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Billet de blog 9 juin 2024

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Les avant-gardes dessinent le monde d'après, ce que fera aussi l'écologie préventive

L'Union européenne vote actuellement pour élite ses représentants au parlement européen. La thématique écologique, urgemment d'actualité,  est la grande oubliée de cette campagne, occultée par l'immigration, préoccupation permanente des partis de droite et d'extrême droite, en tête de leurs agendas politiques.

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En 2019 pourtant, l'écologie avait le vent en poupe
et était parvenue à s'inviter, en France du moins, dans
les principaux sujets de campagne, bien qu'elle y soit
déjà concurrencée par celui de l'immigration.

Eu égard à l'accélération de la crise climatique, cette
baisse d'intérêt pour l'écologie a de quoi surprendre.

Les quelques raisons suivantes pourraient bien
l'expliquer :

- l'exacerbation, de la part des parties de droite et
d'extrême droite des peurs irrationnelles de l'étranger,
à fortiori lorsque celui-ci est de confession musulmane,

- la banalisation des questions climatiques, que ces
mêmes partis considèrent, au mieux comme un sujet 
à traiter après tous les autres, au pire comme une
contrainte disproportionnée qu'il convient de ne faire
subir ni aux entreprises, ni aux citoyens,

- la montée, parmi les populations, de comportements
anxiogènes, trouvant leur source dans un sentiment
d'impuissance face à l'ampleur des mutations à mettre
en oeuvre pour inverser le scénario du pire. Anxiété qui
peut conduire au déni.

On observe donc que l'intérêt du milieu politique et des
citoyens pour l'écologie semble inversement proportionnel
à la gravité des enjeux climatiques planétaires qui pèsent
sur l'espèce humaine.

Pour autant, les citoyens qui se mobilisent pour les enjeux
environnementaux les plus emblématiques des luttes, 
pour alerter les consciences sur les nécessaires changements,
sont de plus en plus nombreux.

A Sainte-solines d'abord (Deux-Sévres), avec le projet
d'accaparement d'une partie des ressources hydriques,
sous forme de méga-bassines, par une minorité d'exploitants
agricoles inscrits dans des pratiques intensives, reconnues
maintenant pour les préjudices qu'elles occasionnent à la
faune, la flore, et la qualité de l'eau.

A Saix ensuite (Tarn), avec le projet de construction de
l'autoroute A69, devant relier Toulouse à Castres, et dont 
la raison d'être n'a jamais été réellement démontrée, si ce
n'est de gagner une vingtaine de minutes de trajet,
en moyenne, par-rapport à l'itinéraire actuel (N126).
L'option alternative, évoquée dès 1994, étant de passer
la route nationale de 2 fois 1 voie en 2 fois 2 voies, ce
projet n'ayant jamais pu aboutir.

Ces deux projets tiennent leur caractère emblématique
du fait qu'ils sont considérés par leurs opposants comme
dépassés, à une époque où les effets de surchauffe de la
planète commandent au contraire de mettre en oeuvre,
ici et maintenant, les changements de pratiques économiques
et sociales qui seules permettront, à l'échelle mondiale, de
retrouver une trajectoire climatique susceptible d'éloigner
durablement le danger.

A ce titre, ces opposants, touchant des classes sociales de
plus en plus nombreuses, sont à l'avant-garde d'une lutte
qui ne pourra désormais plus s'éteindre.

Bien au contraire, elle a vocation à faire de plus en plus d'émules
car elle emprunte un chemin qui montre aux populations parfois
désorientées que, à l'inverse de ce qu'elles peuvent imaginer,
des actions concrètes porteuses de sens sont possibles.

Ainsi, ces diverses mobilisations, bien que combattues farouchement
par le pouvoir politique en place, dont les intérêts politiques à court
terme sont contraires, à coup d'interdictions de manifester et de charges
policières disproportionnées, sont en train d'interroger la société sur sa
capacité à faire bouger les lignes en faveur du climat.

Si, de surcroît, ces mobilisations parviennent à trouver les moyens
d'esquiver la répression policière systématique, elle en sortira d'autant
plus grandie aux yeux de l'opinion publique.

Elles deviendront alors suffisamment inspirantes pour qu'à leur tour,
des mobilisations environnementales sur d'autres sujets prennent racines
et grandissent, partout sur le territoire national.

Ainsi, à l'instar des avant-gardes sociétales, toujours à l'initiative de
groupes sociaux ou de personnalités d'exception, qui ont pris d'énormes
risques pour contraindre la société a évoluer, l'avant-garde environnementale
mène aujourd'hui le combat que la société ne pourra pas ignorer demain.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.