Déclaration des droits de l’humanité
à l’épreuve
des prises de consciences et des volontés,
des acteurs et des responsabilités,
des remises en cause, des interdépendances, des générations,
des moyens conformes à des fins démocratiques, justes, écologiques et pacifiques
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« C’est un peu long, pourquoi dix-huit pages sur vos droits ? » demanda le Petit Prince. « Parce que je les vaux bien…» répondit l’humanité, et elle ajouta «Mais de toutes façons on ne peut ni le vendre ni l’acheter. » « Qui ? » demanda le Petit Prince, « Mon souffle… » dit l’humanité.
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A la 21ème Conférence des Parties de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, en décembre 2015 à Paris, l’enjeu essentiel sera celui de l’adoption d’un accord international contraignant sur le climat pour arriver, si c’est encore possible, à maintenir la température globale en deçà de 2°C.
A l’initiative de la France sera aussi peut-être adoptée une « déclaration sur les droits de l'humanité pour préserver la planète ».Cette déclaration aura bien sûr simple valeur incitative, elle sera juridiquement non contraignante. Elle pourra avoir une certaine valeur pédagogique et contribuer, pourquoi pas, à préparer une convention contraignante encore bien lointaine. Au mieux elle pourra aussi comprendre quelques éléments porteurs. Ses silences seront nombreux et criants, sans crainte de se tromper on peut par exemple affirmer que les Etats ne se prononceront pas pour une interdiction des « recherches » sur les armes de destruction massive en les déclarant contraires à l’intérêt commun de l’humanité et à la protection de l’environnement.
Comme la plupart des déclarations celle de Paris comprendra quelques pages et sera divisée en principes ou articles. Celle qui suit dans la forme contient des passages qui peuvent être transformés en articles, mais il s’agit surtout d’une réflexion qui se veut globale, critique, créatrice, à la suite de quarante et une années d’écrits et d’enseignements de relations internationales, de droit international public, de droit international du désarmement et surtout de droit international de l’environnement.(voir notre site « autresordessouffles.fr»).Tous les huit jours une partie sera publiée sur ce blog. Bien à vous.
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Le péril majeur pour l’humanité ne provient pas d’un régime, d’un parti, d’un groupe ou d’une classe. Il provient de l’humanité elle-même dans son ensemble qui se révèle être sa pire ennemie et celle du reste de la création. C’est de cela qu’il faut la convaincre si nous voulons la sauver.
Claude Lévi-Strauss (L’Express va plus loin avec Claude Lévi-Strauss, 25-31 mars 1971, p.149.)
L’humanité entière est confrontée à un ensemble entremêlé de crises qui, à elles toutes,
constituent la Grande Crise d’une humanité qui n’arrive pas à accéder à l’Humanité.
Edgar Morin(Le chemin de l’espérance, Stéphane Hessel , Edgar Morin, fayard, 2011,chap.1)
Passer de l’homme aux groupes familial, régional, national, international résulte d’une progression quantitative ; accéder à l’Humanité‚ suppose un saut qualitatif. Dès lors qu’il est franchi, elle doit, elle-même, jouir de droits faute de quoi les hommes perdraient les leurs.
René Jean Dupuy (La clôture du système international. La cité terrestre, puf, 1989,p.156.)
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Préambule
L’humanité n’est pas une illusion fumeuse, une incantation magique, une représentation impossible, une nébuleuse floue, une étoile inaccessible, l’occasion d’un exercice de trémolos dans la voix ou un gadget pour idéaliste …
Elle n’est pas non plus un refuge à l’abri du présent, une fuite des responsabilités, un mythe d’une communauté unanime, une forme d’appel à la bonne conscience, un immense cortège ne distinguant plus les responsables et les victimes, un souci de luxe de fins du monde loin des fins de mois, un lot de consolation distribué par les maitres aux esclaves ou le camouflage d’un gigantesque cimetière des rêves trahis et des espoirs déçus…
L’humanité s’incarne à travers les temps et les lieux. Si nous sommes à l’écoute nous pouvons entendre encore les pas de ceux et celles qui nous ont précédés, et déjà les pas de ceux et celles qui vont nous suivre. L’humanité est à la fois et tour à tour un héritage, un temps présent, une promesse.
