer au soleil au bord de l’eau. » « Ah bon ! », dit le
pêcheur et il se rendormit.
Histoire entendue et reconstituée par l’auteur de ce blog
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Les moyens sont comme la graine et la fin comme l’arbre. Le rapport est aussi
inéluctable entre la fin et les moyens qu’entre l’arbre et la semence.
Mohandas Gandhi
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Oui, il faut consommer moins, brûler moins d’énergie, se déplacer autrement,
économiser les ressources, produire autrement, éviter le gaspillage… Oui,
prévention, précaution, réparation, recyclage, décroissance et économies sont les
clés de l’avenir (…)
Jean-Paul Besset
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Quel progrès ?
Progrès et croissance sont différents.
Et si la course à la croissance se faisait au prix de dégradations dans la qualité de la
vie ? De fait, les taux de croissance sont incapables de rendre compte des processus
d’altération dans nos vies. Pis encore, partout où la boussole politique est sur la
croissance, partout il y a aveuglement sur l’état mental, moral ainsi que sur le mal être
dans une civilisation de la croissance ; il ressort une contradiction majeure : la
croissance devenue indispensable à nos économies est à long terme insoutenable
pour nos existences individuelles comme pour celle de l’humanité elle-même.
Edgar Morin
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Le scientisme n’admet pas la critique
L’ordre pour base, le progrès pour but.
Auguste Comte
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(…) Nous exprimons la volonté de contribuer pleinement à la préservation de notre
héritage commun, la Terre. Toutefois nous nous inquiétons d’assister, à l’aube du
XXIème siècle, à l’émergence d’une idéologie irrationnelle qui s’oppose au progrès
scientifique et industriel et nuit au développement économique et social. (…)
Passage de l’appel d’Heidelberg 1er juin 1992,appel très critiquable
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Un progrès : une science qui serait maîtrisée
(…) Nous affirmons au contraire la nécessité de prendre pleinement en compte
l’ensemble des critères culturels, éthiques, scientifiques et esthétiques pour engager
le monde dans la voie d’un développement équitable et durable. (…) C’est ainsi que
le progrès technique, démocratiquement débattu et maîtrisé, permettra à l’humanité
de faire face aux menaces globales que les scientifiques ont contribué à mettre en
évidence en cette fin de siècle.
Face à l’appel d’Heidelberg Contre-appel « Pour une solidarité planétaire » Association Global Chance et Groupe de Vézelay 12 juin 1992
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Entendons-nous bien dès l’abord sur la sorte d’inquiétude à quoi je songe. Elle ne se
confond pas avec la crainte d’une mauvaise, d’une criminelle exploitation de la
science biologique, maniée par des charlatans sans scrupule ou des dictateurs
inhumains. Elle s’adresse aux seuls progrès de cette science, et alors même qu’ils
seraient appliqués dans les meilleures intentions du monde, par les meilleurs d’entre
nous, par les plus humains, les plus scrupuleux. Cette inquiétude, d’ailleurs, n’est
pas précisément de l’ordre moral, encore moins de l’ordre religieux; elle est purement
de l’ordre psychologique.
Jean Rostand
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Par cette réflexion (ci-dessus) d’une pertinence et d’une audace extraordinaires,
Rostand désamorce le discours conventionnel et faussement rassurant qui occulte la
réalité dans les débats d’éthique : le problème ne naît pas de la déviance isolée de
tel scientifique, mais il est consubstantiel d’un certain ordre préparé par tous, faiseurs
et demandeurs du progrès, car nul ne sait « si l’homme pourra, indéfiniment,
s’adapter à ce qu’il s’ajoute ». C’est pourquoi une vulgarisation scientifique
respectueuse des citoyens ne saurait se restreindre à l’exposé des succès et
promesses heureuses de la recherche, en occultant ses limites à comprendre et les
menaces nées de son pouvoir.
Jacques Testart
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Plus vous voudrez accélérer le progrès de la Science et plus vite vous la ferez périr.
Ainsi succombe la poule que vous contraignez artificiellement à pondre trop vite ses
œufs.
Friedrich. Nietzsche
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Quel progrès ? Pour qui ? Le progrès humain…
Le progrès est le chemin vers la vertu.
Michel de Montaigne
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Les progrès de l’esprit humain ont pour finalité la liberté.
Nicolas de Condorcet
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La notion classique de progrès suppose une ascension qui se rapproche
indéfiniment d’un terme idéal.
Jean-Paul Sartre
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Le pas collectif du genre humain s’appelle le progrès.
Victor Hugo
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Les progrès de la civilisation n’exposent pas seulement les hommes à beaucoup de
misères nouvelles, ils portent encore la société à soulager des misères auxquelles on
ne songerait pas.
Alexis de Tocqueville
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La civilisation, au vrai sens du terme, ne consiste pas à multiplier les besoins mais à
les limiter volontairement. C’est le seul moyen pour connaître le vrai bonheur et nous
rendre disponibles aux autres.
Mohandas Gandhi
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Le commun et la fraternité
Ne sommes-nous pas fraternisés par le commun, en particulier les périls les fragilités et les projets communs ?
Etre frères n’est-ce pas se rassembler contre des périls communs ? Ils s’appellent et s’appelleront très certainement débâcle écologique, armes de destruction massive, inégalités criantes, toute-puissance de la techno science et des marchés financiers. C’est être frères contre les périls communs eux-mêmes, c’est l’attitude non violente fondée sur le respect des personnes et les dénonciations les remises en cause de mécanismes anti fraternels.
D’autre part ce sont aussi les douleurs de la vie(la fraternité de la douleur) qui peuvent nous relier en étant à l'écoute des fragilités, celles des autres et les nôtres. Vont dans ce sens des religions, des cultures, des œuvres d’art, qui nous disent « çà n’est pas un fardeau que tu portes c’est ton frère. » Enfants en détresse sur notre terre : un sur deux aujourd’hui et combien demain ?
Et puis ne sommes-nous pas aussi fraternisés par les projets communs ? Etre frères c’est se rassembler à travers le temps pour préserver le bien commun et pour construire du commun c’est à dire relier, dans l’espace et dans le temps, le proche et le lointain ? Ces projets ne sont-ils pas témoignages de fraternités d’espérance s’ils répondent aux urgences et s’ils construisent des politiques à long terme ?
JML
Texte préparé par le Centre International de Droit Comparé de l’Environnement (CIDCE) dont l’auteur de ce blog est membre, texte adopté le 28 avril 2015 à Limoges.
Projet de Déclaration des droits de l’humanité relatifs à la préservation de la planète
La 21ème Conférence des Parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, réunie à Paris en décembre 2015,
- Considérant que l’humanité et la nature sont en péril, ainsi que le reconnaissent et appellent à y faire face les États en particulier dans la Déclaration de Stockholm de 1972, la Charte mondiale de la nature de 1982, la Déclaration de Rio de 1992, la Charte de la Terre de 2000 et le Document final « l’avenir que nous voulons » de Rio 2012,
- Considérant que reconnaissent ce même péril, les Peuples dans la Déclaration de Cochabamba de 2010, les ONG dans la Déclaration universelle du bien commun de l’humanité de 2012 à Rio et les juristes de l’environnement en particulier dans l’appel de la 3ème réunion mondiale en 2011 à Limoges,
- Considérant que le changement climatique constitue une mise en danger pour la survie de l’humanité et de la nature comme l’ont fait valoir les scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC),
-Considérant que l’avenir et l’existence même de l’humanité sont indissociables de son milieu naturel,
- Convaincus que les droits de l’homme, les droits des peuples, les droits de l’humanité et les droits de la nature sont interdépendants,
- Convaincus que les droits de l’humanité constituent une forme de garantie des autres droits et que le droit de l’humanité à un environnement sain et équilibré est indissociable des autres droits de l’humanité notamment à la vie, à la dignité, à la liberté, à l’égalité, à la démocratie, à la paix et à la justice. De tels droits doivent s’appuyer les uns sur les autres,
- Convaincus que le droit à la dignité humaine répondant aux besoins essentiels de l’homme est lié au droit à l’environnement et à la justice climatique,
- Convaincus que l’humanité repose sur l’unité de l’espèce humaine et sur ses diversités,
- Convaincus que le droit de l’humanité à l’environnement doit être équitable, démocratique, juste et pacifique,
- Rappelant l’entrée de l’humanité dans l’ère de l’anthropocène et sa responsabilité pour faire face aux causes et aux conséquences des changements climatiques,
- Rappelant que « la Terre, foyer de l'humanité, constitue un tout marqué par l'interdépendance » (Préambule de la Déclaration de Rio de 1992),
- Rappelant que « les changements du climat de la planète et leurs effets néfastes sont un sujet de préoccupation pour l’humanité toute entière », (Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques),
- Rappelant que l’humanité est constituée par l’ensemble des générations passées, présentes et à venir, qu’elle forme un tout composé de générations qui ont leurs spécificités,
- Rappelant que la nature est constituée par les êtres humains, les animaux, les végétaux et le reste de l’écosphère,
- Rappelant que le concept d’humanité fait partie intégrante du droit international public (crimes contre l’humanité, patrimoine commun de l’humanité, patrimoine mondial de l’humanité, droit humanitaire…),
- Rappelant que « l’homme a un droit fondamental à la liberté, à l’égalité et à des conditions de vie satisfaisantes, dans un environnement dont la qualité lui permette de vivre dans la dignité et le bien-être » et qu’il a « le devoir solennel de protéger et d'améliorer l'environnement pour les générations présentes et futures » (Principe 1 de la Déclaration de Stockholm de 1972),
- Appelant avec l’ensemble des États participants à la Conférence aux responsabilités de tous les acteurs publics et privés, aux niveaux locaux, nationaux, continentaux, internationaux, pour penser et mettre en œuvre, de façon solidaire, équitable et effective, les réformes et les remises en cause répondant au droit de l’humanité et de la nature à un environnement sain et équilibré,
Proclame ce qui suit :
Principe 1
L’intérêt commun de l’humanité et de la nature exige que des limites soient fixées aux activités humaines. La reconnaissance de ces limites conduit à mettre en œuvre notamment les principes de sobriété, de coopération et d’internalisation des coûts écologiques.
Principe 2
Sont déclarés primordiaux les principes de solidarité et de responsabilité trans générationnelle et intra générationnelle. Il appartient à l’humanité de les créer, de les maintenir et de les développer.
Principe 3
Le principe de non régression des acquis environnementaux, que doivent respecter les acteurs publics et privés, bénéficie aux générations présentes et futures, il est la condition d’un développement durable.
Principe 4
Chaque génération humaine est garante des ressources de la terre pour les générations futures et pour la nature. Elle a le devoir de faire en sorte que ce legs soit préservé et qu’il en soit fait usage avec prudence. Les générations futures ont droit à la non-discrimination environnementale.
Principe 5
L’humanité et la nature ont droit à la conservation, à la protection et au rétablissement de la santé et de l’intégrité des écosystèmes.
Principe 6
L’humanité a droit au respect, à la protection et à la mise en valeur du patrimoine culturel et naturel. Ce patrimoine, hérité des générations passées, doit être transmis par les générations présentes aux générations futures.
Principe 7
En tant que bien commun à sauvegarder, le climat doit être stabilisé. L’adaptation aux changements climatiques exige une répartition équitable et juste des charges, des conséquences, des responsabilités et des mesures sauvegardant les droits des plus vulnérables. La mise en œuvre du principe des responsabilités communes mais différenciées fait partie de cette justice climatique.
Principe 8
Le statut de patrimoine commun de l’humanité doit être étendu et bénéficier des moyens de sa protection.
Principe 9
Les biens communs indispensables à la vie des personnes, des peuples, des générations présentes et futures, notamment l’eau, l’air, le sol, le paysage, l’alimentation, l’habitat, la santé, l’énergie, l’éducation, la culture doivent être de qualité et faire l’objet d’un accès universel et effectif.
Principe 10
Les moyens de la mise en œuvre du droit de l’humanité et de la nature à l’environnement consistent notamment dans :
- les réductions et les suppressions des modes de production, de consommation, de transport écologiquement non viables,
- la mise en œuvre effective des programmes des droits à l’eau potable, à l’assainissement, à l’autonomie alimentaire et à la lutte contre l’extrême pauvreté,
- la revitalisation des régions profondément dégradées,
- une transition énergétique s’appuyant sur le développement par priorité des énergies renouvelables, respectueuses de l’environnement, les économies massives d’énergie, une sortie rapide du nucléaire et de l’utilisation des énergies fossiles,
- la criminalisation des atteintes aux droits à l’environnement, y compris l’écocide notamment par une modification du statut de la CPI, et par la création de parquets et de tribunaux régionaux.
