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Billet de blog 24 juin 2024

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Et si on exilait à son tour Macron à 17000 km de Paris ?

La macronie et son gouvernement viennent de décider l'embastillement, à 17000 km de chez eux, de sept leaders kanaks mobilisés contre le projet de dégel du corps électoral du "caillou", nom communément attribué à la Nouvelle Calédonie.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le gel du corps électoral est issu des accords de Matignon, négociés sous la houlette
de Michel Rocard en 1988, visant à créer les conditions d'une future indépendance du
caillou, précédée de trois référundums d'autodétermination successifs, planifiés sur une
période longue afin de laisser aux kanaks le temps nécessaire à la maturation de leur
volonté.

Il est reproché à ces leaders d'être impliqués, voire d'être à l'origine des émeutes
qui ont enflammé la Nouvelle Calédonie au printemps dernier, en réaction à l'annonce
faite par la macronie de légiférer sur le dégel du corps électoral.

Bien qu'ils nient toute implication dans ces émeutes, et affirment au contraire avoir
tout entrepris pour dissuader les jeunes kanaks surmotivés de les entretenir, il reste néanmoins
possible que la responsabilité des leaders soit engagée.

C'est à la justice qu'il reviendra d'enquêter et de trancher cette question.

Mais comment expliquer que les leaders kanaks soient emprisonnés maintenant, alors que
les émeutes sont devenues résiduelles ?

De plus, pourquoi la macronie a-t-elle décidé de les emprisonner en métropole, soit le plus
loin possible de leur lieu de vie et de leur famille, au risque de réenflammer le caillou de façon
plus violente encore ?

Enfin, pourquoi décider de le faire au pire moment, dans un contexte d'incertitude politique
sans précédent qui, à date, donne la Macronie prochainement minoritaire à l'Assemblée
Nationale, assortie de la nomination probable d'un gouvernement du RN ou du Nouveau
Front Populaire ?

Si la macronie a de mauvaises raisons de le faire, comme celle d'affaiblir les velléités
indépendantistes, en jouant la carte de la peur des représailles, c'est plutôt le scénario inverse qui risque
de se produire, avec un réembrasement social et le déclenchement d'un nouveau cycle de violences.

Cette décision de la macronie témoigne de sa détermination à rejeter l'idée même que la
Nouvelle Calédonie puisse accéder un jour à une forme d'indépendance, laquelle acterait la fin
d'un processus de colonisation de l'archipel, entamée en 1853.

Une telle perspective, pour ce pouvoir ultra conservateur, semble tout simplement hors de portée
conceptuelle.

Une fois de plus, Emmanuel Macron montre l'étendue de son incapacité à gérer un état, dépassé
par un ego sans limites et une idéologie néolibérale "has been", qui lui masquent les solutions aux problématiques politiques répondant
durablement aux enjeux sociétaux et assurant le maintien de la cohésion sociale.

Largement de quoi alimenter le fantasme jouissif d'un Emmanuel Macron expédié à 17000 km
de la métropole, à l'issue de son mandat présidentiel ou dans la foulée d'une improbable démission,
à l'instar de ce qu'il vient d'infliger aux leaders kanaks.

Un moyen radical de s'assurer qu'il ne pourrait plus nuire politiquement à la société et la nation française.

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