Il visait à offrir au peuple de gauche une perspective de renversement de l'idéologie dominante, suscitant un immense espoir, en centrant son approche sur la satisfaction des
attentes sociétales et des besoins sociaux.
Comparativement aux politiques ultralibérales menées depuis des décennies, accentuées sous l'ère Macron, ce programme constitue bien un tournant radical, très éloigné
de la pensée sociale démocrate de l'aile centriste de la gauche, incarnée par les hollandistes et les glucksmannistes, lesquels s'accomodent fort bien des règles actuelles du jeu économique.
Ce programme était aussi et surtout un puissant levier pour mobiliser les forces de gauche, lamimées par les sept années Macron, politiquement dédiées à l'assouvissement des besoins des classes aisées et des gagnants de la mondialisation.
Il constituait en outre la seule offre politique susceptible de contrer le rouleau compresseur de l'extrême droite, confirmé dans les urnes aux dernières élections européennes.
La vague brune était donc attendue très puissante au premier tour des élections législatives, ce qui rendait le pari du NFP très aléatoire.
Puis, contre toute attente à l'issue du second tour, ce pari a fonctionné, mais pas au point de dégager une majorité absolue dans l'hémicycle, loin s'en faut.
Alors que faire maintenant de cette demi-victoire qui ne permettra pas durablement de décliner le programme projeté ?
Tisser des partenariats parlementaires avec le centre droit pour tenter d'en faire valider une version édulcorée, voire incipide, ou entrer dans le dur parlementaire en s'aggripant à la version programmatique initiale ?
C'est tout l'enjeu des négociations actuelles entre les partenaires du NFP, lesquelles patinent nécessairement
eu égard aux rapports de force idéologiques en présence.
Pour LFI en particulier, en mettant de côté les ambitions personnelles, le programme du NFP a vocation à
être appliqué en l'état, car lui seul permettrait de répondre aux enjeux sociétaux et environnementaux abyssaux.
Quitte à affronter une censure parlementaire qui aurait néanmoins le mérite de clarifier les positionnements politiques respectifs des forces en présence.
Le PS alternatif de son côté, lesté au sein du NFP par son influente aile centriste, semble déjà prêt à transiger
sur les mesures du programme, moyennant l'aval d'une partie de la macronie parlementaire.
Ce grand écart stratégique, aux positions irréconciliables, risque bien de précipiter la fin du NFP, comme ce fût le cas pour la NUPES, et de faire advenir des recompositions parlementaires inimaginables il y a quelques semaines encore.