Principe 11
La mise en œuvre du droit de l’humanité et de la nature à l’environnement requiert la conclusion des accords vitaux de réductions massives et radicales des gaz à effet de serre ainsi que la conclusion de nouvelles conventions universelles : création d’une Organisation mondiale de l’environnement (OME) ; création d’une Cour mondiale de l’environnement ; création d’une Organisation mondiale et régionale d’assistance écologique ; convention portant statut protecteur des déplacés environnementaux ; convention de protection des sols ; convention de protection des forêts ; convention contre les pollutions telluriques...
Principe 12
L’humanité et la nature ont droit au respect de leurs rythmes et doivent avoir les moyens de faire face à l’accélération du système mondial.
Principe 13
Aucune recherche concernant le génome humain, ni aucune de ses applications, en particulier dans les domaines de la biologie, de la génétique et de la médecine, ne doit porter atteinte au respect des droits des générations présentes et futures.
Principe 14
Les recherches, la mise au point, la fabrication, l’utilisation, le commerce des armes de destruction massive existantes (nucléaires, biologiques, chimiques) et de celles à venir, sont contraires au droit de l’humanité et de la nature à l’environnement, parce que sans limites quant à leurs effets environnementaux et sanitaires dans le temps.
Principe 15
L’irréversibilité de l’enfouissement des déchets radioactifs est contraire au droit de l’humanité et de la nature à l’environnement parce que sans limites quant à ses effets environnementaux et sanitaires dans le temps.
Principe 16
Constituent des crimes écologiques contre les générations présentes, les générations futures et la nature, les violations des principes 6, 13, 14 et 15.
Principe 17
L’humanité et la nature ont la personnalité juridique. Elles peuvent agir conjointement pour défendre solidairement leur droit à l’environnement. À cet effet, l’Organisation mondiale de l’environnement (OME) représentera l’humanité et la nature.
Principe 18
En liens étroits avec les droits à la vie, à la dignité, à la liberté, à l’égalité, à la démocratie, à la paix et à la justice, le droit de l’humanité à l’environnement comme celui des personnes, des peuples et de la nature doivent faire l’objet d’enseignements, d’éducations et de pratiques dans l’ensemble des États.
Texte préparé par le Centre International de Droit Comparé de l’Environnement (CIDCE) et adopté le 28 avril 2015 à Limoges.
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Quelles marges de manœuvres laisserons-nous aux générations futures ?
Des indiens iroquois, par transmission orale depuis le XIIème siècle et par une Grande loi de paix de 1720, prenaient des décisions « en tenant compte du bien-être jusqu’à la septième génération après eux. » !!!!
Surtout à partir de 1870 , date d’explosion des énergies fossiles, de plus en plus de personnes et de collectivités ont souvent fait n’importe quoi sur terre cela dans la dictature du court terme, pour l’appât du gain, la domination du pouvoir, la course à la compétition.
Nous n’avons pas su voir loin et clair.
Pouvons-nous encore remettre en cause ce système devenu fou, dont nous ne serions que les fous d’un fou ?
JML
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Neuf séries de moyens écologiques (la 9ème étant relative à la démographie) :
1-Des remises en cause décisives d’activités polluantes accompagnées de reconversions. Les Etats doivent réduire et éliminer les modes de transports, de production et de consommation non viables. C’est le principe 8 ,le plus radical de la Déclaration de Rio de 1992, radicalisé encore ici puisqu’on a ajouté les transports et que le texte affirme « les Etats devraient » et non pas « doivent. »
2-Des programmes mondiaux, nationaux, locaux, massifs et financés d’accès à l’eau et à l’assainissement.
3-Des transitions énergétiques rapides et massives, avec un développement massif, soutenu et programmé des énergies renouvelables, avec un arrêt radical des énergies fossiles, une sortie rapide du nucléaire dont les effets sanitaires, environnementaux et financiers sont incommensurables dans l’espace et dans le temps.
4- Une protection radicale de la biodiversité et une agriculture écologique.(Voir notre article sur « La marchandisation de la nature », in Mélanges en l’honneur de Soukaina Bouraoui, Mahfoud Ghezali et Ali Mékouar, Hommage à un printemps environnemental, PUF,2016.
5- Des réparations de régions gravement dégradées avec la création de chantiers à tous les niveaux géographiques, y compris des chantiers mondiaux. Autant de possibilités massives d’emplois.
6-De nouvelles conventions et des principes plus opérationnels de droit de l’environnement. (Voir les Déclarations de Limoges de 1991, 2001 et 2011 adoptées par les réunions mondiales des juristes et des associations de droit de l’environnement.)
7- Des moyens juridiques et des moyens généraux de protection à créer et à développer.
8- Des créations massives d’emplois dans l’écologie à tous les niveaux géographiques.
9- Un ralentissement déterminant de l'explosion démographique mondiale, insistons sur cette nécessité.
L’ accroissement journalier de la population mondiale est de 224.000 personnes (une ville française importante). De façon peut-être plus parlante, chaque seconde en 2021 : plus de 4 naissances(4,4), près de 2 décès(1,8) donc un accroissement de 2,6 .
La plupart des populations à la croissance démographique la plus rapide se trouvent dans les pays les plus pauvres, elle pose de nouveaux défis pour l’éradication de la pauvreté, l’égalité, la lutte contre la faim et la malnutrition , le renforcement des systèmes de santé et d’éducation.
Quant aux effets sur l’environnement ils sont criants. Il s’agit de l’une des causes de l’accélération des changements climatiques et c’est un poids sur les écosystèmes.
Une réalité illustre tous ces drames et ces menaces, c’est celui de l’habitat, le monde s’urbanise, se mégapolise, se bidonvillise, se fragilise. La grande ville est devenue le lieu de multiples fractures, environnementales, sociales, économiques…
Il y a ainsi deux positions par rapport à la démographie à venir :
Soit on attend le ralentissement qui a toutes les chances de se produire à partir de 2050.
Soit on pense qu’il est impératif d’agir pour ralentir la croissance démographique de 2025 à 2050.Il faudrait que les politiques de planification familiale favorisent l’accès à un service de planification basé sur des droits reconnus et sur des choix volontaires, retardent le début du mariage et de la maternité et qu’elles soient partie intégrante d’une politique environnementale et sociale, avec un soutien financier massif des pays du Nord.
Claude Lévi-Strauss et René Dumont, entre autres, avaient beaucoup insisté sur le fait qu’on ne devait surtout pas dissocier l’explosion démographique de la protection de l’environnement, la première devait diminuer radicalement si l’on voulait que la seconde puisse être sauvée.
JML
(Pour les détails de ces 9 séries de « moyens écologiques viables » voir nos articles du blog)
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2-Moyens et fins justes
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Soutenir les opprimés
Le principe c’est qu’il faut être avec les pauvres.
René Dumont
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Donne moi la force
De ne jamais désavouer
Le pauvre
Ni plier le genou
Devant le pouvoir insolent.
Rabindranah Tagore
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Quand je donne de la nourriture aux pauvres on m’appelle un saint,
Quand je demande pourquoi ils sont pauvres on m’appelle un communiste.
Helder Camara
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Ainsi les derniers seront les premiers et les premiers seront les derniers.
Evangile selon Saint-Mathieu
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On arrive plus vite au ciel en partant d’une masure que d’un palais.
François d’Assise
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Partager
Le pain
De chaque bouche
De chaque homme
Chaque jour
Viendra car nous serons allés
Le semer et le faire
Non pour un homme
Mais pour tous (…)
Tout existe pour être partagé
Pour être donné
Pour se multiplier (…)
Nous distribuerons
Toute la terre
Pour que tu puisses germer.
Pablo Neruda
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Aimer c’est partager…
Souvent entendu, souvent répété
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Etablir la justice
Heureux ceux qui ont faim et soif de justice car ils seront rassasiés.
Evangile selon Saint-Mathieu
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Il faut toujours rendre justice avant que d’exercer la charité.
Nicolas Malebranche
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Je fais encore le rêve qu’un jour la justice ruissellera comme l’eau…
Martin Luther King
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Travail partagé
C’est par le travail que la femme a en grande partie franchi la distance qui la séparait
du mâle. C’est le travail qui peut seul lui garantir une liberté concrète.
Simone de Beauvoir
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On produit de plus en plus avec de moins en moins d’emplois. Pour sortir de ce
piège il faut déconnecter la protection sociale, au moins partiellement, du travail en
créant un revenu minimum d’existence qui faciliterait, entre autres, le partage du
travail. (…) Il serait octroyé à chaque individu dès sa naissance et serait complété à
l’âge adulte par un (ou des) revenu(s) d’activité(s).
Chantal Euzeby
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Nous produisons des richesses croissantes avec des quantités décroissantes de
travail. Donc de deux choses l’une: ou bien on cherche à distribuer le travail
nécessaire sur tout le monde, en abaissant progressivement la durée, ou bien on fait
naître une « société duale » avec d’un côté une minorité d’hyperactifs et de l’autre
une majorité de précaires, de chômeurs et d’exclus.
André Gorz
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Travail
La réduction du temps de travail, articulée sur la création du revenu universel
d’existence, et la transition énergétique radicale, en liens avec les luttes contre le
réchauffement climatique, ne sont-elles pas deux des pistes de l’avenir pour les
créations d’emplois?
JML
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Il s’agit de garantir institutionnellement aux individus qu’une réduction générale de la
durée du travail ouvrira à tous les avantages que chacun pouvait en obtenir jadis
pour lui-même : une vie plus libre, plus détendue et plus riche.
André Gorz
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Luttes des femmes
On ne naît pas femme, on le devient.
Simone de Beauvoir
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Etre femme n’est pas une donnée naturelle, c’est le résultat d’une histoire. Il n’y a pas un destin biologique, psychologique qui définit la femme en tant que telle. C’est une histoire qui l’a faite, d’abord l’histoire de la civilisation qui a abouti à son statut, et pour chacune l’histoire de sa vie , en particulier de son enfance, qui créé en elle ce que l’on appelait l’éternel féminin, la féminité.
Simone de Beauvoir
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Nous voulons être égales et différentes.
Un des idées féministes
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Je n’ai jamais réussi à définir la féminité. Tout ce que je sais c’est que les gens me
traitent de féministe chaque fois que mon comportement ne permet plus de me
confondre avec un paillasson.
Rebecca West
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L’Eglise, la science et la morale depuis vingt siècles se sont toujours entendues pour
leur couper la tête dès la naissance, en douceur.
Benoîte Groult
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Pourquoi une moitié de l’humanité aurait-elle des raisons biologiques de se sentir
désavantagée parce qu’elle n’a pas ce que l’autre moitié possède… sans que la
réciproque soit vraie ?
Des psychanalystes…
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La misogynie est un racisme, le plus universel, le plus profond, le plus subtil des
racismes, le plus honorable aussi et le plus facile à exercer.
Benoîte Groult
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Les assemblées élues au niveau territorial comme au niveau national seront
composées d’autant de femmes que d’hommes.
Revendication d’un manifeste politique
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Une éducation non sexiste, basée sur la tolérance, le partage, la liberté c’est
l’émergence d’une société de tendresse.
Danielle Le Bricquir
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L’amour maternel est-il un instinct qui viendrait d’une « nature féminine » ou bien
relève-t-il largement d’un comportement social variable selon les époques et les
mœurs ? L’histoire montre que la notion d’amour maternel est évolutive.
Elisabeth Badinter
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L’existence d’un art proprement féminin a été occultée par les hommes, la création a
été étouffée.
Suzanne Horer
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Toute répression commence par la contrainte corporelle. Depuis des millénaires le
corps féminin a été l’objet de scandales et d’exploitations.
Annie Leclerc
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La confusion des sexes pèserait comme une menace sur le sentiment d’identité. Des
ethnologues et des psychanalystes pensent que le sentiment d’identité s’impose plus
difficilement chez le petit garçon que chez la petite fille. Le complexe de féminité des
hommes paraît plus obscur que le complexe de castration chez les femmes et
pourtant serait tout aussi important.
Elisabeth Badinter
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« Crie moins fort, les voisins vont t’entendre » : titre d’un ouvrage d’Erin Pizzey qui
dénonce les situations des femmes et des enfants battus.
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Le patriarcat (2000 avant J. C. jusqu’à 1789) reposait sur le pouvoir divin (Dieu le
Père), sur le pouvoir procréateur (le Père – Dieu), sur le pouvoir absolu (la fille de
son père, l’épouse de son mari). Un tel système ne pouvait durer que si le mariage
gardait la signification d’un échange de femmes, et si les femmes restaient soumises
et acceptaient de rester des objets.
Elisabeth Badinter
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En partant à la conquête du monde extérieur la femme a mis fin à la division sexuelle
du travail, en se battant pour le droit à la contraception et à l’avortement elle a
récupéré le contrôle de la reproduction, maîtresse de sa vie elle n’est plus un objet
d’échange entre les hommes. Les trois piliers du patriarcat ont été remis en cause
dans la majeure partie du monde industriel.
Elisabeth Badinter
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L’histoire des partages entre les sexes n’est pas achevée. Mais peut-elle l’être ? Elle
est faite de recompositions incessantes, d’équilibres provisoires, d’avancées et de
reculs, le long de frontières fluctuantes et souvent indécises.