Pour résister à l’intolérable et pour construire un monde démocratique, juste, écologique, pacifique, le souffle de ceux et celles qui nous ont précédés et celui de ceux et celles qui vont nous suivre peuvent contribuer à nous porter, mais c’est notre souffle, celui des vivants que l’on attend. Et c’est notre souffle qui nous attend.
Crier chanter embrasser vivre l’espoir, mais lequel ? Celui par exemple de nos remises en cause, personnelles et collectives qui donneraient plus de marges de manœuvres surtout aux générations encore jeunes, et à celles qui naitront dans les quelques décennies à venir : ne seront-elles pas aux avant-postes de tous les défis? Puissent-elles connaitre la fraternité, l’amitié, l’amour qui peuvent qualifier la vie !
Et mon humanité ? Ne sera-t-elle pas d’autant plus vivante que la voilà partie prenante (« un sac pour recevoir ») et donnante (« un sac pour donner ») dans la chaine des générations ? Ne peut-elle pas contribuer à me transformer ? Plus nous portons un projet d’humanité plus il peut nous porter à son tour. Serons-nous, personnellement et collectivement, indifférents, tièdes, somnolents, désenchantés, résignés ou voulons-nous devenir des veilleurs debout ?
Lorsque, dans nos vies personnelles et/ou collectives, existent la grisaille, les brouillards, les ombres, l’obscurité ou les ténèbres de certains instants présents, ne pouvons-nous pas essayer, autant que faire se peut ( ?!…), de les resituer dans la perspective de l’espérance de l’humanité ? Difficile à exprimer, mais encore beaucoup plus difficile – ou parfois impossible- à vivre, et pourtant ce peut être une force et une chance que celle d’entrer dans cette espérance de l’humanité.
L’espérance de l’humanité pour des croyants c’est celle d’un dieu qui n’abandonne pas les êtres humains, qui les aime et les appelle à aimer. Il y a aussi une autre façon de la concevoir et de la vivre, soit complémentaire soit exclusive de la précédente. Ainsi l’espérance de l’humanité
ce sont les vies de ceux et celles qui nous ont précédés à travers ces témoins d’humanité, connus et inconnus, luttant contre des forces de mort, c’est ce patrimoine culturel qu’ils nous laissent avec une immense chance, un grand bonheur de le découvrir et de le partager,
ce sont les vies de ceux et celles qui sont présents aujourd’hui, ces générations vivantes qui, si elles arrivent à penser et à mettre en œuvre des moyens démocratiques, justes, écologiques et pacifiques, porteront un projet d’humanité, alors, oui, il les portera à son tour,
ce sont les vies de ceux et celles qui vont nous suivre et qui peuvent nous dire : notre confiance en vous nous la risquons à nouveau. Essayez, nous vous les prêtons, d’aimer le monde avec les cœurs et les esprits de ceux et celles qui vont arriver, et puis laissez-nous la liberté de devenir ce que nous voudrons être.
Pablo Neruda fait dire à tous les peuples martyrs « Aucune agonie ne nous fera mourir. » Cri de grande douleur, de résistance et d’espoir fou ! La douleur peut nous casser, la fraternité peut, encore et encore, contribuer à nous mettre debout. Ainsi, tant que dureront les êtres humains, l’espérance de l’humanité n’est-elle pas inépuisable ?
Cheminement proposé :
I- Des prises de consciences et des volontés , éléments porteurs des droits de l’humanité
II-Des acteurs et des responsabilités , éléments complexes des droits de l’humanité
III- Des remises en cause du productivisme, conditions d’existence des droits de l’humanité
IV-Des interdépendances, fondements des droits de d’humanité
V- Des générations au cœur du contenu des droits de l’humanité
VI- Des moyens conformes aux fins pour une mise en œuvre des droits de l’humanité