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Billet de blog 4 décembre 2025

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Lettre à Delphine, Marine, Olivier, Raphaël et les autres..

Trop de partis du NFP la jouent solo, pourtant ils étaient contents d'y venir. Sans nier les divergences mais en travaillant les convergences, ne faut-il pas construire à nouveau les conditions de la victoire comme déjà fait plutôt bien précédemment?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Dans un scrutin majoritaire à deux tours, les scrutins passés l’ont largement montré, il faut rassembler au premier tour pour espérer être présent au second. L’écologie est de gauche parce qu’elle fait passer le bien commun avant le profit individuel, le bien vivre pour tous avant les privilèges d’une poignée, la coopération et la considération avant la compétition et l’exploitation destructrice des ressources et des environnements.

Si la gauche n’est pas encore assez écologiste, voire parfois même franchement productiviste, peut-être ne faut-il pas rejeter les tentatives d’union trop vite et ne pas rejouer toujours la même pièce.

Prenons le dernier exemple en date, qui tombe donc sur Delphine (désolé)... On ne traitera pas les autres ici pour l'instant, par manque de place et par flemme car c’est toujours un peu pareil, mais chacun y reconnaitra facilement la permanence de ces pratiques un peu solipsistes. 

Comme Place Publique, Génération écologie a été intégré à la Nupes et au NFP et ne s’est - à l'époque - pas trop posé de questions sur la pureté écologique de ses partenaires. Pourtant, dans son interview au Nouvel Obs où elle présente sa candidature pour 2027, Delphine Batho semble vouloir esquiver ce point.

Elle a raison d’y dénoncer les différences devenues plutôt rédhibitoires avec LFI. Mais tous les insoumis pensent-ils vraiment comme Mélenchon? Comment d’anciens insoumis comme Clémentine Autain, Alexis Corbières ou François Ruffin aujourd’hui dans son groupe parlementaire sont-ils devenus fréquentables?

Ou bien la gauche NFP n’a-t-elle pas, par paresse, refusé de faire un travail d’éclaircissement sur ces terrains-là, laissant les stratégies de clashs ou de séquences médiatiques et les grandes bouches occuper le terrain? Delphine Batho écrit ainsi à propos de la primaire envisagée cet été à Bagneux: 

« sur des sujets essentiels tels que la politique étrangère, l’Europe ou la croissance (…) Le seul contenu [d’une telle primaire], c’est l’unité »

Touché.. mais n’est-ce pas là une facilité rhétorique, voire tactique? Car si elle souligne avec justesse ces désaccords qui posent réellement problèmes comme on vient de le rappeler, la justification de son refus de participer à une primaire de la gauche et des écologistes s’en tient un peu trop vite à la seule vacuité supposée de son architecture :

« les différents partis engagés dans ce processus ne parlent que d’échafaudages et jamais de contenus. Le discours unitaire est un cache-misère. Il cache un vide, et dans ce vide, il y a beaucoup d’ambiguïtés. Au nom de quoi l’écologie devrait-elle disparaître ? ». 

Le NFP avait un programme qui semblait pourtant lui convenir. Même s’il aurait mérité un travail d’approfondissement collégial de ses membres que les dirigeants des boutiques n’ont semble-t-il pas cherché à engager une fois les places distribuées.

Son constat de l'importance de l’écologie comme préoccupation largement présente dans la société est juste : elle prend l’exemple de la pétition sur la loi Duplomb qui rassembla en quelques semaines estivales plus de 2,1 millions de signatures, malgré la difficile validation sur France-connect qui peut laisser penser que beaucoup plus l’auraient signée avec un outil plus simple.

Mais sa crainte un peu rapide de voir se dissoudre l’écologie dans la primaire mérite effectivement qu’on y regarde de plus près. Si la décroissance reste une boussole nécessaire, sa mise en musique politique reste -même chez Génération écologie- un grand espace en friche, pauvre en propositions finement élaborées, chiffrés et associées entre elles.

L’écologie est de gauche. Delphine Batho le dit elle-même dans la même interview :

«  Les catégories populaires pour lesquelles je me bats sont les premières victimes de l’obsession pour la croissance du PIB, qui a pour corollaire la dette, les déficits, les plans de rigueur successifs. Ce sont les premières victimes de l’empoisonnement alimentaire, de la malbouffe, de l’emprisonnement cognitif qu’est l’appel permanent à la surconsommation.»

En plein accord ici avec son Manifeste Ecologie intégrale qui a quelques longueurs d’avance sur pas mal d’écrits politiques de la gauche écologiste, elle rejoint donc bien la gauche dans ses propos comme dans ses votes. On peut donc se demander pourquoi rater une chance (tous les cinq ans) de rendre un peu plus lisible la sociale-écologie pour les citoyens désorientés.

Serait-ce seulement parce que ses protagonistes la joue chacun toujours trop « boutique »? Mais Madame Batho fait-elle ici réellement autre chose que ses homologues pour tenir sa petite boutique? On pourrait parler des autres quand ils abordent la même tactique, mais chacun fera la transposition facilement et ce n’est pas ici contre l’un.e ou l’autre, puisque je souhaite les voir réunis.

En résumé : cette interview est un exemple de ces choses régulièrement observées, donnant l’impression de manœuvres qui ne croient même pas à l’objectif qu'elles affichent. Génération écologie ne sera pas le parti de masse dont ses textes rêvent, aussi juste soient les constats faits. Il n’y aura pas de miracle quant à la présence d’un.e candidat.e écologiste au second tour de la présidentielle. Sauf, peut-être, si la gauche se rassemble.

Mais cela est vrai aussi pour Place publique tenté de "doubler" le PS (ou l'inverse), ou LFI... Les citoyens valent mieux que vos boutiques. et le temps presse...

Les programmes des partis du NFP contiennent suffisamment de propositions communes, qui mises en convergences structurées, solides et chiffrées, s’inscriraient dans une vision écologiste et sociale profonde et de long-terme, une perspective dont la politique meurt de ne pas essayer enfin de l’envisager comme terrain d’émancipation citoyenne, dans un monde politique rendu myope par nos médias et par les modes de scrutins ou de financement des partis.

L’extrême droite une fois au pouvoir ne nous laissera sans doute pas beaucoup de loisirs pour y réfléchir.

Cette bouteille à la mer est aussi valable pour les municipales. 

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