Là, pas plus ailleurs, il n’y a de « fin de l’Histoire ». Mais un avenir incertain qui exige
vigilance et solidarité, et laisse le champ libre à l’imaginaire et à l’aventure de la
rencontre.
Michelle Perrot
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Huit séries de moyens justes
1-La réalisation de conditions de vie dignes (avec entre autres la création d’un véritable revenu universel d’existence .)
2 -Les annulations de dettes publiques, en particulier avant tout des pays du Sud .
3 - La subordination du libre-échange à la santé, à l’environnement et au social , le développement tous azimuts du commerce équitable .
4-De multiples formes d’économie plurielle :
a-Ainsi parmi ces formes :des formes d’économie solidaire et sociale, des entreprises coopératives, des services publics, des systèmes d’échanges locaux (à travers des associations dont les membres échangent des biens et des services, hors du marché),des pratiques de commerce équitable et des mécanismes de juste-échange, des pratiques d’économie collaborative en matière de transports(covoiturage)de logements( colocation) de nourriture, d’éducation…),des pratiques d’autoproduction et de relocalisations d’activités.
b-Economie plurielle remettant en cause l’omniprésence de la compétition et la primauté de l’argent, c'est-à-dire de la conversion de toutes choses en argent et de l’argent en toutes choses, tout ce que le marché voit il le touche il l’emballe, il le vend. Autrement dit organiser des crans d’arrêt à la marchandisation du monde, ainsi des éléments de l’environnement ( l’eau …) qui seront déclarés biens publics mondiaux avec une protection et un accès universels.
5-Des fiscalités justes, des salaires justes, des retraites justes. Immenses remises en cause.
6-Des créations et des redistributions de fonds internationaux nouveaux déjà évoqués.
7- Des créations massives d’emplois d’utilité sociale, écologique et pacifique à chaque niveau géographique.
8- La reconquête du temps sous de multiples formes avec en particulier la réduction du temps de travail.
(Pour les détails de ces 8 séries de « moyens justes » voir notre blog)
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3-Moyens et fins démocratiques
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Liberté
Exaltation de la liberté
Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer
Liberté.
Paul Eluard
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J’ai cherché la liberté plus que la puissance…
Marguerite Yourcenar (« Mémoires d’Hadrien »)
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Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées.
Mon paletot aussi devenait idéal.
J’allais sous le ciel, Muse, et j’étais ton féal.
Oh ! là là ! Que d’amours splendides j’ai rêvées.
Arthur Rimbaud
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La liberté, frères, ce n’est pas le vin, ni la femme douce, ni le bien dans les celliers, ni
le fils dans le berceau, c’est un chant solitaire et dédaigneux qui se perd dans le
vent.
Nikos Kazantzaki
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(…) Mais… chanter,
Rêver, rire, passer, être seul, être libre,
Avoir l’œil qui regarde bien, la voix qui vibre,
Mettre, quand il vous plaît, son feutre de travers,
Pour un oui, pour un non, se battre, ou faire un vers!
Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac)
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Le seul mot de liberté est tout ce qui m’exalte encore.
André Breton
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La liberté c’est chanter dans le printemps.
Anouck à 5 ans
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Merci, mes parents, dont l’ovule et le spermatozoïde contenaient les recettes de
fabrication des substances qui me constituent.
Merci, ma famille, pour la nourriture, la chaleur, l’affection, qui m’ont permis de
grandir et de me structurer.
Merci, mes maîtres, qui m’ont transmis les connaissances lentement accumulées par
l’humanité depuis qu’elle interroge l’univers.
Merci, vous qui m’avez aimé, de votre irremplaçable amour.
Mais c’est à moi d’achever l’ouvrage, à moi de poser la poutre faîtière. Oubliez celui
que vous auriez voulu que je sois. Je n’ai pas à réaliser le rêve que vous auriez fait
pour moi, ce serait trahir ma nature d’homme.
Pour que je sois vraiment un homme vous me devez un dernier cadeau:
la liberté de devenir celui que je choisis d’être.
Albert Jacquard
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Mieux vaut la liberté dans les enfers que l’esclavage aux cieux.
John Milton
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Je meurs pour la liberté, elle vaut tous les sacrifices.
Mot attribué à Spartacus mourant
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Au lever du jour elle s’effondre, le corps à demi lacéré, un goût de sang et d’herbes
sauvages dans la bouche, d’immensité et de finitude mêlées dans son cœur et sa
chair.
Vaincue mais insoumise, elle meurt sans le moindre regret de s’être enfuie de son
enclos, de s’être éprise de liberté, d’avoir aimé la vie au large et en hauteur.
Blanquette vue par Sylvie Germain
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Variété des conceptions de la liberté
« Vaut-il mieux parler à l’homme de sa liberté ou de son esclavage ? » demandait un
philosophe. Sans doute serait-il plus porteur de voir à la fois les chaînes qui étouffent
et les moyens de les briser.
JML
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Toute victoire de la liberté se retourne contre elle et appelle un nouveau combat. La
victoire de la liberté ne connaît pas de fin.
Emmanuel Mounier
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Il faut tout dire. La première des libertés est la liberté de tout dire.
Maurice Blanchot
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Liberté, que de crimes on commet en ton nom !
Mme Roland
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Je sais mal ce qu’est la liberté mais je sais bien ce qu’est la libération.
André Malraux
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Je crois qu’il faut apprendre à se voir avec les yeux de l’amitié qui est
lucide, bourrue, moqueuse mais inébranlable , pour désapprendre et se prendre en
pitié et pour ne plus rougir de soi, la marque de la liberté réalisée.
Françoise Giroud
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Il faut choisir : se reposer ou être libre.
Thucydide
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Si vous voulez être libres il faut travailler.
Périclès
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Si Dieu est… l’homme est esclave, or l’homme peut et doit être libre ; donc Dieu n’est
pas.
Bakounine
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Il n’y a de liberté qu’en situation,
il n’y a de situation que par la liberté.
Jean-Paul Sartre
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Il y a deux grandes finalités qui se partagent l’humanité et qui fonctionnent dans tout
homme: la puissance et la liberté. Dans les deux cas il s’agit d’un pouvoir … La
puissance c’est le pouvoir qu’on veut prendre sur autrui, la liberté c’est le pouvoir
qu’on veut prendre sur soi-même.
Denis de Rougemont
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Un être ne se sent obligé que s’il est libre, et chaque obligation, prise à part, implique
la liberté.
Henri Bergson
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La liberté c’est l’activité. Et la liberté c’est une activité qui en même temps
s’autolimite, c’est-à-dire sait qu’elle peut tout faire mais qu’elle ne doit pas tout faire.
Cornélius Castoriadis
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Choisir la liberté pour les autres et pour soi et non pas la puissance.sur les autres .
JML
Aucune libération n’est neutre par rapport à la société qui va en sortir. La légitimité
d’une libération n’implique pas la légitimité de tous les moyens pour la faire triompher.
JML
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Démocratie et organisation du pouvoir
La démocratie est le pire de tous les régimes… après tous les autres !
Winston Churchill
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La démocratie c’est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple.
Abraham Lincoln
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Les démocraties sont des régimes politiques dans lesquels existe une organisation
constitutionnelle de la concurrence pacifique pour l’exercice du pouvoir.
Raymond Aron
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Les autocraties sont donc des régimes politiques dans lesquels il n’a pas de concurrence officielle entre les oligarchies et c’est donc soit l’armée soit le dictateur qui est au pouvoir.
JML
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Pour que l’on ne puisse pas abuser du pouvoir il faut que, par la disposition des
choses, le pouvoir arrête le pouvoir.
Montesquieu
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« La démocratie ne dépend pas du type de bulletin que vous glissez tous les cinq ans dans l’urne mais du type d’individu que vous glissez chaque matin hors de chez vous. »
Henry David Thoreau
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Par le vote le citoyen délègue son pouvoir. L’exerce-t-il vraiment ? Par quels moyens
ajouter à une démocratie de représentation une démocratie de participation dans
tous les domaines à tous les niveaux géographiques?
JML
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La démocratie ne dépend pas du type de bulletin que vous glissez tous les cinq ans dans l’urne mais du type d’individu que vous glissez chaque matin hors de chez vous.
Henry David Thoreau
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La démocratie ne dépend pas seulement (mot rajouté par l’auteur du blog) du type de bulletin que vous glissez tous les cinq ans dans l’urne mais aussi (idem) du type d’individu que vous glissez chaque matin hors de chez vous.
JML
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La démocratie dépend de l’ensemble des résistances face à l’inacceptable et des alternatives fondées sur des moyens justes, écologiques, pacifiques et démocratiques.
JML
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La gouvernabilité de la Terre cela veut dire à la fois une nouvelle relation entre Etat
et société civile et une nouvelle relation entre Nord et Sud de la planète.
Jean Chesneaux
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Démocratie et résistance
Aucune libération n’est neutre par rapport à la société qui va en sortir. La légitimité
d’une libération n’implique pas la légitimité de tous les moyens pour la faire
triompher.
JML
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Par le vote le citoyen délègue son pouvoir. L’exerce-t-il vraiment ? Par quels moyens
passer d’une démocratie de représentation à une démocratie de participation dans
tous les domaines à tous les niveaux géographiques?
JML
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Céder un peu c’est capituler beaucoup.
Un graffiti de mai 1968
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Tout captif porte dans sa main le pouvoir d’anéantir sa servitude.
William Shakespeare
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La vraie démocratie ne viendra pas de la prise du pouvoir par quelques uns mais du
pouvoir que tous auront de s’opposer aux abus de l’autorité.
Gandhi
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La démocratie est une lutte perpétuelle des gouvernés contre les abus du pouvoir.
Emile Chartier, dit Alain
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Le vrai démocrate est celui qui, grâce à des moyens non-violents, défend sa liberté
par conséquent celle de son pays et finalement celle de l’humanité tout entière.
Gandhi
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Démocratie et égalité
L’amour de la démocratie est celui de l’égalité.
Montesquieu
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« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits . (…) »(article 1 de la DUDH) Cela signifie que nous sommes des êtres humains libres , égaux et qu’il faut donc lutter pour que ces libertés et ces égalités soient consacrées, préservées, développées.
JML
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(…) L’égalité est constituée d’une série d’images en surimpression, chacune d’entre
elles, sectorielle, tronquée, partielle, contradictoire avec les autres, cherche à
s’imposer dans d’autres champs. Egalité par la base contre la bureaucratisation : on
entend Rousseau. A travail égal, salaire égal, la compétition doit régner : méritocratie
on entend Diderot et l’Encyclopédie. Réclamation d’égalité des sexes, des âges, des
thèmes modernistes qui s’enracinent dans le tréfonds de la mémoire. Egalité des
droits : la galerie des « Déclarations » jusqu’à nos jours défile impeccablement.
Egalité de la parole : les images se dressent, des assemblées circulaires de l’Agora
ou du Forum à celle de 1789 jusqu’à l’imagination au pouvoir de mai 1968. Sans
parler de la loi égale pour tous. Voilà un bloc déjà impressionnant, qui semble aller
de soi. (…)
Lucien Sfez
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Non objet de nature mais fait de culture, son statut est symbolique. Instrument de
symbolisation la notion admet, en son corps doté d’une générosité sans pareille, tout
mythe et toute mode : la souveraineté des Etats en dérive, comme la guerre et la
grève, la soif de justice ou la communication. Ou tout autre terme encore. Au lecteur
d’y rêver. Cet instrument de symbolisation est là pour susciter l’action ou camoufler
l’impuissance, l’inertie.
Personne n’y croit, tout le monde la veut, l’égalité. Depuis que les hommes, associés
entre eux, ont compris que les dieux étaient trop lointains pour décider de l’action
quotidienne, plus tard, dès qu’ils ont su qu’ils n’étaient qu’un chaînon minuscule et
temporaire dans l’histoire de l’évolution, l’égalité est devenue inexorablement leur
seule définition possible. Je suis comme tu es : fondement ultime de toute vie
individuelle en société. L’égalité ? Un autre mot pour dire l’identité, la mienne et la
vôtre, pour dire tu et je, moi et toi.
Lucien Sfez
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Démocratie et vitesse
La vitesse absolue est le contraire de la démocratie qui suppose d’aller vers les
autres, de discuter, de prendre le temps de la réflexion et de partager la décision.
Quand il n’y a plus de temps à partager il n’y a plus de démocratie possible.
Paul Virilio
Sois lent d’esprit.
Montaigne
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La vitesse est un des facteurs de répartition des pouvoirs. Cela depuis nos très lointains ancêtres , ainsi les femmes ,par exemple Lucie 3 millions d’années avant notre ère, étaient ralenties par les enfants portés sur le dos et par les grossesses, elles se déplaçaient plus lentement que les hommes. Ainsi de nos jours l’informatique distingue les « lents » qui ne la maitrisent pas et les « rapides » qui la connaissent.
