Laurent BERREZAIE (avatar)

Laurent BERREZAIE

Observateur insatiable d'un monde en mouvement

Abonné·e de Mediapart

1492 Billets

0 Édition

Billet de blog 9 juillet 2024

Laurent BERREZAIE (avatar)

Laurent BERREZAIE

Observateur insatiable d'un monde en mouvement

Abonné·e de Mediapart

Vers un nouveau détournement de l'esprit des institutions ?

La gauche vient donc de virer en tête à l'issue du second tour des élections législatives. La voici avec le groupe parlementaire le plus nombreux de l'hémicycle, candidate potentielle à l'exercice de la fonction gouvernementale.

Laurent BERREZAIE (avatar)

Laurent BERREZAIE

Observateur insatiable d'un monde en mouvement

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

La constitution stipule que revient au Président de la République la responsabilité de nommer le Premier Ministre.

Lorsqu'une majorité parlementaire absolue est politiquement opposée
à l'exécutif, ce dernier ne peut faire l'économie de nommer un premier
ministre issu de cette majorité, sauf à générer un blocage des institutions.

L'usage en vigueur commanderait qu'il en soit de même lorsque l'opposition
majoritaire à l'Assemblée n'est que relative.

Ce n'est pas une obligation, la Constitution étant muette sur les modalités de nomination d'un premier ministre.

Et pour cause, celle de la Vième République a été conçue sur mesure pour favoriser le régime présidentiel, épaulée par le scrutin majoritaire à deux tours qui lui assure à coup sûr une très large majorité dans l'hémicycle.

Mais depuis, le jeu de chamboule-tout, auquel s'est livré avec délectation
Emmanuel Macron depuis 2017, a provoqué l'éclatement des partis traditionnels et l'apparition d'un multipartisme parlementaire plutôt équilibré, mais qui se conjuguent
mal avec le vide juridique laissé par la Constitution.

C'est en effet la première fois sous la Vième République qu'à la suite du scrutin législatif de dimanche dernier, une cohabitation présidentielle pourrait advenir dans un contexte de majorité parlementaire relative.

L'usage institutionnel voudrait alors qu'Emmanuel Macron nomme un premier ministre issu des rangs du NFP, lequel s'attachera à nouer des partenariats parlementaires lui permettant de gouverner.

Or, reléguée loin devant le RN et le NFP à l'issue du 1er tour, la macronie a très vite propagé l'idée d'une construction de coalition parlementaire, hors RN et LFI, qui lui
permettrait, sans explicitement le dire, de continuer de gouverner en lieu et place du parti majoritaire fraîchement élu.

Cette idée est en elle-même déroutante, car contraire à l'esprit des institutions.

Nous en sommes là aujourd'hui, avec un Emmanuel Macron qui reconduit 
provisoirement Gabriel Attal dans sa fonction de premier ministre, officiellement dans l'attente de l'installation et de la stabilisation du nouvel hémicycle.

Mais plus sûrement dans l'attente du résultat des tractations en cours, susceptibles de concrétiser la coalition de droite précitée, et de nommer dans la foulée un premier ministre issu de ses rangs ou de la frange macro-compatible du PS, tel que François Hollande.

Une nouvelle fois, Emmanuel Macron semble décidé à tordre le bras aux institutions en oeuvrant à conserver le pouvoir législatif, donc le pouvoir tout court, malgré le verdict des urnes pourtant sans appel pour sa formation politique déclinante.

Si c'est l'option retenue par Macron, il faut s'attendre à l'émergence d'une crise politique sans précédent, dans un contexte d'une société déjà fragilisée par la multipolarité issue des urnes.

Crise politique dont le dénouement passera à terme par une évolution de la Constitution, afin de l'adapter aux nouvelles donnes politiques.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.