En effet, il est probable que le vote RN constaté dimanche se confirme pour les élections législatives.
D'abord parce que ses électeurs ont dans une grande majorité fait ce choix sur la base de préoccupations nationales, plutôt qu'européennes, ce qui s'apparente plutôt à un vote sanction de la politique macroniste.
Ensuite parce que la présence territoriale du RN est devenue plus homogène qu'elle ne l'était lors des scrutins précédents, surtout dans les territoires ruraux.
D'autre part, contrairement à ce que l'Elysée a anticipé, les forces progressistes de gauche, qu'Emmanuel Macron a manifestement une nouvelle fois sous-estimées, viennent de comprendre que leur avenir politique à court terme se jouerait sans elles, dans le contexte actuel de leur atomisation, si elles ne faisaient pas émerger une union au sens large.
Après une phase de stupeur, consécutive à l'annonce de la dissolution, leur mise en mouvement semble résolument enclenchée, avec une détermination proportionnelle au niveau d'indignation que leur inspire la simple pensée d'une Assemblée Nationale à la main du RN.
Enfin, là où l'Elysée mise sur la matérialisation d'une alliance renforcée avec le parti Les Républicains, pour mieux étouffer les autres partis, les premières réactions de ces derniers sont très loin d'aller dans ce sens.
Certains d'entre eux rejoindront probablement la Macronie pour sauver leur circonscription, mais le gros des troupes devrait s'en dispenser, refusant de s'y amalgamer, dans la perspective du maintien de leur identité et de leurs chances pour la Présidentielle de 2027.
Si on y ajoute les nombreux déçus du Macronisme, le nombre d'élus Renaissance devrait logiquement dégonfler.
Au vu de ces éléments, la physionomie de la nouvelle Assemblée Nationale, celle qu'Emmanuel Macron espère voir advenir, risque de bien le décevoir.
En effet, d'un point de vue macro-représentativité, se profile davantage une ossature tripartite faisant la part belle au RN, disposant sans doute d'une majorité relative, complétée par deux groupes de moindre importance, l'un issu du regroupement des forces progressistes de gauche, l'autre constitué des forces macronistes, affaiblies par leur politique antisociale, et de quelques transfuges de LR.
Et à la marge, un groupe LR, proche numériquement de leur feu groupe, eu égard à leurs ancrages territoriaux, mais amputé desdits transfuges.
Au final, une Assemblée Nationale peut-être davantage gouvernable que la précédente, pour un RN pouvant envisager de légiférer grâce à l'appoint des voix de LR, dont les élus ont démontré, sous la mandature qui vient de s'achever, la porosité idéologique.
Ainsi, là où Emmanuel Macron tablait sur une clarification en faveur de son propre camp, il risque fort d'assister à l'avènement d'un obscurcissement, avec en prime une incontournable cohabitation avec le RN.
Si ce scénario devait advenir, il s'agirait pour lui d'une véritable débâcle politique.
Confiant dans sa capacité à remporter la partie, il aurait alors tout perdu.
Mais hélas, la démocratie aussi...