JML
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« Oublie une bonne part de ce que tu apprends » et « sois lent d’esprit » allaient
devenir deux des meilleures réponses de Montaigne à la question du « comment
vivre ? »
Sarah Bakewell
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Droits de l’homme
La démocratie se présente comme une recherche de fraternité accompagnée d’un
refus de paternité.
L’idéologie des droits de l’homme consacre la République des frères.
Jean Lacroix
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Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués
de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de
fraternité.
Article 1er de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme
« Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits . (…) »(article 1 de la DUDH) Cela signifie que nous sommes des êtres humains libres , égaux et qu’il faut donc lutter pour que ces libertés et ces égalités soient consacrées, préservées, développées.
JML
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Je crois à l’universalité à l’indivisibilité des droits de l’homme. Ils demeurent l’horizon
vital de notre temps.
Robert Badinter
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Je pense que, les hommes étant originaires des différents points du globe, ils ne sont
pas tous sortis d’un seul homme, mais qu’ils n’en sont pas moins frères, n’ayant
qu’un seul auteur qui est le soleil et une même mère qui est la terre.
Nicolas Restif de la Bretonne
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Les hommes ne naissent ni libres ni non-libres, ni égaux ni non-égaux. Nous les
voulons libres et égaux dans une société juste et autonome.
Cornélius Castoriadis
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La première génération de droits est celle des « droits-libertés » (droits civils et
politiques). La seconde génération est celle des « droits-égalités » (droits
économiques, sociaux et culturels). La troisième génération est celle des « droits-solidarités
» (droit au développement, à l’environnement, à la paix). Au-delà de leurs
contradictions ces trois générations non seulement doivent avancer dans leur
consécration et leur application mais elles doivent s’appuyer les unes sur les autres,
cela pour les personnes comme pour les peuples : être libres, debout et solidaires. Une quatrième génération est en gestation , celle des droits de l’homme par rapport à la techno science laquelle doit rester un moyen et non devenir une fin suprême.
JML
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Au-dessus du droit des Etats il y a les droits de l’homme. Ils sont au-dessus de l’Etat
souverain. Il n’y a aucune souveraineté qui justifie qu’un Etat bafoue les droits
individuels.
Blandine Kriegel
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Si je range l’impossible Salut au magasin des accessoires, que reste-t-il ? Tout un
homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui.
Jean-Paul Sartre
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Droit
Le Droit est l’intermède des forces.
Paul Valéry
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Le droit est à la conjonction de l’éthique et du pouvoir.
Georges Scelle
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La loi doit être faite pour l’homme et non l’homme pour la loi.
Kafka
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Le mot « droit recouvre deux réalités distinctes : il sert d’abord à désigner un
système de règles de comportement, énoncées et appliquées au sein de la société
selon des modalités spécifiques, organisant au nom de certaines valeurs un ordre et
une logique de régulation sociale. Il désigne aussi une discipline aux ambitions
scientifiques ayant pour objet l’étude de ces systèmes juridiques, le droit est alors
une partie de la connaissance, découpée dans le champ du savoir de notre société.
Michel Miaille
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Nous rendons justice les mains tremblantes.
Guy Canivet
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Les lois sont des toiles d’araignée à travers lesquelles passent les grosses mouches
et où restent les petites.
Honoré de Balzac
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Etrangeté ontologique du droit : c’est bien, en définitive, un sentiment d’étrangeté
que l’on éprouve devant cette technique de contrôle social, technique souterraine qui
opère sourdement dans les profondeurs des esprits et reste toujours invisible
derrière les réalisations tangibles auxquelles elle donne lieu ; technique faite d’outils
de direction des conduites émis par les pouvoirs publics mais dont la teneur et
jusqu’à l’efficacité instrumentale passent par l’entremise des dirigés eux-mêmes, par
le prisme de leur entendement et le consensus de leur volonté.
Mais cette étrangeté ontologique du droit n’est, en vérité, que le reflet de l’étrangeté
ontologique de l’homme lui-même, être doté des mystérieux attributs de la pensée et du pouvoir
d’agir, de se mouvoir de son propre chef, selon ses propres desseins. C’est sur cette
extraordinaire toile de fond que se développent l’ensemble de ses expériences de
convivialité.
Paul Amselek
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Il y a ceux qui font le droit (négociateurs, législateurs), ceux qui l’appliquent et le
pratiquent (juges, avocats), ceux qui l’enseignent et l’étudient.
Le droit désigne un système de règles qui, au nom de valeurs souvent dominantes,
contribue à produire un certain ordre social à différents niveaux géographiques, il
désigne également une discipline qui se veut scientifique et participe à l’ensemble
des connaissances.
Mais c’est aussi un ensemble de lieux dont les enjeux sont multiples :
enjeux de pouvoir, car ce sont des techniques de pouvoirs,
enjeux de justice car c’est une éthique pratique, c’est le droit au-delà des droits,
enjeux de savoir car c’est l’interpellation entre différentes matières du droit et aussi avec d’autres disciplines.
Au-delà du discours technicien qui met en avant des compétences, des procédures,
au-delà du discours idéologique qui met en avant plutôt le contenu des normes, au delà
du discours théorique qui met en avant les raisonnements juridiques, il y a une
question essentielle :
est-ce que cette procédure, cette règle, ce raisonnement font avancer les libertés, les égalités, les solidarités ? Est-ce qu’un bon droit n’est pas celui qui contribue à mettre en œuvre des moyens justes, écologiques, pacifiques, démocratiques ?
JML
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Les souffles de la démocratie dans les régimes politiques
La démocratie est une pratique politique et citoyenne, en construction permanente, qui met en œuvre des moyens démocratiques et aussi écologiques, pacifiques et justes.
Il s’agit
de combattre les critiques anti démocratiques(1),
de mettre en avant les vertus de la démocratie(2),
de promouvoir une conception et une pratique étendues de la démocratie(3),
de relever les cinq grands défis rencontrés par la démocratie en ces premières décennies du XXIème siècle(4),
de situer la démocratie par rapport aux circuits schématiques des volontés (5),
de comprendre les rapports entre non-violence et participation politique(6).
1-Combattre les critiques anti-démocratiques
-La critique autoritaire de la démocratie, la démocratie y est synonyme de désordre et d’inefficacité. Cette conception est inacceptable, elle peut même à la limite faire penser à une formule tristement célèbre « tout dans l’Etat, rien contre lui, rien en dehors de lui ».Au contraire au dessus du droit des Etats il y a les droits de l’homme, de la femme , de l’enfant, les droits des peuples et les droits de l’humanité.
-La critique élitiste de la démocratie, l’égalité des individus est considérée comme critiquable, il y a les élites et les autres, en particulier les ignorants, seules les élites doivent pouvoir accéder au pouvoir. Mais au nom de quoi le peuple ne peut-il s’approprier son passé comme source de courages, son présent comme celui des luttes et son avenir comme horizon de responsabilité ?
-La critique technocratique de la démocratie considère les experts comme seuls porteurs des véritables solutions au lieu de les voir comme simples donneurs d’avis proposés au pouvoir politique. Les techniciens dotés de pouvoirs déterminent-ils le bien commun ou sont-ils à son service?
-La critique fondée sur un libéralisme « sauvage » qui considère que la démocratie doit être au service du marché, sinon il faut la remettre en cause. Non ! Marché mondial cherche compétition, humanité cherche futur. La démocratie peut contribuer à remettre en cause la conversion de toute chose en argent et de l’argent en toute chose. Non , tout n’est pas à acheter ou à vendre, tout ne vaut pas tant. La démocratie peut constituer un des moyens pour passer d’une mondialisation compétitive et irresponsable à une mondialisation solidaire et responsable.
-La critique capitaliste classique qui considère que la seule démocratie valable « c’est celle du marché » alors que celle-ci est une politique de spectacle et de communication (de « la com. »), et surtout une soumission aux forces dominantes du marché.
-La critique fondée sur une forme de populisme, on critique alors souvent le principe même de la représentation au lieu de remettre en cause les mécanismes de corruption, de confiscation de la représentation et surtout de proposer une représentation réelle des citoyen(ne)s et la mise en œuvre de processus participatifs.
-La critique scientiste (la science pour la science) de la démocratie met en avant des recherches et des techniques décidés sans contre pouvoirs considérés comme des freins à la marche omnisciente omnipotente de la technoscience. Alors que la démocratie en appelle à une critique à l’intérieur de la science donnant aux citoyens leurs mots à dire sur des budgets de recherches et sur des techniques qui devraient être socialement , écologiquement et pacifiquement porteurs.
2-Mettre en avant les vertus de la démocratie
-L’humanité et la démocratie ne doivent-elles pas (éthique) ne veulent-elles pas (volontés politiques) ne peuvent-elles pas (marges de manœuvres) marcher côte à côte, se soutenir, s’interpeller, se compléter, s’incliner l'une vers l' autre?
- La démocratie va permettre de penser et de mettre en œuvre des libertés, des égalités, des solidarités. Elle construit, elle ouvre les portes d’une pluralité de possibles fraternels.
-La démocratie c’est « l’amour de l’égalité » et « l’amour de la démocratie c’est celui de l’égalité ».
-La démocratie est une façon de discuter, de négocier dans le respect des diversités.
-La démocratie doit permettre de laisser s’exprimer des contre-pouvoirs critiques.
-La démocratie est une forme de lutte continuelle contre les abus du pouvoir. Elle en appelle aux partages des avoirs, des pouvoirs et des savoirs.
-Ne devrait-elle pas être une forme d’autolimitation personnelle et collective allant dans le sens d’une société conviviale et frugale ?
-La démocratie repose sur une concurrence officielle entre les oligarchies qui se disputent le pouvoir. Au contraire dans les régimes autoritaires il n’y a pas de concurrence officielle puisqu’il s’agit soit du parti unique soit de l’armée.
-« L’inquiétude démocratique » n’est-elle pas un dialogue avec la complexité et l’incertitude ?
-« L’invention démocratique » n’en appelle-t-elle pas aux volontés, aux imaginations, aux courages ?
3- Promouvoir une conception et une pratique étendues de la démocratie
- Au sens classique la démocratie repose sur des critères essentiels.
Il s’agit d’élections libres.
Et, si l’on veut un véritable suffrage universel , il faut entre autres instituer le droit de vote à tous les résidents étrangers.
Il s’agit aussi de médias libres, de la liberté de la presse (avec le secret des sources journalistes), de la liberté d’expression, de la liberté d’opinion, de la liberté de conscience,
d’un système judiciaire indépendant et d’une existence réelle des droits de la défense (droit à l’information en matière pénale, droit à l’assistance d’un avocat, droit au respect de la présomption d’innocence…)
La démocratie, toujours au sens strict, est également synonyme de droits de l’homme, autrement dit les libertés (droits civils et politiques), les égalités(droits économiques, sociaux et culturels). On doit aussi tenir compte des droits de la troisième génération, les droits-solidarités, ainsi comment une démocratie prend-elle en compte le droit à l’environnement et le droit à la paix ?
La démocratie en appelle aux droits d’une quatrième génération, ceux des droits de l’homme et des droits du vivant par rapport à la technoscience.
Il faut insister sur les liens étroits qui existent entre l’égalité, les luttes contre les injustices et la démocratie. La démocratie, on vient de le dire, n’est-elle pas « l’amour de l’égalité » ? Justice et démocratie ne doivent-elles pas se protéger, se compléter, s’interpeller, s’appuyer l’une sur l’autre, s’incliner l’une vers l’autre ?
-Au sens plus large la démocratie repose également sur des critères importants.
Elle doit être une démocratie économique, sociale, fiscale, sociale, culturelle, environnementale…
Autrement dit : droit à l’information, consultations, concertations, négociations doivent être consacrés et effectifs. Dans l’ensemble de ces domaines les décideurs doivent être les plus nombreux possibles .
- Au sens encore plus large la démocratie repose sur deux autres critères complémentaires.
On pense à la démocratie dans l’espace c’est-à-dire à l’instaurer et à la développer à tous les niveaux géographiques sur notre planète.
On peut aussi penser à la démocratie dans le temps, en particulier aux luttes contre l’accélération du système international et aux marges de manœuvres laissées aux générations futures. La démocratie par rapport au temps n’implique-t-elle pas deux idées fortes ?
Première idée forte : La vitesse étant un facteur de répartition des pouvoirs, des avoirs, des savoirs, une démocratie ne doit-elle pas également se définir par les luttes allant dans le sens d’un ralentissement du système productiviste ? Autant que faire se peut mettre en oeuvre un développement et un respect des « droits du temps humain. » A ce jour que pèsent les pratiques de ralentissement ? Faut-il, et si oui comment, leur donner de l'ampleur? L’idée, dans le sillage de Jean Chesneaux, d’ une Déclaration des droits des temps humains et des temps du vivant peut être porteuse.
