Ainsi, sous couvert d'éléments de langage sans cesse rabâchés, toute opinion différente de la pensée dominante est immédiatement et systématiquement conspuée.
La course à l'échalotte politique de la sphère macroniste à l'égard du Rassemblement National est l'une des explications plausibles de cette posture.
L'orthodoxie néolibérale, imperméable aux courants politiques et sociétaux pouvant interroger, voire remettre en question ce dogme, en est une autre.
Le combat des idées est pourtant nécessaire, sain et salutaire. Au point d'avoir suscité l'apparition des premières démocraties antiques, ancêtres de notre actuelle démocratie, devenue malade.
Mais pourquoi le rejet des opinions divergentes est-il devenu soudainement aussi radical, brutal, parfois même physiquement violent ?
L'emballement des bouleversements climatiques, conséquences directes de la suractivité industrielle, toujours plus vorace, pourrait bien figurer au premier plan de ce panel d'explications.
Ces bouleversements, qui compromettent à moyen terme la vie sur notre terre, commandent en effet d'agir urgemment, et de façon coordonnée, pour tenter d'agir sur nos comportements auto-destructeurs.
Il n'est plus temps de tergiverser, de différer, encore moins de dénier les faits.
Et cela d'autant plus que les conséquences prévisibles seront d'autant plus violentes que les populations qui les subiront seront économiquement et socialement vulnérables.
Une minorité de notre société, plus lucide, a intégré l'approche systémique d'un nécessaire changement. Elle demande, voire exige, une forte inflexion aux plans économique et sociétal : primauté de l'écologie sur l'économie, respect du droit international, justice sociale, droits des minorités, préoccupations féministes, meilleure répartition des richesses...
Et elle le fait savoir, sans relâche, télescopant parfois bruyamment les agendas politiques...sans pour autant provoquer les indispensables électrochocs.
De plus, non contente de ne pas être entendue, elle est systématiquement décriée, invisibilisée, ostracisée sous le vocable gigogne de "wokisme".
Un autre pan de la société, pourtant nécessairement conscient des sombres perpectives climatiques, préfère chercher des échappatoires à l'action en s'en remettant à la culture du chef et à l'improbable mythe du sauveur.
D'où les plébiscites grandissants envers les parties d'extrême droite.
Les principaux gagnants de la mondialisation néo-libérale (milieux politiques, médiatiques, affairistes
notamment) estiment qu'ils nont rien à gagner à une salvatrice inflexion.
Ils y perdraient probablement leur position dominante, et cette perspective les effraie.
On peut donc malheureusement penser que, plus la situation climatique va se tendre, avec son cortège grandissant de manifestations naturelles hors normes et, subséquemment, de drames humains, plus cette crispation des élites autour d'une tentation vaine de "sauver leurs meubles" risque de s'accentuer.
Comme si feindre d'ignorer la survenue d'un danger imminent pouvait suffire à le neutraliser.
Cette cécité auto-entretenue comporte néanmoins un point de rupture, celui où la société élargie, poussée dans ses retranchements par des conditions de vie devenues insupportables, s'autorisera enfin à exiger des comptes, selon des modes opératoires qui pourraient alors devenir très violents.