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Billet de blog 8 juillet 2024

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Et si la France n'avait jamais cessé d'être raciste ?

Le danger qu'a représenté le risque d'une arrivée imminente de l'extrême droite au pouvoir relance de façon aiguë les problématiques sociétales de la xénophobie et du racisme.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les extrêmes droites seraient ainsi perçues comme seules porteuses de ces fléaux moraux en croissance exponentielle.

Pourtant, un rapide retour historique démontre la faiblesse de ce constat et accrédite plutôt la thèse selon laquelle la société française, emmenée par ses gouvernements successifs, n'a jamais vraiment fait sienne les principes institutionnels qu'elle a érigés en vertus depuis la révolution.

Ainsi, la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, qui a succédé à la période rationnelle et émancipatrice des Lumières, a entériné la liberté individuelle (sous réserve qu'elle ne nuise pas à autrui) et l'égalité des droits des citoyens.

Louable intention, pleine de promesses, après de longs siècles
d'asservissement des populations.

En 1848, cette marche vers des lendemains plus justes s'enrichit
de l'abolition de l'esclavage et de la Constitution de la IIème République
qui consacre dans son article 4 la devise censée toujours nous guider
"Liberté, Egalité, Fraternité".

L'apparition de la valeur fraternité, un peu désuète dans notre contexte
du 21ème siècle, renverrait plutôt aujourd'hui à celles de solidarité, de
coopération ou d'empathie pour nos contemporains.

Mais, quelle que soit la façon d'interpréter le triptyque gravé au fronton de nos mairies, force est de constater que sa transposition concrète a le plus souvent été prise à défaut, voire contredite, par ceux-là même qui étaient censées le faire vivre civiquement.

Quelques exemples ?

Les colonisations de la Nouvelle Calédonie (1853), ou de l'Indochine (1858), certes napoléoniennes, sont bien postérieures à ces déclamations pourtant engageantes.
La fin de la seconde n'est pas un acte fort posé par la France mais est dû au
soulèvement du peuple occupé, tandis que la seconde est plus que jamais
d'actualité, récemment confortée par la macronie pour qui l'indépendance
n'est tout simplement pas une option.

Plus récemment, de la fin du 19ème siècle jusqu'aux années mille neuf cent
soixante dix, la France a connu trois vagues successives d'immigration, toutes liées à des besoins massifs de main d'oeuvre.
La première (allemande, belge, algérienne) lors de la révolution industrielle, la seconde (italienne, polonaise) dans l'entre-deux-guerres, la troisième (espagnole, portugaise, maghrébine, subsaharienne) après la seconde guerre mondiale, et plus tard
la fin de la guerre d'Algérie.

Les conditions d'accueil de ces populations émigrées, bien documentées, ont été déplorables.
Reléguées à la périphérie des villes ou des villages, dans des barraquements puis des barres HLM, leur intégration dans la société française a été quasi inexistante.

La ségrégation d'alors a très logiquement servi de catalyseur aux problématiques de déshérence et de violence, constatées depuis plusieurs décennies dans les cités où les descendants des générations d'émigrés ont successivement grandi, toujours
à l'écart de la société de souche.

Plus proche de nous encore, les lois liberticides impulsées par la macronie, créant de fait une échelle de valeurs entre les droits des nationaux et ceux des populations issues de l'immigration.

Cette courte évocation illustre de façon implacable la façon dont la violence d'état a pu, insidieusement et de façon systémique, concourir à la perpétuation d'une vision sociétale très inégalitaire, éloignée des principes humanistes dont notre République se pare, de façon souvent sentencieuse et grandiloquente, depuis deux siècles et demi.

Ainsi, là où les partis d'extrême droite affichent de façon ostentatoire leur idéologie résolument raciste et xénophobe, d'autres, au sein des institutions et des appareils d'état, cautionnent et entretiennent toujours à bas bruit une vision très inégalitaire de la société française, attentatoire aux libertés individuelles.

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