Seconde idée forte : On connait cette pensée de Montesquieu « C’est une expérience éternelle que tout homme qui a du pouvoir est porté à en abuser : il va jusqu’à ce qu’il trouve des limites. » Ne peut-on pas dire la même chose des générations présentes par rapport aux générations futures ? Si on ne leur donne pas de freins dans tel et tel domaine et si elles ne s’autolimitent pas, qu’en est-il des marges de manœuvres des générations à venir ?
Ainsi une démocratie ne doit-elle pas se définir, aussi, par le fait qu’elle agit de telle sorte que, par exemple écologiquement, les générations à venir ne soient pas objets mais sujets de leur propre histoire ? Cette perspective nous parait tellement essentielle que nous en ferons la dernière série de propositions intitulée « L’avènement d’une démocratie transgénérationnelle ».
4- Relever cinq grands défis rencontrés par la démocratie en ces premières décennies du XXIème siècle
-Le premier défi démocratique est celui des injustices. La démocratie est un ensemble de luttes perpétuelles contre les injustices.
Celles-ci sapent les fondements des démocraties en poussant d’une part aux populismes d’autre part aux répressions contre les révoltes et , par-dessus tout, en laissant une multitude de personnes dans des conditions désastreuses et de grandes souffrances.
La deuxième partie de ces articles relative aux « Moyens justes » avance de multiples propositions. Démocratie et justice doivent se tenir embrassées.
-Le second défi démocratique est celui du dessaisissement.
Dessaisissement pour une large part des citoyen(ne)s et des élu(e)s par les acteurs financiers, économiques et techno scientifiques. On peut le voir comme le défi le plus impressionnant en termes de rapports de forces.
Certains pensent que la mondialisation économique et financière ainsi que les complexes de la techno science ont « pris la place des conducteurs » qu’étaient en particulier les Etats dominants qui sont passés de la place essentielle à la place importante.
Ainsi on accuse la dictature des marchés, la régression de la démocratie a alors pour cause l’absorption du politique par l’économique et surtout le financier.
Ainsi on accuse la puissance de la techno science, par exemple le discours d’adieu du Président des Etats-Unis, Dwight D. Eisenhower le 17 janvier 1961, constitue un avertissement par rapport à l’un de ces complexes les plus puissants, le « complexe militaro-industriel ». «Le risque potentiel d’une augmentation de ce pouvoir mal placé existe et existera» prévient-il dans ce discours prémonitoire. D’un côté une techno science qui se veut sans limites, de l’autre une démocratie symbole de sociétés qui veulent se donner des limites, lesquelles devraient se ramener au respect de la dignité humaine et du vivant.
C’est ici que se situe un dessaisissement massif qui est celui d’une organisation régionale, l’Union européenne.
-Le troisième défi démocratique est celui de la confiance.
Elle s’érode ici et là , la légitimité de la classe politique est parfois mise cause .La politique qu’on rejette devient synonyme de mensonge et d’impuissance. On le dit dans une formule choc : la dictature c’est « ferme ta gueule », la démocratie c’est « cause toujours. » La confiance disparait lorsque le pouvoir fait semblant d’écouter en « communiquant » mais que rien ne change. N’écoutez pas seulement ce qu’ils disent mais regardez surtout ce qu’ils font.
La question posée par cette façon de voir les choses étant : comment faire pour que l’on tienne compte de ce que veulent les citoyen(ne)s et qu’ils puissent être parties prenantes aux décisions à travers des processus participatifs ?
-Le quatrième défi démocratique est celui de la corruption.
Celle-ci s’est étendue avec l’internationalisation de l’économie, la puissance de la financiarisation liée à des sommes souvent gigantesques, une véritable fièvre de l’argent facile peut devenir contagieuse.
Ce cancer de la corruption a tendance à atteindre de nombreux domaines à travers différents mécanismes : des entreprises peuvent être liées à des mafias, des appels d’offres peuvent être contournés, des subventions peuvent avoir des contrôles insuffisants, des profits issus des narcotiques peuvent acheter des politiques, des ventes d’armes fondées sur des contrats colossaux attisent les tentations avec un « secret défense », forme d’ obstacle à l’établissement de la vérité…
Cette corruption on peut la trouver aussi dans le financement de la vie politique qui soit est dérégulé et laisse la place à des intérêts privés qui peuvent aller contre l’intérêt général, soit est encadré par des lois qui ont beaucoup de difficultés à établir transparences, responsabilités, sanctions, lois parfois voire souvent contournées, la justice entre alors en scène avec de grandes difficultés à surmonter pour l’établissement de la vérité.
Les effets de la corruption sont désastreux : la morale est piétinée, une partie de la vie politique est gangrénée, des citoyens se détournent du vote ou cherchent des boucs émissaires, d’autres sont ruinés, quant au coût économique de la corruption il peut être lourd.
Les luttes contre la corruption sont celles de différents acteurs, en particulier des juges dans différents Etats et à des échelles plus vastes , des institutions de conventions internationales et des ONG, parmi lesquelles Transparency International (voir transparency-france.org).De façon plus radicale(en amont) et globale c’est le désarmement du pouvoir financier que nous allons préciser dans la série de propositions d’un B qui suit.
-Le cinquième défi est celui de la démocratie qui a besoin de temps or le système productiviste s’accélère.
C’est un défi moins connu et pourtant très inquiétant.
L’accélération porte atteinte à la démocratie. Paul Virilio,l'un des grands penseurs de la vitesse dans nos sociétés, écrivait " Quand il n'y a plus de temps à partager il n'y a plus de démocratie possible." En effet la vitesse a quelque chose de contraire à la démocratie qui est synonyme de discussions, de temps pris pour arriver à des compromis, à des partages des décisions. Or le temps politique est court-circuité par le temps marchand, par le temps économique, par la vitesse des transactions financières.
Il y a donc une sorte de « désynchronisation » entre le domaine politique et le domaine économico-financier.
Dans un raccourci on peut également affirmer que les Parlements sont court-circuités par les exécutifs plus rapides qui, eux-mêmes, sont court-circuités par les marchés financiers encore plus rapides. Certains insistent désormais sur le fait que ces marchés « ne supportent pas le temps démocratique qui ne va pas assez vite » (voir par exemple Patrick Viveret, entretien Mediapart, du 19-11-2011.) Ainsi « 70% des transactions aux Etats-Unis et 50% en Europe sont réalisés par des automates. »Lorsqu’on affirme, selon l’expression consacrée, qu’il faut « rassurer les marchés », il serait plus proche de la vérité de dire qu’il faut « rassurer ces automates » affirme Patrick Viveret .On retrouve bien sûr ici la réalité de la technique qui nous échappe et qui devient autonome, réalité très présente en particulier dans l’œuvre de Jacques Ellul (voir par exemple « Le système technicien », Calmann-Lévy, 1977).
N’est-ce pas une autre forme d’atteinte à la démocratie ? Comment (re)trouver un temps citoyen(ne), comment arriver à reconquérir le temps, à « habiter le temps »(voir l’ouvrage de Jean Chesneaux ,Habiter le temps, Bayard ,1996), le passé comme expérience, le présent comme action et l’avenir comme « horizon de responsabilité » ?
-Nous devront donc ci-dessous retrouver ou trouver les moyens de répondre à ces cinq défis rencontrés par la démocratie :
Désarmer le pouvoir financier. Remettre à leurs places le marché et la techno science. Remettre en cause les mécanismes de corruption. Construire la légitimité et la confiance. Lutter contre les injustices. Reconquérir le temps…
5- Les circuits schématiques des volontés et la démocratie
On peut ainsi raisonner sur les circuits des volontés locales, nationales, continentales, internationales.
Il y a probablement au moins quatre schémas théoriques et pratiques :
-Soit on pense et on agit dans le sens de systèmes centralisés dans lesquels les volontés vont du "haut vers le bas", selon les cas la démocratie est un peu présente , ou pratiquement absente, ou totalement absente.
(Une confidence : « Total » est un des mots que je n’aime pas : total, totalement, totalitaire…Je n’aime pas non plus les mots « parfait », « carrière ».
J’aime les mots « partage », « tendresse ». J’aime l’expression « horizon de responsabilité ».
Depuis l’âge de 27 ans , il y a donc 49 ans, j’associe au productivisme ce couple infernal « humanicide et terricide ».)
-Soit on se prononce et on agit dans le sens d’un va et vient "entre le haut et le bas", en corrections réciproques, reste à savoir comment se déroulent ces rapports de forces et ce qu’ils produisent. Ce schéma est assez courant. On peut être proche d’une certaine démocratie voire de quelques éléments participatifs.
-Soit on pense et on agit "du bas vers le haut", on veut faire remonter des micro expériences, des actions à la base, on veut faire émerger des autogestions, on est dans une forme de démocratie participative.
-Soit on veut aller dans le sens de "volontés qui, partant de la base, vont plutôt s'étendre que monter ", c’est un schéma de démocratie participative. On trouve en particulier des personnes et des groupes qui s’auto organisent.
Sur le terrain les circuits peuvent être compliqués puisque plusieurs schémas, par exemple dans un pays donné, par exemple-ce qui complique encore les schémas-dans un domaine donné, peuvent fonctionner ensemble avec des ampleurs et des conflits variables.
6-Non-violence et participation politique
-On retrouve ici une fois de plus l’importance de la désobéissance civile (voir par exemple Albert Ogien et Sandra Laugier, respectivement sociologue et philosophe, « Pourquoi désobéir en démocratie? »(2010) et « Le Principe démocratie. Enquête sur les nouvelles formes du politique. »(2014).)A partir du mouvement des occupations de places en 2011 et « dans des formes plus souterraines et invisibles d’action et de relations entre les personnes » les auteurs pensent qu’une sorte de « démocratie sauvage »voit le jour.
En ce sens une citation porteuse de Henry David Thoreau(1817-1862), un des penseurs de la non-violence et de l’écologie : « La démocratie ne dépend pas seulement du bulletin que je glisse dans l’urne tous les cinq ans mais aussi du type d’individu que je glisse chaque matin dans la rue ».
-Il n’ y a pas de leader, de programme, d’objectif de prise de pouvoir mais une « créativité politique de ces organisations collectives fondées sur les principes de solidarité, de gratuité, d’autonomie ou qui instaurent des modes de vie en rupture avec le productivisme, la hiérarchie » (…),Dans ces lieux « le politique vivant parait avoir largué les amarres avec la politique institutionnelle. »
-Ces mouvements ne sont pas à sous-estimer, ce sont autant de laboratoires de résistances, ce sont des formes de démocratie qui contribuent à des expressions des citoyen(ne)s et qui les amènent à créer des lieux d’autres possibles.
JML
Huit séries de moyens démocratiques :
1- Le désarmement du pouvoir financier :
a-En premier lieu soulignons d’abord trois gigantesques remises en cause vitales :
les remises en cause radicales des paradis fiscaux à travers de puissants contre-mécanismes,
les remises en cause des corruptions,
puis la création des interdictions de spéculation sur les produits agricoles, sur des marchés opaques et en direction des banques qui spéculent avec l’argent des déposants…
b-En second lieu il faut ajouter les créations massives et nombreuses de « nouvelles ressources financières du XXIème siècle » au moins au nombre de huit, vous allez constater que… la taxe peut « cartonner » :
une taxation des transactions financières. , importante et mondiale, qui doit inclure les devises et les produits dérivés, / un impôt progressif et mondial sur les capitaux, en particulier pour les grandes fortunes, /une taxation des fonds spéculatifs,/ une taxation des ressources issues des bénéfices des firmes multinationales, /une taxation sur les bénéfices des grandes entreprises du numérique / une taxation des émissions de CO2 pour les transports internationaux,/ des capitaux provenant de la suppression complète des subventions des énergies fossiles ,/des transferts de dépenses militaires vers les dépenses de santé, d’environnement, d’alimentation, de logement, de culture…/
et toute nouvelle ressource allant dans le sens de « l’intérêt commun de l’humanité .»
2- Les souffles de la démocratie dans les régimes politiques avec, par exemple, des moyens participatifs et des débats contradictoires sur des sujets essentiels. (Voir articles sur la démocratie sur ce blog et sur le site « au trésor des souffles ».)Une présence massive des femmes dans l’ensemble des lieux de pouvoir politique, économique, financier…Une remise en cause de nombreux cumuls de mandats, cela au nom de la démocratie.
