Le fait le plus emblêmatique de cette association improbable de la carpe et
du lapin a été l'intronisation de François Hollande en candisat socialiste, suivie de son élection comme député de Corrèze.
Mais dans le même temps, ce ralliement a permis à la coalition de gauche d'atteindre une taille suffisamment critique pour convaincre les électeurs de porter massivement leurs votes sur elle, et de lui attribuer la majorité relative dans l'hémicycle.
Ces incompatibilités idéologiques, glissées tactiquement sous le tapis le temps de la campagne des législatives, ont logiquement refait surface avec acuité dès le début de la phase de concertation post second tour, lorsque les négociations autour des représentativités partisanes du NFP au sein d'un hypothétique gouvernement
de gauche ont été abordées.
Car, au delà des critiques des socialistes concernant la personnalité controversée de Jean-Luc Mélenchon, bien commodes pour le disqualifier d'emblée, lui et d'autres personnalités réputées proches, pour le poste de Premier Ministre, c'est bien la ligne
programmatique de LFI, considérée comme trop hétérodoxe, qui est dans leur viseur.
Les derniers développements à ce sujet, consécutifs à la proposition du Parti Communiste de pousser la candidature de Huguette Bello, Présidente de Région de l'Île de la Réunion et militante de longue date des causes sociales, en est une nouvelle illustration.
En effet, malgré sa longue expérience politique, ses combats passés et présents, son profil rassembleur, et devant la perspective égalitariste de hisser une vision féminine à la tête d'un gouvernement de gauche, le Parti Socialiste s'est opposé à cette option, au motifs qu'elle aurait milité par le passé pour la non interdiction des signes religieux à l'école et qu'elle serait trop liée à la sphère mélenchoniste.
D'autres options proposées par LFI, avec comme dénominateur commun un profil également rassembleur et non adossé au parti, avaient été refusées par le PS auparavant.
En réalité, et sans explicitement en faire part à ses partenaires du NFP, le PS, indépendamment des enjeux personnels de carrière, négocie pour qu'un des leurs prenne la tête d'un futur gouvernement de gauche, avec l'objectif de recentrer les actions programmatiques et les rendre plus compatibles avec l'aile gauche de la macronie.
Le PS, bien que durablement fractionné après l'épisode de la mandature Hollande, est profondément resté d'inspiration sociale démocrate et s'accomode fort bien des règles du jeu édictées par l'orthodoxie politico-économique, à condition de la compenser socialement et de façon sporadique.
Ce sont donc deux visions de la société qui traversent le NFP, avec d'un côté les tenants d'une ligne politique donnant la priorité au social sur l'économique, majoritairement emmenée par LFI, et de l'autre les adeptes d'une ligne économique infléchie à la marge, sur laquelle viennent se greffer quelques mesures sociales de réduction des inégalités, incarnée par le Parti Socialiste.
Dans ces conditions, les négociations qui ont patiné toute la semaine suivant les résultats du second tour risquent de s'embourber la semaine prochaine, tant les fondations du NFP, érigées à la va vite, menacent à tout moment de s'affaisser.