Bien entendu l’Union européenne doit être , elle aussi, démocratisée, en particulier en donnant le pouvoir d’initiative au Parlement européen (et pas seulement à la Commission comme actuellement) , en contrôlant la Banque centrale européenne et en créant un chambre des ONG…
3-L’encadrement des firmes multinationales.
a-La responsabilité des sociétés mères est mise en place contre les exactions commises par elles et par leurs filiales à l’étranger, c’est aussi la conclusion d’un traité et c’est l’adoption de lois contraignant les multinationales à respecter les droits de l’homme, enfin c’est la responsabilité sociale et environnementale des entreprises est créée et renforcée au niveau national et international.
b-Les productions des firmes multinationales doivent être écologiquement viables, socialement utiles, pacifiquement reconverties. Certaines productions du marché peuvent donc être considérées comme plus ou moins critiquables pour les acteurs humains et le vivant. Ainsi seront nécessaires les reconversions – par exemple des industries d’armements, des produits dangereux pour la santé humaine et/ou l’environnement – , elles contribueront à l’avènement d’un monde solidaire et responsable.
c-Enfin le commerce international est subordonné à la primauté de la santé, de l’environnement, du social, de la culture. Les normes et les pratiques du commerce international doivent leur être conformes.Ainsi sont dénoncées par exemple toutes les dispositions de traités permettant à des multinationales de s’opposer à des transitions énergétiques.
4- La maitrise de la technoscience : les priorités des recherches et des créations de nouvelles technologies seront orientées vers les besoins criants en santé, en environnement, et la sacro-sainte liberté de la recherche scientifique sera remise en cause quand elle porte atteinte ou menace la dignité des personnes ou l’intérêt commun de l’humanité.
5-La démocratisation des institutions internationales par rapport en particulier aux pays du Sud et aux ONG.
6-Le développement de la justice internationale dans son accès et ses moyens.
7-Les créations de nouvelles formes d’organisations du XXIème siècle composées de différents types d’acteurs et pas seulement des Etats.
En particulier la création d’une organisation mondiale de l’environnement(OME), financée entre autres par une partie des taxes carbone. La question difficile de la représentation de la nature par cette OME ne mérite-elle pas d’être posée ? (voir sur ce blog et notre site les nombreux articles sur l’environnement ).
8- L’avènement de la démocratie transgénérationnelle avec une nouvelle institution consultative (ou décisionnelle ?) intégrant le long terme. Se pose la question de la représentation de l’humanité, celle des générations présentes bien sûr mais aussi celles des générations passées et futures. Comment représenter les générations qui n’existent plus ou qui n’existent pas encore ? L’imagination doit prendre le pouvoir et trouver des solutions par exemple de type « gardiens des générations. » (Voir notre article « La Fraternité transgénérationnelle » in « La Fraternité » , actes du colloque de Limoges d’avril 2016 du réseau européen de recherche en droits de l’homme, Institut universitaire de Varenne,2018.)
JML
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4-Moyens et fins pacifiques
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Non à la guerre
La guerre maudite par les mères.
Horace
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Les armes de la critique passent d’abord par la critique des armes.
Un graffiti de mai 1968
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Vienne le temps de l’amour, la méchanceté a trop servi. Mon colonel: rendez-vous à
l’évidence!
Jean Cocteau
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L’âge des cavernes est révolu, quand en finirons-nous avec l’âge des casernes ?
Théodore Monod
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Quand j’entends les talons qui claquent j’entends les cerveaux qui se ferment.
Lyautey
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Comment cela s’appelle-t-il, quand le jour se lève, comme aujourd’hui, et que tout est
gâché, que tout est saccagé et que l’air pourtant se respire, et que tout est perdu,
que la ville brûle, que les innocents s’entretuent, mais que les coupables agonisent,
dans un coin du jour qui se lève ?
Cela a un très beau nom. Cela s’appelle l’aurore.
Jean Giraudoux
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Toutes les guerres sont civiles car c’est toujours l’homme qui répand son propre
sang, qui déchire ses propres entrailles.
Fénelon
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Faites l’amour, pas la guerre.
Slogan hippie
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Se servir des armes pour maintenir la paix c’est comme se servir de son sexe
comme moyen contraceptif.
Un graffiti
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Dans la Rome Antique, le vieux Caton terminait toutes ses harangues par ces mots :
« Et, en outre, je pense que Carthage doit être détruite. »
Jean Rostand pensait que nous devrions terminer tous nos discours en affirmant : « Et, en outre, je pense que la force de frappe doit être détruite ».
On pourrait ajouter que la pensée de Gandhi en fin de prise de parole serait toujours lumineuse : « La fin est dans les moyens comme l’arbre est dans la semence. »Si l’on veut la paix il faut des moyens pacifiques, justes, démocratiques et écologiques.
JML
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Pacifisme
Pour la guerre : pas un homme, pas un sou !
Slogan pacifiste
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Les peuples apprendront peu à peu à regarder la guerre comme le fléau le plus
funeste, comme le plus grand des crimes.
Condorcet
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Vive la grève révolutionnaire contre la guerre !
Gustave Hervé
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Plus de guerre ! Arrière les fusils, les mitrailleuses, les canons: place à l’arbitrage, la
conciliation et la paix !
Aristide Briand
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Nous pouvons envisager le seul grand dessein : civiliser la Terre.
Edgar Morin
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Nous sommes les pacifistes de la première heure, nous resterons les pacifistes de la
dernière heure.
Journal « Le Libertaire »
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Il n’y aura pas de progrès réel tant que l’homme transformé en soldat montera la
garde contre la paix.
Louis Lecoin
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Paix
La paix c’est avant tout l’absence de guerre. Mais la véritable paix c’est une société
viable, autrement dit fondée sur des moyens justes, écologiques, démocratiques et pacifiques.
JML
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Que préférez-vous ?
Des bombardiers ou des lits d’hôpitaux ? Des bombardiers ou des énergies renouvelables ?Des bombardiers ou des écoles, des collèges, des lycées , des facultés ?
JML
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Du « si tu veux la paix prépare la guerre » (cependant toujours bien présent !)
on est passé au « si tu veux la paix connais la guerre » (de la Société des Nations),
à un « si tu veux la paix prépare la justice » ( le développement soutenu par les Nations Unies).
Comment arriver dans tous les lieux du monde à un « si tu veux la paix contribue à promouvoir des moyens écologiques, justes, démocratiques et pacifiques » ?
JML
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Allons enfants de tous pays
Le jour d’y croire est arrivé
Contre le nucléaire tyrannique
Les consciences se sont éveillées
Les consciences se sont éveillées
Entendez-vous notre campagne
Contre ces féroces déchets
Ils viendront jusque dans nos bras
Tuer nos fils, nos compagnes
Alarme citoyens
Pour les reconversions !
Alarme nos élus
Prenez vos longues vues !
Marchons, marchons
Qu’un air pur
Souffle dans nos poumons !…
Chanson militante dans les rues de Limoges en 1982…
Remettre en cause l’irrésistible ascension des recherches scientifiques militaires est
une des urgences qui s’impose à tous les peuples. Ce serait l’une des plus grandes victoires de l’humanité.
La liberté de la recherche scientifique doit avoir des limites : elle ne doit pas porter
atteinte à l’intérêt commun de l’humanité. Ainsi les recherches scientifiques sur les
armes de destruction massive devraient être interdites (et ces interdictions très
contrôlées), ainsi les recherches existantes déjà dans ce domaine devraient faire
l’objet de reconversions. Ce serait une des entreprises pacifiques les
plus radicales.
JML
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Du « si tu veux la paix prépare la guerre » (cependant toujours bien présent !) on est
passé au « si tu veux la paix connais la guerre » (de la Société des Nations), à un
« si tu veux la paix prépare la justice » ( le développement soutenu par les Nations Unies). Comment arriver dans tous les lieux du monde à un « si tu veux la paix contribue à promouvoir des moyens écologiques, justes, démocratiques et pacifiques » ?
JML
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Il y a croire et croire, cette différence paraît dans les mots croyance et foi.
Croire à la paix c’est foi, il faut ici vouloir, la foi va devant, la foi est courage.
Au contraire croire à la guerre c’est croyance, c’est pensée agenouillée et bientôt couchée, c’est répéter ce qui a été dit et redit, c’est penser mécaniquement.
Emile Chartier, dit Alain
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On n’atteint la paix du cœur, si elle est de ce monde, que par le travail inlassable, la
déception fréquente, et le sentiment d’une juste humilité.
Henri Bosco
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Oui la paix dans nos cœurs, oui la paix,
Et la paix dans le monde, oui la paix,
Le regard qui sait écouter, le regard qui ne juge pas,
Le regard qui se fait tendresse c’est la paix.
La tendresse à n’en plus finir. La tendresse à pleurer de joie.
La tendresse à crier pardon c’est la paix.
Chant
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La fausse paix n’est que le camouflage des contradictions qui poursuivent leur
chemin souterrain pour, tout à coup, éclater en haines sauvages, en cruautés
délirantes. Seuls les conflits reconnus, les contradictions avouées sont la moelle d’un
amour enfin historiquement, massivement incarné.
Jean Cardonnel
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Si tu crois qu’un sourire est plus fort qu’une arme,
Si tu crois à la puissance d’une main offerte,
Si tu crois que ce qui rassemble les hommes est plus important que ce qui les divise,
Si tu crois qu’être différents est une richesse et non pas un danger,
Si tu sais regarder l’autre avec un brin d’amour,
Si tu sais préférer l’espérance au soupçon…
Si tu estimes que c’est à toi de faire le premier pas plutôt qu’à l’autre,
Si le regard d’un enfant parvient encore à désarmer ton coeur
Si tu peux te réjouir de la joie de ton voisin,
Si l’injustice qui frappe les autres te révolte autant que celle que tu subis,
Si pour toi l’étranger est un frère qui t’est proposé,
Si tu sais donner gratuitement un peu de ton temps par amour,
Si tu sais accepter qu’un autre te rende service,
Si tu partages ton pain et que tu saches y joindre un morceau de ton coeur,
Si tu crois qu’un pardon va plus loin qu’une vengeance…
Si tu sais chanter le bonheur des autres et danser leur allégresse,
Si tu peux écouter le malheureux qui te fait perdre ton temps et lui garder ton sourire,
Si tu sais accepter la critique et en faire ton profit sans la renvoyer et te défendre,
Si tu sais accueillir et adopter un avis différent du tien…
Si tu refuses de battre ta coulpe sur la poitrine des autres,
Si pour toi, l’autre est d’abord un frère,
Si la colère est pour toi une faiblesse, non une preuve de force,
Si tu préfères être lésé que de faire tort à quelqu’un,
Si tu refuses qu’après toi ce soit le déluge,
Si tu te ranges du côté du pauvre et de l’opprimé sans te prendre pour un héros,
Si tu crois que l’amour est la seule force de dissuasion.
Si tu crois que la paix est possible…
Alors la Paix viendra.
Pierre Guilbert
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Bienfaits de la paix
Je dis la paix pâle et soudaine
Comme un bonheur longtemps rêvé
Comme un bonheur qu’on croit à peine
Avoir trouvé (…)
Je dis la paix cette fenêtre
Qui battit l’air un beau matin
Et le monde ne semblait être
Qu’odeur du thym (…)
Je dis la paix aux jeux d’enfance
On court on saute on crie on rit
On perd le fil de ce qu’on pense
Dans la prairie (…)
Louis Aragon
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Paix, source de tout bien
Viens enrichir cette terre
Et que nous passions nos jours
Etendus sur l’herbe tendre
Prêts à conter nos amours
A qui voudra les entendre.
Jean de la Fontaine
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Enfin veux-tu que j’énumère
Les Versailles que nous ferons
Les airs peuplés par les chimères
De notre front
Et l’immense laboratoire
Où les miracles sont humains
Et la colombe de l’histoire
Entre nos mains
Louis Aragon
——————————-
A vrai dire, il me semble que le pacifisme ne se laisse pas définir d’une façon rigide :
il est moins un engagement doctrinal qu’une certaine manière profonde, viscérale,
d’être et de se sentir.
Pour moi, être pacifiste, ce n’est pas forcément être toujours prêt à tout sacrifier à la
paix, mais c’est quand même être capable de lui sacrifier quelque chose, et à quoi
l’on tient.
Etre pacifiste, c’est ne prêter qu’une oreille méfiante à ceux qui, aujourd’hui,
recommandent le massacre sous prétexte qu’il doit en prévenir un plus copieux,
demain; c’est, sans méconnaître les droits de l’avenir, donner la priorité à la vie des
vivants; c’est vouloir la paix même si elle n’a pas tout à fait la couleur qu’on préfère,
c’est lui rendre grâce même si toutes nos passions n’y trouvent pas leur compte ;
c’est admettre que l’intérêt de la paix peut ne pas coïncider avec celui de notre patrie
ou de notre idéologie ; c’est oublier cette affreuse vérité que « le sang sèche vite » ;
c’est avoir toujours présent à l’esprit l’immense contenu négatif du mot « paix », et
tout ce qu’il signifie de non-souffrance, de non-détresse, de non-désolation ; c’est
voir obstinément, en toute guerre, la gigantesque erreur judiciaire que fait la somme
des peines capitales infligées à tant d’innocents ; c’est ne pas consentir aux
grossières simplifications et falsifications que diffusent les propagandes pour
entretenir la haine ; c’est refuser d’égrener le chapelet des slogans de commande et
des calomnies de consigne ; c’est ne pas clamer qu’on veut la paix quand on fait le
jeu des fanatismes qui la rendent impossible; c’est dénoncer sans relâche l’horreur
de la guerre, l’atrocité de la guerre, l’ignominie de la guerre, mais se garder d’imputer
à l’un des belligérants des atrocités hors série; c’est condamner, dans tous les
camps, les intransigeances et les jusqu’auboutismes ; c’est s’affliger quand, pour
quelque cause que ce soit, on voit un fusil entre les mains d’un enfant; c’est préférer
que les réconciliations devancent les charniers; c’est n’être jamais tout-à-fait sûr
d’avoir raison quand on donne son assentiment à la mort des autres…
Une vraie politique de paix ne pourrait être menée que par des hommes ayant au
cœur ce pacifisme là.
Jean Rostand
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Je fais le rêve que les hommes un jour se lèveront et comprendront qu’ils sont faits
pour vivre ensemble comme des frères.
Je fais le rêve qu’un jour chaque noir de ce pays, chaque homme de couleur dans le
monde entier sera jugé sur sa valeur personnelle plutôt que sa couleur de peau.
Je fais le rêve qu’un jour les ventres vides seront remplis, que la fraternité sera un
plus que quelques mots à la fin d’une prière.
Je fais le rêve qu’un jour la guerre prendra fin, que les hommes transformeront leurs
épées en socs de charrues, que les nations ne s’élèveront plus les unes contre les
autres et qu’elles n’envisageront plus jamais la guerre.
Avec cette foi nous saurons tailler une pierre d’espoir dans la montagne du
désespoir.
Martin Luther King
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Le jour est proche ô mes sœurs de grandeur
Où nous rirons des mots guerre et misère.
Rien ne tiendra de ce qui fut douleur
Chaque visage aura droit aux caresses.
Paul Eluard
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Choisir la vie ou la mort
Soit l’humanité détruira les armements
Soit les armements détruiront l’humanité.
Albert Einstein
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Il nous faut apprendre à vivre ensemble comme des frères sinon nous périrons
ensemble comme des imbéciles.
Martin Luther King
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Il me faut construire en moi les défenses
Contre la contagion de la violence.
Albert Jacquard
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S’aimer ou disparaître, il n’y a pas d’autre choix.
Raoul Follereau
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Un seul monde ou aucun, s’unir ou périr.
Albert Einstein
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Quelques moyens du développement pacifique
Les vrais chrétiens doivent refuser de se soumettre au service militaire.
Léon Tolstoï
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Tout ce qu’on peut faire c’est de casser les armes, de pisser sur ces monstres qui
font pourrir les fleurs de l’amour.
Vincent à 7 ans
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Si quelqu’un te force à faire mille pas, fais-en deux mille avec lui.
André Laudouze
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Que préférez-vous ?
Un nouveau prototype de bombardier
Ou 75 hôpitaux de 1000 lits ?
Un nouveau prototype de bombardier
Ou 50 000 tracteurs ?
Un nouveau prototype de bombardier
Ou 30 facultés pouvant accueillir chacune mille étudiants?
Que préférez-vous, jeunesse du monde ?
Raoul Follereau
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S’il m’était prouvé qu’en faisant la guerre mon idéal avait des chances de prendre
corps je dirai quand même non à la guerre car on n’élabore pas une société humaine
sur des monceaux de cadavres.
Louis Lecoin
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La guerre commencera d’avoir du plomb dans l’aile le jour où les candidats qui
promettent d’augmenter les crédits militaires cesseront d’être élus.
Bernard Clavel
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Les hommes élèvent trop de murs et ne construisent pas assez de ponts.
Antoine de Saint-Exupéry
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Les moyens de la défense civile non-violente sont parfaitement cohérents avec les
fins de la démocratie. Tout ce qui renforce l’une concourt à renforcer l’autre.
Jean-Marie Muller
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Du « si tu veux la paix prépare la guerre » (cependant toujours bien présent !) on est
passé au « si tu veux la paix connais la guerre » (de la Société des Nations), à un
« si tu veux la paix prépare la justice » (des Nations Unies). Comment arriver sur
tous les lieux du monde à un « si tu veux la paix contribue à promouvoir une société
écologique, juste , démocratique et pacifique » ?
JML
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Repenser des institutions internationales porteuses de paix
On ne peut ici qu’esquisser ce que seraient des institutions adaptées au projet d’un monde différent. Une réflexion collective permettra de le préciser plus avant. Mais il devra s’inscrire dans les directions suivantes :
1° Acter l’échec des Nations Unies à être représentatives de l’ensemble de l’humanité et l’impossibilité de les réformer en raison d’une part, de leur dérive bureaucratique, d’autre part du verrou mis dans la Charte à toute vraie réforme par la nécessité que celle-ci soit acceptée par les 5 membres permanents du Conseil de sécurité. Et, considérant qu’en dépit de réalisations positives, elles n’accomplissent plus aujourd’hui les buts pour lesquels elles ont été créées, prévoir à terme leur dissolution lorsqu’une Organisation mieux adaptée aux temps présents aura été mise en place.
2° Travailler à la création d’une nouvelle organisation politique universelle (qui pourrait s’intituler Organisation Mondiale des Peuples) qui mettrait en œuvre un nouveau Pacte mondial dont les objectifs seraient la paix, la sauvegarde de la nature et la garantie des droits sociaux universels.
Cette Organisation devra assurer :
a) la reconnaissance des différentes communautés nationales et de leurs compétences autonomes dans la mesure où celles-ci sont compatibles avec le respect du droit international ;
b) un mécanisme de maintien de la paix, inspiré de celui créé par les Nations Unies, mais confié à un Conseil de sécurité composé de membres pleinement égaux entre eux (20 ou 25) élus tous les 3 ans par le Parlement de l’Organisation ;
c) le respect de la réglementation des armements telle que déterminée par Conseil de sécurité et la mise sur pied d’une force d’intervention réellement internationale et intégrée, capable de donner sens à la notion de sécurité collective ;
d) le caractère indérogeable du droit international par les autorités des différents États. Ce droit international comporte le noyau premier des droits de l’homme tels que visés à l’article 1° des Principes ci-dessus, auquel s’ajouteront la Déclaration universelle des responsabilités humaines visée au principe n°2, ainsi que les normes élaborées par le Parlement mondial ;
e) le caractère démocratique de la nouvelle organisation et notamment des procédures d’élaboration de nouvelles normes internationales. Ces procédures reposeront sur un principe de bicaméralisme, le Parlement mondial bicaméral étant composé d’une Assemblée représentants les États et d’une seconde Chambre représentant des forces sociales proprement dites [4]. Tous les textes internationaux d’importance dans le champ social ou écologique devront être votés par ces deux assemblées, à condition d’avoir reçu préalablement l’avis conforme d’un Conseil écologique et social. Ce Conseil sera composé pour moitié de membres désignés pour leur expertise et pour moitié de citoyens du monde tirés au sort.
3° Revoir l’ensemble des Institutions spécialisées du système des Nations Unies qui sont devenues le champ de bataille des rivalités entre grandes puissances et lobbies internationaux. Réintégrer une Organisation mondiale du commerce dans le système universel (l’OMC actuelle ne fait pas partie du système des Nations Unies) et la soumettre aux mêmes conditions que les autres institutions spécialisées : celles-ci devront être dotées de véritables pouvoirs réglementaires exercés selon des procédures démocratiques, les assemblées représentant les États, étant là aussi doublées d’assemblées représentant des forces sociales des secteurs concernés par les buts de l’Institution ; des procédures seront mises en place afin d’éviter les conflits de normes entre les différentes institutions, en assurant toujours la suprématie de la norme la plus favorable aux libertés et aux droits sociaux et environnementaux.
4° Considérer les grandes institutions régionales déjà existantes (Union Africaine, Union Européenne, Organisation des États américains, et autres organisations régionales) comme les relais institutionnels de l’Organisation universelle et mettre en place des procédures permettant la cohérence entre leurs politiques et les buts de l’Organisation universelle.
5° Renforcer la justice internationale, en :
- rendant obligatoire la compétence de la Cour internationale de justice (actuellement, les États ne sont pas obligés d’accepter cette compétence) et de la Cour pénale internationale (aucun État ne pourrait en refusant d’adhérer à son statut, faire en sorte que ses nationaux soient à l’abri de poursuites devant cette instance) ;
- créer une Cour mondiale des droits de l’homme à compétence obligatoire pour tous les États sur le modèle de la Cour européenne des droits de l’homme ;
- créer une Cour constitutionnelle internationale qui serait à même d’apprécier la conformité des Constitutions des États, de leurs lois et de leurs pratiques administratives par rapport à leurs engagements à travers les Pactes internationaux sur les droits de l’homme.
Monique Chemillier Gendreau
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Reconversions
Force-les à bâtir ensemble une tour et tu les changeras en frères. Mais si tu veux
qu’ils se haïssent jettes leur du grain.
Antoine de Saint-Exupéry
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Du travail, pas des bombes!
Slogan…
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La vraie question est celle d’un redéploiement considérable des moyens détournés
par le complexe militaro-industriel, au profit d’activités « socialement utiles »… Faire
fonctionner ce principe des vases communicants du militaire vers le civil suppose
une réelle volonté, des choix politiques.
Jacques Muller
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Reconvertir l’industrie d’armement vers des productions socialement et
écologiquement utiles coûte cher et doit être pris au sérieux par l’Europe, les Etats et
les régions pour ne pas soumettre aux « lois du marché libre » le sort de centaines
de milliers d’ouvriers.
Solange Fernex
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Remettre en cause l’irrésistible ascension des recherches scientifiques militaires est
une des urgences qui s’impose à tous les peuples. Ce serait aussi l’une des plus grandes chances pour l’humanité.
JML
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La liberté de la recherche scientifique doit avoir des limites : elle ne doit pas porter
atteinte à l’intérêt commun de l’humanité. Ainsi les recherches scientifiques sur les
armes de destruction massive devraient être interdites (et ces interdictions très
contrôlées), ainsi les recherches existantes déjà dans ce domaine devraient faire
l’objet de reconversions. Ce serait une des entreprises pacifiques les
plus radicales.
JML
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Huit séries de moyens pacifiques
1-Les interdictions des recherches sur les armes de destruction massive.
C’est l’un des plus grands tabous du monde, protégé par la sacro-sainte liberté de la recherche, très difficile à penser et très difficile à mettre en œuvre , situé en amont de l’amont de la course aux armements. Ces interdictions reposeraient sur ces recherches qui seraient déclarées contraires à l’intérêt commun de l’humanité et du vivant, oui ce serait une gigantesque avancée.
(Voir « Les recherches scientifiques sur les armes de destruction massive : des lacunes du droit positif à une criminalisation par le droit prospectif », intervention au colloque international du RDST, mars 2011 à Paris au Sénat, intervention publiée, voir Article Jean-Marc Lavieille, Julien Bétaille, Simon Jolivet, Damien Roets, in Droit, sciences et techniques : quelles responsabilités ? Editions LexisNexis, 2011 .)
2- L'application des traités existants et de leurs protocoles et les conclusions de nouveaux traités de désarmement. (Voir mon ouvrage sur « Le droit du désarmement », éditions L’Harmattan, 1998, préfacé par Mohammed Bedjaoui, ancien président de la Cour internationale de justice.)
3- Les suppressions des ventes d’armes , accompagnées des reconversions des industries d’armements. Suppressions à travers restrictions, taxations, interdictions, reconversions et autres formes de remises en cause… « Ils ne savaient pas que c’était impossible alors ils l’ont fait. »
4 - La création d’une véritable sécurité collective mondiale enfin pensée et mise en œuvre.(Voir nos nombreux articles sur « La paix . ») Les non-violents insistent beaucoup sur les alternatives de défense, en particulier la défense civile non-violente .En ce domaine l’ouvrage majeur s’intitule « La dissuasion civile », ouvrage de Christian Mellon, Jean-Marie Muller et Jacques Sémelin, publié en 1985 par la Fondation des Etudes de Défense Nationale (FEDN).
5- L’avènement des ministères du désarmement dans chaque pays.
6- La consécration du droit à la paix , dont le droit à la sécurité, le droit au désarmement. (Voir de nombreux articles sur la paix et sur le droit à la paix, notre site « au trésor des souffles. ») ( Notre communication sur « Le droit à la paix » : colloque des 7 et 8 décembre 2002 à Ankara, Turquie : « Sécurité et droits de l’homme ». Colloque organisé sous la direction d’Ibrahim Kaboglu , Publication décembre 2002.)
7- La protection de l’environnement dans les conflits armés, avec en particulier la proposition d’une Vème convention de Genève spécifique à cette protection. (Voir notre article « Conflits armés et environnement », colloque OMIJ Limoges, 15 et 16 décembre 2008. Actes du colloque, Les droits de l’homme face à la guerre, sous la direction de Jean-Pierre Marguénaud et d’Hélène Pauliat, Dalloz, 2009.)
8- Le développement tous azimuts d’une éducation à la paix, (en particulier à travers l’apprentissage du règlement des conflits personnels et collectifs , l’un des éléments les plus importants de nos vies on ne nous l’apprend pas, sauf exceptions personnelles et collectives ) , éducation aussi aux droits de l’homme et à l’environnement.(Voir les très nombreux articles sur « Les violences », notre site « au trésor des souffles », voir aussi nos deux ouvrages sur « Construire la paix »,éditions La Chronique Sociale,1988 .)
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5-Règlement non-violent des conflits
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Conflit
Le conflit c’est la loi de la vie, la guerre c’est la loi de la mort. Le libre jeu du conflit
c’est l’antidote de la guerre.
Odette Thibault
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Il n’y a pas deux personnes qui ne s’entendent pas, il y a seulement deux personnes
qui n’ont pas discuté.
Proverbe wolof, Sénégal
———————–
Très souvent on ne sait pas régler nos conflits. Soit on utilise la violence
d’oppression en imposant sa loi, soit on accepte la violence de soumission en
renonçant à ce que l’on juge être essentiel.
Il faudrait arriver à trouver, ensemble, dans la confrontation et le respect des personnes, des solutions justes.
JML
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Dans la non-violence il y a une décontamination mimétique du conflit de personnes
pour tenter de limiter celui-ci à la question du partage ou de la possession de l’objet.
Cette valorisation de l’objet du conflit est une façon de se le réapproprier et d’agir de
façon non-violente pour sa résolution.
La guerre est tout le contraire : c’est le refus du conflit, autrement dit la suppression
du conflit par la suppression de l’adversaire.
Jacques Sémelin
—————————
Bâti comme un contrat provisoire entre deux ou plusieurs parties en conflit, le
compromis s’avère être un moyen typiquement non-violent, capable de favoriser à
terme une conciliation. Quand un compromis n’est pas possible, il vaut mieux alors
l’affrontement, non-violent il va sans dire, qu’une compromission.
François Vaillant
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Face au conflit cinq attitudes sont possibles : la neutralité, la bagarre, la fuite, la
capitulation, la non-violence.
Lanza del Vasto
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Il y a des disputes où l’on va, l’on s’échauffe, il se peut qu’on échange des coups et
un moment vient où l’on s’aperçoit qu’on ne se souvient plus du tout de l’objet de sa
dispute.
Henry de Montherlant
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Le passage du monde des cités à la Cité du Monde, loin de réaliser les rêves de
l’utopie, se vit dans la tragédie. Quelle est la signification de ce huis clos tragique :
l’éternel conflit ou la recherche chaotique d’une Cité habitable ?
René-Jean Dupuy
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Il convient de mettre en place une société conflictuelle mais non-violente, car la paix
est
l’état d’une nation qui profite de ses conflits pour mettre en route sa propre
transformation.
Albert Jacquard
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Non-violence
La non-violence est le moyen le plus inoffensif et le plus efficace pour faire valoir les
droits politiques et économiques des exploités et des opprimés.
Gandhi
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La non-violence n’est pas une vertu monacale destinée à procurer la paix intérieure
et à garantir le salut individuel. C’est une règle de conduite nécessaire pour vivre en
société car elle assure le respect de la dignité humaine.
Gandhi
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La non-violence ne présuppose pas un monde sans conflits:
en réalité on ne peut parler d’action non-violente qu’en situation de conflit.
Jean-Marie Muller
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Aujourd’hui la question n’est plus de savoir si la violence est bonne ou mauvaise
mais s’il est possible de substituer à la violence une autre conception que celle de la
force pour résoudre les conflits de l’Histoire.
Jacques Sémelin
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La première condition à laquelle doit satisfaire une doctrine de la non-violence est
d’avoir traversé dans toute son épaisseur le monde de la violence.
Paul Ricœur
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L’homme dans ce monde de conflits et de tensions n’a-t-il de choix qu’entre une
passivité résignée, un lâche renoncement à l’exigence impérieuse de libération qui
constitue son être ou la dégradation de son agressivité naturelle en une violence
meurtrière qui détruit ce qu’il y a d’humain en lui ?
La non-violence est une idée neuve qui perce une terre aride et pousse à travers les
décombres des espoirs ruinés avec l’indomptable puissance de vie des jeunes
plantes qui cherchent la lumière.
Elle s’enracine dans l’espérance, se nourrit de la force de la justice. Son passé trop court et méprisé révèle l’efficacité des méthodes d’action qui mobilisent par delà la violence, le mépris et la haine. Dans ce monde bouleversé, elle reste compatible avec une vision humaine du destin des hommes et
avec l’amour qui, inlassablement, s’offre à nous au plus secret de notre être.
Jacques de Bollardière
——————
Il existe des lois injustes : consentirons-nous à leur obéir ? (…). Si, de par sa nature,
la machine gouvernementale veut faire de nous l’instrument de l’injustice envers
notre prochain, alors, je vous le dis : enfreignez la loi.
Henry David Thoreau
——————————-
La non-violence riposte à chaque coup en s’offrant à d’autres coups. Elle riposte aux
accusations de lâcheté par le témoignage de la présence au péril, et de l’endurance
dans l’épreuve. Elle riposte aux mensonges par l’inlassable et précis rétablissement
de la vérité. Elle riposte aux manœuvres par la simplicité et la droiture. Elle riposte
aux risées par une gravité digne. A toute force du mal, elle oppose non une force de
même nature mais une force de nature opposée et qui la compense.
Lanza del Vasto
———————————
La non-violence suppose avant tout que l’homme soit capable de se battre.
Gandhi
—————————-
Nous saurons être la force tranquille qui crée partout où vous n’aurez été que la force
brutale qui tue.
Nelly Roussel
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La douceur est la première des forces et peut-être des vertus.
Pierre Teilhard de Chardin
—————————
Boycott, défense civile non-violente, désobéissance civile, grève, grève de la faim,
humour, non-coopération, objection de conscience, obstruction non-violente,
pétitions, reconversions, sit in (s’asseoir sur la voie publique) sont quelques uns des
moyens utilisés dans l’action non-violente.
Voir la revue « Non-violence actualité »
————————–
La non-violence consiste à avoir l’esprit dur et le cœur tendre.
Martin Luther King
—————————-
Si la non-violence est possible alors elle est préférable.
Jean-Marie Muller
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Nier sa mort dans le fil quotidien de notre vie c’est vivre en somnambule de
l’existence. Projeter sa mort sur l’autre ennemi c’est en venir à la violence. L’homme
s’accommode généralement de cette double duperie : celle du déni de mort ou de sa
projection sur l’autre.
La troisième attitude: l’assumer, c’est sur ce chemin que s’édifie la non-violence. Y at-
il démarche plus authentiquement humaine que d’assumer cette mort dans ma vie
au point que je puisse la brandir devant tous quand je ne supporte plus que la vie
soit bafouée ?
Jacques Sémelin
————————–
Le sang ne se lave pas avec du sang mais avec de l’eau.
Proverbe turque
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Votre grande erreur est de croire qu’il n’y a aucun rapport entre la fin et les moyens.
Cette erreur a fait commettre des crimes sans nom. C’est comme si vous prétendiez
que d’une mauvaise herbe il peut sortir une rose. (…)
Les moyens sont comme la graine et la fin comme l’arbre. Le rapport est aussi
inéluctable entre la fin et les moyens qu’entre l’arbre et la semence.
Gandhi
————————–
L’une des originalités de la pensée de Gandhi a été de montrer que la fin ne justifie
pas n’importe quel moyen.
François Vaillant
———————————–
Je n’hésite pas à dire que là où le choix existe seulement entre la lâcheté et la
violence il faut se décider pour la solution violente. (…) Mais je n’en crois pas moins
que la non-violence est infiniment supérieure à la violence.
Gandhi
————————-
Ne cherchons pas à satisfaire notre soif de liberté en buvant dans la tasse de
l’amertume et de la haine. Nous devons pour toujours conduire notre lutte sur un
plan élevé de dignité et de discipline. Nous ne devons pas laisser nos revendications
créatrices dégénérer en violence physique. Encore et encore, nous devons nous
élever jusqu’aux hauteurs majestueuses où l’on réfute la force physique avec la force
de l’âme.
Martin Luther King
————————-
Alors que pour la non-violence tout homme est une fin, le mépris d’autrui implique un
comportement qui peut conduire un individu à traiter autrui comme un moyen. Or
tous les hommes se valent en dignité. C’est pourquoi agit moralement celui qui
reconnaît tout homme comme fin et se comporte de manière correspondante.
François Vaillant
———————–
L’homme peut se libérer des relations destructrices en opérant la transmutation de la
violence en combativité pacifiante.
Denise Van Caneghem
————————-
Maîtriser sa propre peur c’est en même temps maîtriser sa propre agressivité en
sorte que celle-ci s’exprime par d’autres moyens que ceux de la violence-destruction.
Ainsi nous passons avec les autres d’une relation de domination et d’aliénation
réciproque à une relation de justice et de respect. L’action non-violente a pour but de
transformer ces potentiels variables d’agressivité qui sont en nous en combativité
positive face au conflit.
Jean-Marie Muller
————————-
Désobéissance civile
Lorsque la désobéissance civile m’a mené en prison, le philosophe Emerson me
demanda: « Mais pourquoi êtes-vous en prison ? ». Je lui répondis: « Pourquoi n’y
êtes-vous pas ? ».
Henry David Thoreau
———————–
Ne servir aucun maître pour n’en subir aucun.
Etienne de la Boétie
—————————
Si on n’obéit plus au tyran, sans combattre, sans frapper il demeure nu et défait, il
n’est plus rien.
Etienne de la Boétie
———————–
Une stratégie de l’action non-violente repose en particulier sur trois principes :
l’affirmation de l’identité du sujet résistant, la non-coopération collective, la
médiatisation du conflit.
Jacques Sémelin
—————————–
Soyez résolus à ne plus servir le tyran et vous serez libres. Je ne veux pas que vous
le heurtiez mais seulement que vous ne le souteniez plus et vous le verrez, comme
un grand colosse dont on dérobe la base, tomber de son propre poids et se briser.
Etienne de la Boétie
———————-
L’homme qui ne fait qu’obéir est un esclave.
Erich Fromm
————————
Le fonctionnement de l’obéissance repose sur l’identification au fort et sur la négation
de la souffrance du plus faible. Plus on est intégré à une structure, plus on peut être
amené à obéir contre sa conscience. L’obéissance, la soumission à l’autorité, est
pourvoyeuse de violence.
Stanley Milgram
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Je crois que nous devrions être hommes d’abord et sujets ensuite.
Henry David Thoreau
—————————-
Pardon
Piégé entre la rancune et l’oubli, la pardon serait-il un nom hypocrite pour désigner
« les oubliettes » de la vie ? Ou alors, trop compromis avec d’obscures notions
religieuses comme le « pêché », la « rémission », « l’absolution », la « rédemption »,
susciterait-il d’emblée la méfiance ?
L’une des difficultés du pardon tient au fait que chacun rencontre cette question avec
son expérience propre, souvent intime, qui touche à l’identité. En effet, dans l’histoire
des individus comme dans celle des communautés, le pardon tantôt menace tantôt
fonde cette identité. Consentir à l’idée du pardon c’est se donner le courage de
réparer dans une société où l’on ne répare plus, où l’on jette tout.
Du pardon à l’impardonnable : l’amnistie, la grâce, l’oubli, l’indifférence, la rancune, la
vengeance…une série de dilemmes pour que chacun tisse sa propre intrigue.
Olivier Abel
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Pardonner est une action plus noble et plus rare que celle de se venger.
Shakespeare
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Pardonnez sans attendre. Pour votre bien ayez le pardon facile et rapide.
Paul Wilson
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En disant deux fois pardon tu ne pardonnes pas deux fois mais tu rends le pardon
plus solide.
Shakespeare
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Si la haine répond à la haine, comment la haine finira-t-elle? C’est le pardon qui doit
y mettre fin.
Légende Shintô
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Le grand défaut des hommes est d’abandonner leurs propres champs pour ôter
l’ivraie de ceux des autres.
Proverbe de Chine
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Pour ne haïr personne tu haïras bien des choses.
Lanza del Vasto
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La parole guérit la colère.
Eschyle
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Le châtiment est une autre possibilité, nullement contradictoire ; il a ceci de commun
avec le pardon qu’il tente de mettre en terme à une chose qui, sans intervention,
pourrait continuer indéfiniment.
Hannah Arendt
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Il est possible qu’un pardon pur de toute arrière-pensée n’ait jamais été accordé ici bas,
qu’une dose infinitésimale de rancune subsiste de fait dans la rémission de
toute offense. Tel cet impondérable calcul, tel ce motif microscopique d’intérêt propre
qui subsistent en cachette dans les souterrains du désintéressement.
Vladimir Jankélévitch
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Rien ne se fait, rien ne commence tant que les hommes ne se sont pas reconnus.
Jacques de Bollardière